Les articles ci-dessous visent à mettre en lumière un aspect du Chemin, que ce soit autour du concept de l’enfant intérieur, des intensifs d'éveil ou tout autre sujet d’intérêt pour celui qui est en chemin.
Ils sont listés chronologiquement.
Pour toute question ou commentaire, merci d’utiliser le formulaire de contact.
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur le Désir d’être Aimé.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Comme ce sera notre dernière réunion de cette année, nous avons la chance d’avoir une question sur l’Amour. Voici la question, « Je vous ai entendu dire que le désir d’être aimé peut devenir une barrière à être aimé, une barrière à recevoir de l’amour. Pourriez-vous dire quelques mots à ce sujet ? »
Oui, cela semble étrange, d’un côté nous désirons être aimés, nous voulons tellement être aimés, acceptés et vus pour qui nous sommes et pourtant ce désir reste insatisfait quoi que nous fassions pour qu’il le soit. Et en général, nous faisons beaucoup pour que ce désir soit satisfait. Nous devenons obéissants, serviables, taillables et corvéables à merci. Nous devenons complaisants, crédules et défiants de nous-mêmes, sans voir qu’en faisant cela, nous nous renions. C’est ce déni qui est faux et non le fait de désirer en soi.
Être aimé est aussi essentiel que respirer et tout le monde, sans exception, est digne d’être aimé. Cela ne veut pas dire que tout le monde est aimé. C’est une évidence qu’il y a beaucoup d’indifférence, de ressentiment et de haine envers certaines personnes, que ce soit au sein des familles, au sein des groupes sociaux et même au sein des nations.
Il est essentiel d’être aimé simplement parce qu’être aimé donne une impulsion à reconnaître qu’au fond, nous sommes Amour. L’amour est le substrat même dont nous sommes faits. L’amour soutient chaque dynamique de vie, qu’elle soit intérieure ou extérieure, et sans amour, nous nous rétrécissons et dépérissons.
Notre désir d’être aimé vient d’un vide dans nos cœurs. Nous désirons l’amour simplement parce que nous manquons d’être aimés. En tant qu’enfant, en tant qu’adolescents, en tant qu’adultes, nous n’avons pas été aimés comme il l’aurait fallu, de fait, nous ressentons naturellement un vide à l’intérieur, nous sentons qu’il manque quelque chose. Tout au plus avons-nous été acceptés, tolérés, mais rarement aimés. Nos besoins pratiques ont été satisfaits, mais cela ne suffit pas pour être qualifié d’être aimé et instinctivement, nous voulons mettre un terme à cette soif d’amour et nous sentir rassasiés.
Notre désir d’être aimé n’est certainement pas mal fondé, cependant, comme tout autre désir il pointe vers un manque. Dans une conférence précédente, j’ai mentionné que la racine du désir se trouve dans le désir inné pour chaque être humain d’être entier. Il y a, en chaque être humain un désir d’Union. Une union avec notre ‘Essence’. L’essence ou « conscience inaltérée » est ce dont nous sommes nés et ce désir d’union est une force motrice qui nous tire instinctivement de l’inconscience vers la conscience. Ce désir d’union est le mouvement même de la Vie, c’est la Vie elle-même. L’Amour n’est pas séparé de la Vie, l’Amour est une expression de la Vie, une qualité de Vie et nous aspirons à être en union avec l’Amour qui est au centre même de notre être.
Le problème vient de notre éducation. En tant qu’enfant, en tant qu’adolescent, ce sont nos parents qui sont censés nous manifester de l’amour, afin que nous puissions nous sentir aimés et reconnaître que l’Amour fait intrinsèquement partie de notre être. Malheureusement, la plupart des parents échouent dans cette tâche et ce que nous recevons est une attention matérielle et rarement une connexion de cœur à cœur. En plus de ce manque de connexion de cœur à cœur, ce qui reste ancré dans notre psychisme c’est la croyance que quelqu’un doit nous donner de l’amour, que quelqu’un doit nous aimer pour nous sentir entiers. C’est cette croyance qui nous fait rechercher l’amour de ceux avec qui nous sommes en relation. Le problème, c’est qu’ils sont eux-mêmes dépourvus d’amour et la relation devient un jeu de mendicité pour les deux partenaires. Ce qui génère frustration, ressentiment, colère et beaucoup de douleur puisque le désir d’être aimé reste insatisfait.
Comme mentionné précédemment, l’un des obstacles à l’amour vient du fait de désirer, car lorsque nous désirons, nous avons tendance à nier des aspects de nous-mêmes. Non seulement nous nous renions en essayant de plaire ou d’être obéissants, mais nous nions aussi la réalité de nos cœurs fermés. Ne pas être aimé crée une douleur profonde que nous avons tendance à repousser et à éviter de ressentir. Ne pas être aimé crée aussi un profond ressentiment envers ceux qui étaient censés nous aimer. Chercher à être aimé par quelqu’un crée également une barrière puisque l’accent est mis sur le fait de vouloir l’amour de l’extérieur.
Chaque fois que l’accent est mis sur l’extérieur et non tourné vers l’intérieur, une barrière est créée. Mettre fin à la douleur de ne pas être aimé nous obligera à nous centrer sur nous-mêmes et à prendre soin de notre fermeture du cœur, à prendre soin du ressentiment que notre cœur fermé porte, à prendre soin de la douleur que porte notre cœur et surtout, abandonner la croyance que nous ne serons comblés que lorsque quelqu’un nous aimera.
Dès l’instant où nous commençons à tourner notre attention vers l’intérieur, l’amour apparaît. Le fait même de prendre soin de nos difficultés, de prendre soin de notre manque d’amour apporte une qualité d’amour à ce regard vers soi. Lorsque nous nous maintenons dans un ‘non’ envers notre douleur, envers qui ou quoi a créé la douleur, nous sommes dans un refus, dans un déni de notre réalité. Plus la douleur est profonde, plus le ‘non’ est fort. Nous sommes emprisonnés dans notre ‘non’, emprisonnés au point que nous ne savons plus comment inverser le processus et nous libérer de cet enfermement, de cette servitude émotionnelle.
La douleur de ne pas être aimé est si profonde dans nos cœurs et si insupportable qu’il semble que nous n’ayons pas d’autre choix que de lutter avec elle, de dire ‘non’ à cette douleur insupportable de ne pas être aimé. Avec le ‘non’ vient le ressentiment envers ceux qui ont créé la douleur. Notre monde intérieur est dans une crise émotionnelle faite de douleur et de refus et nous ne savons pas comment mettre fin à cette cruelle situation qui semble n’avoir pas de fin. Nous essayons toutes sortes de moyens pour mettre fin à nos souffrances, mais tous nos moyens échouent. « Si seulement je pouvais essayer un peu plus fort, être plus obéissant, plaire davantage, être plus attentionné, alors peut-être serai-je aimé. »
Cela me rappelle le cas de Lucie, une femme dans la quarantaine qui faisait tout ce qu’elle pouvait pour être aimée. Elle acceptait tous les comportements abusifs que son mari lui infligeait, tricherie, blâme, humiliation et maltraitance physique. Son désir d’être aimée était si profondément enraciné en elle qu’elle ne pouvait tout simplement pas se rebeller, elle ne pouvait tout simplement pas dire non. Elle se sentait même coupable de ne pas faire plus d’efforts, coupable de n’être pas assez prévenante envers son mari. Parce qu’elle se reniait, il lui a fallu un certain temps pour reconnaître et accéder à la cause profonde de sa douleur de son manque d’amour. Elle avait aussi cette conviction profondément ancrée en elle de ne pas être assez bien, de ne pas avoir le droit d’exister. Une fois que ces croyances ont été vues pour ce qu’elles étaient, de simples croyances, quelque chose a commencé à changer en elle, une acceptation à commencer à poindre. Cette acceptation lui a permis de porter un autre regard sur elle-même, elle lui a permis d’apporter une attention bienveillante à son problème.
Pour faire face à n’importe quel problème, l’acceptation est la clé. Toutefois, avant qu’une acceptation puisse naître, il est indispensable de reconnaître la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Rappelez-vous les étapes de la trilogie transformatrice. Reconnaître, accepter et exprimer.
Lorsque nous suivons ces étapes, notre attitude intérieure est déjà guidée par l’amour. Elle est guidée par l’amour simplement parce que lorsque nous suivons ces étapes, nous ne nous jugeons plus pour avoir cet attachement émotionnel et nous nous engageons dans une relation plus bienveillante envers nous-mêmes.
Aimez-vous chaque jour un peu plus, soyez dans l’acceptation de ce qui est et exprimez ce qui doit être exprimé.
J’aimerais conclure cet entretien avec la réponse donnée par un maître Zen à Tallis, un garçon de 12 ans qui lui demandait : 'qu’est-ce que l’amour ?'
« Tallis, l’amour est le rayonnement, le parfum de se connaître, d’être soi. L’amour est une joie débordante.
L’amour, c’est quand vous avez reconnu qui vous êtes ; alors il ne reste plus qu’à partager votre être avec les autres. L’amour, c’est quand vous avez reconnu que vous n’êtes pas séparé de l’existence. L’amour, c’est quand vous avez ressenti une unité organique et orgasmique avec tout ce qui est.
L’amour n’est pas une relation. L’amour est un état d’être. Cela n’a rien à voir avec quelqu’un d’autre. On n’est pas amoureux, on est amour. Et, bien sûr, lorsque l’on est amour, on est amoureux, mais c’est un aboutissement, un sous-produit, ce n’est pas la source. La source est que l’on est amour.
Et qui peut être amour ? Certes, si vous n’êtes pas conscient de qui vous êtes, vous ne pouvez pas être amour. Vous serez la peur. La peur est le contraire de l’amour. N’oubliez pas, la haine n’est pas le contraire de l’amour, comme les gens le pensent. La haine c’est l’amour à l’envers, ce n’est pas le contraire de l’amour. Le vrai contraire de l’amour est la peur. Dans l’amour on grandit, dans la peur on rétrécit. Dans la peur on se ferme, dans l’amour on s’ouvre. Dans la peur on doute, dans l’amour on fait confiance. Dans la peur on reste seul, dans l’amour on disparaît, il n’est donc pas du tout question de solitude. Lorsque l’on n’est pas, comment peut-on être seul ?
Tallis, n’aie pas peur, cette existence n’est pas ton ennemie. Cette existence te materne, cette existence est prête à te soutenir de toutes les façons possibles. Aie confiance, et tu commenceras à ressentir une nouvelle poussée d’énergie en toi, cette énergie est l’amour. Cette énergie veut bénir toute l’existence, parce qu’avec cette énergie on se sent béni. Et lorsque l’on se sent béni, que peut-on faire d’autre que bénir toute l’existence ? »
Arrêtons-nous sur ces mots et faisons une courte pause avant de répondre à vos questions.
Questions des participants…
Bien, il est maintenant temps de mettre fin à cette réunion. Je suis convaincu que cette série de réunions vous aura permis de mieux comprendre comment nous fonctionnons au niveau de la personnalité et qu’elles vous inciteront à reconnaître que vous êtes aimable tel que vous êtes, que vous méritez d’être aimé tel que vous êtes.
Les défis ne manqueront pas de se présenter à vous, relevez-les dans l’ouverture, avec un cœur ouvert, avec un esprit ouvert. Ces défis seront pour vous une opportunité de transformation. L’existence est toujours compatissante, elle nous apporte toujours ce à quoi nous devons faire face pour mûrir. Et souvenez-vous, la vie ne consiste pas à attendre que la tempête passe, elle consiste à danser avec la pluie. Alors, dansez avec les défis que l’Existence vous apporte, ce sont des bénédictions déguisées comme le dit si bien Rumi.
Avant de clore complètement cette réunion, je voudrais remercier chaleureusement Niya pour l’organisation de ces conférences et, bien sûr, également Jane pour traduire mes paroles dans votre langue.
Une chaleureuse accolade à vous tous et merci pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_25-Octobre-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur l’Abandon et l’Insécurité.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d’aujourd’hui est, à certains égards, très similaire à celle que nous avions la semaine dernière. Elle doit provenir de la même personne qui préfère rester générale plutôt que de se mettre en avant. Voici la question, « Pourriez-vous s’il vous plaît parler de la façon dont une relation intime peut déclencher notre insécurité et notre traumatisme d’être abandonné. Pourquoi sommes-nous toujours attirés par ceux qui sont à même de déclencher nos traumatismes et notre insécurité ? »
Toutes les relations ne déclenchent pas l’insécurité et l’abandon, cela semble être spécifique à la relation dans laquelle vous êtes impliqué. En tant qu’enfant ou adolescent, vous avez dû vous sentir abandonné, physiquement ou psychologiquement, et très probablement les deux. Cet abandon a déclenché une profonde insécurité en vous et votre système nerveux fait toujours de son mieux pour faire face au stress et à l’insécurité créés par l’abandon. Bon nombre de situations peuvent créer un sentiment d’abandon chez un enfant. Cela peut être, à un jeune âge, la perte d’un parent. Ce peut être l’indifférence de l’un des parents ou le transfert d’attention lors de la naissance d’un deuxième enfant. Cela peut se produire lorsqu’un ou les deux parents doivent travailler et que l’enfant est laissé seul ou confié à une personne âgée. Il peut s’agir d’un manque de soutien pendant les études ou lors de situations difficiles à vivre.
Un sentiment d’abandon assez répandu est celui déclenché par l’arrivée d’un frère ou d’une sœur. Lorsqu’un deuxième enfant naît, par nécessité, l’attention et l’affection de la mère sont transférées au nouveau-né et l’aîné souffre de ce transfert d’affection et d’attention. Un sentiment d’abandon s’installe.
Amélie, une jeune étudiante, souffre d’abandon depuis son plus jeune âge, car sa mère prenait plus soin de ses propres parents et frères et sœurs que de sa fille. En fait, la mère d’Amélie répétait le comportement de sa propre mère qui consistait à s’occuper de ses frères et sœurs plutôt que de ses enfants. La mère d’Amélie a elle aussi souffert d’être abandonnée par sa mère. Il est assez courant de répéter ou d’adopter le même comportement dans notre vie qu’un de nos parents avait.
Cela me remet en mémoire cette autre personne qui me disait à quel point sa mère était stricte et même violente. À un moment donné au cours de sa séance, cette personne a remarqué qu’elle agissait en fait de la même manière avec sa propre fille que sa mère agissait avec elle. Elle a été très surprise et même choquée de reconnaître ce comportement chez elle.
L’existence nous offre tant de possibilités de vivre l’abandon ! Ces situations d’abandon ont tendance à se répéter au fil des années, créant un sentiment profondément enraciné d’insécurité et de tristesse ainsi qu’une compulsion à vouloir s’accrocher à la personne avec qui l’on est en couple.
Du fait que ces situations d’abandon peuvent être nombreuses et d’intensités différentes, il est essentiel d’en clarifier leur nature. L’utilisation des questions comme, « Quelles sont les situations où je me suis senti abandonné ? Était-ce un abandon physique ou psychologique ? Était-ce les deux ? » est un moyen utile de gagner en clarté et en tranquillité d’esprit sur son problème d’abandon.
Dressez une liste de ces situations où vous vous êtes senti abandonné et en regard de chacune d’elles, notez les sentiments qui vous sont venus à l’esprit à ce moment-là. Cela vous aidera à clarifier et à faire la distinction entre les situations et les sentiments déclenchés par la situation. Les situations ne sont pas sous votre contrôle, elles sont de toute façon passées et vous ne pouvez pas les changer. Tout ce que vous pouvez faire est de prendre soin des sentiments liés à la situation d’abandon. Les sentiments sont une part essentielle de vous et il est de votre responsabilité d’en prendre bien soin pour vous libérer de leur dépendance et vivre en harmonie avec vos sentiments au fur et à mesure qu’ils se présentent, vont et viennent.
La peur, la tristesse et l’impuissance sont le terreau principal sur lequel peut naître un sentiment d’abandon. Un sentiment d’isolement et de solitude accompagne souvent ces situations d’abandon. Toutefois, dans ce cas, la solitude a plus à voir avec le fait de ne pas être compris que d’être abandonné. L’incompréhension est probablement l’élément central qui nourrit un sentiment d’abandon.
Il est donc important de reconnaître ce qui n’a pas été compris de vous. Il peut s’agir d’une insécurité profonde qui a amené un besoin de compagnie, il peut s’agir d’une peur d’être seul ou d’un désir d’être soutenu. Nous avons tendance à concentrer notre attention sur le ressentiment et la douleur que crée une situation d’abandon. Cependant, en faisant cela, nous oublions le fait que c’est le besoin insatisfait qui a créé le sentiment d’abandon et, en approfondissant ce besoin insatisfait, il devient possible de reconnaître qu’un besoin plus profond appelle notre attention. Le besoin d’être compris. Quelque chose en vous n’a pas été compris, aussi, pour clarifier ce point vous pouvez utiliser cette question, « Qu’est-ce qui en moi n’a pas été compris ? »
Dans une conférence précédente sur le fait d’être compris, je mentionnais qu’il est vital qu’une personne se sente reconnue dans son individualité, dans sa spécificité d’être, surtout pendant l’enfance. C’est ce que signifie être compris et il semble que dans votre cas cette compréhension ne se soit pas produite. Cela peut être lié au fait que personne n’a pu vraiment vous reconnaître, ou qu’en raison d’une certaine peur, vous avez gardé votre cœur fermé et qu’inconsciemment vous vous cachez derrière un mécanisme de protection.
Vous avez la chance d’être dans cette relation spécifique, cela vous donne l’occasion de mieux comprendre en quoi consiste réellement votre traumatisme d’abandon et comment il vous affecte. De plus, ce n’est pas seulement cette relation qui déclenche votre traumatisme d’abandon, si vous regardez d’un peu plus près, vous êtes obligé de reconnaître que de nombreuses situations dans votre vie agissent comme déclencheur de votre abandon.
Dans votre question, vous associez l’insécurité à l’abandon dans une relation. L’insécurité dans une relation n’est pas nécessairement due à un problème d’abandon. L’insécurité en général et au sein d’une relation est principalement due à un manque de confiance en soi. Un manque de confiance en soi a de multiples sources et finit par conduire à la peur d’être abandonné. Il serait intéressant de savoir si votre insécurité est liée à votre peur d’être abandonné ou non. Cela peut être lié à d’autres besoins non satisfaits.
Vérifiez si ce que je dis est pertinent ou non pour vous.
Cela me rappelle le cas de Susanne, une femme mariée qui avait un profond besoin de sécurité. Son besoin de sécurité était si intense qu’elle demandait régulièrement à son mari de la tenir dans les bras et de la soutenir dans les différents aspects de leur vie conjugale. Ses fréquentes demandes sont devenues un poids pour son mari, à tel point qu’il a commencé à être en désaccord avec ces demandes et s’est souvent absenté de la maison pour cette raison. L’attitude de son mari a laissé Susanne impuissante et perdue. Elle a commencé à se sentir abandonnée, mais son sentiment d’abandon avait très peu à voir avec le comportement de son mari. À un moment donné au cours d’une séance, Susanne a pu reconnaître à quel point elle était peu sûre d’elle et d’où venait son manque de confiance. Un père autoritaire à qui elle craignait de déplaire et de qui elle voulait une connexion de cœur à cœur que ce père était toutefois incapable de fournir. En reconnaissant cette réalité, elle a commencé à se sentir plus à l’aise avec elle-même et a pu se faire un peu plus confiance. Confiance qui a mis fin à son sentiment d’abandon.
Pour en revenir à votre question et pour pouvoir vous répondre plus précisément, j’aurais besoin de savoir ce qui vous rend insécure et sur quoi porte votre problème d’abandon. Comment cet abandon se manifeste-t-il dans la relation dans laquelle vous êtes actuellement ?
La deuxième partie de votre question est « Pourquoi sommes-nous toujours attirés par ceux qui sont à même de déclencher nos traumatismes et notre insécurité ? »
Il semble que vous envisagez votre problème du point de vue de l’abandon et de la peur d’être laissé seul. Ce faisant, vous restez empêtré dans la douleur que l’abandon a créée.
Une approche différente consisterait à examiner votre problème du point de vue de ce qui vous manque. « Qu’est-ce qui me manque ? » et ensuite « Quel est mon désir le plus profond ? »
Aborder votre abandon sous cet angle éliminera immédiatement le rôle de victime, le ‘pauvre moi qui a été abandonné’ et vous amènera dans une position plus responsable de questionnement sur ce qui vous manque et que vous désirez tant.
Lorsque vous vous posez cette question, « Qu’est-ce qui me manque ? », vous découvrirez probablement qu’il vous manque une connexion bienveillante, qu’il vous manque un sentiment de sécurité, qu’il vous manque un sentiment de bien-être. Vous êtes seul et vous vous sentez en insécurité. Cela qui fait naître en vous un désir d’être accompagné, d’être soutenu. Avec cette approche, vous n’êtes plus dans le rôle de victime, vous êtes dans une exploration positive de ce qui vous fera vous sentir à nouveau entier.
Lorsque nous nous sentons abandonnés, nous nous retrouvons vides, il nous manque quelque chose et naturellement nous avons tendance à chercher à l’extérieur ce qui nous manque puisque nous avons été abandonnés par quelqu’un. En réalité ce n’est pas tant la personne qui nous manque, mais ce qu’elle nous a apporté, principalement un sentiment de sécurité, de plénitude. C’est ce sentiment de sécurité, ce sentiment de plénitude que vous essayez de retrouver chez chaque personne avec qui vous êtes en couple. Chercher à l’extérieur ce sentiment de sécurité, de plénitude peut être satisfait pendant une courte période, mais comme il est soumis à la volonté et à la capacité de l’autre, il sera forcément de courte durée.
C’est ce qui est arrivé à Suzanne.
Un autre aspect de ce déclenchement du sentiment d’abandon est que tous les traumatismes psychologiques non digérés, non intégrés appellent à être digérés, intégrés. L’Existence ou la Vie est orientée vers l’harmonie, vers le bien-être et lorsque notre système nerveux est en situation de stress, il a tendance à chercher les moyens de conjurer le stress pour retrouver un fonctionnement plus harmonieux. Étant donné que votre problème d’abandon n’a pas encore trouvé de solution, vous envoyez inconsciemment des signaux chimiques (phéromones) qui disent quelque chose comme « s’il vous plaît, venez combler mon insécurité. » Ces signaux sont inconsciemment captés par ceux qui sont susceptibles de répondre à votre demande, ce qu’ils font au début, mais ils veulent aussi combler un vide dans leur être, cela fonctionne donc pendant un certain temps, mais pas continuellement.
Vous êtes attiré par ceux qui déclenchent votre insécurité simplement parce que vous regardez dans la mauvaise direction. Vous évoluez dans la vie avec la conviction que quelqu’un comblera votre manque de sécurité. Votre expérience d’enfant a été qu’un sentiment de sécurité vous a été donné par un parent, par quelqu’un et vous continuez à chercher un ‘quelqu’un’ qui comblera votre vide intérieur. Cette quête est vouée à l’échec.
Je pourrais comparer cela avec le fait d’avoir faim. Lorsque vous avez faim et que vous voulez arrêter la sensation de faim, vous mangez et à un moment donné vous vous sentez rassasié et la sensation de faim disparaît. Si vous arrêtez de manger trop tôt, la sensation de faim persiste et elle persiste jusqu’à ce que vous mangiez à votre guise ou plutôt jusqu’à satiété.
De la même manière, vous avez soif d’une relation bienveillante. Votre faim n’est pas une question de nourriture, mais un profond désir d’être reconnu, accepté, tenu et soutenu. Vos parents ne vous ont jamais donné l’occasion de satisfaire cette faim psychologique, aussi vous la cherchez partout et essayez de la satisfaire dans la relation dans laquelle vous êtes. Le problème est que votre partenaire est également incapable de satisfaire votre désir de connexion vraie.
Pour que vous puissiez mettre un terme à ce traumatisme d’abandon, vous allez devoir faire face à ce manque en vous qui appelle à être comblé. ‘Quel est ce besoin fondamental qui a créé tant de douleur en moi ?’
Et pour ce faire, ramenez l’attention sur vous en utilisant les deux questions que j’ai mentionnées plus tôt. « Qu’est-ce qui me manque ? » et ensuite « Quel est mon plus profond désir ? »
Transformer votre question de « Pourquoi sommes-nous… » en « Pourquoi suis-je… » ne vous aidera pas beaucoup, quand bien même l’accent sera mis sur vous et non sur une généralité. Cela ne vous aidera pas parce que le ‘pourquoi’ n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est la réalité dans laquelle vous vous trouvez, votre réalité actuelle. Et la réalité dans laquelle vous vous trouvez est que la douleur d’être abandonné reste encore une plaie ouverte qui appelle des soins et une guérison. Cette douleur déchirante est ce qui importe, rien d’autre ne l’est. Rassemblez le courage d’y faire face et vous n’avez pas à le faire seul, vous pouvez être accompagné, soutenu dans votre douleur. Vous avez simplement besoin de demander. Un soutien est toujours disponible en cas de besoin.
Pour diverses raisons, il peut vous être difficile de demander. Vous pouvez avoir cette forme de pensée, « À quoi bon, de toute façon je n’obtiendrai jamais ce que je veux, je ne serai jamais compris », ou comme je l’ai mentionné précédemment, vous voulez qu’une personne spécifique satisfasse votre besoin et vous portez du ressentiment envers cette personne. L’autre possibilité est que vous ayez honte de demander de l’aide, cela peut vous sembler être de la mendicité et vous vous sentiriez humilié de demander de l’aide. Vouloir que l’aide vienne à vous sans la demander est une stratégie courante chez les enfants. C’est comme vouloir que quelqu’un vienne à vous et satisfasse votre besoin.
C’est le contraire qui est nécessaire, c’est vous qui devez faire les démarches. L’aide vient lorsque nous sommes prêts à la recevoir, lorsque notre mental s’ouvre à la possibilité d’accepter que nous sommes sur la mauvaise voie, que nous ne savons pas. Elle ne vient pas lorsqu’on demande, lorsque l’on est dans l’attitude « je suis en droit d’être aidé ». Un peu d’humilité est nécessaire pour que l’aide porte ses fruits.
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd’hui. J’espère qu’avec cette conférence, votre compréhension de ce que vous devez faire pour résoudre, intégrer votre problème d’abandon sera clarifiée et que vous serez en mesure de faire les pas nécessaires pour apporter la paix dans votre cœur.
Faisons une courte pause avant de répondre à vos questions.
Questions des participants…
Bien, arrêtons ici pour aujourd’hui. Merci de votre écoute patiente et attentive et la semaine prochaine je répondrai à une question sur le désir d’être aimé.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_25-Octobre-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Peur, les Attentes et l’Acceptation.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire après l’interruption de l’intensif d’éveil. Cet intensif d’éveil de 5 jours a été un moment intense et fructueux pour ceux qui y ont participé. L’occasion pour eux de se rapprocher de leur visage originel, un visage qui n’a rien à voir avec la personnalité. Je suis heureux et reconnaissant que nous ayons pu faire cette intensif d’éveil en ligne. Un merci chaleureux à Niya et à l’équipe pour avoir organisé et soutenu ce processus. Tous les participants ne sont pas attelés à faire l’expérience directe de ce qu’est la confiance, mais je suis convaincu que la confiance en soi de chacun s’est renforcée en participant à cet intensif. Merci à vous tous.
Venons-en maintenant à la réalité de l’instant présent avec la question du jour. « Nous avons trois peurs fondamentales. La peur de ne pas pouvoir survivre, la peur d’être blessé et la peur de ne pas être aimé. Pourquoi les attentes que nous avons sur les autres, tout autant que les demandes de satisfaction de nos besoins nous rendent-elles incapable de nous accepter, et encore moins d’accepter les autres ? »
Je voudrais d’abord attirer votre attention sur la façon dont la question est formulée. Utiliser ‘nous’ au lieu de ‘moi’ indique que notre interlocuteur ne fait qu’intellectualiser quelque chose avec lequel il ne peut pas se connecter ouvertement. La généralisation ou l’intellectualisation est une tendance que certaines personnes ont lorsqu’elles n’osent pas exposer leurs propres problèmes. C’est un mécanisme courant de fuite. Il aurait été plus fructueux pour notre interlocuteur de s’approprier sa question en utilisant ‘moi’ au lieu de ‘nous’.
Je recommande fortement d’utiliser ‘moi’ lorsque vous posez une question. Cela vous aidera à mettre l’attention sur vous, plutôt que sur une entité inconnue.
Outre ce point, il semble qu’il y ait dans cette question une discontinuité entre l’affirmation des peurs fondamentales et la question des attentes. Ce qui est le plus probable, c’est que notre interlocuteur essaie inconsciemment d’attirer l’attention sur sa propre peur, sa peur de ne pas voir ses besoins satisfaits.
Comme je l’ai mentionné dans la série de conférences sur la peur en décembre de l’année dernière, la peur peut avoir un large éventail d’origines. Essentiellement en fonction de la façon dont nous avons intégré notre environnement d’enfance. Les trois peurs évoquées par notre interlocuteur, ne pas pouvoir survivre, être blessé et ne pas être aimé, ont à voir avec son propre environnement d’enfance, avec la façon dont il a été considéré et traité en tant qu’enfant. Même si ces peurs sont communes à beaucoup, ce ne sont pas nécessairement des ‘peurs fondamentales’, étant donné que la peur est multicouche. Une peur a tendance à en cacher une autre, de la même façon que le font les Matriochkas, ces poupées russes, en cachant une poupée plus petite à l’intérieur de la première et ainsi de suite jusqu’à ce que la dernière toute petite poupée apparaisse. Les couches d’un oignon sont également une bonne illustration de ce multicouche. Dans le cas de notre interlocuteur, la peur de ne pas pouvoir survivre se traduit par la peur que ses besoins ne soient pas satisfaits. Pourtant, sous sa peur de ne pas voir ses besoins satisfaits, il y a une autre couche de peur qui est la peur d’être soi-même. S’affirmer, exprimer ses besoins, exprimer ses envies demande courage. Le courage d’oser s’exprimer comme il nous semble juste de le faire.
Malheureusement, la plupart du temps, nous avons renoncé à exprimer nos besoins et nos désirs principalement parce que nous avons tenté de nombreuses fois de le faire, mais sans résultat. Nous avons abandonné et avons formé la conviction que ‘ça ne sert à rien d’exprimer mes besoins, de toute façon, je ne serai jamais compris’. Ces mots ou des mots similaires sont souvent exprimés lors de séances individuelles.
Même si, en surface, nous avons renoncé au désir de voir nos besoins satisfaits, ce désir reste une forte envie en nous et se manifeste sous forme d’attentes. Nous attendons que quelqu’un réponde à nos besoins et cela devient particulièrement vrai dans une relation. Les deux partenaires sont chacun dans l’attente que l’autre réponde à leur besoin.
Lors d’une récente séance individuelle, Jodie rencontrait des difficultés dans sa relation avec son petit ami et ne savait pas comment lui faire comprendre qu’elle n’acceptait pas son comportement désordonné. Elle a essayé plusieurs fois d’en parler avec lui, mais elle n’a jamais vraiment pu faire valoir son point de vue et elle a fini par supporter ses comportements. Elle se sentait même coupable de lui demander de changer. Elle n’a jamais vraiment osé s’exprimer, car elle craignait que si elle s’exprimait, il la quitte et elle ne savait pas comment elle pourrait faire en étant mère célibataire.
Son besoin de reconnaissance ne pouvait être satisfait.
Le petit ami était lui-même dans une situation similaire, il ne comprenait pas pourquoi elle ne le comprenait pas, pourquoi son comportement n’était pas accepté, pourquoi elle ne pouvait pas l’accepter tel qu’il est. Comme tous deux avaient le même besoin d’être compris, reconnus et acceptés, aucun d’eux ne pouvait répondre au besoin de l’autre, avec pour conséquence que tous les deux fermaient leur cœur à l’autre et commençaient à vivre comme des étrangers. Tous deux portaient un fort ressentiment envers l’autre et ne parvenaient pas à une solution satisfaisante.
Ce cas est une bonne illustration de la façon dont nous voulons que l’autre réponde à nos besoins et de la façon dont nous fermons nos cœurs lorsque nos besoins ne peuvent être satisfaits par l’autre.
Je suis sûr que vous pouvez reconnaître des situations similaires dans votre vie.
Notre questionneur a demandé, « Pourquoi les attentes que nous avons sur les autres, tout autant que les demandes de satisfaction de nos besoins nous rendent-elles incapable de nous accepter, et encore moins d’accepter les autres ? »
Cela vaut la peine d’approfondir un peu cette question et comprendre ce qui amène une personne à attendre des autres et à fermer son cœur lorsque ses attentes ne sont pas satisfaites.
Nous attendons généralement des autres lorsque nos besoins fondamentaux n’ont pas été satisfaits durant notre enfance. Enfants, nous dépendions de nos parents pour répondre à nos besoins physiques et psychologiques. Certains de ces besoins ont été satisfaits, mais certains sont restés non satisfaits et ce sont ces besoins non satisfaits qui sont toujours actifs en nous. C’est pourquoi nous recherchons quelqu’un pour les satisfaire et projetons inconsciemment sur notre conjoint, sur nos partenaires ou sur nos amis la responsabilité de le faire.
Projeter cette responsabilité sur une autre personne nous maintient dans la dépendance et nous maintient dans un comportement enfantin. Ce faisant, nous évitons d’être responsables de nos propres besoins et, plus important encore, cela nous aide à reléguer la douleur initiale dans l’inconscient.
Si vous souhaitez clarifier cet aspect pour vous-même, vous pouvez vous référer à l’exposé sur le Besoin d’être Compris et aussi reprendre les exercices proposés lors de l’exposé sur la Relation et la Codépendance.
Pour pouvoir satisfaire nos besoins, nous devons d’abord les reconnaître avec précision. Tout comme la peur peut être multicouche, les besoins peuvent également varier en fonction du développement de chaque personne et une personne peut avoir plus d’un besoin non satisfait. Ce qu’il est important de reconnaître, c’est l’insécurité qui accompagne la non-satisfaction de nos besoins. Se sentir en sécurité est très certainement notre besoin le plus fondamental, tous les autres besoins sont des pointeurs vers ce besoin fondamental de sécurité.
Vous avez peut-être remarqué par vous-même qu’une fois qu’un besoin est comblé, l’inquiétude disparaît, vous vous sentez à l’aise, satisfait et le sentiment d’insécurité a disparu.
Le sentiment d’insécurité, être ou se sentir dans l’insécurité, est la base à partir de laquelle tous nos différents besoins s’organisent. Vivre notre vie est plus facile lorsque nous nous sentons en sécurité et en confiance. Il n’est pas possible de se sentir en sécurité, ni même en confiance lorsqu’un ou plusieurs de nos besoins ne sont pas satisfaits. Il s’agit souvent d’une simple question de reconnaissance. Dans le cas de Jodie, comme c’est le cas pour de nombreuses personnes, ce n’est pas vraiment le besoin non satisfait qui crée un problème, c’est la croyance que le besoin ne peut pas ou ne sera pas satisfait qui fait obstacle.
Lorsque l’on croit, on ne fait pas confiance. Il ne s’agit pas de faire confiance à quelqu’un, mais plutôt de se faire confiance.
Nous nous méfions. De nous-mêmes. Il y a plusieurs raisons à cela. Être jugé, critiqué ou humilié, crée de la douleur dans nos cœurs, tout comme le fait d’être abandonné ou de ne pas être compris. Cette douleur peut devenir si profonde que nous craignons d’être jugés, critiqués ou humiliés. En réalité, c’est notre cœur douloureux que nous craignons de ressentir et non le jugement, les critiques ou l’humiliation.
C’est sur ce point que beaucoup de gens achoppent et passent à côté de l’essentiel. Ils sont alors la proie de diverses peurs psychologiques, manquant ainsi la peur réelle de ressentir leur cœur douloureux.
Essayez de comprendre ce point. Ce que vous craignez, ce ne sont pas tant les jugements des autres ou les situations violentes et abusives qui peuvent se présenter à vous, ce que vous craignez le plus, c’est de ressentir la douleur qui enserre votre cœur. Votre cœur douloureux est une réalité et c’est parce que votre cœur est douloureux que vous faites de votre mieux pour combattre cette douleur ou y échapper par tous les moyens. Vous êtes constamment en mode combatif ou en mode de fuite avec votre cœur douloureux.
Je me souviens à l’instant d’une personne qui croyait fermement que les voix de jugement dans sa tête étaient vraies. Les jugements venaient des membres de sa famille et elle ne pouvait pas se détacher du jugement qu’elle n’était pas assez bien comme elle était et qu’elle ne réussirait jamais dans la vie. Elle était complètement identifiée à ce jugement, ne réalisant pas qu’il s’agissait simplement d’une idée émise par l’un des membres de sa famille à son propos. Elle ne se faisait pas confiance et ne reconnaissait pas ses qualités, sa valeur. En d’autres termes, elle accordait plus d’importance aux idées des membres de sa famille à son sujet qu’à elle-même. Une fois qu’elle a pu reconnaître cela, quelque chose a changé en elle, l’identification avec sa croyance a commencé à se dissoudre.
Ce qui vient également régulièrement en entrave, c’est que nous sommes souvent aveuglés par l’idée que notre besoin ne peut être satisfait que par une personne spécifique ou satisfait d’une manière spécifique. Nous avons tendance à nous accrocher à nos expériences passées et cela nous rend inconscients du fait que nos besoins peuvent être satisfaits au présent. Lors des séances individuelles, j’ai souvent besoin de pointer à la personne qu’en ce moment, dans cette relation, elle est comprise, elle est acceptée. Il faut finalement un certain temps pour que la personne reconnaisse le fait que oui, à ce moment-là, je suis comprise, je suis acceptée.
Lorsque cette reconnaissance est pleinement reconnue par la personne ? Alors le besoin est comblé, il se dissout et le cœur fermé s’ouvre. Reconnaître intellectuellement que je suis compris ou accepté ne suffit pas, c’est un bon début, mais pas assez. Pour dissiper complètement le besoin, la reconnaissance doit entrer au cœur de notre être, elle doit éradiquer toutes les croyances et devenir un ‘oui’. « Oui, c’est vrai, je suis compris » ou « Oui, c’est vrai, je suis accepté » et lorsque cette acceptation a lieu, une relaxation et une paix profondes s’ensuivent.
Lorsque nous nous attendons à ce que nos besoins soient satisfaits, la rancœur s’immisce. Nous devenons mécontents parce que nos attentes ne sont pas satisfaites. C’est le ressentiment qui nous fait fermer nos cœurs et lorsque nos cœurs sont fermés, il devient difficile d’accepter les autres. Il devient également difficile de s’accepter soi-même, car nous craignons la rencontre avec nos cœurs douloureux. La peur de faire face à notre cœur douloureux est une couche plus profonde de la peur de se rencontrer et pour beaucoup de gens, la peur de faire face à leur cœur douloureux agit comme une solide barrière contre la liberté, contre une véritable acceptation de soi.
Je l’ai mentionné à différentes reprises, l’acceptation est la clé. Lorsque nous sommes dans le déni de notre douleur, nous nous fermons à la beauté que nous sommes, nous nous fermons à notre innocence, à notre créativité, à notre spontanéité. Nous transformons la force de notre capacité à avancer dans la vie en entêtement, en un ‘non’ à qui nous sommes et, par conséquent, nos vies deviennent tièdes, inintéressante, voire ennuyeuses.
Vous avez des besoins, acceptez qu’il en soit ainsi, vous avez des peurs, acceptez qu’il en soit ainsi. C’est cette acceptation qui débloquera vos cœurs douloureux. Lorsque nous acceptons, nous manifestons de l’amour, nous manifestons ce que nous sommes. Soyez dans l’acceptation et tout ira bien.
Faisons une courte pause avant de répondre à vos questions.
Questions des participants...
Bien, arrêtons ici pour aujourd’hui. Merci de votre écoute patiente et attentive et la semaine prochaine je répondrai à une question sur l’Abandon et l’Insécurité.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_11-Octobre-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur l’Entêtement et la Détermination.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Certains d’entre vous ont mentionné que je parle souvent de l’entêtement de différentes façons, aussi j’aimerais continuer cette série d’entretiens avec la question suivante. « Je vous ai entendu dire que l’entêtement est un bon allié et qu’il peut aussi être notre pire ennemi. Je ne comprends pas très bien cette contradiction. Pourriez-vous en dire davantage à ce sujet et préciser la différence entre entêtement et détermination ? »
Je peux comprendre que vous ayez du mal à saisir cette apparente contradiction puisque l’entêtement est souvent qualifié d’attitude négative et rarement comme une attitude positive. L’entêtement est d’abord l’expression d’un refus, d’un ‘non’. « Non, je ne veux pas de ça, je ne veux pas qu’il en soit ainsi. » Ce peut être quelque chose qu’une personne ne veut pas accepter de faire ou refuse de dire ou ne veut pas admettre. Ce qui compte vraiment, c’est l’attitude inébranlable de la personne.
Il est facile de reconnaître cet entêtement chez un enfant qui ne veut plus parler à maman ou à papa parce qu’il s’est senti tellement blessé par leurs accusations ou parce qu’il est puni pour avoir fait quelque chose que ses parents réprouvent. L’enfant ruminera pendant un certain temps, puis à contrecœur parce que ruminer l’isole, il reviendra à sa façon habituelle de se connecter avec ses parents. Cependant puisqu’il se sent blessé, intérieurement il dira ‘non’ et portera du ressentiment envers ses parents.
Ressasser ou ruminer est une forme temporaire d’entêtement, souvent observée chez les enfants. Un enfant ou un adulte peut également utiliser le ressassement comme un moyen d’influencer les autres afin d’obtenir ce qu’il veut.
Lorsqu’un enfant est battu, il se sent humilié et il aura tendance à ne pas exprimer sa douleur d’être battu, il réprimera ses larmes et supportera les coups. Son ressentiment envers celui qui le bat est si fort qu’il se venge en ne montrant pas sa douleur et ses larmes. Le principal moteur de cette attitude est de ne montrer aucun signe de faiblesse, car paraître faible créerait une relation de pouvoir. De victime, l’enfant se transforme en tyran, « Je ne me soumettrai pas à toi. » Ne pas se soumettre devient sa devise principale. C’est aussi une forme de vengeance envers la personne qui inflige la punition.
L’humiliation, la douleur psychologique est si intense, si profonde qu’il n’y a pas d’autre réponse possible que le ressentiment et la haine. À cause de ce refus de paraître faible, son ressentiment et sa haine ne peuvent s’exprimer ouvertement, ils se transforment en un ‘non’ profondément enraciné, un entêtement. L’enfant devient têtu au point d’être souvent qualifié de ‘tête de mule’.
Dans cette situation, ne pas paraître faible est en lien avec un rapport de force avec l’autre personne. C’est une lutte de pouvoir pour ne pas laisser l’autre prendre le dessus. Cette forme d’entêtement est motivée par le ressentiment. Nous sommes blessés et parce que nous ne pouvons pas nous rebeller ouvertement, nous en voulons à l’autre. C’est une attitude vengeresse. Nous voulons nous venger de celui qui nous a fait du mal et ne pas montrer que nous sommes blessés.
« Je ne te parlerai plus jamais », ou « je ne t’aime plus », ou encore « tu n’es pas ma maman/mon papa » sont les formes de pensée habituelles qui accompagnent le ressentiment chez l’enfant.
Je suis sûr que certains d’entre vous peuvent reconnaître cette attitude inébranlable en vous-même ou chez votre enfant ou même chez votre conjoint.
La peur de faire quelque chose ou d’aller dans une direction inconnue peut également déclencher de la résistance chez une personne. Cette résistance peut se renforcer et devenir un ‘non’ obstiné lorsque la personne est forcée de faire ce qu’elle ne veut pas faire.
Être forcé crée du ressentiment et de l’entêtement.
Lorsqu’une personne est accusée, à tort ou non, d’avoir commis une erreur, ou de ne pas être conforme à une certaine norme ou à certains critères, une forte réticence à admettre ce qu’on lui reproche s’élèvera en elle, résistance qui sera souvent accompagnée d’un sentiment de honte. Le ressentiment envers la personne humiliante suivra généralement comme une ombre.
Qu’il s’agisse d’être forcé, d’être humilié, non respecté, non considéré, laissé seul ou abandonné, toutes ces situations créeront de la peine chez une personne. Cette peine sera accompagnée d’un très fort ressentiment envers la personne qui crée cette peine. Lorsque la situation blessante se répète, lorsque nous sommes blâmés ou humiliés avec des mots comme « c’est mal de pleurer », « comment oses-tu pleurer ? », « ne sois pas faible, soit fort » ou même « honte à toi » nous faisons de notre mieux pour prétendre que nous ne sommes pas blessés. Nous voulons garder la face et paraître forts.
Pourtant, en faisant cela, nous nous illusionnons en repoussant la douleur d’être blessé. Repousser la douleur crée une double contrainte. Nous nous enfermons dans la souffrance, en ne voulant pas la ressentir et nous alimentons du ressentiment envers la personne qui a créé la souffrance.
Repousser notre douleur semble être une tendance naturelle, mais ce faisant, nous rejetons cette partie de nous qui souffre, créant ainsi plus de souffrance. Avoir du ressentiment semble également être une tendance naturelle, car nous voulons repousser la personne qui nous a causé de la peine. Pourtant, ce faisant, nous fermons nos cœurs et nous nous isolons. Nous nous sommes emprisonnés dans un double refus. C’est ainsi que l’entêtement devient notre pire ennemi, il crée les murs de notre prison sans porte de sortie.
Ce cercle malsain est malheureusement commun à de nombreuses personnes et il devient un important point de blocage dans lequel beaucoup se retrouvent piégés.
Autobiographie en Cinq Chapitres est un assez bon compte rendu de ce double refus et de la manière d’en sortir.
Lorsque nous refusons d’admettre l’évidence, nous nous renions nous-mêmes. Notre entêtement devient alors notre pire ennemi dans le sens où il nous empêche de nous ouvrir à nous-mêmes.
Que faire dans ce cas ?
La seule chose à faire dans ce cas est de reconnaître que nous sommes dans cette énergie du ‘non’, que nous disons ‘non’ de tout notre être.
Toutefois, combattre ce ‘non’ en voulant imposer un ‘oui’ au lieu du ‘non’ comme la plupart des gens essaient de faire avec cette forme de pensée, « Je ne devrais pas dire non, je devrais dire oui » est voué à l’échec. Cette tentative est vouée à l’échec, car vous opposez un autre entêtement à celui déjà existant. Cela devient un bras de fer entre deux entêtements. La seule chose intelligente à faire est de dire oui à l’entêtement, oui au non. « Oui, je suis têtu. Oui, je ne veux pas ouvrir mon cœur. Oui, je ne veux pas accepter cette douleur en moi. Oui, je ne veux pas ressentir cette douleur. »
Sortir de l’entêtement est un processus étape par étape.
Dans un premier temps, la reconnaissance et l’acceptation. ‘Oui c’est comme ça’. Ensuite, le questionnement. ‘En quoi consiste vraiment cet entêtement ?’ ‘Qu’est-ce qui me pousse à être têtu, à avoir ce puissant non ?’
Ces deux étapes créeront une ouverture. Vous ne combattez plus l’entêtement, vous l’avez accepté et vous lui donnez de l’espace pour exprimer ce qu’il tente d’exprimer.
Au fur et à mesure que vous vous ouvrez à l’entêtement, différents sentiments se montreront.
• Un sentiment de honte peut apparaître en premier, puisque l’entêtement est considéré comme négatif. Autorisez-vous ce sentiment de honte, ressentez comment il se manifeste dans votre corps et exprimez toutes les pensées, les idées ou les croyances qui l’accompagnent. « Oui, j’ai honte d’être têtu ; c’est mal d’être têtu ; je ne devrais pas dire non ; qu’est-ce que les gens diront de moi ? » et ainsi de suite.
• Une fois que le sentiment de honte a été reconnu, accepté et exprimé, ce qui peut alors venir à la conscience est un sentiment d’impuissance et d’insécurité. « Je ne sais pas quoi faire. Je me sens seul et perdu avec ça. J’ai besoin d’aide. » Encore une fois, donnez de l’espace à ces sentiments, à ces pensées et exprimez-les du mieux que vous pouvez.
• À ce stade, c’est souvent la peur qui se manifeste. La peur de s’ouvrir honnêtement à l’entêtement. « Que se passera-t-il si je lâche cet entêtement, vais-je survivre ? » Cette peur est la peur de perdre une identité que nous avons adoptée il y a longtemps. Il y aura aussi la peur de découvrir, de dévoiler la vulnérabilité que voile l’entêtement.
Une fois que nous avons rassemblé le courage d’affronter et d’exprimer du mieux que nous le pouvons ces différents sentiments, une porte s’ouvre sur la vérité de qui se cache derrière l’entêtement. Ce que nous trouvons la plupart du temps, c’est une petite fille ou un petit garçon au cœur brisé, totalement impuissant, désespéré et terriblement triste. Un enfant qui veut simplement se sentir en sécurité, aimé et surtout être accepté tel qu’il est.
Lorsque nous acceptons notre entêtement, sa direction change, sa qualité change. Il passe d’une force contre quelque chose à une force pour quelque chose. Il passe du déni à l’affirmation, du rejet au soutien. Il passe de notre pire ennemi à notre meilleur allié.
L’entêtement en tant que bon allié
Le côté positif de l’obstination se trouve dans un autre aspect de nos mécanismes de protection. Nous pouvons avoir un ‘non’ inébranlable lorsque nous ne voulons pas faire quelque chose qui ne nous convient pas. Cela arrive souvent aux enfants lorsque leurs parents ont tendance à les forcer à faire quelque chose qui ne leur convient pas.
Je me souviens du cas d’un enfant qui ne voulait pas retourner à son internat un lundi matin parce qu’il avait mal au ventre. Sa mère insistait pour qu’il retourne à l’école, elle ne tolérerait pas une telle absurdité de faire semblant d’avoir mal pour éviter l’école. Mais l’enfant est resté inébranlable dans sa demande de ne pas aller à l’école et a affirmé avec force qu’il avait mal au ventre. La belle-mère a été appelée pour voir ce qu’il en était ; elle a tout de suite remarqué que le garçon ne faisait pas semblant, ils ont alors appelé un médecin qui a identifié une inflammation de l’appendice. L’enfant a été envoyé à l’hôpital le plus proche pour une intervention immédiate. Son entêtement à ne pas vouloir aller à l’école lui a sauvé la vie.
Je suis sûr que vous pouvez vous souvenir de situations de votre enfance où vous avez senti qu’il n’était pas juste de faire quelque chose. Sentir qu’il n’est pas juste de faire quelque chose est très différent de ne pas vouloir faire quelque chose. Sentir que ce n’est pas juste vient d’une sagesse intérieure et non d’un refus ou d’un déni.
Un entêtement sain ne divise pas, il n’exclut aucune partie de nous, au contraire, il inclut et embrasse toutes les parties de notre être. Il devient une force, une énergie qui va de l’avant. Toute l’intensité qui avait été mise dans le refus, dans le déni est maintenant disponible pour soutenir un élan dans une direction qui semble juste pour la personne. L’entêtement sain agit comme une flèche pointant vers sa cible.
Contrairement à l’entêtement toxique qui porte en lui une énergie rigide, inflexible et teintée d’une violence abusive envers son détenteur ainsi qu’envers son entourage, l’entêtement sain porte en lui une douceur, une détermination ferme et détendue d’atteindre un objectif. L’entêtement sain soutient le désir de la personne à réaliser quelque chose. Ce n’est plus de l’entêtement, cela devient de la détermination et, en tant que telle, cette détermination apporte de la joie, de la passion dans la vie de la personne.
Passer de l’entêtement à la détermination n’est pas nécessairement une chose facile pour la simple raison que nous avons tendance à nous accrocher à notre entêtement puisqu’il nous protège du ressenti de nos cœurs affligés. En ne voulant pas ressentir la douleur de nos cœurs blessés, nous les fermons et cette fermeture entraîne un isolement, isolement qui nous fait nous sentir seuls et incapables de nous connecter sincèrement avec nous-mêmes ou avec les autres.
Déverrouiller nos cœurs fermés nécessitera une intention d’ouverture, de la patience, de la compréhension et surtout de la compassion. Compassion envers celui qui a été blessé et se sent isolé et seul. Lorsque nous commençons à regarder notre entêtement sous cet angle, l’amour est en jeu.
L’amour est la seule clé qui peut ouvrir n’importe quel cœur fermé.
J’espère qu’avec cette conférence, votre compréhension de l’entêtement est maintenant plus claire et que vous utiliserez cette compréhension pour passer de l’entêtement à la détermination. Dans quelques jours débutera un intensif d’éveil. Cet intensif d’éveil peut devenir, pour chacun d’entre vous, une formidable opportunité de tester la solidité de votre détermination à vous rencontrer dans votre totale authenticité. Tout ce que vous aurez à faire pendant cet intensif sera d’exposer et de communiquer ce qui est faux en vous, les idées reçues et les croyances que vous avez sur vous-même. Ce faisant, votre vrai moi, votre authenticité se révélera sans effort.
Votre authenticité est, en vérité, la seule chose qui compte.
Faisons une courte pause avant de répondre à vos questions.
Questions des participants...
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd’hui. Du fait de l’intensif d’éveil qui commencera ce samedi qui vient, nous reprendrons notre réunion hebdomadaire le mardi 11 octobre. Lors de cette réunion, je répondrai à une question sur les Attentes et l’Acceptation.
Merci à tous pour votre écoute patiente et attentive et à bientôt.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_27-Septembre-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom à propos du Stress et de l’Épuisement mental.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à cette nouvelle série de réunions hebdomadaires.
La question d’aujourd’hui semble être un bon sujet pour commencer cette nouvelle série de conférences par le fait que beaucoup d’entre vous sont très probablement concernés par l’effet du stress dans votre vie.
Voici la question. « Récemment, nous entendons dire que de nombreuses personnes sont stressées au point d’être mentalement épuisées et d’être déprimées ou de tomber gravement malades. Comment mettre fin à cet épuisement mental ? »
Lors d’une précédente série de réunions sur la peur, j’ai évoqué le réflexe de sursaut que notre système neurovégétatif génère lorsque nous sommes surpris ou face à une menace potentielle. Lorsque nous avons peur, du stress est généré et cela se manifeste dans notre corps à différents niveaux, principalement avec l’augmentation du rythme cardiaque et du flux sanguin.
Ce que nous appelons le stress est en fait une réaction en chaîne de trois éléments différents. Une situation extérieure, une réponse de notre système neurovégétatif suivie d’une action.
Le stress commence par ce que les scientifiques appellent l’activation de l’axe HPA. Pour dire cela en termes simples, en réponse à une certaine situation, notre cerveau envoie un signal à nos reins via le système nerveux sympathique pour libérer de l’adrénaline dans notre système sanguin afin que nous puissions combattre, fuir ou nous figer. Si le danger devient trop pressant, une autre hormone, le cortisol, est alors envoyée dans le sang pour aider à faire face à la situation. Il s’agit d’une réponse normale et saine de notre système nerveux sympathique qui régule notre mécanisme de survie. Une fois la situation gérée, tous les niveaux d’adrénaline et de cortisol reviennent à un rapport normal via le système nerveux parasympathique. Le système parasympathique fait partie du système neurovégétatif qui régule toutes nos fonctions vitales telles que le repos, la digestion des aliments, l’élimination des déchets, les pleurs, la salivation ou l’excitation sexuelle.
En bref, le stress est une réaction réflexe, à la fois physiologique et psychologique, de l’organisme face à une situation difficile qui nécessite une adaptation. En tant que tel, le stress fait partie d’un fonctionnement sain de notre système corps-esprit et il a ses avantages. Il stimule la motivation, il permet une meilleure appréciation de la situation et aide à y faire face. Cela stimule également la joie de faire quelque chose que nous aimons.
La recherche d’une poussée d’adrénaline est assez commune à ceux qui aiment prendre des risques en pratiquant des sports dangereux ou plus communément, ceux qui apprécient un tour de montagnes russes à la foire. Je suis sûr que vous avez tous apprécié une poussée d’adrénaline à un moment ou à un autre de votre vie. Nous l’appelons généralement l’excitation. Cela peut être l’excitation d’acheter un nouveau vêtement, l’excitation de recevoir un cadeau, de partir en voyage ou de rencontrer un ami ou une personne aimée. Toutes ces situations sont liées au stress dans le sens où elles provoquent une libération d’adrénaline dans notre corps.
Cela implique que le stress fait partie d’un fonctionnement normal et sain de notre système corps-esprit. Le stress malsain ou toxique provient d’une surcharge de cortisol dans l’organisme. Le cortisol est l’hormone chimique responsable du stress. Lorsqu’une excitation physique, psychologique ou émotionnelle excessive ou répétée est ressentie par une personne, notre système nerveux continue de produire du cortisol au point que cette hormone du stress s’accumule dans notre système nerveux et crée un épuisement mental ou un syndrome d’épuisement professionnel. Il est courant pour les personnes qui se trouvent dans un environnement stressant prolongé deviennent déprimées, malades ou aient des pensées suicidaires.
Les situations qui créent du stress sont parfois évidentes, comme une surcharge de travail, des difficultés financières, des difficultés relationnelles ou des difficultés parentales. Les études et les examens scolaires sont la première cause de stress chez les enfants et les adolescents. Malheureusement et principalement en raison de croyances erronées sur l’éducation, leur stress reste la plupart du temps inaperçu et n’est donc pas pris en charge.
Ce qui est moins évidemment lié au stress, ce sont les maladies, les traumatismes physiques ou psychologiques et toutes les situations liés à la peur. Le contrôle sur les autres et l’hypervigilance, une forme subtile de contrôle, sont également des facteurs de stress.
Un jeune enfant qui a peur du noir ou qui a peur des fantômes vit du stress et la seule chose dont il a besoin est un parent qui le soutient et qui le fera se sentir en sécurité sans nier sa peur.
L’épuisement mental, le stress ou le syndrome d’épuisement professionnel ne sont pas spécifiques aux Chinois, ils sont assez courants partout dans le monde ces jours-ci.
Récemment, Anabelle, une femme d’une quarantaine d’années, me racontait à quel point sa vie de mère était difficile avec ses deux filles adolescentes qui se disputaient constamment et se comportaient mal en enfreignant les règles établies. Elle n’arrêtait pas de parler de ce que ses filles avaient fait et du fait qu’elle ne savait pas quoi faire avec cette situation, elle se blâmait et se sentait coupable de ne pas être une bonne mère. Elle ne se rendait pas compte que la situation était trop lourde à gérer pour elle et qu’elle était trop stressée. En fait, toute la famille est surmenée depuis quelques années depuis un attentat terroriste dans sa ville natale africaine. Depuis ce jour, les deux filles souffrent chaque nuit d’incontinence nocturne et leur comportement rebelle s’explique très certainement par une peur profonde liée au stress de l’attentat terroriste.
D’une certaine manière, le stress peut être défini comme la peur de ne pas pouvoir faire face ou la peur de ne pas pouvoir y arriver. Cela est particulièrement vrai pour les bébés pendant la phase de naissance lorsque quelque chose obstrue le flux naturel de la naissance. Il peut s’agir du cordon ombilical autour du cou de l’enfant, d’un mauvais positionnement du bébé ou de l’utérus tendu de la mère par peur d’accoucher. L’accouchement peut être un événement stressant pour la mère, il l’est aussi pour le bébé. Le stress du bébé reste inaperçu et négligé. Ce petit être portera probablement toute sa vie cette peur de ne pas pouvoir y arriver.
La répression des sentiments et des émotions est également génératrice de stress pour le système nerveux et lorsque cette répression est exercée pendant longtemps, elle peut provoquer un épuisement mental et être source de maladies graves. Toute l’énergie de la personne est brûlée en essayant de faire face à la situation stressante.
Tout comme il est important de reconnaître que nous sommes en état de choc, il est important de reconnaître que nous sommes stressés. Le stress et l’état de choc sont en fait quasiment identiques puisque les deux sont le résultat de l’activation de l’axe HPA, une libération de cortisol dans le corps.
Vous demandez : « Comment pouvons-nous arrêter cet épuisement mental ? »
Eh bien, tout dépend de la situation qui cause le stress et parfois c’est une combinaison de différentes situations qui créent une surcharge de stress.
L’exemple d’Anabelle est intéressant. Son stress a commencé à un stade précoce de son mariage avec des difficultés financières lorsque son mari ne pouvait pas fournir les factures nécessaires à payer pour son travail de plombier indépendant. Anabelle a aidé son mari en s’occupant de sa facturation, mais pour elle c’était une tâche fastidieuse, une tâche qui a créé du stress et du ressentiment. Puis un enfant est né, et un deuxième environ un an plus tard. Elle ne savait pas comment être mère avec ses deux filles, car personne n’était là pour l’aider. Son mari travaillait dans une autre ville et ne revenait à la maison qu’une fois par mois. Cette situation créait également du stress pour les enfants qui devenaient rebelles. Et puis il y a eu un attentat terroriste dans la ville où ils vivaient. Toute la famille a été profondément choquée, même si aucun d’entre eux n’a été blessé physiquement. La relation avec son mari est devenue difficile, car Anabelle ne se sentait pas comprise ni soutenue émotionnellement par lui. Elle essayait de faire face du mieux qu’elle pouvait à toutes ces situations, mais même ses efforts pour faire face devenaient source d’augmentation de stress.
C’est la combinaison de ces différents facteurs de stress qui a amené Anabelle à être en état d’épuisement et à devenir dépressive au point qu’elle ne voyait plus de sens à vivre. Des pensées suicidaires ont commencé à se manifester et elle a été profondément déprimée pendant environ deux ans.
Du fait qu’elle était mentalement épuisée et déprimée, elle ne pouvait pas voir clairement ce qui lui créait du stress. Tout cela semblait être une énorme montagne de situations insupportables qui la submergeaient psychologiquement et émotionnellement.
Elle a demandé de l’aide et ce qui l’a aidée en premier lieu a été de reconnaître l’enchaînement des situations qui l’ont stressée.
Identifier clairement la source de stress aide à réduire l’impact du stress chez une personne, tout simplement parce que lorsque nous sommes stressés, nous avons tendance à amplifier ou magnifier la réalité de la situation qui crée le stress. Ce faisant, nous rendons cette réalité plus stressante qu’elle ne l’est réellement.
Reconnaître les sources de son stress a aidé Anabelle à créer une distance avec lui. C’est un point important, car il n’est pas toujours possible d’éliminer les facteurs de stress, les causes du stress. Dans son cas, en tant que mère, elle devait encore s’occuper de ses deux filles rebelles.
Exprimer sa surcharge, exprimer ses pensées et les sentiments avec lesquels elle se trouvait aux prises l’a aidée à libérer la charge émotionnelle qu’elle retenait.
L’accumulation de stress ainsi que la difficulté à en parler et à se faire comprendre sont, en soi, un facteur de stress supplémentaire qui génère un poids émotionnel chez une personne. Dès lors qu’une personne se met en contact avec son stress et commence à communiquer sur ce qu’elle vit, sa poitrine se détend, une relaxation s’opère et avec elle une sensation d’espace, de légèreté.
Après sa libération émotionnelle, qui consistait principalement à pleurer en silence, j’ai proposé une période de repos à Anabelle, pour que son système parasympathique puisse faire son travail sans être dérangé.
Pour résumer, voici les étapes qui aident à sortir du stress
• Demandez de l’aide
• Identifier clairement la source de stress
• Créer une distance psychologique avec la source de stress
• Si possible, supprimez la source de stress
• Exprimer les pensées et les sentiments liés à la situation de stress pour évacuer sa charge émotionnelle.
• Reposez-vous et digérez
• Soyez bienveillant avec vous-même en redevenant physiquement et mentalement actif.
Bien sûr, dans le cas d’Anabelle, la totalité de son stress n’a pas été libérée avec une séance. Il lui faudra du temps pour se libérer entièrement de sa surcharge de stress, principalement parce qu’il s’agit d’un stress multicouche. Le point important est qu’elle a reconnu qu’elle pouvait se décharger en reconnaissant et en exprimant ce qui était stressant pour elle. Elle s’est sentie comprise et accompagnée dans ce processus qui l’a aidée à comprendre qu’elle peut désormais avancer dans une direction plus saine. Elle a également mentionné qu’elle pouvait se faire davantage confiance pour continuer à avancer dans cette direction.
J’aimerais ajouter quelques commentaires aux étapes ci-dessus.
Tout comme les facteurs de stress peuvent être différents pour chaque personne, la réponse qu’une personne apportera à ses propres facteurs de stress sera unique à cette personne puisque sa réponse viendra essentiellement de son éducation. Certains supporteront le stress jusqu’à épuisement complet, d’autres développeront une maladie afin de se soustraire aux facteurs de stress. Ils échapperont ainsi à leur réalité stressée en étant malade, ce qui est bien différent que de développer une maladie dût à des facteurs de stress. Certaines personnes ne seront pas disposées à prendre les décisions nécessaires pour éliminer les facteurs de stress, car cela impliquerait une prise de décision radicale comme lâcher un emploi, déménager ou mettre fin à une relation.
Les conséquences de situations stressantes prolongées sont à la fois physiques et psychologiques. Elles entraînent généralement un syndrome de fatigue chronique avec de multiples effets secondaires tels que des troubles du sommeil, un système immunitaire affaibli, des problèmes digestifs, des douleurs musculaires ou articulaires et des maux de tête pour n’e nommer que quelques-uns de ces effets secondaires.
Un point important à réaliser est que nous imputons souvent la responsabilité au facteur de stress plutôt qu’à nous-mêmes. ‘C’est à cause de cette personne ou à cause de cette activité que je suis stressé et que je me suis épuisé mentalement.’
Il s’agit là d’une habitude ancestrale d’éviter d’être responsable.
Être responsable de soi est un facteur de guérison important dans le processus de sortie d’un syndrome de fatigue chronique ou d’épuisement intellectuel. Prendre ses responsabilités implique dans un premier temps de suivre les étapes décrites ci-dessus, puis de continuer avec la mise en place d’une activité quotidienne pour retrouver un plein potentiel de vie. Mettre en place une activité qui permet de passer du temps pour soi dans un environnement agréable nous évitera aussi de retomber dans les pensées négatives induites par le stress. Cette activité quotidienne doit être à la fois physique et mentale comme le jardinage, l’écriture ou la peinture créative, le modelage de l’argile, la danse ou la pratique d’un sport. Participer à des activités physiques et mentales agréables avec d’autres soutiendra un retour à un état plus paisible où le corps et l’esprit ne seront plus stressés. L’idée est de ramener en douceur le corps et l’esprit à un fonctionnement normal et non stressant. Engager le corps et l’esprit dans une activité et se reposer chaque fois que cela s’avère approprié.
Être responsable, c’est aussi s’interroger sur les raisons qui m’ont fait rester dans un environnement aussi stressant. « Qu’est-ce que j’essayais d’accomplir ou de gagner en restant dans cet environnement stressant ? Pourquoi n’ai-je pas pu dire ‘non’ ou m’éloigner de ce qui est devenu un environnement stressant ? »
Ce questionnement est la dernière étape pour sortir du stress, il vient en dernier. Il vient après avoir traité tous les symptômes physiques et psychologiques que les facteurs de stress ont créés. Il serait inutile de commencer par ces questions puisque le mental est déjà dans un état de surcharge.
Ce que vous découvrirez très probablement avec ce questionnement, c’est que vous avez tendance à vous laisser aller à des situations stressantes parce que vous avez peur d’être vous-même. Pour diverses raisons, vous n’osez pas être vous-même, vous n’osez pas dire ‘non’ lorsqu’il vous semble juste de dire ‘non’. La peur d’être soi vient la plupart du temps de parents ou d’enseignants peu compatissants qui ne vous ont pas permis de vous exprimer comme vous en aviez envie, ou parce qu’ils vous ont puni lorsque vous l’avez fait. Cela a aussi à voir avec le fait de ne pas être compris et de ne pas être traité avec respect.
J’ai mentionné plus tôt que le stress peut être défini comme une peur de ne pas pouvoir faire face, ou une peur de ne pas pouvoir y arriver. C’est vrai, mais ce n’est que le résultat d’une peur plus profonde, la peur d’être soi-même. Le stress trouve ses racines dans la peur d’être soi-même.
Si, comme votre question semble le suggérer, vous voulez mettre fin à l’épuisement mental, vous devrez examiner cette peur d’être vous-même.
Souvenez-vous qu’il est inutile de vouloir que les autres changent, qu’ils soient différents. Ils ne peuvent pas. Ce à quoi vous pouvez viser pour mettre fin au stress ou à l’épuisement mental, c’est de vous dire oui. Oui, tel que vous êtes et non tel que les autres veulent que vous soyez.
Avec cette conférence et les précédentes, vous avez de nombreux éléments pour consolider un retour à une expression vraie de vous-même. Une expression qui se produit lorsqu’il y a un lien direct entre ce qui est ressenti à l’intérieur et ce qui est exprimé. En d’autres termes, lorsque vous exprimez votre vérité.
Faisons une courte pause avant de répondre à vos questions.
Questions des participants...
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd’hui sachant que nous nous reverrons la semaine prochaine avec un sujet tout aussi intéressant sur l’Entêtement et la Détermination.
Merci à tous pour votre écoute patiente et attentive et au plaisir de tous vous retrouver la semaine prochaine.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_20-Septembre-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Aller de la Personnalité à L’éveil.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
C’est aujourd’hui notre dernière rencontre de cette série d’entretiens et le sujet d’aujourd’hui ‘passer de la personnalité à l'éveil’ semble venir à point nommé. C'est la suite parfaite à notre dernière rencontre, c'est aussi une excellente suite à l’intensif d’éveil qui vient de se terminer.
La question posée est celle-ci « Du point de vue de l'éveil, puisqu'il suffit d'expérimenter notre vraie nature, pourquoi avons-nous besoin de connaître et de comprendre nos personnalités ? Pouvez-vous partager quelque chose sur le processus qui consiste à passer de la connaissance de notre personnalité à l'expérience de notre vraie nature et de ce que signifie vivre notre vraie nature ? »
Du point de vue de l’éveil, traiter les problèmes de personnalité n'est pas nécessaire puisque notre Vraie Nature ne se préoccupe pas de la personnalité et est en totale acceptation de ce qui est. Notre vraie nature est au-delà du domaine de la personnalité. Cela ne signifie pas cependant que celui qui est éveillé n'a pas de personnalité. Une personnalité est nécessaire pour fonctionner dans la vie, pour répondre à ce que la vie apporte, sans personnalité l’on retourne à l’état de nouveau-né, complètement dépendant des autres pour être nourri et soigné.
L'éveil est l'expérience vécue, la prise de conscience qu'il n'y a pas de dualité et lorsque la dualité cesse d'exister, l’Ainsité est présente. L'éveil est un état d’Ainsité, de dissolution dans l'existence. Ce n’est pas que nous sommes l’ainsité ou que nous le soyons devenus, pas même que nous soyons un avec l'existence, ce sont tous des points de vue dualistes, la seule réalité, ou ‘vérité ultime’ comme certains d'entre vous aiment le dire, est l’Ainsité. Une disparition totale de la dualité.
Cette disparition totale de la dualité peut durer quelques secondes, quelques minutes ou toute une vie. Au Japon, il existe différents mots comme Kensho, Satori ou Samadhi pour indiquer la profondeur d'un éveil. Je pourrais utiliser la comparaison suivante. Mettre un orteil dans l'eau ou s’immerger complètement. Cela ne signifie pas qu'il y a des degrés dans l'éveil, que ce soit Kensho, une expérience de courte durée, ou Samadhi, une expérience qui se prolonge à l’infini, l'éveil est le même. L'éveil, c’est la disparition totale de l’identification avec ce que nous appelons ‘moi’. Et lorsque cette identification disparaît, seule l’Ainsité demeure.
C'est l'identification à un ‘moi’, à un ‘je’, qui crée la dualité. Lors d’une conférence précédente sur la personnalité et la vraie nature, j'ai mentionné que l'éveil consiste à retrouver une connexion avec notre essence, qu'il s'agit de vivre à partir de notre essence et non à partir de ce sens du ‘moi’. J'ai également mentionné que la personnalité prend sa source dans l'identification à un ‘moi’. Notre personnalité est une dualité à plusieurs niveaux et vous pouvez reconnaître cette dualité à plusieurs niveaux lorsque vous parlez de ‘moi et mes sensations, moi et mes sentiments, moi et mes idées, moi et mes pensées, moi et mes jugements’. Il s'agit toujours de ‘moi’ et d'autre chose que ‘moi’. D'où la question ‘Qui est ce moi ?’ auquel je me réfère constamment.
Tu demandes, 'pourquoi avons-nous besoin de connaître et de comprendre nos personnalités ?' précisément pour cette raison que c'est l'identification avec la personnalité qui empêche une immersion totale dans l’Ainsité. Il est courant que les participants aux intensifs d’éveil fassent l'expérience de Kensho, une expérience de courte durée de l’ainsité. Ce qui les ramène pourtant dans la dualité, c'est l'identification à leur personnalité, l'identification à un sens du ‘moi’. C'est cette identification avec la personnalité qui crée une barrière pour expérimenter pleinement l’Ainsité. Comprenez bien que la barrière n'est pas la personnalité en soi, la barrière c’est l'identification à la personnalité et tout le travail sur la personnalité consiste à reconnaître ce à quoi nous nous identifions, comment cette identification opère pour que l'identification puisse se dissoudre d'elle-même.
Nous avons tous tendance à porter des jugements sur nous-mêmes, négatifs et positifs. Ces jugements se transforment facilement en croyance et lorsque nous croyons que nous sommes comme ceci ou comme cela, nous commençons à nous comporter en fonction de cette croyance, au point que la croyance devient notre identité. Cela rend notre vie misérable et douloureuse, ce sont nos croyances qui créent la souffrance et rien d'autre.
Puisque vous avez tous fait un travail sur vous-même, vous avez dû faire cette expérience de percer à jour une croyance que vous portiez. Vous pensiez que vous n’étiez pas digne d’être aimé, que le monde entier était contre vous, que vous étiez ceci ou cela et un jour vous vous êtes rendu compte que ce n'était pas vrai, que ce n'était qu'une idée inculquée par d'autres ou créée par votre cœur malheureux.
Lorsque l’on perce à jour une croyance, il y a un soulagement immédiat, une relaxation profonde suit cette reconnaissance. Lorsqu’une croyance est reconnue, dévoilée, elle se dissout sans effort. Marcher sur le chemin de la connaissance de soi veut dire percer à jour toutes nos croyances, toutes nos identifications.
D'une certaine manière, ce n'est pas tant notre personnalité que nous devons reconnaître, mais nos croyances et surtout le fait que nous nous identifions à ces croyances.
‘Nous avons besoin de connaître et de comprendre nos personnalités’, pour deux raisons essentielles.
La première pour être à même de dissoudre ce qui nous empêche d'être en contact avec notre Vraie Nature et la seconde parce que dissoudre nos croyances nous aide à vivre une vie plus détendue et joyeuse. En faisant le travail sur la personnalité, une personne peut gagner sur ces deux aspects.
Par peur et du fait de situations humiliantes et douloureuses, nous avons appris à fermer nos cœurs. Nous avons appris à nous protéger et comme ce mécanisme de protection a eu lieu tôt dans nos vies, nous avons forgé l'idée que c'est ce que nous sommes, que c’est qui nous sommes et nous vivons nos vies à partir de ce mécanisme de protection, à partir de cette fermeture du cœur au lieu de le vivre à partir de notre vrai moi. D'où l'avantage de remettre en question nos croyances, de remettre en question notre identification pour que nous puissions retrouver une ouverture du cœur, un cœur pacifié.
Tu demandes ‘Que signifie vivre notre vraie nature ?’ vivre notre vraie nature veut dire vivre à partir du cœur, vivre avec un cœur ouvert. Retrouver l'accès à ton vrai moi, c'est vivre d'un cœur ouvert. Regarde les jeunes enfants avant qu'ils ne deviennent trop ‘éduqués’, ils vivent avec un cœur ouvert, ils sont spontanés, naturels, innocents. Ils ne sont cependant pas conscients que c'est leur vrai moi. Travailler sur notre personnalité, sur l'enfant intérieur, amène à prendre conscience de ces qualités pour que nous puissions vivre consciemment à partir d'elles et non avec un cœur fermé. C'est le premier sens de vivre notre vraie nature.
Le deuxième aspect de vivre notre vraie nature est une conséquence directe du premier. Avec un cœur ouvert, nous vivons dans l'acceptation de ce qui est et c'est cette acceptation qui ouvre la porte à cette autre dimension de la réalité, l’Ainsité.
L’Ainsité n'est pas accessible au mental, puisque ce n'est pas un concept, mais une expérience vécue. Cette expérience vécue peut être ressentie et vécue de différentes manières. Elle peut être ressentie et vécue à travers le Silence, à travers l'Immensité, à travers la Tranquillité ou à travers l'Amour.
Le silence, l'immensité, la tranquillité et l'amour sont des attributs de l’Ainsité et lors des intensifs d’éveil, il n'est pas rare que les participants fassent l'expérience de l'un de ces aspects de l’ainsité. C'est la même expérience d’ainsité, mais vécue sous un aspect différent simplement parce que l'on est plus naturellement en phase avec l'une de ces caractéristiques.
Si tu m’as bien compris, tu as déjà la réponse à ta question sur ‘le processus qui consiste à passer de la connaissance de notre personnalité à l'expérience de notre vraie nature’.
Nous naissons sans personnalité, au fur et à mesure de notre croissance, nous acquérons un sens du ‘moi’ qui nous est utile pour être dans la vie. C'est ce sens du ‘moi’ qui devient notre personnalité. Toutefois, en raison de notre éducation, de l’environnement qui est le nôtre et des expériences traumatisantes que nous traversons, ce sens du ‘moi’ se dénature, se ferme sur lui-même et notre personnalité est le résultat de cette altération, de cette fermeture. Nous nous fermons parce que nous n’avons pas été reconnus, compris dans notre expression authentique.
En apportant de la clarté à ce sens dénaturé de moi, en reconnaissant le faux en nous, inévitablement le vrai moi émerge et avec lui une porte vers notre vraie nature s’ouvre. Lorsque vous portez un bandeau sur les yeux et des bouchons d'oreilles, il n'est pas possible de voir ni d'entendre. C'est dans cette configuration que ‘l’éducation’ vous a mis. D’où la nécessité d'enlever d'abord le bandeau et les bouchons d'oreilles, ce n'est qu'ensuite que la vue et l'ouïe peuvent fonctionner.
Mon intention au fil de ces entretiens et en répondant à vos questions est de vous aider à enlever votre bandeau et vos bouchons d'oreille, mais vous y êtes tellement attaché, tellement identifié qu'ils agissent comme une seconde peau. ‘Le processus de passer de la connaissance de notre personnalité à l'expérience de notre vraie nature’ ne consiste pas à mettre un baume apaisant sur votre seconde peau, en espérant qu’elle se dissoudra comme par magie. Il s'agit plutôt de peler cette seconde peau. Et cela peut être douloureux et susciter beaucoup de peur. Avec cette seconde peau, avec votre bandeau et vos bouchons d'oreille, vous vous sentez protégé, vous vous sentez en sécurité, vous êtes dans une petite bulle où aucune blessure ne peut vous atteindre, où aucune blessure ne peut vous affecter. C’est vivre dans un monde imaginaire.
En janvier de l'année dernière, en répondant à cette question ‘J'ai l'impression de vivre dans un monde imaginaire et de me battre pour que ma vie soit heureuse et détendue. Qu'est-ce que la fantaisie et qu'est-ce que la réalité ?’ posée par l'un d'entre vous, j’ai souligné que le fantasme est l'interprétation de la réalité à travers différents filtres. Ces filtres peuvent être basés sur l'espoir ou sur le désespoir puisqu'ils sont pour la plupart issus de l'expérience d'une personne. Ils peuvent être basés sur des croyances lorsqu'ils sont issus de l'environnement social dans lequel la personne vit, sans oublier l’inconscient collectif.
J'ai aussi mentionné un exercice pour mettre fin à cet état de rêve. Lorsque vous vous surprenez à penser, observez les pensées que vous avez et vous serez immédiatement en contact avec vos filtres. À ce moment-là, au lieu de rester dans un monde imaginaire, vous pouvez vous arrêter et vous demander ‘Quel objectif est-ce que j'essaie de poursuivre avec ces pensées ?’
Écoutez de nouveau cet entretien pour plus de détails.
Un maître spirituel a dit un jour qu'être conscient n'est pas un jeu. « Être conscient, c'est passer par une profonde chirurgie et le problème c'est que vous êtes le chirurgien et le patient. La Conscience est douloureuse, car vous devrez laisser tomber tant de choses que vous avez portées toute votre vie en pensant qu’elles avaient beaucoup de valeur.
Mais une fois que vous avez réussi, alors toute la douleur ne semble rien, parce que le bonheur qui descend sur vous est immense. La douleur que vous avez subie semble si petite et si insignifiante. Mais c'est à la fin. Gautama le Bouddha avait l'habitude de dire : Mon chemin au début est une immense douleur, à la fin il devient une immense béatitude. Mais il faut de la patience. »
Voilà ce qu'est le processus de passer de la connaissance de notre personnalité à l'expérience de notre vraie nature, une profonde chirurgie, sans raccourcis et avec beaucoup de patience.
Deux principaux obstacles entravent généralement cette chirurgie. L'un est l'impatience et le second est la peur, ils vont généralement de pair, lorsque l'impatience est là, la peur n'est pas loin et vice versa. Nous sommes souvent impatients devant un défi, devant une douleur. Nous voulons qu'il se termine au plus vite. Nous devenons nerveux, agités, voire en colère du fait que le sentiment d'inconfort ou la douleur ne disparaissent pas. Nous n'avons souvent aucune patience envers ce que nous n'aimons pas ou ce qui nous dérange. Nous voulons nous en débarrasser au plus vite soit en le fuyant, en l'évitant soit en le niant. Ce sont les stratégies les plus courantes et je suis sûr que vous comprenez de quoi je parle puisque vous avez tous vécu de telles expériences.
L'impatience c’est en fait échapper à la réalité de ce qui est. Cela va de pair avec la peur de faire face à notre réalité, la peur de nous regarder en face. Il y a quelques semaines, j'ai parlé de la peur d'être soi-même, cependant lors de cet exposé, je n'ai pas explicitement mentionné la peur de se faire face, car la conférence était plus orientée vers être soi-même face à la vie ou aux autres. La peur d’être face à soi-même a des caractéristiques similaires, c'est la peur d’affronter ce qu'on appelle parfois nos démons intérieurs. La rage, la haine, la honte, notre violence destructrice et surtout l'immense chagrin d'avoir été abusé de différentes manières, d’avoir été humilié ou rejeté.
Courage et Patience sont nécessaires pour parcourir ce chemin vers notre vraie nature. L’on trouve une représentation expressive de ce chemin avec les dix taureaux du Zen. Ces pictogrammes illustrent les différentes étapes de la progression du pratiquant vers l'éveil à sa Vraie Nature. En quelques mots, chaque image décrit précisément où se trouve l'élève sur ce chemin.
Pour conclure cette série d’entretiens, j'aimerais attirer votre attention sur la dernière, la dixième, car elle remettra certainement en question votre idée de ce qu'est l'éveil. Après avoir atteint la source, le 9ème pictogramme, l'étudiant maintenant éveillé, retourne dans le monde.
« Pieds nus et la poitrine découverte, je me mêle aux gens de ce monde.
Mes vêtements sont en lambeaux et chargés de poussière, je suis à jamais joyeux.
Je n'utilise aucune magie pour prolonger ma vie.
Maintenant devant moi les arbres deviennent vivants. »
« À l'intérieur de ma porte, un millier de sages ne me connaissent pas. La beauté de mon jardin est invisible. Pourquoi quelqu'un devrait-il chercher les empreintes des patriarches ?
Je vais sur la place du marché avec ma bouteille et retourne à la maison avec mon bâton.
Je visite l'échoppe de vins et le marché et tous ceux que je regarde deviennent lumineux. »
Une fois la source reconnue, que faire d'autre que de retourner à la vie ordinaire et partager avec les autres dans la simplicité et l'humilité ce qui a été découvert. Certains comprendront, d'autres non, certains seront peut-être attirés par ce chemin, d'autres non. Tout est bienvenu, sachant que l'existence trouvera ses voies pour conduire chacun à la Source.
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd'hui, sachant qu'un temps de digestion sera très certainement nécessaire pour bien comprendre ce dont il a été question aujourd'hui.
Avant de clore complètement cette réunion, je voudrais remercier chaleureusement Niya d'avoir organisé ces conférences et bien sûr aussi Jane pour avoir mis mes paroles à votre disposition dans votre langue.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_9-Mai-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom avec pour thème Passer du Faire à Être.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Pour faire suite à la semaine dernière, nous avons aujourd'hui une double question. La première porte sur le désir de vivre vraiment et simplement et la seconde sur l'ouverture et la vérité.
Voici ce que dit notre premier intervenant. « Je m'attends toujours à vivre une vraie vie, mais jour après jour, je suis pris au piège dans une fausse vie. Être faux m’apporte une peine et une torture sans fin, et cela me rend déprimé et difficile à connecter avec les autres.
J'aspire à vivre vraiment et simplement, mais pourquoi ne le puis-je pas ? Je sens qu'il y a un fossé entre ce que je veux et réaliser quelque chose. Mais je ne sais pas de quoi ce fossé est fait. Et je ne sais pas non plus comment combler ce fossé et garder mon cœur et mes actes dans un véritable alignement. »
La bonne nouvelle c’est que tu peux reconnaître que tu es piégé dans ce que tu appelles une ‘fausse vie’. Cependant, faire la distinction entre une ‘vraie vie’ dans laquelle tu aimerais être et une ‘fausse vie’ dans laquelle tu te sens piégé n'a pas de sens. La vie c'est la vie, c'est toujours réel, jamais faux.
Tu dis « J'aspire à vivre vraiment et simplement, mais pourquoi ne le puis-je pas ? » Tu ne le peux pas parce que ton attente de vivre une ‘vraie vie’ plutôt qu'une ‘fausse vie’ t’éloigne de la réalité et de toi-même. Ton aspiration te projette dans un futur hypothétique qui n'arrivera jamais puisque la ‘vraie vie’ concerne toujours le moment présent et non le passé ou le futur.
En reconnaissant ‘qu’être faux t’a apporté une peine et une torture sans fin et te rend dépressif’ tu reconnais implicitement que ce n'est pas vraiment la vie qui est fausse, mais plutôt ton attitude ou ton comportement dans la vie. Ceci est important, car cela ramène l'attention sur toi.
Être faux apparaît lorsque nous prétendons être différents de ce que nous sommes réellement, lorsque nous ne sommes pas en alignement avec notre cœur. C'est le résultat d'un faux sentiment de soi. Si tu te souviens dece que j'ai dit lors des conférences 'Une expression authentique de soi' et 'La Vérité et Être Vrai', tu auras déjà quelques éléments de réponse sur ce qui te rend incapable de vivre ‘vraiment et tout simplement’, ainsi que quelques indications sur la direction à prendre.
Il ne suffit pas de dire que tu es pris au piège du faux, il est important d'être objectivement conscient de ce que signifie être faux pour toi. Lorsque tu dis ‘qu’être faux t’a apporté une peine et une torture sans fin et te rend dépressif’, tu nommes le résultat d'être faux et gardes le silence sur la façon dont tu agis en étant faux et le plus important, ce qui te pousse à être faux. Peut-être serait-il plus juste d'utiliser le passé et de demander ce qui t’a poussé à devenir faux, car être faux a dû commencer il y a bien longtemps.
Lorsque nous examinons un problème avec l'intention de nous en occuper, nous devons considérer ses différents aspects et dans quel ordre ces aspects sont apparus. Dans ton cas, le premier élément à considérer n'est pas tant la douleur et les sentiments sans fin dont tu souffres, mais plutôt les motivations qui t’ont poussé à devenir faux. Une fois la cause identifiée, les deux autres aspects, le passage à l'acte et le résultat auront déjà perdu un peu de leur emprise.
Tu aspires à ‘vivre vraiment et simplement’ et tu lamentes de ne pas le pouvoir. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi ne puis-je pas vivre vraiment et simplement ? Qu'est-ce qui m’empêche de vivre vraiment et simplement ?
Voilà les questions que tu dois te poser.
J’ai mentionné plus tôt que c'est ton attente de vivre une ‘vraie vie’ qui fait obstacle, ce n'est cependant pas le seul facteur. Ce qui fait probablement obstacle, c'est une idée préconçue sur ce que pourrait être ‘vivre vraiment et simplement’. Du fait de ta peine, tu aspires inévitablement à quelque chose de différent, un état où la douleur, les idées torturantes et la dépression ne seraient pas là, mais à moins que tu aies déjà vécu un tel état, tu ne peux qu'imaginer ce que cet état peut être. Ton aspiration semble être plus orientée vers un désir d'échapper à cet état difficile à vivre dans lequel tu te trouves. Même si ce désir est naturel et peut agir comme une force directrice pour te sortir de ton état actuel, il est nécessaire de rester ouvert à tout ce qui veut venir et ne pas forger d'idées préconçues sur la façon dont la vie devrait être pour toi.
De plus, puisque tu mentionnes ‘je sens qu'il y a un fossé entre ce que je veux et réaliser quelque chose’, il semble que tu n’oses pas être toi-même. Pour des raisons inconnues à ce stade, tu crains d'être toi-même, plus précisément, tu crains de t’affirmer. La peur de t’affirmer n’est autre que ce fossé dont tu parles.
Pourquoi craindrais-tu de t’affirmer si ce n'était par peur d’être blâmé, jugé ou humilié, autrement dit de ne pas être accepté tel que tu es. Ton enfance a dû être pavée de situations de rejet, tu n’as sans doute pas été soutenu dans vos actes, dans tes tentatives de t’exprimer comme ton cœur le voulait. Ton désir d'être accepté, d’être inclus et aimé t’a fait faire des compromis, il a mis un voile sur les voix rebelles qui ne manquaient pas de s’élever intérieurement. Cela fait mal de ne pas être accepté, de ne pas être soutenu, il est donc naturel de pleurer cela d'une manière qui semble juste. Il semble que pleurer n'était pas possible pour toi, sinon il n'y aurait pas d'écart entre ce que tu veux et la réalisation de quelque chose.
Ce que tu mentionnes me rappelle un jeune étudiant qui me racontait qu'il devait faire semblant, plaire et surtout être poli durant sa petite enfance pour pouvoir être aimé de ses parents et des autres membres de sa famille. Après quelques séances, il a pu reconnaître et admettre qu’il avait adopté ce comportement. Il se sentait triste d'avoir adopté un tel comportement, mais il pouvait aussi reconnaître que c'était sa façon à lui de survivre dans son environnement familial strict. Cette reconnaissance l'a amené à prendre la décision de ne plus faire semblant et d'être fidèle à lui-même. S'affirmer n'a pas été une étape facile à franchir pour lui, mais il l'a fait et s'est senti plus confiant et plus fort par la suite. Cette force et cette confiance ont changé ses façons de communiquer et par conséquent sa vie a elle aussi changé.
Combler le fossé veut dire sortir du rôle de victime, cesser de supporter ta peine, cesser de prétendre être quelqu'un d'autre que celui que tu es. Ta dépression n'est que le résultat du fait de supporter ta peine et supporter la douleur c'est en quelque sorte te rejeter. Pour ‘garder ton cœur et tes actes dans un véritable alignement’, tu devras cesser de te rejeter et accepter que tu es déprimé, malheureux et que tu vis d'une manière factice. La transformation ne peut venir que lorsque nous sommes en phase ou en alignement avec notre réalité immédiate, quelle qu'elle soit. L'acceptation est la clé qui t’ouvrira la porte d'une nouvelle vie.
Je veux ajouter que ton désir de vivre vraiment et simplement n'est probablement pas la seule chose à laquelle tu aspires profondément. Prends ce questionnement ‘Qu'est-ce que je veux vraiment ?’ à bras le corps. Découvrir ce que tu veux vraiment t’apportera la paix du cœur et avec elle la possibilité de vivre tes relations avec les autres à partir d’un cœur paisible.
La seconde question d’aujourd'hui apportera quelques éléments qui pourront t’aider à ‘garder ton cœur et tes actes dans un véritable alignement’.
Voici la question. « Vous dites toujours qu'il est important d'être ouvert et vrai, pouvez-vous partager quelque chose sur la relation entre être ouvert et vrai et l’éveil et l’illumination ? »
Oui, être ouvert et vrai est important. Il importe cependant de comprendre ce que signifie être ouvert et vrai. Bien que ces mots soient simples à comprendre, leur mise en pratique est souvent difficile, notamment à cause des blessures qu’être ouvert et vrai ont suscitées dans notre passé. Non pas qu'être ouvert crée des blessures, mais lorsque nous sommes ouverts, nous sommes exposés aux jugements et aux critiques des autres. Regardez les jeunes enfants, ils vivent d’un cœur ouvert, ils parlent à partir de leur ouverture du cœur. Ils sont fidèles à eux-mêmes, pourtant leur ouverture leur vaut souvent des jugements et des critiques de la part de leurs parents, des enseignants ou de leurs aînés. Leur ouverture n'est pas comprise, ils ne sont pas compris, et cela crée beaucoup de peine qui les amène à devenir faux. Ils deviennent de bons petits garçons, de bonnes petites filles, très polis, très studieux, très obéissants, mais aussi très rancuniers et impuissants. Ils deviennent faux comme la personne qui a posé la première question. C'est leur désir d'être aimés, choyés, soutenus qui les fait abandonner leur vérité, abandonner leur ouverture au profit d’un compromis. Ils font des compromis et commencent à vivre à partir d'un faux moi, un moi que leurs parents veulent qu'ils soient et ils le font à cause de leur besoin vital d'être acceptés. Le résultat de ‘l'éducation’ est souvent une fermeture du cœur. Si nous voulons vivre ouvertement et être vrais, ou ‘vivre vraiment et simplement’, comme notre interlocuteur précédent aspirait à le faire, nous devons retrouver notre capacité d'être dans la vie avec un cœur ouvert. C'est cela le travail sur l'enfant intérieur et sur la personnalité. Du fait des blessures, nous nous sommes fermés. Nous nous sommes isolés et cela a apporté de la peine et de la misère. Pour retrouver notre joie et notre innocence innées, nous devons simplement ouvrir à nouveau nos cœurs. C’est ce qui est difficile à la plupart des gens. Non pas qu'ils ne veuillent pas s'ouvrir, ils le veulent, mais les blessures sont souvent si profondes et les mécanismes de protection si forts que cela devient un véritable défi de rouvrir leur cœur.
C'est là où l'ouverture et la vérité entrent en action. Vérité et ouverture vont de pair et sont faciles à mettre en pratique. Vérité et ouverture sont comme des ouvre-boîtes. Lorsque vous regardez quelque chose sans idées préconçues, sans jugements, vous êtes immédiatement ouvert à la vérité de ce qui est. Vous devez comprendre qu'il ne s'agit pas d’ouvrir directement votre cœur, ce n'est pas possible, mais plutôt de vous ouvrir à ce qui est, de dire la vérité sur ce qui est, sur la réalité intérieure qui est là. Et la réalité intérieure qui est là est généralement un état douloureux fait de divers sentiments, colère, tristesse, désespoir, haine, solitude, etc.
Ce qui importe c’est une ouverture à ces sentiments, une ouverture à tous les ‘non’ que nous portons. Nous devons arrêter le déni de nos sentiments. La vérité de votre réalité intérieure est très probablement en phase avec ‘Je ne veux pas ceci, ou j'ai peur de cela, ou je déteste mon père ou ma mère’.
S'ouvrir à la réalité intérieure qui est la nôtre, c’est cela être vrai, c’est cela être ouvert. Il est nécessaire de s'ouvrir d’abord à sa réalité intérieure, de la voir telle qu'elle est et de l'exprimer avec sincérité. C'est ce que les participants sont invités à pratiquer pendant les intensifs d’éveil.
La semaine dernière, lorsque j'évoquais l'acceptation de ce qui est avec des mots comme ‘Je suis fermé, oui. Je suis en colère, oui. Je déteste, oui’. Je soulignais comment être ouvert et vrai. Tous ces petits ‘oui’ sont comme de petits ruisseaux menant à une plus grande rivière puis à un fleuve qui disparaîtra dans l'océan. De la même façon, être ouvert et vrai vous conduira à l’éveil, à la réalité de ce que vous êtes au cœur de votre être.
Éveil et illumination ne sont pas deux réalités différentes comme tu sembles le laisser entendre en utilisant la conjonction ‘et’. L’illumination est l'éveil, c'est une seule et même réalité, ces deux mots désignent la même réalité, cette ‘Ainsité’ que tu es. Il s’agit de s’éveiller à cette réalité que nous sommes au cœur de notre être.
Pour que l'éveil ait lieu, il est nécessaire d’être ouvert à ce qui est, de reconnaître et d’accepter la vérité de qui l'on est en cet instant. En réalité, ce n'est pas vraiment une vérité, mais seulement une croyance prise pour une ‘vérité’. Une fois que cette ‘apparente vérité’ est pleinement communiquée, elle se dissout sans effort et laisse place à une autre ‘apparente vérité’ et ainsi de suite jusqu'à ce que toutes les ‘apparentes vérités’ soient dissoutes. C'est ce vers quoi pointe la métaphore de peler les couches d’un oignon.
Ces ‘apparentes vérités’ que nous tenons pour acquises sont en fait des identifications. Nous nous identifions, nous croyons que nous sommes comme ceci ou comme cela, que nous sommes ceci ou cela, or tout le processus d'éveil consiste à se désidentifier de toutes nos croyances, de tout ce que nous tenons pour vrai. Il s'agit de rejeter ce qui est faux en nous et pour cela il y a nécessairement un besoin d'ouverture et de vérité, sinon il n’y aura aucune possibilité de s'éveiller à ce que nous sommes au cœur de notre être.
Tu demandes ‘quelle est la relation entre être ouvert et vrai et l’éveil et illumination ?’
Comprends bien qu'il ne peut y avoir d’éveil ou d’illumination s'il n'y a pas d'ouverture ni de vérité. Pour s’éveiller à sa vraie nature, être ouvert est un ingrédient nécessaire et essentiel. Sans ouverture, l'éveil ou l'illumination n'est pas possible. C'est pourquoi j'insiste souvent dès le début sur être ouvert et vrai.
La difficulté à s’ouvrir vient du fait que nous ne faisons pas confiance. Au lieu d’être en confiance, nous sommes dans la peur. Nous craignons ce que nous pourrions découvrir sur nous-mêmes. Nous craignons de rencontrer la douleur, nous craignons de rencontrer nos soi-disant sentiments ‘négatifs’. Nous avons peur de nous confronter à nous-mêmes et portons toutes sortes de jugements sur la façon dont nous devrions être. Au fil des années, nous avons appris à nous protéger au lieu de nous faire confiance. Se protéger est le résultat naturel d'avoir été tant de fois trahis par ceux qui étaient censés nous protéger, nous valoriser.
Nous avons également oublié de faire confiance à la vie ou à l'existence et surtout nous avons oublié de nous faire confiance. La confiance est une autre facette de l'ouverture et sans confiance, s’ouvrir devient difficile, voire impossible.
Faire confiance veut dire que nous accueillons tout ce qui se présente comme un bénéfice potentiel pour notre croissance. Souvenez-vous de ce poème de Rumi, ‘la Maison d’Hôte’, où il compare notre humanité à une maison d’hôte.
« Ce fait d'être humain est comme une auberge.
Chaque matin, une nouvelle arrivée.
Une joie, une déprime, une rancœur,
ou une prise de conscience momentanée.
Toutes se présentent tel un visiteur inattendu.
Accueille et reçois-les toutes,
même si c'est une cohorte de chagrins
qui vident violemment ta maison
de tout son ameublement.
Traite chacun de tes hôtes honorablement.
Il se pourrait qu'ils fassent place à quelque nouvelle joie.
La sombre pensée, la honte, la malice,
ouvre-leur ta porte en riant
et invite-les à entrer.
Sois reconnaissant à tous ceux qui viennent.
Car chacun t'a été envoyé
comme un guide de l'au-delà. »
Rumi décrit poétiquement l’attitude que nous devons adopter envers notre monde intérieur. Lorsque l’on accueille sans juger si c'est bien ou si c'est mal, lorsque l’on est ouvert à tout ce qui vient, l’on fait confiance et lorsque l’on a confiance, la vie devient facile, sans effort. L’Éveil ou l’Illumination, rappelez-vous que ces deux mots désignent la même réalité, c'est la floraison de l'ouverture et de la vérité, c'est l'épanouissement de la confiance.
Faire confiance implique également que nous devons passer du ‘Faire’ à ‘Être’. Faire est devenu notre mode de comportement habituel. Étant donné que notre mental est constamment orienté vers un objectif, nous nous retrouvons continuellement occupés à faire quelque chose pour essayer d’atteindre cet objectif. Qu'il s'agisse de l’objectif d’une vie meilleure, d’une meilleure relation, ou d’une réalisation spirituelle comme s’éveiller n'a pas vraiment d'importance. Tous ces objectifs font partie du ‘faire’ et en tant que tels, ils nous ont fait oublier qu’Être est notre réalité innée.
‘Être ou ne pas être’ telle était la question pour Hamlet dans cette pièce de Shakespeare. La version moderne de cette question est ‘Qui suis-je ?’. Qui est celui qui agit, qui pense, qui parle, qui entend ?
Il est important de clairement reconnaître que faire n'est qu'une activité, que penser n'est qu'une activité mentale, que toute activité à laquelle je participe ne fait que me définir en fonction d'idées et de concepts sociaux, mais que cela ne dit rien sur l’Être que je suis.
Nous sommes des êtres humains et non des robots et le but de ce que l’on nomme l’éveil est de s'éveiller à l'être que nous sommes. Être n'a rien à voir avec le fait d'être quelque chose ou d’être quelqu'un ou de ne pas être quelque chose ni quelqu'un. Tous les qualificatifs, toutes les définitions doivent disparaître jusqu'à ce que seul reste ‘je suis’. Il s'agit seulement de reconnaître, ‘je suis’, point final. L'éveil n’est autre que l'expérience vécue de ‘je suis’ et pour être cette expérience, la vérité, l'ouverture et la confiance sont nécessaires.
C'est ce que ceux d'entre vous qui participeront au prochain intensif d’éveil pourront vivre.
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd’hui. Merci à tous pour votre écoute attentive.
Du fait de l’intensif d’éveil qui va se tenir dans les prochains jours, il n'y aura pas de réunion la semaine prochaine, elle est reportée au 9 mai avec une question sur ‘le passage de la personnalité à l'expérience de notre vraie nature’. Je suis tout à fait confiant que ceux d'entre vous qui participeront à cet intensif comprendront de façon expérientielle ce passage de la personnalité à la vraie nature, puisque ces intensifs sont spécifiquement conçus pour dissoudre les identifications de la personnalité et s'éveiller à notre vraie nature.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_25-Avril-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur comment Surmonter les Difficultés sur le Chemin.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Dans l'entretien d'aujourd'hui, je ferai de mon mieux pour apporter des réponses à vos inquiétudes quant à la finalité de ce travail et aux difficultés auxquelles vous vous heurtez.
Je peux comprendre que certains d'entre vous, ne voyant aucun réel changement dans leur vie, doutent du bénéfice qu'ils peuvent tirer en travaillant sur eux-mêmes. Je rencontre souvent des gens qui disent quelque chose comme cette personne. « Je travaille sur moi depuis de nombreuses années maintenant, mais ma vie n'a pas changé. Je suis le même que j'étais avant de commencer à travailler sur moi-même. Alors, à quoi bon m'investir dans ce travail ? »
Oui, à quoi bon investir du temps et de l'argent dans ce travail s'il n'apportait aucun changement. Cela semblerait être une perte de temps et une perte d'énergie. Mais est-ce bien vrai que rien n'a changé pour toi, que tu es le même que lorsque tu as commencé à travailler sur toi-même ?
Examinons les différentes options qui pourraient te faire oublier les changements qui ont déjà eu lieu.
Étant donné que notre mental est généralement orienté vers un objectif, vers un but, il semble normal de s'attendre à un ‘retour sur investissement’ comme le disent les hommes d'affaires. Après avoir travaillé sur moi-même, je serai une meilleure personne, je serai éveillé et la vie sera belle et facile. Cette idée de ‘retour sur investissement’ est quelque peu puérile et, à certains égards, fait partie d'un mental avide, un mental avide de reconnaissance. L'accent est alors mis sur l'avenir et non sur la réalité de ce qui est.
Ne pas reconnaître ses propres changements peut faire suite à la lecture ou à l'écoute d’enseignants ou de maîtres spirituels qui ont vu leur vie transformée en s’engageant sur ce chemin. Le désir de leur ressembler, d’être comme eux crée un tel écart que vos propres changements deviennent imperceptibles par rapport à leur accomplissement.
Notez bien que ce désir de ressembler à quelqu'un n'est pas spécifique à ce chemin. L’on voit beaucoup de gens, de tous horizons, vouloir ressembler à leur artiste ou dirigeant politique préféré en copiant leur code vestimentaire, en imitant leurs manières de parler, leurs manières de se comporter. Ce désir existe naturellement en chacun de nous lorsque nous sommes adolescents et ne savons pas exactement comment être, lorsque nous cherchons une ‘figure paternelle ou maternelle’ pour nous guider dans la vie, pour donner du sens à notre vie. L’on se projette alors dans cette personne et cette projection devient le but à atteindre. Nous ne sommes pas ‘ici’, nous penchons vers ‘là-bas’.
En lisant des livres ou en écoutant des conférences sur le développement personnel ou la spiritualité, une personne peut accumuler des idées préconçues sur le chemin et son résultat. Cette personne s'attendra ensuite à avoir les mêmes expériences ou les mêmes pensées que celles qu'elle a lues dans des livres ou entendues dans des conférences. Cette attente crée un aveuglement qui voile tous les changements possibles qui se produisent. Ce qui n'est pas vu dans ce cas, c'est l'unicité de chaque individu et avec elle, l'unicité de chaque expérience. Même si, à la base, nous sommes tous une et unique conscience, souvent appelée ‘Ainsité’, notre incarnation fait de nous des individus distincts avec des expériences distinctes, mais comparables.
Il n'y a pas si longtemps, quelqu'un posait la question suivante, « Puis-je changer ma personnalité en lisant des livres ou en écoutant des conférences ? » À quoi ai-je répondu que lire un livre ou écouter des conférences a rarement changé une personne. Tout comme lire sur les bienfaits de l'eau n'a jamais étanché la soif de personne. Une compréhension intellectuelle ne suffira pas. C'est une bonne façon de commencer, mais seule une expérience vécue produira des changements et conduira une transformation durable. Vous devez mettre en pratique ce qui est proposé, vous devez vous remettre en question, vous interroger sur ce qui se passe pour vous et la transformation suivra naturellement.
Pas plus tard que ce matin, au cours d'une séance individuelle, une personne se rendait compte que bien qu'elle travaille sur elle-même depuis un certain temps, elle n'avait pas réalisé, jusqu'à ce moment, à quel point elle se battait contre elle-même et n'acceptait pas sa condition. En ne s'acceptant pas, elle n'a pas remarqué et pris en compte les changements qui s'étaient déjà opérés en elle.
Nous sommes parfois tellement identifiés à ce que nous faisons ou traversons que nous n'avons pas assez de recul pour percevoir le changement qui s’est déjà mis en place. C'est pourquoi je demande souvent aux gens de se remémorer comment ils étaient il y a six mois et lorsqu’ils le font, ils réalisent soudain que, oui, effectivement, quelque chose a changé en moi, ma vie n'est plus tout à fait la même qu'avant.
Lorsque l’on fait ce travail avec diligence, lorsque l’on s'investit pleinement dans ce travail, et je présume que c'est ce qu'a fait notre interlocuteur, l’on passe inévitablement par des changements. Il ne peut pas en être autrement puisque ce travail est un processus de transformation. Cependant pas nécessairement de la façon dont nous imaginons que cette transformation se fera. Dans ce travail, la transformation se produit négativement. Elle s’apparente plus à un processus de déconstruction que de construction. L'image de la chrysalide se transformant en papillon est assez représentative de ce processus de transformation. Il faut mourir aux croyances, aux idées préconçues que l'on tient pour vraies avant qu'une nouvelle naissance puisse avoir lieu. C'est le sens du lâcher-prise, du symbole de la ‘main vide’.
La question suivante aidera à clarifier ce point. « Lorsque j'ouvre mon cœur et que je me regarde vraiment, tout ce que je peux ressentir, ce sont des sensations corporelles, des émotions et des croyances. La solitude et l’affliction sont les deux principaux sentiments constamment présents. Alors, quel est le sens de me rencontrer et de guérir mon enfant intérieur ? »
C'est exact, lorsque l’on s’ouvre à soi-même, l’on n'éprouve rien d'autre que des sensations, des sentiments ou des pensées. Pour la simple raison que ces trois modes sont, avec les os, la chair et les liquides, les constituants et les modes de fonctionnement de cet organisme vivant que nous sommes.
Donc, à part pensées, sentiments et sensations, tu ne trouveras rien d'autre.
Ceci dit, et tu l’as sans doute remarqué toi-même, en tant qu'êtres humains, nous sommes dotés d'un vaste panel de sensations, de sentiments et de pensées. Panel qui va du plaisir à la douleur, de la joie au désespoir et des pensées créatrices aux croyances et idées préconçues. Ce vaste panel enrichit notre expérience d'être vivant. De plus, ce vaste éventail ne se manifeste pas seulement de façon linéaire, il est également multicouche. Chaque sensation, chaque sentiment, même chaque pensée peut être ressentie ou vécue à différents niveaux de profondeur. Cela peut être un sourire timide ou un rire viscéral, cela peut aller de la frustration au ressentiment et à la haine, de la tristesse au désespoir extrême voire aux pensées suicidaires.
La profondeur de chaque sensation, de chaque sentiment ou de chaque pensée est quasi illimitée, elle peut être superficielle ou profonde comme l’océan, tout dépend de notre ouverture à cette sensation, à ce sentiment ou à cette pensée.
Je reviendrai sur ce sujet avec la prochaine question, mais pour l'instant revenons aux deux principaux sentiments que tu as reconnus, la solitude et l’affliction.
Dire que tu éprouves de l’affliction et de la solitude ne suffit pas, cela ne fait que toucher la surface de quelque chose de beaucoup plus profond. Tu mentionnes que ‘ces deux sentiments principaux sont constamment présents’. Ils sont tenus d'être constamment là s'il n'y a aucune tentative de ta part de t’interroger et de les remettre en question.
Une auto-investigation est nécessaire.
→ De quoi parle cette affliction ? Comment se manifeste-t-elle en moi ? En quoi me limite-t-elle dans ma vie quotidienne ?
Idem avec la solitude.
→ Qu'est-ce qui a causé cette solitude ? Est-ce que je me sens seul parce que ma douleur n'est pas comprise ou parce que je ne suis pas compris dans cette douleur ? Est-ce que je me sens seul parce que personne ne se soucie de moi, parce que je n'ai aucun soutien ? Est-ce que je me sens seul parce que j'ai peur d'être rejeté et que je n'ose pas demander de soutien ? L'abandon peut avoir créé ce sentiment de solitude.
Clarifier tous ces différents aspects de ton affliction et de ta solitude aidera à dissoudre et à guérir la peine que porte ton cœur.
Lorsque tu demandes « Alors, quel est le sens de me rencontrer et de guérir mon enfant intérieur ? » Il me semble que ces deux sentiments t’ont défait, anéanti. Tu as abandonné. Ta solitude est si profonde qu'elle devient presque du désespoir. En allant vers toi-même, tu ne peux que te trouver et que trouveras-tu d'autre que celui qui souffre ou celui qui se bat pour éviter de ressentir l’affliction et la solitude.
Vois clairement ce point, la douleur et la solitude sont ressenties par quelqu’un, sont vécues par quelqu'un, et la question qui vient spontanément est ‘Qui est ce quelqu'un ?’, ‘Qui est celui qui souffre et qui est seul ?’
Est-ce vraiment toi, l'adulte que tu es ou est-ce le petit enfant que tu étais autrefois ? Ce peut être une combinaison des deux, tout dépend de ton degré d’identification à ce petit garçon.
De plus, si tu t’interroges plus avant avec cette question ‘Qui est conscient de ces sentiments ?’, tu te rendras forcément compte que c'est toi, l'adulte, qui est conscient de ces sentiments. Oui, ces sentiments que tu ressens appartiennent très certainement à ce petit enfant que tu as été, mais c'est ‘toi’ en ce moment même qui en est conscient. D’où la question ‘Qui est ce moi qui est conscient ?’ ou ‘Qui suis-je ?’ que nous utilisons lors des intensifs d’éveil.
Cette reconnaissance apporte une importante transformation puisqu'elle crée une séparation entre celui qui est conscient et l'objet de la conscience. Les sentiments sont là, la douleur est là, et j’en suis conscient. Un tel questionnement, suivit de cette reconnaissance peuvent t’amener à expérimenter la nature de ce que vous appelez ‘mo’ ou ‘je’. Viens participer à l’intensif d’éveil à la fin de ce mois pour jouer avec cette question.
Sans aller aussi loin à ce stade, ce que je peux dire à propos de ta question « Alors, quel est le sens de me rencontrer et de guérir mon enfant intérieur ? » c’est que de te rencontrer tel que tu es êtes maintenant mettra à jour les blessures qui sont actives sous une couche superficielle de te sentir bien.
Ce petit garçon que tu as été a dû traverser des moments difficiles, des situations difficiles sans avoir un soutien adéquat et la douleur de ces moments ou situations difficiles agissent encore comme des épines dans le cœur de ce petit garçon. C'est ce petit garçon, cet ‘enfant intérieur’ qui a besoin d'aide, de réconfort et qui d'autre que toi, l'adulte que tu es devenu, peut apporter cette aide, ce réconfort.
Cet enfant que tu as été réclame toujours de l’aide, de la compréhension, de la bienveillance et de l'amour. Il n'a pas pu l'obtenir de ses parents, tu devras lui donner cela pour que ses blessures puissent cicatriser et que ton cœur et ton mental retrouvent la paix. Prendre soin de cet enfant intérieur t’aidera à éliminer ce qui est faux, ce qui n'est pas nécessaire en toi pour que tu puisses retrouver un authentique sens de toi-même et vivre ta vie à partir de cette authenticité.
Faire ce travail t’appartiens, mais tu n’es pas seul, une aide est toujours disponible.
Les réponses à la question suivante peuvent t’aider à comprendre ce que l'on entend par aller plus loin. « Je pressens que toutes les émotions négatives et la souffrance ne pourront jamais se terminer. Comment peut-on en finir avec les émotions négatives et la souffrance ? Vous nous enjoignez souvent d'être pleinement avec les sentiments et la souffrance et de vivre ce que nous n'avons pas pu ou pas le droit de vivre dans le passé. Comment cela peut-il me conduire à la vérité ultime ? »
Le problème apparaît lorsque nous catégorisons et séparons les sentiments, les sensations ou les pensées en positifs et négatifs, en agréables et désagréables. C'est cette catégorisation qui crée le problème et la souffrance, pas la sensation elle-même, pas le sentiment lui-même ni même la pensée en elle-même. Nous avons tendance à choisir ce avec quoi nous nous sentons bien et à rejeter ce avec quoi nous ne nous sentons pas bien. La première chose est donc de ne pas catégoriser, de ne pas étiqueter une sensation, un sentiment ou une pensée comme ‘négative’ ou comme ‘positive’.
Ta perception que les émotions ‘négatives’ et la souffrance ne finiront jamais est totalement subjective et n'a aucun fondement réel. Ou plutôt, ta croyance est basée sur ta difficulté à être avec ce qui est vécu comme inconfortable. En tant qu'êtres humains, nous avons tendance à vouloir prolonger ce avec quoi nous nous sentons bien et écourter ce avec quoi nous ne nous sentons pas à l'aise. Il est difficile pour la plupart d'entre nous d'être avec quelque chose que nous considérons comme ‘négatif’, comme la douleur ou des sentiments difficiles à vivre. Nous voulons juste que ça passe, en finir le plus rapidement possible. Cela paraît naturel, pourtant c'est un signe d’impatience, d’insécurité et surtout de non-acceptation de ce qui est.
Lorsque nous sommes dans cet état d’esprit de vouloir que quelque chose disparaisse le plus rapidement possible, nous ne le regardons pas directement. Nous avons tendance à l'éviter ou à le fuir. Éviter ou fuir est avant tout un mécanisme de protection, mais fuir peut devenir une tendance bien ancrée chez certaines personnes et peut même se transformer en une forte résistance à admettre. Cette résistance se manifeste particulièrement lorsque nous craignons d'être jugés ou blâmés, lorsque nous avons été humiliés dans le passé pour avoir fait preuve d'une certaine vulnérabilité. Ce que l’on ne voit pas dans ce cas, c'est qu'au lieu d'aller vers une libération de la douleur et des sensations inconfortables, on leur donne du pouvoir, l’on renforce leur emprise sur nous et par conséquent l’on commence à les combattre psychologiquement. Le désir de maintenir ces sentiments à distance, de les garder sous contrôle devient notre principale préoccupation subconsciente et tant que ce désir prévaudra, ces sentiments inconfortables continueront à nous hanter et à alimenter notre souffrance.
Je vois parfois des gens qui s'efforcent de lutter contre des sentiments difficiles à vivre en pensant que s'ils luttent suffisamment, ils finiront par vaincre ces sentiments, par les faire disparaître. Cette ‘victoire’ ne se produit cependant jamais, peu importe leurs efforts. C'est cette lutte contre ces sentiments difficiles qui génère en toi cette croyance selon laquelle ‘toutes les émotions négatives et la souffrance ne pourront jamais se terminer’.
La réponse à ta question « Comment peut-on en finir avec les émotions négatives et la souffrance ? » est simple. Arrête de te battre, arrête de vouloir que les choses soient comme tu le souhaites.
Un Haiku de Bashô me revient en mémoire.
« Assis en silence,
Ne rien faire,
le printemps arrive
et l'herbe pousse toute seule »
Laisse la vie suivre son cours, tout a un début et une fin. Lorsque nous cessons de lutter, lorsque nous cessons de vouloir contrôler le cours de la vie, nous entrons soudain dans un monde nouveau, un monde paisible, un monde fait de détente, le monde de l'acceptation de ce qui est.
Lorsque nous acceptons la douleur et les sentiments qui l'accompagnent, une relaxation s'opère, nous ne combattons plus un ‘ennemi’, nous nous lions d'amitié avec la douleur et le sentiment. C'est ce lien d’amitié qui favorisera la guérison de ta souffrance. La souffrance et les émotions dites ‘négatives’ ont une signification, elles te disent que quelque chose ne va pas, qu'il faut s'occuper de quelque chose, qu'il faut voir quelque chose. Porter ton attention sur ces sentiments au lieu de les repousser sera un pas vers leur dissolution. Accueillez-les comme Rûmi nous invite à le faire avec son poème La Maison d’Hôte. Ils viennent t’apporter de nouvelles joies. Ce sont les voix de la sagesse, les voix de la Vie qui se révèlent.
Je sais par expérience qu'il n'est pas facile de se lier d'amitié avec la douleur et les sentiments qui l'accompagnent, mais il faut se donner du courage et oser faire un pas vers ces sentiments difficiles à vivre. En réalité, il ne faut pas grand-chose, juste une volonté de faire face à notre douleur, un ‘oui’ à qui nous sommes en cet instant. C'est pourquoi je suggère souvent, comme tu le mentionnes, ‘d'être pleinement avec les sentiments et la souffrance’.
Comprenez qu'il existe deux façons possibles de gérer la souffrance et les sentiments.
Nous pouvons parler au sujet de ces sentiments, à propos d'eux ou les communiquer à partir d’une vérité intérieure. Parler au sujet de, c'est simplement tourner en rond, c’est éviter de se connecter avec les sentiments, avec la souffrance. Parler au sujet de n'est jamais direct et ne peut donc mener nulle part. Parler au sujet de ou à propos de maintient la souffrance en l’état et comme tu le dis, ‘ils ne pourront jamais se terminer’.
Parler à partir du ressenti est bien différent puisque cela implique que nous sommes connectés aux sentiments, à la souffrance et que nous nous exprimons à partir de ce sentiment, de cette souffrance. La connexion et l'expression ne font qu'un, il n'y a pas de division, pas de séparation et c'est cette non-division qui apporte la guérison.
Être pleinement avec un sentiment et l'exprimer tel qu'il est ressenti nous aide à dissoudre les expériences traumatisantes que nous ne pouvions pas gérer en tant qu’enfants. Lorsque les gens viennent en séances individuelles, ils parlent souvent à propos d'événements difficiles et des sentiments connexes qui ont eu lieu dans l'enfance. Couche après couche, ils gagnent en confiance et entrent en contact avec ces sentiments et sont alors à même d’exprimer leur ressenti à partir de ces sentiments, comme s'ils revivraient cette situation spécifique.
Pour citer le docteur Janov, « Ils sont à même de pleurer les pleurs qu'ils ne pouvaient pas pleurer et de rire les rires qu'ils ne pouvaient pas rire »
En se connectant avec ces sentiments difficiles à vivre et en les exprimant pleinement, l’on peut se libérer des événements traumatisants passés et retrouver un authentique sens de soi. C'est pourquoi j'ai choisi d'utiliser ce titre 'L'Innocence Retrouvée' pour les ateliers sur l'enfant intérieur. C'est cette qualité d’innocence, de spontanéité, de créativité, de force et de confiance dont notre moi authentique est fait.
Pour ce qui est de ta question orientée vers un objectif « Comment cela peut-il me conduire à la vérité ultime ? », la réponse est assez simple puisque tu es déjà la ‘vérité ultime’. La ‘vérité ultime’ n'est pas quelque chose que tu obtiendras une fois que tu auras éliminé toutes les émotions négatives et la souffrance. Tu es déjà cette ‘vérité ultime’ et elle n'a rien à voir avec Faire ou Devenir, elle a à voir avec Être. Que tu prennes soin ou non de ces émotions négatives n'a pas d'importance et n'a aucune influence sur la ‘vérité ultime’. Il n'y a donc nulle part où aller ni aucun but à atteindre. Ce que tu appelles la ‘vérité ultime’ n'est qu'un concept fabriqué par le mental pour te faire avancer. C’est comme la carotte devant le nez de l'âne pour le faire avancer. La semaine dernière, j'ai mentionné que nous sommes la vie et que le reconnaître expérimentalement, le vivre, c’est de cela dont il s'agit, c'est cela l’éveil ou la vérité ultime. Il ne s'agit donc pas d'arriver à une ‘vérité ultime’, il s'agit d'Être cette ‘vérité ultime’ et pour cela tout ce qu'il faut, c'est passer du Faire à Être.
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd’hui. Merci à tous pour votre écoute attentive. La semaine prochaine je parlerai plus amplement de ce passage du Faire à Être.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_18-Avril-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Vie et la Souffrance.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Dans cette nouvelle série d'entretiens, je ferai de mon mieux pour apporter des réponses à vos diverses inquiétudes quant à la finalité de ce travail, aux difficultés que vous rencontrez, à ce qui semble être un déploiement sans fin d'émotions négatives, à votre inquiétude autour de l'éveil et autour du vrai soi ou de la vraie nature.
En lisant vos différentes questions, je peux comprendre que certains d'entre vous ont ce sentiment de tâtonner dans le noir, de ne pas vraiment savoir ce qui se passe pour eux. Ils ont le sentiment que de parcourir ce chemin vers soi-même ne mène nulle part sauf à plus de souffrance. Ce sentiment de ne pas savoir où l’on va est un passage obligé sur ce chemin. C’est une étape qui s'inscrit dans un mouvement de renaissance. Tout comme la chrysalide n'a aucune idée du papillon qu'elle deviendra, lorsque nous sommes sur ce chemin, nous n'avons aucune idée de ce que notre vrai moi peut être, encore moins de ce qu'est notre vraie nature. C'est là que les conseils de quelqu'un qui a déjà parcouru le chemin peuvent devenir utiles, car il comprend ce que vous traversez et où vous en êtes. Vos questions permettront de cerner les aspects de ce cheminement que vous traversez et j'espère que les réponses que j'apporterai à vos questions vous permettront d'avancer avec plus de confiance, vous permettront d'affronter courageusement ce qui est encore inconfortable ou accablant pour vous. Métaphoriquement parlant, je vous tiendrai la main aussi longtemps que nécessaire pour que vous retrouviez une expression authentique de vous-même, un véritable sens de vous-même.
Vous m'avez entendu dire à de nombreuses reprises que la vie n'a d'autre finalité que celle d'être vécue. C’est pourquoi j'aimerais ouvrir cette nouvelle série d'entretiens avec cette importante question soulevée par l'un d'entre vous. « Vous nous dites souvent que ‘la vie n'a d'autre but que d'être vécue’. Si tel est le cas, alors quel est le but de toutes les souffrances que l'on peut éprouver dans sa vie ? »
Je peux comprendre qu'il puisse être difficile pour vous de saisir pleinement cette idée. Le problème vient du fait que notre mental est orienté vers un but, vers une finalité, et ce, principalement en raison de la peur de ce qui est inconnu. Avoir un but ou une finalité oriente notre esprit dans une direction bien définie. C’est un mouvement d’ici à là-bas. Ce déplacement tend à créer une déconnexion d’avec notre réalité immédiate. Nous nous projetons dans un futur hypothétique, oubliant qui et ce que nous sommes au profit de qui et ce que nous serons ou pourrions être. Cette projection vers un hypothétique futur est l'une des principales sources de souffrance.
L'autre source de souffrance vient de l’identification à notre passé. En raison de traumatismes passés non résolus ou de situations conflictuelles, nous avons tendance à rester identifiés à celui ou celle que nous étions lorsque ces expériences passées ont eu lieu.
Qu'est-ce que la Vie ?
Permettez-moi d'abord de clarifier ce que l'on entend par la ‘Vie’ dans ce contexte, puisque le mot ‘vie’ peut prendre différentes significations. Dans ce contexte, le mot ‘Vie’ fait référence au principe ou à la force qui soutient chaque organisme vivant sur cette planète. Il est souvent appelé Force Vitale, ou Qi dans la culture chinoise. Cette ‘force vitale’ quelque peu mystérieuse, et néanmoins perceptible, peut être ressentie lorsque vous touchez un arbre ou tenez la tige d'une fleur entre vos doigts et pour ceux qui sont familiers avec le ressenti de leur flux d'énergie, ressentir cette ‘force vitale’ dans le bas-ventre (Hara ou Tant Tien dans la culture asiatique) est assez facile.
Cette ‘force vitale’ n'est pas seulement le ‘carburant’ qui nous donne la vie et nous maintient en vie, elle est aussi notre ‘force motrice’, une force qui nous soutient et nous guide tout au long de notre existence, à condition bien sûr que nous lui soyons ouverts et enclins à lui faire confiance. Tout comme notre système intestinal est également connu comme étant notre deuxième cerveau, cette ‘force vitale’ est notre voix de sagesse la plus intime. La confiance et la sagesse ont très peu à voir avec notre intellect, avec notre mental, leur source provient de cette ‘force vitale’. Plus nous y sommes ouverts, plus nous pouvons devenir sages.
La beauté de cette ‘force vitale’ est qu'elle est inconditionnée et disponible à tout instant. Nous pouvons le voir dans un oiseau qui s’envole, dans une fleur épanouie, dans les yeux d'un enfant pleins d'émerveillement ou dans le visage rayonnant d'une personne satisfaite. On peut la sentir, la ressentir, la vivre, mais on ne peut pas la penser. C'est ‘Ici’, toujours ici et jamais ‘là’. Elle se manifeste et brille silencieusement sans aucune attente d'être remarqué. Elle n'a d'autre finalité que d'être vécue. Nous sommes la Vie, nous sommes cette pulsation de vie et la reconnaître expérimentalement, la vivre, c'est ce qu'est l'éveil.
Pour que cela se produise, nous devons passer du faire à l'être. Vous avez peut-être remarqué que faire occupe une grande partie de votre vie. Faire couvre un large éventail d'aspects. Nous sommes occupés avec ceci ou avec cela. Non seulement sur le plan pratique, mais aussi et surtout sur le plan mental. Oui, des actes doivent être posés, mais cela peut se faire de manière détendue et oubliés lorsqu’ils ont été posés. Mais notre mental porte souvent un jugement sur nos actes. Il peut s'agir d'un jugement négatif comme, ‘j'aurais dû faire mieux, je n'ai pas fait assez bien’ ce qui veut dire : ‘je ne suis pas assez bon’. Ce peut aussi être un jugement positif comme ‘j'ai bien fait, je suis tellement bon dans ce domaine, jugement qui peut se transformer en un comparatif comme ‘je suis bien meilleur que XYZ’.
Nos intellects ne sont pas seulement occupés à porter des jugements sur nos actes, ils tentent aussi de résoudre toutes sortes de problèmes. La résolution de problèmes est probablement la finalité principale de notre intellect. La résolution de problèmes peut aller de désirs très matérialistes tels que : comment devenir riche ou comment accéder à une position de pouvoir, à des désirs plus psychologiques comme comment être accepté ou aimé. Ils peuvent également puiser dans le domaine spirituel comme, comment puis-je devenir un éveillé.
L’intellect est orienté vers un objectif et, en tant que tel, il a un côté positif pour trouver de nouvelles façons de faire les choses, en expérimentant et en découvrant. Les découvertes en science et en technologie sont les purs produits de ce mental orienté vers un objectif, et nous bénéficions grandement de ce mental orienté vers un objectif.
Cependant, ce mental axé sur des objectifs a aussi ses inconvénients. Il a tendance à créer une déconnexion d’avec notre réalité immédiate, puisqu’il nous projette dans le futur ou nous maintient liés à notre passé. C'est cette déconnexion de notre réalité immédiate qui est la source de la souffrance.
Vous demandez « Si tel est le cas, alors quel est le but de toutes les souffrances que l'on peut éprouver dans sa vie ? »
Je vais le redire, la vie n'a d'autre finalité que celle d'être vécue. Vivre sa vie, c'est aussi relever les défis que la vie apporte. Les défis que nous rencontrons au cours de notre vie sont là pour faciliter notre éveil à la réalité de ce qui est. L’on pourrait dire que le but de ces défis est de nous aider à passer du faux au vrai afin de nous éveiller à la réalité de ce qui est.
Nous avons tendance à vivre notre vie en aveugle, en nous réfugiant dans le passé ou dans le futur dans le simple but d'éviter notre réalité intérieure, car cette réalité intérieure est bien souvent chargée des souvenirs douloureux d'événements traumatisants.
Qu'est-ce que la souffrance, qu'est-ce qui nous fait souffrir ?
Comprendre la nature de la souffrance va permettre de dissiper plus facilement notre peur d'être en vie et cette compréhension nous conduira à l'acceptation de ce qui est.
La souffrance n'est qu'un concept humain psychologique. En réalité, il n'y a pas de souffrance. Oui, la douleur physique ou émotionnelle peut être présente et il peut être difficile de vivre avec. Aussi différentes options sont possibles.
→ Nous pouvons la supporter et nous le faisons en nous accrochant à notre passé et en assumant le rôle de victime.
→ Nous pouvons le repousser en nous évadant dans le futur avec le syndrome de ‘l'espoir d'un avenir meilleur’.
→ Nous pouvons aussi la nier en refusant d'admettre que nous souffrons. Un ‘non’ inflexible à ce qui est.
Ce sont les trois options les plus généralement utilisées, elles sont basées sur la protection. Nous avons tendance à nous protéger de la douleur en utilisant une ou une combinaison de ces options. Ces stratégies de protection deviennent évidentes pour ceux qui sont en séances individuelles avec moi et cherchent à retrouver leur véritable identité.
La souffrance est le résultat d'un refus, d'un déni. Lorsque nous avons un ‘oui’ à ce qui se passe pour nous, immédiatement notre humeur change, quelque chose se détend, la facilité et la joie s'installent. Lorsque nous avons un ‘non’ à la réalité qui s’offre à nous, nous nous contractons et c'est cette contraction qui génère de la souffrance, et non la situation.
La cause de la souffrance est toujours un déni de la réalité telle qu'elle est.
De nombreuses situations, en particulier pendant l'enfance, nous ont causé de la douleur. Qu'il s'agisse de douleurs physiques ou émotionnelles, elles ont toutes conduit à au sentiment d'avoir le cœur brisé parce que nous nous sentions très seuls face à la douleur et à la situation. Il n'y avait généralement personne pour nous comprendre, nous soutenir et nous guider dans cette période difficile que nous traversions, ce qui a ajouté une couche de solitude à notre douleur, avec souvent en plus une couche de ressentiment envers la personne ou la situation. Ces différentes couches, la douleur et les différents sentiments l’accompagnent, sont toujours silencieusement actifs chez l'adulte que nous sommes devenus.
Ces différentes couches nous maintiennent en esclavage avec notre passé, nous nous accrochons inconsciemment à notre passé, simplement parce que c'est ce que nous connaissons et ce que nous connaissons est précieux dans le sens où cela nous donne un sentiment de sécurité. Nous sommes constamment à la recherche de sécurité, à nous sentir en sécurité, même si cette sécurité est sens dessus dessous. Enfant, nous avons survécu parce qu'il valait mieux avoir une ‘mauvaise’ mère ou un ‘mauvais’ père plutôt que pas de mère ou pas de père du tout. Nous n'avions d'autre choix que de faire avec, faire des compromis pour étouffer ce sentiment d'insécurité.
Il est facile d'observer cela dans votre vie quotidienne, dans les différentes relations ou situations dans lesquelles vous pouvez être impliqué.
Nous avons peur d'être nous-mêmes, de nous sentir, de nous ressentir pour la simple raison que nous voulons éviter tout contact avec la douleur qui se trouve au centre de nos cœurs. Nous gardons notre douleur à distance, dans un constant déni de qui nous sommes et de comment nous sommes. Nous voulons être différents de ce que nous sommes. Que nous nous accrochions inconsciemment à notre passé ou que nous nous projetions dans un hypothétique futur, nous vivons dans un monde imaginaire comme l'a formulé l’un d’entre vous il y a quelque temps avec cette question. « J'ai l'impression de vivre dans un monde imaginaire et de me battre pour ma vie soit heureuse et détendue. Qu'est-ce que la fantaisie et qu'est-ce que la réalité ? »
La souffrance commence par le déni, lâchez le déni et la souffrance cesse immédiatement. C'est le refus de nos expériences passées traumatisantes qui est la première source de souffrance. D'où la nécessité de consciemment faire face à nos dénis. Sortir du déni ouvre la voie à une reconnexion avec notre innocence, avec l’immaculé de nos cœurs.
J'entends déjà certains d'entre vous demander, ‘mais, comment lâcher le déni, comment dire un ‘oui’ à ce qui est ?’
Comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises, le seul remède à la souffrance est de passer de la répression à l'acceptation. Avoir un ‘oui’ à ce qui est.
Plus tôt dans cet exposé, j'ai mentionné que nous avons tendance à nous protéger de la douleur en utilisant différentes options. En la supportant, en la repoussant ou en refusant d'admettre que nous souffrons. Toutes ces options créent de la souffrance, elles sont la source principale de la souffrance.
Une fois que ces options ont été reconnues et au moins en partie lâchées, l’on peut reconnaître qu'une quatrième option est possible. Il est possible de se servir de la souffrance, ou plutôt d’utiliser la souffrance pour mûrir, pour retrouver notre véritable identité, pour retrouver notre cœur immaculé.
Cette quatrième option est en elle-même une révolution complète, un virage à 180°. Lorsque nous reconnaissons notre souffrance et l'exprimons au mieux de nos capacités, nous passons du déni à l'acceptation de ce qui est. L’on passe de combattre la souffrance au respect de soi, l’on passe de l'indifférence à l’attention. Nous prenons alors soin de l'être que l'on est et ce faisant, l’on s'apaise et se pacifie. Nous entrons alors dans la dimension de l'amour.
L’amour est le dissolvant naturel de la souffrance. L'amour ouvre le terrain à notre vrai moi, à notre moi innocent qui a toujours été là, à l'arrière-plan. Il était simplement voilé par nos dénis. Avec l'amour, nous pouvons accéder à ce que l’un d’entre vous a appelé une expression authentique de ce que l'on est.
Et même aller plus loin, car cette quatrième option ouvre la voie à la reconnaissance que notre vraie nature n'a rien à voir avec notre personnalité ou avec notre moi authentique. Notre Vraie Nature est. Elle n'est attachée à aucun ‘moi’.
Tout comme la croissance physique passe par des étapes, de l'enfance à l'âge adulte, la croissance ‘spirituelle’ passe également par des étapes et l’on ne peut pas sauter les étapes. Tout comme acquérir une maturité est un processus, l'éveil à notre moi authentique passe lui aussi par un processus. C'est un processus de déconstruction puisqu’il nécessite un lâcher-prise de toutes les idées et croyances que l'on a involontairement et inconsciemment absorbées de la part de nos parents ou d’autres personnes.
Ce lâcher-prise est difficile. Il est difficile du fait de notre besoin de sécurité. Pour nous sentir en sécurité, ce qui arrive lorsque nous nous sentons aimés et acceptés, nous avons fait des compromis avec notre propre vérité, nous l'avons abandonnée au profit des croyances que les autres nous imposaient. Nous avons ainsi commencé à vivre à travers le regard des autres plutôt que de suivre notre propre sagesse.
Si nous voulons retrouver notre intégrité, accéder à notre moi authentique et découvrir notre vraie nature, nous devons abandonner, rejeter toutes les connaissances que nous avons acquises et revenir à un point de non-savoir, à un point d’insécurité. Être dans ce non-savoir, être avec cette insécurité est l’étape la plus difficile. Elle nécessite du courage, de la détermination et surtout une volonté d’accepter ce qui est.
Je vais le répéter à nouveau, la vie n'a d'autre finalité que d'être vécue. Être vivant, se sentir vivre n'a besoin d'aucun savoir-faire. Regardez de jeunes enfants dans une cour de récréation, ils sont pleinement vivants, ils palpitent de vie. Ils savent instinctivement comment vivre. Tout comme vous, ils sont la manifestation même de la vie. Le problème est que vous l'avez oublié et que vous cherchez maintenant partout sauf dans votre propre cœur.
Arrêtez de chercher et souvenez-vous, vous êtes la Vie !
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd’hui. Merci à tous pour votre écoute attentive. Dans les prochains entretiens, je reprendrai les différentes questions que vous avez posées sur les difficultés que vous rencontrez sur ce chemin.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_11-Avril-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Peur de la Mort.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Notre dernier sujet pour cette série de conférences sera sur la peur de la mort puisque beaucoup d'entre vous ont soulevé des questions liées à cette peur spécifique. Comme vous l'avez peut-être compris lors de notre dernière rencontre, la peur de la mort est bien différente de la peur de la survie, même si elles peuvent être liées puisque la mort est la fin de la survie. La peur de la mort est la peur de quelque chose d'inconnu qui s’accompagne de la peur de ne plus exister. Mais rappelez-vous, la peur de la mort est la plupart du temps une peur imaginaire. Elle peut avoir ses racines dans une expérience passée traumatisante, toutefois cette peur de la mort est généralement la peur de quelque chose d'inconnu.
Nous savons généralement ce qu’est la vie, mais nous ne savons pas ce qu’est la mort et nous ne le saurons jamais puisque dans la mort, toute connaissance cesse d'exister. La mort est la fin de cette entité corps-esprit et c'est vraiment ce dont nous avons le plus peur. Ne plus exister comme nous savons exister. La mort est la fin d'une expérience vécue corps-esprit, la fin d'une incarnation dans ce domaine de la vie. Tout ce qui prend vie sur cette planète, humains, animaux, plantes, montagnes et vallées disparaîtra un jour. C'est un cycle naturel, une loi de la vie et aussi une loi d'évolution. Pourtant, il y a quelque chose qui ne meurt pas, et ce quelque chose qui ne meurt pas a été la quête de beaucoup de personnes depuis l’aube des temps.
C'est pourquoi dans de nombreuses traditions religieuses et spirituelles, l'accent est mis sur Mourir avant de mourir afin de pouvoir faire l’expérience de ce qui ne meurt pas. Lorsque la mort physique survient, la personne peut alors sereinement accepter que cet organisme corps-esprit termine son voyage d'incarnation.
Ceci est très différent de la quête de l'immortalité qui a captivé de nombreux chercheurs depuis la nuit des temps. Que ce soit la découverte de ‘La fontaine de jouvence’ ou de la ‘Pierre philosophale’, cette quête cherche à prolonger éternellement la vie dans cette forme corporelle. Dans la tradition chinoise, cette quête remonte aussi loin que l'Empereur de Jade avec ‘Les pêches de l'immortalité’.
Quelle que soit la forme qu'elle prend, la quête de l'immortalité est simplement un déni de vie puisque le désir du chercheur est de rester éternellement dans sa forme physique actuelle. Ce n'est pas seulement une peur de la mort et de mourir, c'est aussi une incompréhension complète de ce qu'est la vie.
La vie est un cycle constant de naissance et de mort, ce que nous ne réalisons souvent pas, c'est que nous ne sommes pas fixés dans une forme définie, notre corps est en constante évolution depuis le moment de la conception jusqu’au moment de la mort. De nombreuses cellules de notre corps meurent chaque minute et sont remplacées par de nouvelles. Mort et naissance sont un événement constant dans cet organisme corps-esprit, notre mental conscient reste toutefois inconscient de cet événement et c'est bien ainsi, autrement nous passerions notre vie à être nerveux et fébriles.
La peur de la mort, bien qu'essentiellement basée sur la peur de l'inconnu peut aller d'une simple appréhension à l'angoisse voire à la thanatophobie, forme extrême de la peur de la mort et de mourir. La peur de la mort peut également se manifester en fonction de différents objets de peur. Cela peut être la peur des maladies, la peur de la douleur corporelle, la peur de perdre la vie, la peur de ne plus exister, la peur d'être seul ou la peur de l'acte ou du moment de mourir.
Vos questions sur ce sujet sont de bons exemples de ce large éventail. En fait, la forme à travers laquelle se manifeste la peur de la mort n'a pas vraiment d'importance. Ce qui importe, c'est comment sortir de cette peur avant que la mort physique n'arrive.
Voyons l’une de vos questions sur ce sujet. « Je vois que j'ai très peur de la mort, non seulement j'ai peur de la mort, mais je suis aussi contrôlé par toutes sortes de peurs, comme la peur d'avoir des conflits ou celle d'affronter la colère des autres. Je peux subtilement sentir qu'il s'agit d'une peur de la mort. Je veux voir cela clairement, mais dès que j'essaie de le voir, je me rends compte que la peur s’est subtilement cachée dans mon esprit. Je n'ose pas affronter la peur. Oui, j'ai peur d'affronter la peur de la mort, elle est comme un cercle que l’on ne peut rompre. Que dois-je faire ? »
En regardant ta question et celle à laquelle j'ai répondu lors de notre premier entretien, je peux comprendre pourquoi tu écris que tu es contrôlée par toutes sortes de peurs. La peur semble être ta compagne de vie au quotidien. Elle t’accompagne dans de nombreux aspects de ta vie. Mon sentiment est que tu vois la peur partout en toi, même s'il n'y en a peut-être pas. Tu sembles être comme quelqu'un qui lit un dictionnaire médical et pense avoir toutes les maladies décrites dans le dictionnaire. Sans le savoir, tu es attachée à tes peurs, elles te donnent le sentiment d'exister et font désormais partie de ta personnalité.
Qui serais-tu sans tes peurs ?
Je ne nie pas que tu as peur, que tu ne te sentes pas en sécurité et que tu crains certaines situations. C’est sûrement le cas, et cette prise de conscience est utile pour identifier et prendre soin de ces peurs. Toutefois, passer du temps à prendre soin de chaque peur est un peu une perte de temps et d'énergie. La peur est comme une pieuvre, elle a une tête et de nombreux bras. Dans la mythologie grecque antique, l’on parle du symbole de l’Hydre à sept têtes que le héros devait combattre pour atteindre l’immortalité. La difficulté était que lorsqu'une tête était coupée, deux nouvelles têtes apparaissaient immédiatement. Le héros a finalement vaincu l'hydre en coupant sa tête principale avec une épée faite d’or.
Toutes les différentes peurs qui te créent une difficulté ne sont en fait que le prolongement d'une seule peur et ce n'est pas comme tu le penses, la peur de la mort. Ce n'est pas tant la peur de la mort en tant qu'événement physique que tu crains, mais plutôt la peur de ne pas exister sur un plan psychologique. Une sorte d’évanouissement psychologique.
Tes mots « Je veux voir cela clairement, mais dès que j'essaie de le voir, je me rends compte que la peur s’est subtilement cachée dans mon esprit » tendent à aller dans ce sens, d’autant que tu ajoutes « j’ai peur d'avoir des conflits ou affronter la colère des autres. »
Ta peur n'est donc pas vraiment une peur de mourir, mais plutôt une peur de ne pas exister. Cet aspect de la peur est en fait assez commun à de nombreuses personnes. Avec la peur, nous avons tendance à nous évanouir, à disparaître, surtout lorsque nous avons du mal à faire face à la réalité, comme celle de faire face à la colère de quelqu'un.
La prochaine fois, lorsque tu feras face à quelqu'un qui est en colère contre toi, fais de ton mieux pour observer ce qui se passe dans ton corps et les pensées qui te viennent. Ce que tu découvriras sans doute, c’est un goût de ‘déjà vu’. Ce peut être lié au fait que l'un de tes parents a été ou est autoritaire et même abusif envers toi. Ce peut être lié à une situation scolaire. L'important est que tu puisses te connecter avec les sensations et les sentiments inconfortables.
Au fil de tes différentes questions, il est évident que tu es fondamentalement peu sûr de toi, que tu manques de confiance en toi et que tu as tendance à faire de ton mieux pour prouver que tu es ‘comme il faut’ dans le seul but d’être reconnue, acceptée. Être reconnue pour qui tu es est probablement ton principal désir. Toutefois, être reconnu par un autre a une condition préalable. L’on doit d’abord se reconnaître soi-même. Il ne s’agit pas uniquement d’être conscient de ce qui se passe en nous, ce qui t’est familier, mais plutôt de reconnaître dans le sens d'accepter que je suis tel que je suis. C’est cela qui semble manquer chez toi, un oui à toi, telle que tu es. Tu es êtes confuse, oui. Tu résistes, oui. Tu es en colère contre ton enfant, oui. La honte est là, oui. La peur est là, oui. Un oui à tous ces sentiments et pensées diverses qui surgissent en lien avec les différentes situations qui occupent ton quotidien, que ce soit en famille, au travail ou entre amis.
Dire oui à tes sentiments, à tes pensées, à qui tu es dans l’instant stimulera ta force vitale, cela te donnera de la force et te donnera aussi cette verticalité qui te manque.
Reconnaître, te connecter et dire oui à cette insécurité en toi serait une meilleure option que celle de ‘vouloir voir clairement cette peur de la mort’. D'une certaine manière, la peur de la mort ou pour toi la peur de ne pas exister est encore trop éloignée pour être vue clairement. Commence par ce qui est le plus près de toi, l'insécurité. Prends note, fais une liste de toutes les situations où tu ne te sens pas en sécurité, note les sentiments qui apparaissent dans ces situations. En faisant cela, en plus de ce que j'ai déjà évoqué, tu commenceras à apprivoiser cette insécurité latente, tu gagneras progressivement confiance en toi. C’est la direction la plus fructueuse à prendre pour toi.
Comme je l’ai mentionné précédemment, la peur de la mort peut se manifester sous diverses formes, mais elle cache toujours quelque chose de plus profond comme le partage cette personne.
« J'ai peur de la mort, en particulier de la mort des membres de ma famille. Lorsqu'un médecin a laissé entendre que ma femme et mon enfant pourraient être véritablement malades, je suis devenu anxieux et sérieusement effrayé. Lorsque je fais face à ce genre de situations, ma poitrine et mon ventre deviennent tendus, et des idées et des images terribles apparaissent dans ma tête. Je deviens si anxieux et si effrayé que je m'effondre et développe un comportement consistant à rechercher un médecin faisant autorité. Je me sens mal une fois que la peur est déclenchée. Je ressens ce sentiment de temps à autre dans mon quotidien. J’ai aussi écouté la méditation audio guidée par toi ‘Sortir de l’état de choc’. Je suis dans cette peur depuis de nombreuses années. »
Il semble tout à fait normal d'être inquiet lorsqu'un membre de notre famille est malade et encore plus lorsque la maladie est critique. Pourtant, devenir anxieux et sérieusement effrayé indique quelque chose de tout à fait différent de la peur de la mort d'un membre de la famille. Ce n'est pas vraiment la mort que tu crains, c'est plutôt un sentiment d'abandon et de solitude si l'un des membres de ta famille venait à disparaître.
Je me souviens de tes questions précédentes où tu mentionnais que tu étais rarement compris et soutenu par tes parents. Tu t’es probablement senti abandonné et plutôt seul pendant la majeure partie de ton enfance et maintenant que tu es marié et que tu as un enfant, cette peur d'être abandonné refait surface plus fortement lorsque l’un d’eux tombe gravement malade. Les rôles sont inversés, ils ont besoin de ton attention, de tes soins alors que toi tu aimerais être pris en charge et écouté.
Je peux comprendre que tu portes cette peur depuis de nombreuses années et ton désir d'un médecin faisant autorité peut être une indication de l'absence d'une figure paternelle de soutien. Le fait que tu t’effondres dans cette situation montre à quel point tu n’es pas sûr de toi. Il est tout à fait normal d'être affecté dans un pareil cas, mais pas au point de s'effondrer. C'est le petit garçon en toi qui s'effondre, il ne sait pas quoi faire, il est désemparé, impuissant, et tout ce qu'il veut, c'est une personne forte qui pourrait gérer cette situation à sa place.
Dans tes précédentes questions, tu as mentionné ton fort besoin d'être accepté, d'être compris et la peur d'être sollicité ou forcé de faire quelque chose que tu ne veux pas vraiment faire. Il semble que ce soit le petit garçon impuissant que tu étais autrefois qui dirige ta vie aujourd'hui.
Tu mentionnes avoir écouté la méditation guidée ‘Sortir de l’état de Choc’ mais cela ne semble pas t’avoir beaucoup aidé. Si tu veux vraiment sortir de la peur et de l’état de choc, un peu de courage est nécessaire. Le courage de remettre en question tous ces sentiments inconfortables qui se bousculent en toi et, pour ce faire, la première étape est un ‘oui’ à toi tel que tu es. Je mentionne souvent ce point, car sans un ‘oui’ à toi et à ton état, aucune transformation ne peut avoir lieu. ‘Oui’ est un point de départ et il est souvent mal compris, car l’on pense souvent qu'il est le contraire de ‘Non’, qu’il est une demande d'être différent de ce que nous sommes. Le ‘oui’ dont je parle n'est pas le contraire du ‘non’, ce n'est pas non plus une demande d'être différent de ce que l’on est. Le ‘oui’ dont je parle inclut tous les ‘non’ que l’on pourrait avoir. C'est l'acceptation de ce qui est.
Nous vivons souvent dans le déni. Le déni de situations, comme celle à laquelle tu es confronté. Tu ne veux pas que ta femme et ton enfant soient malades, tu as un ‘non’ ferme à cette éventualité et c'est parfaitement normal. Nous sommes aussi dans le déni de nous-mêmes, nous renions nos sentiments, nous renions nos comportements, nous renions nos pensées par le simple fait de vouloir être différents de ce que nous sommes. Vouloir être différent est une échappatoire, un mensonge, c'est vivre au pays des rêves. Comment pouvons-nous être différents de ce que nous sommes ? Ce n'est pas possible. Nous nous efforçons pourtant d'aller dans cette direction et, ce faisant, nous nous manquons. Un ‘oui’ à tous nos refus est nécessaire, un ‘oui’ à tous nos ‘non’, y compris à notre désir d'être différent. Tous ces dénis, tous ces ‘non’ ont leur raison d'être, ils nous protègent d’une profonde peine de cœur. C'est pourquoi, si nous voulons guérir cette profonde peine de cœur, nous devons commencer par un ‘oui’, par une acceptation de notre état.
La peur d'être nous-mêmes est aussi une peur d’affronter nos côtés obscurs, notre soi-disant ‘négativité’. La seule issue possible est d'avoir un ‘oui’ à cette soi-disant ‘négativité’. Le ‘oui’ dont je parle, le ‘oui’ qui s'impose est un ‘oui’ à tous les ‘non’ que nous portons. C’est l'acceptation de ce que nous sommes, de nos côtés ‘positifs’ et de nos côtés ‘négatifs’. C'est l'acceptation du Yin et du Yang en nous.
Dans la situation actuelle, c'est la peur d'affronter ton impuissance, d'affronter ton désespoir qui se montre. Il serait plus juste de dire que c'est le désespoir et l'impuissance du petit garçon que tu as été. Ce petit garçon sans défense a besoin de ton attentive bienveillance, de ton soutien. Il a besoin d'être vu, reconnu et accepté pour ce qu'il est, un petit garçon sans défense. As-tu déjà accepté ce petit garçon que tu étais autrefois ? As-tu déjà pris le temps de vraiment tu connecter avec lui ?
En tant que l’adulte que tu es maintenant, tu peux apporter cette bienveillance et ce soutien à ce petit garçon que tu as été. C'est ce dont il a besoin de ta part, c'est son désir le plus cher. Fais de ton mieux pour lui donner cela et tu verras bientôt que tes peurs fondront et disparaîtront.
Je me souviens à l’instant de la question d'une mère. « Mon enfant a 10 ans, il a peur de la mort et des fantômes et a beaucoup de peurs imaginaires, que puis-je faire ? »
Il est important de comprendre que le monde représente une menace pour un enfant. Par nature, un enfant est peu sûr de lui et il projette son insécurité sur toutes sortes d'objets, qu'ils soient réels ou imaginaires comme des fantômes. C'est naturel. Votre tâche en tant que parent, et beaucoup d'entre vous sont parents de jeunes enfants, est de faire en sorte que votre enfant se sente en sécurité chaque fois qu'il se sent en insécurité. Malheureusement, il arrive souvent que les parents ne soient pas en mesure de faire en sorte que l'enfant se sente en sécurité parce qu'ils sont eux-mêmes dans l’insécurité. Il y a quelques jours, une personne d'environ 40 ans m'a dit qu'elle avait peur de marcher dans le noir parce qu’il y avait des fantômes. Ses paroles montrent qu'elle est dans l'insécurité et que sa vie est basée sur la peur. Les fantômes n'existent pas, ils sont simplement le résultat d'une peur imaginaire, la peur de quelque chose d'inconnu. Votre enfant n'a pas peur de la mort, sauf s'il a vécu une expérience traumatisante, il a juste peur de ce qu'il ne connaît pas.
Si par malheur votre enfant a vécu une expérience traumatisante, comme voir le cadavre d'un membre de la famille, une maladie grave ou un accident, c'est votre rôle de parent de parler avec lui, de prendre en considération sa peur et de l'aider à dissoudre cet événement traumatique. Lui dire ‘n'ait pas peur’ ou des mots similaires ne l'aideront pas, car il a peur de quelque chose. Au contraire, il se sentira mal d’avoir cette peur et fera probablement de son mieux pour ne pas avoir peur à l'avenir afin de faire plaisir à maman ou papa. Sa peur se déplacera vers son inconscient et sera active à partir de là. C'est ce qui est arrivé à la plupart d'entre vous. Enfant, vos peurs n'étaient pas prises en compte, elles étaient raillées ou transformées en mots humiliants au lieu d'être comprises pour ce qu'elles étaient, une simple insécurité enfantine.
Chaque fois que votre enfant vous parle de sa peur, soyez en empathie avec lui, faites confiance à ses sentiments, comprenez qu'il ne ment pas, il a vraiment peur. Tenez-le ou serrez-le dans vos bras, rassurez-le en l’écoutant patiemment, en le comprenant, en le laissant parler ouvertement de sa peur. Parfois, plus que des mots, c'est une simple présence attentive qui dissout la peur chez un enfant.
Essayez ceci la prochaine fois et voyez ses réactions et bien sûr, n'oubliez pas de prendre soin de vos propres peurs !
La peur de la mort peut devenir réelle lorsque nous sommes dans un environnement inconnu comme celui mentionné par cette personne. « Je me souviens d'une expérience de plongée à Palau. J'ai eu peur de voir la mer vaste et bleue. J'ai plongé vers le fond de la mer et je me suis soudain retrouvée dans une obscurité profonde. J’ai été choquée et je suis vite remontée. Récemment, j'ai de nouveau pensé au sentiment que j’ai éprouvé à ce moment-là, j'avais peur de mourir et de ne recevoir aucune aide de personne, car j'étais seule là-bas. Pouvez-vous parler de la peur de la mort et de la solitude. Merci ! »
Plonger en mer n'est pas quelque chose de naturel pour nous, il y a souvent un petit malaise face au milieu sous-marin, même si nous avons le matériel adapté. Ce que tu décris « J'ai été choquée et je suis vite remontée lorsque je suis entrée dans l'obscurité » est une réaction naturelle. Tu as été surprise de rencontrer ce nouvel environnement et comme tu n’es pas un plongeur averti, tu as simplement paniqué et pensé que tu allais mourir. C’est une réaction totalement naturelle. Ce qui est bien, c’est que tu n’es pas morte puisque tu poses cette question ! Tu es revenue à la surface et tu es allé à terre. Ce que tu aurais pu faire, c'est de simplement te reposer un moment pour laisser l'état de choc passer de lui-même ou parler à quelqu'un de ta panique. Tu as peut-être fait cela, mais ta peur de mourir demeure. Ce qui reste en fait, c'est l'état de choc, ce moment de surprise où tu as réalisé que tu étais entrée dans une zone sombre et que tu y étais seule.
Il semble que tu confondes être seul et solitude. Le sentiment de solitude est tout à fait différent du fait d’être seul. Dans cette situation, tu étais tout simplement seule et de ce fait, tu as craint de ne pas pouvoir faire les bons gestes pour te sortir de cette situation. Tu as cependant réussi puisque tu es là aujourd'hui ! Il est sage et recommandé de ne pas plonger seul, sauf si l’on est un plongeur averti. Être seul dans cette situation n'a rien à voir avec la solitude, pourtant pour toi, il semble qu'être seul et solitude soient liés.
Je peux comprendre qu'il y ait en toi un sentiment de solitude puisque tu crois qu’il n’y a personne sur qui compter, personne pour t’aider. Ce sentiment de solitude fait partie de ton expérience d'enfant, un temps où tu ne t’es pas sentie soutenue, comprise et fondamentalement pas acceptée. Malheureusement, ces sentiments sont encore actifs en toi aujourd'hui et ils se déclenchent à la moindre expérience similaire, comme celle de Palau. Tes expériences passées voilent la réalité, elles entravent également tes actes.
Lorsque tu écris « Pouvez-vous parler de la peur de la mort et de la solitude. Merci ! » Je sens le désespoir. Quelque chose comme ‘parle-moi s'il te plaît, n'importe quel sujet fera l'affaire, mais parle-moi, sois avec moi’. La peur d'être seule se cache derrière tes mots et oui, dans cette peur d'être seul, la solitude est présente.
Bien que ce sentiment de solitude doive être pris en compte, ce n'est pas le sentiment premier dont tu dois t’occuper. Il me semble plus important pour toi de reconnaître les croyances que tu portes sur toi-même. ‘Je suis stupide, je ne suis pas assez bien ou pas digne d’être aimé. Je ne suis pas aussi importante que mon frère, et ainsi de suite.’ Fais une liste de toutes tes croyances et essaie de reconnaître d'où elles viennent. Tu peux d’aider en relisant l’exposé que j'ai donné sur ce sujet en mars 2018. Tu étais même présente lors de cet exposé. Tu peux aussi lire celui de mai 2020.
Ces deux exposés devraient t’aider à mieux comprendre tes croyances et comment les dissoudre. Le deuxième point sur lequel porter ton attention concerne les sentiments refoulés en toi tels que la colère, le mépris et la jalousie. Trouve les moyens adéquats et sûrs pour exprimer ces sentiments. Exprimer ces sentiments t’aidera à dissoudre les croyances, cela t’apportera en plus une confiance en toi.
Tu peux également faire appel à moi pour te soutenir dans cette démarche, cela t’aidera à ne pas te sentir seule avec tout cela. Tout comme la plongée en mer nécessite l'aide et les conseils d'un moniteur, la plongée dans notre monde intérieur fonctionne mieux lorsque nous pouvons bénéficier d’une aide pour nous accompagner dans ce voyage. Un soutien est toujours disponible, il te suffit de demander.
Je voudrais terminer cette série d'entretiens avec cette question. « Il m'arrive de ne pas savoir ce que signifie exister ou vivre, ce qui implique qu’il serait possible de terminer ma vie artificiellement. Ma peur est de ne pas pouvoir découvrir le sens de la vie, j'aurai alors des regrets lorsque je mourrai. Je suis parfois pressé de découvrir le sens de ce que je fais. Que devrais-je faire ? »
Je peux comprendre que tu ne saches pas quel est le sens de la vie, mais rechercher le sens de la vie t’égarera forcément.
Comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises, ‘la vie n'a d'autre finalité que celle d'être vécue’.
Chercher une raison de vivre ou d'exister ne peut que te faire perdre la tête. Il te faut simplement reconnaître cette réalité ‘j’existe’.
Il semble que tu sois très pris au piège de ton mental et donc déconnecté de tes sentiments et d’un sens de la réalité. Tu rêves ta vie en espérant qu'un miracle se produise. Tu vis dans l'insécurité, en fait, tu n’es pas confiant. Tu ne sais pas quoi faire ni comment être. Ton insécurité est la première chose à laquelle tu dois faire face. Le fait est que tu ne sais pas comment être dans la vie et encore moins qui tu es.
Sortir du mental n'est pas chose facile et demande beaucoup de courage, de détermination et tout le monde n'est pas prêt pour cette entreprise. Non pas que ce soit une entreprise difficile, non. La difficulté vient de notre attachement à nos pensées et à nos croyances. Nous y restons attachés dans le simple but d’éviter la réalité, celle de nos cœurs meurtris.
Nous continuons à nous protéger de la réalité de nos cœurs meurtris. Comprendre ce que vivre veut dire implique de faire face à la réalité de nos cœurs meurtris. Nul besoin de chercher un sens au fait d’exister. Le sens deviendra évident une fois que tu t’autoriseras à faire face à la réalité de ton cœur. Tu es un être humain, un être vivant. Tout en toi est vivant, tout en toi palpite de vie, y compris ton mental créatif. Mais tu es perdu dans ce feu d'artifice de pensées et d’idées à ton sujet, ainsi que sur la façon dont tu devrais être et te comporter, ce qui fait que tu manques le seul point important. ‘Je suis vivant’, ‘J'existe’. Tu manques aussi de reconnaître la beauté, la joie de cette réalisation.
Ne passes pas à côté de l'essentiel, au lieu de chercher un sens à exister, met ton énergie dans la rencontre avec tes sentiments, avec tes croyances, avec tes jugements et de cet effort le sens d'exister se révélera à toi. Il n’est pas très loin ce sens d’exister, chaque inspiration que tu prends te révèle le sens de la vie. Prêter un peu plus d'attention à ta respiration peut t’aider à découvrir cette réalité et t’aider à mourir sans regret. Une fois que tu auras réalisé qu'exister est le cœur même de ton être, il te sera facile de mourir sans regret, de mourir avec un sourire aux lèvres. N'attend pas la dernière minute, meure avant de mourir !
Bien, arrêtons-nous là pour aujourd'hui. Beaucoup de points ont été évoqués aujourd'hui, de même que lors de nos précédentes rencontres autour du thème de la peur. Il serait bon que chacun de vous réécoute ces questions-réponses, car il arrive souvent que nous entendions mal ou ne comprenions pas bien un point. Écouter ou relire ces exposés aidera à dissiper une possible confusion.
Je suis sûr que ces quatre questions-réponses sur la peur vous auront donné l'occasion de faire évoluer votre compréhension de la peur dans ses différentes facettes et que votre rapport à la peur sera désormais plus sain.
Avant de clore cette réunion, je voudrais remercier chaleureusement Niya d'avoir organisé ces questions-réponses et bien sûr aussi Jane pour avoir mis mes paroles à votre disposition dans votre langue. Merci à tous pour votre écoute attentive et à bientôt.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_10-Janvier-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Peur d’être en mode de Survie.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Lors de nos deux dernières réunions, j'ai mentionné comment la peur et l’état de choc peuvent avoir un impact important sur nos vies, au point de mettre de côté notre propre force vitale et par conséquent d’avoir peur d'être nous-mêmes. Le but de ces rencontres n'est pas de nourrir votre mental avec des concepts, mais plutôt de vous aider à reprendre confiance en vous-même. Mes réponses à vos questions pointent simplement vers ce que vous devez regarder pour vous libérer des croyances et des idées que vous portez sur vous-même.
Ceci étant dit, vos questions aujourd'hui sont liées à la survie, à la peur de ne pas avoir assez pour vivre. Voici comment une personne articule cette peur. « Mon problème est l’argent. J’ai un profond sentiment de manquer d'argent. Je me sens pauvre même s'il y a de l’argent sur mon compte en banque. Être pauvre est comme une malédiction pour moi, et je suis facilement affligée lorsque je fais face à des situations liées à l'argent. Le fait est que je me mets facilement dans un état où je n’ai plus d’argent, je manque toujours d'argent. J'aime acheter des vêtements à bas prix qui ne me vont pas et j’ai ensuite des regrets, pourtant je ne peux pas m’empêcher de continuer ce comportement. Je pense que ce comportement est en rapport avec la pauvreté dans ma famille lorsque j'étais enfant. Je ne sais pas comment être libre avec l'argent et profiter du bonheur que l'argent apporte. »
L'argent est un sujet sensible pour beaucoup de gens et la peur de ne pas avoir assez d’argent pour vivre peut devenir un constant casse-tête pour certaines personnes comme il semble que ce soit le cas pour cette personne aujourd'hui.
Lors de notre première rencontre, j'ai mentionné qu'il existe deux types de peur, la peur immédiate, réelle et la peur imaginaire. La confrontation avec le mental de ceux qui me demandent leur aide m’a fait remarquer que la peur imaginaire est une peur partagée par de nombreuses personnes.
La peur imaginaire est la trace résiduelle d'une expérience de peur passée. Ce qui est maintenant devenu une peur imaginaire a ses racines dans une menace réelle, ce qui est particulièrement vrai avec la peur d’être en mode de survie que certains d’entre vous rencontrent.
La survie est certainement la préoccupation principale de toutes les espèces vivantes, qu'il s'agisse des humains, des animaux ou des plantes. Sans nourriture, sans air ou sans eau, il est impossible à tout être vivant de survivre. Vous pouvez facilement observer cela dans la nature avec les animaux et les plantes. C'est un peu différent pour les humains, car ils ont un plus large éventail de possibilités.
Dans le monde animal et végétal, la peur est cependant absente. Pour les animaux et les plantes, il s'agit seulement d'utiliser tout le potentiel disponible pour vivre leur vie et lorsque la mort se présente, il n'y a qu'acceptation. Il devait en être de même pour nos lointains ancêtres. Cependant, avec le temps et le développement de l’intelligence, les choses se sont un peu compliquées, nos ancêtres ont commencé à lutter pour survivre. La survie est devenue un combat quasi permanent et, du fait de la précarité des ressources, des guerres ou pour des raisons économiques, ce combat pour la survie s’est intensifié et est devenu une réalité pour de nombreuses personnes dans le monde au cours des siècles passés. Il continue de l'être dans certains pays pour les mêmes raisons.
Partout dans le monde ou une guerre sévit, ou les récoltes sont maigres et où la famine s’installe, cette lutte pour la survie prend toute son ampleur. La grande famine en Irlande à la fin du 19ème siècle est un exemple frappant, de même en Chine, à la fin des années cinquante avec ‘les trois années de catastrophe naturelle’ et plus tard avec la révolution culturelle cette lutte pour la survie a été manifeste pour des millions de personnes. Les gens se battaient pour leur survie, la peur de ne pas survivre était pour eux une réalité et non une imagination mentale. Ils devaient combattre l’adversité s'ils voulaient survivre, c'était une dure lutte pour eux avec la peur comme constante compagne.
La peur de mourir, la peur de ne pas avoir assez à manger pour survivre, ces peurs faisaient partie de leur réalité quotidienne. Ces peurs étaient réelles et certainement pas imaginaires. La situation a peu à peu changé, la réalité est devenue moins menaçante et les gens ont pu de nouveau vivre une vie sans peur du lendemain.
Ces moments difficiles ont cependant laissé une trace dans l’inconscient des gens. Leurs souvenirs ont survécu, pas seulement la mémoire historique, celle des faits, mais une mémoire cellulaire qui se perpétue de génération en génération. Lorsqu'une personne a vécu une expérience de survie, elle va inconsciemment transmettre sa peur pour la survie à la génération suivante, à travers des histoires, à travers des comportements et plus insidieusement à travers des naissances, car la peur a été enregistrée à un niveau cellulaire. La peur de la réalité de ces temps difficiles s'est transformée en une réalité psychologique, imaginaire.
Et c'est ce qui t’est arrivé. Ta peur de ne pas avoir d'argent ne fait pas partie d'une réalité, c'est une peur imaginaire, c'est un reliquat que t’ont transmis tes parents, tes grands-parents. Ils ont dû faire face à cette réalité, ils ont dû batailler pour leur survie et ont eu peur de ce que pourraient être leurs prochains jours. Ils t’ont inconsciemment transmis leur peur. Mais ta situation n'est pas la même, il n'y a pas de réelle menace pour toi. Ta situation économique est largement différente de celle de tes parents, pourtant, implicitement, tu crains de ne pas pouvoir survivre si ton compte en banque frôle le zéro. Cela crée en toi une peur avec, bien que tu ne le mentionnes pas, un sentiment de honte d'être pauvre.
Vérifie s'il y a de la honte associée à ta peur.
Tu mets l'accent sur l'argent parce que l'argent a été, depuis des millénaires, un indicateur de richesse. Nous accordons beaucoup d'importance à l'argent, sans réaliser que l'argent n'est qu'un moyen d'acquérir ou d'échanger des biens. Intrinsèquement, l'argent n'a rien à voir avec le fait d'être riche ou pauvre, c'est seulement un outil utile d'échange. C'est l'état d'esprit de la personne qui la fait se sentir riche ou pauvre. La pauvreté n'est qu'un concept social, un concept de comparaison. En Inde, il y a beaucoup de gens qui n'ont rien, parfois même pas un toit sous la tête, pourtant on les voit sourire, ils sont heureux. Ils sont heureux parce que leur cœur est ouvert. Leur bonheur n'a rien à voir avec l'argent, il a à voir avec la joie d'être en vie. Le fait qu'ils soient matériellement démunis ne les rend pas pauvres, cela rend simplement leur vie plus difficile à vivre dans ce monde orienté vers le bien-être matériel.
L’argent, la richesse, tend à apporter la misère et non le bonheur. L’argent a tendance à rendre les gens avides, avares et abusifs avec le pouvoir que donne l’argent. S'efforcer de devenir riche cache en fait un cœur pauvre, cela cache la honte de ne pas être assez bien. Et c'est probablement aussi l'une de tes convictions, ne pas être ‘comme il faut’. Tu te juges très certainement d’être comme tu es et voudrais être différente. Tu ne sais cependant pas comment te libérer de tes comportements en lien avec l'argent.
La première chose qu’il est important de reconnaître et d’accepter ce sont les sentiments et les jugements que tu as au sujet de l'argent. Je te suggère de faire une liste pour que tu cernes mieux ce que sont exactement ces jugements et ces sentiments liés de l'argent. Tu peux également utiliser des exercices spécifiques de communication en relation avec l'argent ou en relation avec la culpabilité pour résoudre ce problème.
Cela t’amènera à reconnaître, et c'est le deuxième point le plus important, ces idées et ces croyances autour du fait de ne pas avoir d'argent ne sont pas vraiment les tiennes, elles t’ont été transmises par tes parents. Elles sont le pur produit de ton patrimoine génétique parental.
Chacun de nous arrive dans cette vie avec un héritage génétique parental transmis à la conception puis de la mère au nouveau-né. Nous ne pouvons pas échapper à cet héritage génétique parental, nous naissons avec lui, et devons faire avec lui. Il nous appartient cependant de le transformer pour que le passé ne hante plus nos cœurs, pour que nous puissions vivre avec et à partir d'un cœur ouvert, pour que nous puissions vivre une vie libre des croyances et des sentiments appartenant à nos aînés. Notre tâche dans la vie est de faire fructifier notre héritage. Si cet héritage est basé sur la peur et la régression, nous pouvons le transformer en force, ouverture et expansion.
Voici une ancienne histoire indienne pour illustrer cela.
« Un grand roi avait trois fils, et il voulait en choisir un pour devenir son héritier. C'était très difficile, car tous les trois étaient très intelligents et très courageux. Qui doit-il choisir ? Il a alors demandé à un grand sage qui lui suggéra une idée.
Le roi rentra chez lui et demanda aux trois fils de venir vers lui. Il donna à chacun un sac de graines de fleurs et leur dit qu’il partait en pèlerinage.
‘Mon pèlerinage prendra plusieurs années, deux, trois ou peut-être plus. Et ceci est une sorte de test pour vous. Je vous donne ces graines et vous devrez me les rendre à mon retour. Celui qui les protégera le mieux deviendra mon héritier’. Et le roi partit pour son pèlerinage.
Le premier fils les enferma dans un coffre-fort, car quand le père reviendra il devra les rendre telles quelles. Le deuxième fils réfléchit et se dit que si je les enferme comme mon frère l'a fait, ces graines mourront. Et une graine morte n'est pas du tout une graine. Et mon père pourra dire : ‘Je t'avais donné des graines vivantes, il y avait une possibilité pour qu'elles poussent, ors ces graines sont mortes. Elles ne peuvent pas fructifier’. Alors il est allé au marché, a vendu les graines et a gardé l'argent avec cette pensée ; lorsque mon père sera de retour, j’irai au marché acheter de nouvelles graines et lui donnerai quelque chose de mieux que mon frère.
Le troisième fils est allé dans le jardin du palais et a jeté les graines partout.
Au bout de trois ans, lorsque le père est revenu, le premier fils a ouvert son coffre-fort. Ses graines étaient toutes mortes, puantes. Et le père de s’exclamer : ‘Quoi ! Ce sont les graines que je t'ai données. Elles avaient la possibilité de s’épanouir en jolies fleurs et de donner un suave parfum, mais ces graines puent. Ce ne sont pas mes graines !
Entendant son père arriver, le deuxième fils se précipita au marché, acheta des graines, revint à la maison et dit à son père : ‘Voici les graines’. Le roi lui dit : ‘Tu es meilleur que mon premier fils, mais pas aussi capable que j’aimerais que tu sois’.
Il est ensuite allé vers son troisième fils avec beaucoup d’espoir et de peur aussi. ‘Qu’a-t-il fait ?’ Le troisième fils l’amena dans le jardin et il y avait des centaines de plantes en fleurs, des centaines de fleurs tout autour. Et le fils lui dit : ‘Voilà, ce sont les graines que tu m'as données, je vais bientôt pouvoir les récolter et te les rendre, pour l’instant elles ne sont pas tout à fait prêtes à être récoltées’.
Le roi fut empli de joie et s’exclama : ‘Tu es mon héritier. C'est ainsi qu'il faut se comporter avec les graines’.
C'est le sens de faire fructifier un héritage.
Laisse cette petite histoire t’inspirer puisque tu écris « Je ne sais pas comment être libre avec l'argent et profiter du bonheur que l'argent apporte. »
Il te faut simplement un peu de courage pour laisser cette transformation s'opérer en toi et je suis sûr que tu y parviendras une fois que tu auras décidé que c'en est assez et que tu agiras comme je l'ai suggéré. L'essentiel pour toi est de reconnaître que cette peur et ce comportement ne sont pas les tiens. Ils viennent de et appartiennent à tes aînés. Une fois que tu auras véritablement reconnu cela, tu ressentiras un profond soulagement et seras libre de profiter du bonheur que l'argent apporte.
La peur de se retrouver en mode de survie peut aussi se manifester comme l’écrit cette personne.
« Je suis toujours inquiet de ne pas avoir assez d'argent, alors je continue à gagner de l'argent. Comment puis-je me sentir riche dans ce cas ? »
La vie ne consiste pas à devenir riche, mais plutôt à vivre avec un cœur ouvert, conscient que l’on est en vie et lorsque l’on vit avec cette conscience, l’on se sent riche dans le cœur, car l’on peut partager sa joie d'être en vie. La vie consiste simplement à vivre consciemment, et non à acquérir de la richesse. Cette prise de conscience d'être consciemment vivant est un trésor bien plus précieux que n'importe quel argent ne pourra jamais t’apporter. Peu importe ce que tu fais dans ta vie, ce qui compte, c'est d'être consciemment vivant.
Je peux comprendre que tu t’inquiètes de ne pas avoir assez d'argent. T’es-tu posé cette question. ‘Qu'est-ce qui me pousse à chercher à m'enrichir ?' Peut-être que pour toi la question serait plus celle-ci. ‘Qu’est-ce que je veux obtenir cet argent ?’
La réponse la plus probable est sans doute celle-ci, ‘Je veux être reconnu et aimé’. Ta survie ne dépend pas de l'argent, ta survie dépend de cette croyance : ‘Si j'ai de l'argent, je serai reconnu comme un bon fils et aimé de maman et de papa’. Tu cherches désespérément cette reconnaissance et devenir riche n'est qu'un moyen de réaliser ton rêve. Le problème est que cette reconnaissance ne s'est pas encore produite et que l'argent ne t’a causé que plus d'ennuis.
Essaye de voir clairement que ton inquiétude n'est pas vraiment à propos e l’argent. Ton inquiétude est liée à vouloir être aimé, ce qui veut dire être reconnu dans ta sensibilité, reconnu dans ta droiture, ta sincérité. Ta sensibilité, ta sincérité n'a pas encore été reconnue, elle a au contraire été bafouée. Chaque fois que tu voulais que cette sincérité soit reconnue, c’est l’humiliation qui t’était renvoyée.
L'autre aspect de ton désir de continuer à gagner de l'argent est probablement lié au fait que tu veux être considéré comme quelqu'un de responsable, digne de confiance, quelqu'un d'important. Tu as interverti le mot amour avec le mot argent. L'argent m'apportera l'amour, la reconnaissance que j'attends tant. Cela fait-il sens pour toi ?
Tu demandes « Comment puis-je me sentir riche dans ce cas ? » Tu ne te sentiras jamais riche tant que tu poursuivras cette quête de gagner toujours plus d'argent. Abandonne cette idée et concentre-toi sur le désespoir dont ton cœur est rempli. Occupe-toi de ce désespoir, vois ou mieux reconnais ce petit garçon en toi qui a soif de reconnaissance, qui s'est senti abandonné à la naissance de sa sœur. Ce fut un tournant crucial pour toi et ta quête pour gagner de l'argent, pour gagner en respectabilité a commencé dès ce moment-là. Oublie de vouloir gagner de l'argent et concentre-toi sur le fait de ne pas être reconnu, de ne plus être important. Fais une liste de toutes les situations dans lesquelles tu ne t’es pas senti reconnu. Commence par les plus récentes, puis souviens-toi de situations plus anciennes. Une fois que tu auras établi cette liste, reviens à la situation la plus récente et portes ton attention sur cette situation spécifique et notes les sentiments qui montent lorsque tu te connectes à cette situation.
Ce petit exercice t’aidera de différentes façons. Il t’aidera à clarifier tes comportements ainsi que la motivation qui les sous-tend. Il t’aidera surtout à te connecter avec les sentiments que ton cœur porte. Lorsque tu es en lien avec un sentiment, laisse venir toute forme d’expression qui cherche à s’exprimer.
En tant qu'enfant ou adolescent, personne n'a vraiment pris la responsabilité de te soutenir dans tes difficultés. Tu as dû te sentir être laissé seul, abandonné et cela a créé une peine profonde dans ton cœur. Tu devais te débrouiller par toi-même et prendre des responsabilités, comme le fait de gagner de l'argent, est devenu une tentative pour toi d'être considéré, reconnu et donc aimé. Pourtant, au fond de toi, tu ne voulais pas vraiment prendre de responsabilités et être responsable. Le poids d'être responsable est un fardeau sur tes épaules. Ce que ton cœur veut, c'est du soutien et être soutenu est naturel et également un signe de reconnaissance.
En faisant la pratique suggérée, tu assumeras la responsabilité d’être toi-même, de ta propre croissance et c'est la seule responsabilité que tu dois assumer. Ce faisant, tu épauleras ce petit garçon en toi qui a soif d'être soutenu. C'est lui qui a besoin de soins et d'attention. En tant qu’adulte que tu es, tu peux lui donner cela. Cela t’apportera une résurrection, une nouvelle façon d'être dans la vie. Cela t’apportera la liberté que l'argent ne peut pas t’apporter. La liberté d'être heureux sans raison.
Dans la question suivante, la peur d’être en survie prend un aspect différent, elle devient la peur de l’inconnu, c’est une double question. « Dans ma vie quotidienne et mon travail, lorsque je rencontre quelque chose dont je ne connais pas la réponse ou le résultat, j'ai tendance à avoir des tensions dans la poitrine et des maux de ventre à cause de la peur de l'inconnu. Je crains que ma santé ne se détériore à cause de cela et je serais encore plus mal à l'aise. Que faire ?
À cause des expériences passées, j'ai peur que ma petite amie me quitte et ait une relation avec quelqu'un d'autre. Lorsque je lui en ai parlé, je suis devenue agitée à cause du SMS qu'elle m'avait envoyé. Dois-je revoir chaque processus de communication et faire l’expérience de la peur ? »
Il n'est pas possible de connaître la réponse à tout et c'est tant mieux, car ne pas savoir devient une invitation à approfondir, à découvrir. Ne pas savoir pique notre curiosité et nous pouvons apprendre et grandir grâce à cela. Dans les retraites que j'anime, les participants restent assis pendant des heures à réfléchir à la question « Qui suis-je ? » Ils n'ont aucune idée de ce que peut être la réponse, leur mental s’évertue à essayer de fournir la bonne réponse, mais la réponse qu'ils apportent ne correspond jamais vraiment à la question. Leur mental tombe toujours à court jusqu'à ce qu’ils réalisent qu'ils ne savent pas qui ils sont. Lorsqu'ils font cette expérience de ce non-savoir, c’est comme une révélation et cela devient le point de départ. Ce n'est qu'à partir de là que la vraie réponse peut surgir parce qu'à ce moment-là, le mental a cessé de chercher à fournir des réponses. Il devient silencieux et c'est dans ce silence que la vraie réponse peut apparaître. Elle apparaîtra comme une expérience ressentie, vécue et non comme une pensée ou un sentiment.
Il est donc bon que tu ne connaisses pas la réponse ou le résultat. Cela peut devenir une opportunité pour toi de comprendre quelque chose de nouveau à ton sujet. Et cette opportunité t’est donnée par les sensations dans ton corps. Ta poitrine devient tendue, ton ventre te fait mal. Accepte cela comme point de départ, ton corps te donne des indices qui t’aideront à avancer.
Oui, la peur peut être là, mais rassemble ton courage et autorise-toi à vivre avec ces sensations inconfortables, elles sont une bénédiction déguisée. Elles te disent que quelque chose est en trop, que quelque chose est resté sans attention, sans soins. Ce que tu découvriras sans doute, si tu te permets d'être avec ces sensations, c'est qu'elles sont la manifestation d'un conflit intérieur non résolu et voilent ce qui semble être un fort sentiment d'abandon. Peut-être un abandon physique ou psychologique ou une combinaison des deux.
C'est pourquoi tu mentionnes dans ta deuxième question ta peur que ta petite amie te quitte pour quelqu'un d'autre et ton agitation dans les communications avec elle.
Cela fait-il sens pour toi ?
Il n'est pas nécessaire de « revoir chaque processus de communication et de faire l’expérience de la peur ? » Ce qu'il faut, c'est que tu reconnaisses à quel point tu es dans l’insécurité. Le sentiment de peur n'est que le résultat d'une profonde insécurité intérieure. Se concentrer sur la peur de l'inconnu ne te mènera pas nécessairement dans la bonne direction. Ce qui pourrait être plus utile et plus facile pour toi serait d'énumérer les différentes situations où tu te sens ou tu t’es sentie en insécurité. Non seulement la situation, mais aussi ce que tu as ressenti dans ces situations, y compris tes pensées et tes croyances. Il peut y avoir en toi cette croyance que tu n’es pas assez comme il faut.
Vérifie par toi-même, je ne te donne que quelques lignes directrices.
Les années d’écoles et les situations scolaires sont, elles aussi, un excellent milieu pour créer de l'insécurité. Vérifie cela aussi.
Rappelle-toi que ta peur n'est que le produit de ton imagination. Sur la base d'expériences passées non résolues, ton mental anticipe simplement le pire. Ces expériences passées ont laissé une trace dans ton esprit ainsi que dans ton cœur. À moins de reconnaître et de prendre soin de ton cœur affligé, l'insécurité sera toujours là.
Pour toi aussi, un peu de courage s'impose. Abstiens-toi de te laisser glisser dans le rôle d’être victime de ton manque de confiance. Rassemble ton courage et tourne ton attention vers celle qui, en toi, se sent dans l’insécurité. Cette part de toi a besoin de ton aide et de ton soutien, elle est restée seule trop longtemps.
Peux-tu l'entendre t’appeler ?
Permets à ton mental préoccupé de ralentir un instant pour que tu puisses entendre ce cri intérieur, cette douleur intérieure qui n'a pas été prise en compte jusqu'à présent. Être soi-même demande de traverser ces maux inconfortables du cœur et pour cela le courage et l'acceptation sont les seuls outils dont tu disposes.
Je suis convaincu que tu peux y arriver et que tu retrouveras ta force et la confiance en toi tout en traversant ces douloureuses blessures du cœur.
Très bien, arrêtons-nous ici pour aujourd'hui.
C'est une nouvelle année qui commence et je suis sûr que chacun de vous trouvera les moyens de laisser la joie emplir votre cœur et par conséquent votre vie en 2022. Le bonheur ou la joie de vivre n'est pas quelque chose qui arrivera dans le futur, il est déjà là à l'intérieur de vous. Vous avez simplement besoin de le redécouvrir ou mieux de le découvrir puisqu'il a été couvert ou voilé par des peurs inutiles.
Trouvez des moyens d'écouter ou de relire cet exposé, je suis sûr que cela peut vous aider à mieux comprendre ce qui a été dit. Lors de notre prochaine réunion, je parlerai de la peur de la mort et de la façon dont elle peut entraver nos vies.
Merci à tous pour votre écoute attentive et mes meilleurs vœux à chacun de vous pour 2022.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_03-Janvier-2022
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Peur de Faire des Choix.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Comme mentionné lors de notre dernière réunion, je commencerai cet exposé aujourd'hui avec quelques mots sur l'état de choc pour que vous puissiez reconnaître cet état de choc lorsqu'il se présente à vous. Je répondrai également à vos questions liées à la difficulté de faire des choix.
Le réflexe de sursaut est un réflexe de surprise, quel que soit le genre de surprise. Il peut venir à la suite d’un cadeau inattendu ou d'un stimulus extérieur comme un coup de klaxon, un coup de tonnerre, une nouvelle alarmante, un accident ou quelqu'un qui crie et agit violemment.
Toutes sortes de situations peuvent déclencher en nous le réflexe de sursaut. Le réflexe de sursaut prépare le corps à l'action. La respiration est altérée, les muscles se contractent, le rythme cardiaque s'intensifie, le flux sanguin augmente et les yeux s'écarquillent. Une fois le danger identifié, une action adéquate s'ensuit et le corps reprend progressivement son rythme normal. Ce cycle s'observe facilement sur les animaux domestiques ou sur les nouveau-nés.
Toutefois, lorsque le stimulus extérieur est intense ou répété, le réflexe de sursaut peut se figer, ce qui conduit la personne à vivre un état de choc plus durable tel que l'évanouissement, la perte de conscience, la syncope ou le coma. Ces états de choc varient en intensité et en durée et voilent temporairement le sens de l'orientation et la capacité de concentration de la personne.
Certains états de choc sont le résultat d'une situation physique et en tant que tel, facilement reconnaissable et facilement traité. Pourtant, lorsqu'ils sont le résultat de situations psychologiques, ils sont susceptibles de passer inaperçus et de se glisser facilement dans l'inconscient où ils deviennent plus difficiles à reconnaître et par conséquent à prendre en charge. La principale conséquence est qu'ils voilent imperceptiblement notre capacité mentale consciente.
Pour vous donner un exemple, il n'y a pas longtemps lors d’une séance individuelle, une personne me racontait comment, toute petite, elle a été souvent confrontée à la violence entre les membres de sa famille. Elle n’était pas elle-même maltraitée, elle était seulement le témoin de ces violences entre adultes, ce qui a créé en elle un fort sentiment de panique accompagné d'un état de choc profond. Comme les membres de sa famille étaient la plupart du temps occupés à se quereller entre eux, il n'y avait personne pour s'occuper d’elle, de sa panique et de son état de choc. Elle s’est retrouvée seule à faire face à ses sentiments. Son mécanisme de survie s'est mis en place et a refoulé ces sensations inconfortables dans l'inconscient afin qu'elle puisse gérer sa vie de façon ‘normale’. L’insécurité, la panique et l’état de choc étaient cependant toujours actifs en elle, mais de manière inconsciente ce qui entravait grandement son sentiment d'être ainsi que ses actions.
Ce cas semble invraisemblable, alors qu’en fait c'est une situation courante pour de nombreux enfants. Bon nombre d’enfants sont témoins de situations, dans leur famille ou à l'école, qui les choquent. Le problème est que ces états de choc restent pour la plupart non reconnus et par conséquent rarement pris en compte et soignés.
La maltraitance des enfants, sous quelque forme qu’elle se perpétue, générera également un profond état de choc. Les sentiments de honte, de colère ou même de haine seront percevables, mais pas nécessairement exprimables du fait de l'état de choc. L'état de choc agira comme un silencieux qui empêchera les sentiments d'être ouvertement exprimés.
À un degré ou à un autre, nous avons tous vécu un état de choc, pas seulement une fois, mais plusieurs fois dans notre enfance et notre vie d'adulte. Ces états de choc ont pu être légers ou très profonds. Il est important de comprendre qu'un état de choc est une peur figée avec un niveau de stress élevé. Comme toute peur, l’état de choc nous empêche d'être naturels et entrave nos facultés mentales. Tout en nous sentant bien physiquement et moralement, l’état de choc peut provoquer en nous de nombreuses perturbations comme la perte de mémoire, la perte du sens de l'orientation, des difficultés à apprendre ou à intégrer de nouveaux aspects de la vie, tout autant que le sentiment de ne pas être assez comme il faut ou pas assez performants. Ces diverses perturbations nous amènent à parfois nous sentir en insécurité dans certaines situations.
L’une des questions d’aujourd'hui est un bon exemple d'état de choc inconscient. « Je sens que je dois faire de nombreux choix dans ma vie. J'ai peur de faire des choix parce que j'ai peur d’avoir des regrets à l'avenir. Je suis également piégé par les regrets et les remords. Faire des choix et avoir des remords sont les problèmes avec lesquels je bataille. »
Nous devons faire des choix dans la vie et oui, il peut parfois être difficile de choisir ce que nous pensons être la bonne option pour nous. Nous devons réfléchir, peser le pour et le contre et décider à partir de là. Utiliser notre mental pour réfléchir et faire des choix est certainement utile, mais cela peut être contre-productif, car cela entraîne une possibilité de regrets. Les regrets sont motivés par l'insécurité. Ils sont souvent l’expression de la forme de pensée ‘J'aurais dû faire mieux ou savoir mieux’ qui se prolonge fréquemment par ‘Je ne suis pas assez bien’. Les regrets sont une peur déguisée d'être soi-même. Ils soulignent également le fait que le choix que nous avons fait n'était qu'un choix intellectuel, un choix mental. Tout notre être n'était pas impliqué dans cette prise de décision.
Lorsque nous faisons un choix spontané ou un choix de cœur, tout notre être est impliqué et nous avançons heureux, sans aucun regret, même si l'option que nous avons choisie s’avère ne pas être la plus appropriée. Le facteur important est de suivre notre cœur et d’aller avec lui, c’est uniquement cela qui apporte de la joie.
Comme je l’ai mentionné précédemment, réfléchir à différentes possibilités peut être utile et même nécessaire dans certains cas, mais ce que je perçois dans ta question, c'est que ta difficulté à faire des choix a plus à voir avec le doute, avec l’hésitation. L’hésitation est basée sur l'insécurité, sur la peur. C'est la peur d'être toi-même, la peur de tes propres choix, la peur d’affronter le monde en disant oui, je choisis cette direction. Je suis sûr que tu peux reconnaître cette insécurité qui se manifeste fortement en toi dans cette difficulté à être à l'aise pour t’exprimer devant tes parents, à être à l'aise avec tes idées et avec ta sexualité.
Ce n’est pas tant avec faire des choix et avoir des remords que tu batailles, c’est plus avec le fait de prendre une décision. Prendre des décisions, être décisif requiert une assurance, un sens de soi solide, une confiance en soi. Ors ta confiance en toi n'est pas très solide, elle est fragile et presque inexistante. C’est l’insécurité qui prédomine en toi. L'insécurité imprègne la plupart, sinon la totalité, de tes actions, de tes comportements.
Peux-tu reconnaître cela ?
Reconnaître et accepter le fait que tu es dans l’insécurité établira une base solide pour aller plus avant. D'où vient cette insécurité ? Quelles situations ai-je vécues qui m'ont fait me sentir en insécurité ? sont des questions qui peuvent t’aider à mieux prendre conscience de cette insécurité en toi.
Cela peut être en rapport avec le fait que ta mère travaillait et te laissait seule, cela peut être en rapport avec les critiques et les blâmes de ton père. Cela peut être lié à ta préférence d’être un garçon plutôt que comme la fille que tu es. Les possibilités sont nombreuses et elles se superposent au choc ou au traumatisme initial qui t’a fait te sentir en insécurité. Il peut également s'agir d'une combinaison de différentes situations. La seule façon de renouer avec la cause initiale de cet état de choc est de dévider le fil des différentes situations qui t’ont marqué et pour cela, ton seul outil est de ressentir et d'exprimer les sentiments qui sont en toi. Il te faudra passer de l’intellect au vécu du cœur.
À moins d’aller dans cette direction, tu auras toujours du mal à faire des choix et à prendre des décisions.
Pour le moment, laisse cette difficulté de côté et concentre-toi sur ton insécurité. Reconnais à quel point cette insécurité joue un rôle important dans ta vie quotidienne, dans tes études, avec tes amis ou les membres de ta famille. Prends conscience des idées et des croyances qui sont se jouent dans ton mental, identifie-les et vérifie d'où elles viennent. Si tu veux des résultats, investis-toi avec diligence et patience. La patience est nécessaire, car avec la patience il y a de l'amour, avec la patience il y a la bienveillance et rappelle-toi que, quel que soit le choix que tu fasses, quelle que soit la décision que tu prendras, elle sera la bonne pour toi. Ce sera la bonne, car elle correspondra à celle que tu es en ce moment. Et, si après un certain temps tu comprends que ce n'était pas la bonne décision, la bonne voie à suivre, accepte cela comme un apprentissage, sois compatissante envers celle que tu étais lorsque tu as fait ce choix et pris cette décision.
Lorsque nous faisons confiance à notre intuition, lorsque nous faisons confiance à notre cœur plutôt qu'à notre mental, nous ne pouvons pas nous tromper. Avoir tort n'existe pas, ce n'est qu'une idée de l’intellect qui naît de la comparaison. Lorsque nous cessons de comparer, tout ce qui se passe n'est qu'un pas en avant. Continuez à avancer sans crainte, vous ne pouvez pas vous tromper, vous ne pouvez que grandir à partir de ce pas en avant.
La peur d'être soi-même et par conséquent celle de faire un choix peut aussi se manifester comme l’écrit cette personne. « J'ai en moi ce désir de me rebeller et de détruire. Comme s'il y avait un nouveau moi prêt à sortir de mon corps. Comment puis-je faire face à cet enfant intérieur ? »
Par nécessité, nous avons appris à retenir nos impulsions, en particulier lorsqu'elles sont qualifiées de ‘négatives’ par la société, comme la rébellion et la destruction. Nous devenons obéissants. Être obéissant est un choix que nous faisons afin de nous adapter à ce que notre environnement veut que nous soyons. Ce n'est pas un choix délibéré, un choix fait en pleine conscience, mais plutôt un mécanisme de survie qui nous amène à faire des compromis dans le but de nous apporter ce que nous souhaitons. Faire des compromis semble une option plus sûre et plus susceptible de nous apporter ce que nous voulons le plus, c'est-à-dire être aimé et être accepté tel que nous sommes. Le problème est qu’en faisant des compromis, nous nous renions en bloquant ces pulsions qui, avec le temps, disparaîtront dans notre subconscient. Ces pulsions seront toujours là, mais comme anesthésiées, mises en sommeil avec comme protecteur, la honte.
Est-ce que tu reconnais ce sentiment de honte en toi ?
Ce qui n'est généralement pas compris, c'est que ces impulsions sont simplement l'expression de notre énergie vitale qui ne cherche qu’à se manifester, à être vivante et à s'épanouir. Ces impulsions de rébellion et de destruction ne sont pas mauvaises ni malsaines, elles sont une expression, certes un peu déformée, de notre énergie vitale, mais certainement pas mauvaises en tant que telles. C'est la société, à travers l'éducation parentale, qui les qualifie de mauvaises, notamment parce qu’elles portent en elles une force qui s’oppose à l'autorité établie. La société condamne ces impulsions sur une base individuelle, mais elle les utilise pour conquérir et faire la guerre, pour combattre des idées politiques au nom de certains idéaux. Curieuse contradiction !
Il est essentiel de comprendre ce qui nous amène à nous rebeller.
La rébellion prend ses racines dans l'injustice. Nous percevons que ce que l’on nous fait, comment nous sommes traités, ne nous semble pas juste et par conséquent nous nous rebellons. C'est une réaction naturelle et saine. C’est une manifestation de notre force vitale, de notre énergie vitale. C'est un ‘non’ à la manière dont les autres nous traitent, que ce soit physiquement ou psychologiquement.
Nous ne les voyons généralement pas comme telles, mais les maladies sont aussi une forme de rébellion. L’on tombe malade parce qu’inconsciemment l’on ne veut pas faire face à une certaine situation et lorsque l’on est malade, le corps s’engage à son tour dans une lutte contre la maladie.
Se rebeller est une lutte pour la survie, et si nous n'avions pas cette réaction de rébellion, nous deviendrions des béni-oui-oui, des esclaves obéissants, sans aucune résilience, sans aucune force morale. Nous ne vivrions pas la vie, nous la supporterions. Aussi, c’est une bonne chose que ce désir monte en toi, tu l'as laissé trop longtemps dans l'ombre. Rebelle-toi activement !
Comprends que tu n'as pas osé te rebeller ouvertement parce que tu n’avais pas confiance en toi, tu n’avais pas confiance en ta capacité à être toi-même. Tu avais peur d'être blâmée, humiliée, rejetée ou abandonnée psychologiquement. En surface, tu ne t’es pas rebellée, mais au fond de ton cœur, tu n'as pas cessé de te rebeller depuis les premiers jours. Ta rébellion était intérieure, sous couvert, ce n'était pas une rébellion ouverte. De peur d'être rejetée, tu n'as pas osé manifester ouvertement cette énergie de rébellion, mais elle était là et je suis sûr que tu peux reconnaître les moyens que tu utilisais et que tu utilises encore à ce jour pour te rebeller.
Il peut s'agir d'indifférence, de froideur, de mépris, de ressentiment ou de colère froide. Vois ce qui résonne pour toi.
La destruction est aussi une réaction naturelle et saine. C'est une composante de la rébellion, un mécanisme de survie profondément enraciné et actif dans notre corps en cas de menace virale par exemple.
Pourtant, la douleur souvent insupportable qui se manifeste lorsque nous sentons menacés, humiliés ou ébranlés dans notre identité ne nous laisse d'autre choix que de détourner cette douleur en utilisant la colère comme riposte pour détruire la source de la douleur. La colère est alors portée à son paroxysme et devient destructrice. Elle se transforme en une énergie meurtrière souvent accompagnée d'un désir de faire mal. Elle se transforme en un mécanisme de vengeance où la victime devient le tyran.
Je suis convaincu que chacun d’entre vous a eu l'occasion d'observer ce mécanisme à l'œuvre en vous. Vous ne voudrez peut-être pas l'admettre ouvertement parce que vous auriez honte, mais je suis sûr que secrètement dans votre cœur, vous pouvez le reconnaître.
C’est entre les mains de chacun de ne pas suivre cette voie qui consiste à rejeter la faute sur l’autre et de transformer cette énergie potentiellement destructrice en une énergie positive. Nous pouvons exprimer cette énergie brute en tapant sur un coussin ou en déchirant un morceau de tissu ou de papier. Nous pouvons également utiliser la peinture, l'écriture, la danse, la boxe ou tout autre art martial pour canaliser cette énergie en une poussée positive. Ce qui est important, c'est d’engager le corps dans ces actions, car lorsque nous engageons le corps, notre force vitale est stimulée. Et lorsque notre force vitale s’établit de manière constructive, quelque chose peut être réalisé parce que nous entrons dans notre intégrité, dans notre vérité. L’on entre dans ‘je suis là’, ‘c'est moi’, ‘j'existe’.
Laisses ce nouveau ‘moi’ comme tu l’appelle, prendre tout l'espace dont il a besoin, permet à ce désir de te rebeller et de détruire de se matérialiser sous n'importe quelle forme qui te convient. Cela t’amènera à une pleine acceptation de toi-même, cela te conduira vers la liberté, la liberté d'être toi-même. Sois sans crainte, tu ne pourras bénéficier de ces désirs qu'à condition de les canaliser dans la bonne direction.
Faire un choix, prendre une décision peut être déchirant lorsque nous sommes en état de choc.
« J'ai grandi dans la maison de mes grands-parents. Mes grands-parents avaient 8 enfants, il y avait tous les jours des querelles et des bagarres à la maison. J'étais la plus ignorée et la moins importante. Je ne pouvais pas ressentir de l'amour, mais seulement me sentir jugée. Je me suis mariée et j'ai eu un enfant, mais je ne veux aucun contact avec les membres de ma famille d'origine, car j'ai peur qu'ils ne perturbent ma vie paisible et heureuse. Je ne veux pas non plus être sollicitée ni commandée. Si je coupais la connexion avec eux, je pense que je me sentirais moi aussi blessée. Je vis dans la peur, la peur d'être blessée par les membres de ma famille, je veux qu'ils meurent tous. »
Ta question est très similaire au cas que je mentionnais au début, elle est un bon exemple de la façon dont un état de choc peut entraver notre prise de décision. Vivre dans un environnement tel que tu le décris ne peut que te mettre dans un état de choc permanent, c'est pourquoi tu ne sais pas quelle direction prendre et hésites entre connexion et rejet.
Ce flottement est tout à fait compréhensible compte tenu de l'environnement dans lequel tu as grandi et il ne faut pas le prendre à la légère. Au contraire, fais qu’il devienne la base sur laquelle tu pourras sortir de cette indécision qui caractérise ton attitude actuelle.
Un ‘oui’ à être dans cet état de choc est nécessaire.
Tu es à la croisée des chemins et tes deux options, être en contact ou couper les ponts semble préfigurer de nouvelles peines. D'un côté, tu aimerais avoir un lien avec ta famille d'origine simplement parce que c'est ta famille d'origine et en tant que telle, tu as avez un lien fort avec elle. De l'autre, tu crains d'être à nouveau blessé par leurs demandes potentielles et leurs attitudes exigeantes. Il est tout à fait compréhensible que tu te sentes coincée entre ces deux possibilités.
Pour sortir de cet immobilisme, tu devras commencer à reconnaître à quel point tu as été blessée en étant ignorée et, par conséquent, exprimer ta colère envers les membres de ta famille d'origine. La douleur et le rejet semblent si profonds que tu ne mentionnes même pas que les membres de ta famille sont en fait tes parents. La haine est si forte que tu veux qu'ils meurent.
Trouve les moyens sécurisés pour exprimer cette haine, cette colère qui siège au fond de ton cœur. Tu as le droit d'être en colère, tu n'as pas reçu l’attention et l'amour auquel tu avais droit. Qui plus est, l’on t'a, semble-t-il, ignorée. En ce cas, il doit y avoir en toi un sentiment d’indignité qui doit très certainement imprégner tes comportements, même si tu dis que vous a une vie paisible et heureuse.
J'ai l'impression que sous cette apparente vie paisible et heureuse, il y a une tigresse prête à bondir. Laisse cette tigresse prendre vie. Comme je l'ai mentionné pour la question précédente, donne de l'espace à la rebelle en toi. Trouve les moyens d'exprimer consciemment cette énergie destructrice sans blesser personne, pas même toi-même.
À moins que tu ne fasses cela de tout ton cœur, tu ne seras jamais vraiment en paix. Ta vie paisible et heureuse actuelle est tout simplement superficielle.
Tu dis que ‘tu vis dans la peur, la peur d'être blessée par les membres de ma famille’.
Cette peur n'est pas réelle, ce n'est qu’une peur projetée, basée sur ton expérience passée d'être maltraité. Le problème est que cette peur te maintient dans un rôle de ‘victime’, où tu restes impuissante, incapable d'agir, incapable de décider et incapable de dire ‘non’ lorsque l’on te demande ou lorsque l’on te commande.
La peur te fait vivre ta relation avec les membres de ta famille du point de vue de l'enfant et de l'adolescent que tu as été. Et de ce point de vue, la prise de décision est bien sûr difficile, voire impossible.
Elle est impossible, car derrière la peur il y a une petite fille qui s'accroche à un profond désir d'être acceptée et aimée par les membres de sa famille d'origine. Essaie de reconnaître qu’il en est ainsi et reconnais aussi le fait que tu n’es plus cette petite fille, que tu es une adulte et qu'en tant que telle, tu as le pouvoir de discriminer et de dire ‘oui’ ou ‘non’ selon la situation.
Une fois que tu auras clairement vu et reconnu ce point, un changement se produira immédiatement en toi, tu retrouveras ta propre force et une confiance en toi.
Pour dissiper la peur imaginaire d'être blessée qui t’aveugle et voile ta force vitale, tu devras prendre soin de cette petite fille au cœur douloureux en reconnaissant et en exprimant les différents sentiments qui y sont stockés depuis de nombreuses années.
Pour l'instant, laisse de côté la prise de décision et reconnais simplement où tu en es et quels sont les sentiments en jeu en toi et surtout, demande-toi ce que tu veux vraiment. Laisse la réponse venir de ton cœur, nul besoin d'impliquer le mental, cela ne t’amènera qu’à plus de confusion. Il est possible que ton cœur prenne un certain temps pour laisser monter une réponse, aussi, soit patiente et attentionnée. Vas-y doucement, et trouve en même temps des moyens sûrs pour exprimer tes sentiments, pas directement aux membres de votre famille, mais par toi-même ou avec l'aide d'une personne neutre.
Il est important de faire cela si tu veux retrouver confiance en toi et joie de vivre.
Avant de terminer cet exposé, j'aimerais partager avec vous quelque chose sur le fait d'être en état de choc. Samedi dernier, c'était le jour de Noël et mon intention était de passer une journée tranquille, en ayant du temps libre à la maison. Mais j'ai ouvert ma boîte mail et j'ai trouvé un document avec vos toutes dernières questions. En le lisant, je me suis tout de suite senti submergé par toutes ces questions. Il y avait trop de questions et ce n'était certainement pas le cadeau de Noël auquel je m'attendais. En lisant vos questions, j'ai pris conscience que j'étais en état de choc. Mon mental ne fonctionnait plus, une part de moi voulait s'évanouir, disparaître, mon énergie s’était liquéfiée. Je me sentais tout d’un coup épuisé et la seule chose sensée à faire pour moi était de m’éloigner de l'ordinateur, de faire une pause. Ce que j'ai fait en m'allongeant jusqu'à ce que l'état de choc se dissolve de lui-même, ce qui s'est finalement produit après un certain temps.
Un état de choc peut survenir à tout moment et la seule chose à faire, une fois que l’on a reconnu être en état de choc, est de donner à notre système neurovégétatif et à notre corps le temps et l'espace dont il a besoin pour traiter cet état de choc.
Souvenez-vous simplement de cela lorsque vous prenez conscience d’un état de choc.
Bien, arrêtons-nous ici pour aujourd'hui. Trouvez des moyens d'écouter ou de relire cet exposé, je suis sûr que cela peut vous aider à mieux comprendre où vous en êtes. Pour notre prochaine réunion, je parlerai de la peur d’être en mode de survie et comment cette peur peut entraver nos vies.
Au revoir et merci à tous pour votre écoute attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_27-Décembre-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Peur d’être soi-même.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Le fil conducteur de vos différentes questions cette fois-ci est la Peur et plus précisément la Peur d'être soi-même, la Peur de faire des choix, la Peur d’être en mode de survie et la Peur de mourir.
Dans cet esprit, j'ai organisé nos quatre réunions à venir autour de ces différents thèmes et prendrai en compte vos questions en conséquence.
Pour ceux d'entre vous qui ont participé aux ateliers sur l’Enfant Intérieur, vous vous souvenez peut-être que dans ces ateliers, je propose quelques exercices pour reconnaître et vivre la peur, puisque la peur a joué un rôle important durant l'enfance et a souvent laissé des empreintes visibles ou parfois plus dissimulées dans notre psychisme. Vos diverses questions sont une claire évidence que ces empreintes invisibles de peur entravent votre vie quotidienne.
Compte tenu de cela, je souhaite commencer notre réunion d’aujourd'hui avec quelques mots sur la peur. Nous avons tous connu la peur à un moment donné de notre vie et probablement plus encore pendant notre enfance, mais qu'est-ce que la Peur exactement ? Comment se manifeste-t-elle et comment y faire face lorsqu'elle se présente à nous ?
La peur est simplement une réponse naturelle et saine de notre système neurovégétatif pour nous aider à faire face et affronter des situations inconnues et potentiellement dangereuses. Le déclencheur universel de la peur est la menace de nuire à notre bien-être physique, émotionnel ou psychologique. Cette menace peut être réelle ou imaginaire, ainsi la peur peut être divisée en deux catégories principales.
• La peur immédiate, réelle.
La peur réelle est liée à un danger immédiat qui appelle une réponse rapide.
Quelques exemples. Vous traversez la route et une voiture arrive, ou vous êtes à la campagne et tout à coup un chien vient vers vous en aboyant férocement. C'est la nuit, vous marchez seul sur une route sombre et déserte et un étranger vient vers vous. Vous êtes dans un train ou un bus et une personne en colère menace tout le monde.
Toutes ces situations déclencheront de la peur en vous et appelleront une réponse. Soit Faire Face, soit Fuir ou se Figer. Cette réponse de fuite, de faire face ou de se figer, est commune à toutes les espèces, c'est notre mécanisme de protection. Avec la réponse fuir ou faire face, notre système neurovégétatif sait intuitivement que nous avons une chance d’échapper au danger, il enverra donc les signaux appropriés pour que nous nous déplacions dans la meilleure direction possible. Soit nous utiliserons l'énergie de la colère pour affronter la situation, soit nous courrons vers la sécurité si nous sentons que nous ne pouvons pas gérer la situation.
Lorsque, pour une raison quelconque, la situation est trop pesante pour notre système neurovégétatif, sa réponse sera de se Figer. Cette pétrification implique que le corps et le mental se contractent et se figent pour échapper à la réalité qui est là. La paralysie, l'évanouissement et le coma sont les réactions corporelles les plus courantes. Avoir un blanc, se déconnecter ou se dissocier sont les réactions possibles sur le plan psychologique.
Ces réponses sont simples, immédiates et innées à notre système neurovégétatif, nous n'avons aucun contrôle sur ces réponses.
Je dois toutefois ajouter qu'avant même que la peur ne surgisse, ce que nous ressentons est un effet de surprise, généralement connu sous le nom de ‘réflexe de sursaut’. Cet effet de surprise est un réflexe instinctif qui met notre système neurovégétatif en alerte et prépare notre corps à répondre au mieux à la menace.
Une fois notre réponse donnée, que ce soit faire face, fuir ou ne rien faire, toutes les énergies qui ont été concentrées pour répondre, fuir ou se figer, se relâchent instantanément et l’on revient à un état de détente.
C'est la séquence de réponses que notre système neurovégétatif génère face à toute situation ressentie comme menaçante. Surprise et Peur atteignent leur paroxysme, une réponse est donnée, leur intensité s'atténue pour finalement nous quitter. En tant que mécanisme de protection, Surprise et Peur sont nos bons amis, nos garde-fous et nous pouvons être reconnaissants d'avoir ce mécanisme de protection à notre disposition.
Le problème avec le réflexe de sursaut, qui est par nature transitoire et de courte durée, est qu'il peut parfois se transformer en une réponse d’immobilité plus durable, c’est l’État de Choc. Comprendre cet État de Choc et ses effets est important. J'en parlerai plus longuement lors de notre prochaine réunion.
Lorsqu'une situation est ressentie comme menaçante, ce qui est souvent le cas chez les enfants puisque leur système neurovégétatif n'a pas encore atteint sa pleine maturité, le système neurovégétatif n'est pas en mesure de répondre de façon efficace, il se fige dans un état de choc, ce qui va laisser une trace dans le système neurovégétatif. Cette trace se transforme en peur psychologique dans le sens où elle va inconsciemment influencer notre état mental et émotionnel.
Lorsque cela se produit, la peur n'est plus quelque chose d’immédiat et de réel, elle devient une projection mentale et émotionnelle dans le futur. La peur devient psychologique.
→ La peur psychologique
La peur psychologique est une peur imaginaire, elle n'a aucune réalité immédiate. C'est la trace résiduelle d'une expérience de peur passée. Par exemple, lorsqu'un jeune enfant est régulièrement confronté à un parent ou à un enseignant violent ou abusif, il aura instinctivement peur des personnes autoritaires ou celles qui ont une position hiérarchique, même si elles ne lui veulent aucun mal. La peur subconsciente de l'autorité est probablement la peur psychologique la plus courante chez de nombreuses personnes.
Voyez si cela est vrai pour vous.
La peur a une large gamme d'intensité.
Elle va de la frayeur à la l’épouvante, de l’horreur à la terreur, de la panique à l’affolement, de l'anxiété à la nervosité ou à l'agitation sous sa forme plus légère. Lorsque les gens participent à une séance individuelle, ils montrent souvent une certaine agitation au début. C'est le signe qu’ils sont sur le point de faire face à quelque chose qui leur pose problème. Cela peut être quelque chose de simple dont ils ont honte de parler, cela peut être une sensation ou un sentiment qu’ils redoutent d'affronter.
Les symptômes physiques qui accompagnent ces différentes formes de peur varient également en intensité. Ils ont cependant tous des attributs communs tels que la dilatation des yeux, une voix qui passe dans les aiguës, un essoufflement, des sueurs froides, des tremblements et des muscles contractés.
Les symptômes mentaux associés vont de la confusion à un vide mental, de la perte de repères (ou du sens de l'orientation) à la déconnexion. La déconnexion des sensations ou des sentiments, tout comme la fuite dans l’imaginaire, sont des signes de déconnexion fréquemment observés.
Prendre soin de la peur immédiate, réelle est assez facile et ne nécessite pas beaucoup de savoir-faire, c'est instinctif. Nous devons simplement laisser notre système neurovégétatif faire son travail et après un certain temps, le retour à un fonctionnement normal a lieu.
Prendre soin de la peur émotionnelle ou psychologique n'est pas aussi simple et nécessite beaucoup de courage, de confiance et de détermination, car la peur psychologique est multicouche et est souvent profondément enracinée dans notre inconscient, là où nous n'avons pas accès. C'est pourtant ce format multicouche qui peut nous aider à patiemment dévoiler puis à dissoudre nos peurs les plus profondes.
La peur psychologique est faite de de sensations physiques de différentes profondeurs, elle possède un large éventail de sentiments (culpabilité, honte, désespoir, insécurité), et s’organise en une multitude de formes de pensée (indigne, pas assez bon) et de modèles de comportement (agréable, manipulant, contrôlant).
Toutes ces sensations, tous ces sentiments inconfortables à vivre vont générer de la peur. La peur de contacter et de faire face à ces sensations et/ou sentiments difficiles à vivre avec, en toile de fond, la peur de rencontrer la peur originelle. Ce qui peut se traduire par : ‘J'ai peur d'avoir peur’ ou ‘J'ai peur de rencontrer mes peurs’ ou plus précisément, ‘J'ai peur de ressentir ces sensations et ces sentiments inconfortables’, ce qui veut dire que ce n'est pas tellement la peur originelle que nous avons peur de rencontrer, mais plutôt les sensations et les sentiments inconfortables que cette peur génère.
Est-ce que cela correspond à votre propre expérience ?
Reconnaissez-vous en vous cette peur de rencontrer les sensations et/ou les sentiments inconfortables que la peur originelle génère ? Cette insécurité latente qui imprègne vos actions ?
Si oui, alors nous avons un point de départ. C’est le fil conducteur que nous pouvons utiliser pour nous emmener doucement vers la dissolution de la peur originelle.
Faire face à la peur imaginaire
Pour illustrer ce concept à plusieurs niveaux, je vais utiliser l'une de vos questions pour dévoiler et mettre en évidence la peur originelle qui se cache derrière des idées, des croyances ou des sentiments. Cette peur, la peur d’être soi-même, est en fait une peur commune à de nombreuses personnes.
Voici la question. « J'ai peur d'être différente des autres, pas assez bien à leurs yeux, pourtant je veux être comme les autres et je ne veux pas être exclue. Je ne sais pas comment affronter cette peur en moi. »
Votre peur d'être différente des autres montre qu'à un moment donné de votre vie, vous avez été comparée à d’autres. Peut-être à un frère ou à une sœur, peut-être à un camarade de classe, peut-être même à un parent qui se vantait d’être brillant à votre âge. À entendre ces comparaisons, l'humiliation et la honte s'installent avec l'envie de prouver que l'on n'est pas ce qu'on dit ou au contraire, avec un sentiment d'abandon, d'impuissance face à des attentes aussi fortes. Les deux attitudes sont probablement à l'œuvre en vous. Parfois vouloir prouver et parfois abandonner, vous sentir impuissante.
Ces deux attitudes, prouver ou abandonner semblent être actives lorsque vous écrivez « Je ne sais pas comment affronter cette peur en moi ».
Puisque vous avez peur d’être différente des autres et de ne pas être assez bien à leurs yeux, il se peut qu’il y ait en vous le désir de prouver que vous êtes assez bien en voulant affronter la peur en vous. Affronter la peur prouverait aux autres que vous pouvez vous débrouiller, que vous êtes assez bien.
Y a-t-il un tel désir en vous ? Vérifiez si cela vous parle ou non.
Si c'est le cas, alors ce n'est pas votre peur qui vous préoccupe, mais plutôt l'image de vous que vous montrez aux autres. Cela devient une tentative détournée de présenter une bonne image de vous, ce qui laisse votre peur active en arrière-plan.
Ne pas savoir comment confronter votre peur montre aussi, et c'est important, que vous êtes anxieuse et hésitante à affronter les manifestations de la peur en vous. Vous êtes perdue, impuissante, ne sachant pas quoi faire et peut-être même désespérée et sans espoir. Cet aspect vous est-il plus familier ?
Mon sentiment est que ces deux attitudes sont actives en vous et que ce n'est pas vraiment le désir d'affronter votre peur qui sous-tend votre question, mais plutôt un désir de vous sentir en sécurité puisque l'insécurité est devenue votre comportement de base. Les différentes questions que vous soulevez depuis le mois de mars vont toutes dans ce sens.
La peur apporte l'insécurité et l'insécurité apporte un large éventail de sentiments, mais à moins que nous ne nous autorisions à nous sentir en insécurité, nous ne pourrons pas dissoudre la peur originelle en nous.
Vous ne savez pas comment affronter cette peur d'être différente des autres et par conséquent la possibilité d'être exclue. Bien, c'est par là que vous devez commencer. Cette ignorance fera monter des sentiments différents, mais le plus important est le sentiment d'insécurité. Permettez-vous d'être et de ne pas vous sentir en sécurité, ce faisant, des souvenirs ou des images apparaîtront. Peut-être une petite fille que l’on comparait souvent aux autres, et qui avait peur d'être rejetée et surtout qui voulait tant être acceptée et aimée par maman ou papa.
Voyez cette petite fille que vous étiez, si hésitante, si fragile et surtout tellement incomprise pour ce qu'elle est et veut. Ayez de la compassion pour cette petite fille que vous étiez, elle a traversé une période difficile, pas vraiment encouragée, incomprise et surtout pas vu pour qui elle était puisque la comparaison avec les autres était la norme. Elle a dû avoir cette pensée, ‘Je ne répondrai jamais à leurs attentes’ avec la peur de ne pas être aimée, d'être rejetée parce qu'elle n'est pas ‘assez bien’. Être indigne est probablement l'une de vos croyances.
Mais surtout, il semble que pour des raisons inconnues, cette petite fille ne pouvait pas se rebeller, ne pouvait pas dire non, ne pouvait pas exprimer sa colère et sa frustration d'être traitée comme elle était traitée. Le souvenir de vos questions précédentes me permet de dire que votre peur n'est pas tant la peur d'être différente et d'être exclue, mais plutôt la peur d'être vous-même.
Cela fait-il sens pour vous ? Pouvez-vous comprendre cette peur d'être vous-même ?
Pouvez-vous reconnaître comment cette peur joue un rôle actif en vous ?
Alors la question pour vous n'est pas tant de savoir comment affronter cette peur d'être différente ou exclue, mais plutôt comment puis-je être moi-même ?
Et la réponse à cette question est simple, permettez-vous de vous exprimer, de dire non lorsque c'est nécessaire, d'être en colère, d'être triste, de ne pas savoir. Autorisez-vous à exprimer vos sentiments, vos idées, vos envies. L’on vous a empêché d'être vous-même, il est maintenant temps de vous dire Oui. Osez être différente, vous êtes un être unique, alors laissez cette unicité se manifester. Ouvrez la porte de votre cœur. Arrêtez de vous cacher, arrêtez de vous faire petite, arrêtez de faire semblant et vous découvrirez bientôt que vos peurs auront disparu. Un Oui à vous, à qui vous êtes, à ce que vous êtes est le seul pas nécessaire.
Soyez vous-même et tout ira bien.
La Peur d'être soi-même peut se manifester de différentes manières et la question suivante montre une autre facette de cette peur.
« Je me compare aux autres et je sens que je me soucie de l'opinion des autres à mon égard. Je me soucie aussi des gains et des pertes et je recherche la gloire et la fortune, pourtant je me sens profondément frustré. Comment puis-je surmonter ce manque d'estime de moi-même ? »
Ce n'est pas que vous manquez de valeur, c'est seulement que vous croyez que vous n'avez aucune valeur personnelle. C'est une croyance que vous avez adoptée. Vous êtes estimable tel que vous êtes. Votre manque apparent d'estime de soi vous a été transmis par l'un de vos parents, peut-être même par les deux. Cette croyance n'est donc pas la vôtre, elle provient uniquement de l’idée que vos parents avaient de vous et vous avez l’intégrée et faite vôtre. Vous croyez maintenant que vous n'êtes pas assez respectable tel que vous êtes. C’est cette croyance qui vous amène à vous comparer aux autres et à rechercher la gloire et la richesse.
En tant qu'enfant et adolescent, vous n’avez pas été accepté tel que vous étiez, par conséquent, c'est l'acceptation que vous recherchez à travers le regard des autres ou à travers la poursuite de la gloire et de la fortune.
Lorsque nous sommes acceptés, nous nous sentons aussi aimés. L'acceptation et l'amour vont de pair. C'est ce manque d'acceptation dont vous avez souffert pendant votre enfance et votre adolescence qui vous a amené à croire que vous n'avez aucune valeur. Par votre comportement, par vos actes, vous essayez de prouver que vous avez de la valeur et que vous pouvez donc être accepté et aimé. Cela doit vous demander beaucoup d'efforts, et je peux comprendre votre frustration puisque ce que vous voulez le plus (être accepté et aimé) reste voilé, invisible.
Vous prenez votre manque d'estime de soi pour acquis, pour quelque chose de réel alors que ce n'est pas une réalité, mais une croyance. Il n'y a rien que vous ayez besoin de surmonter, car surmonter nécessite des efforts. Tout ce que vous avez à faire est de sortir de cette croyance et pour cela aucun effort n'est nécessaire. La simple reconnaissance de vous-même tel que vous êtes suffi. Un oui à vous-même, tel que vous êtes, avec vos qualités et vos défauts.
Vous avez si souvent entendu que vous n'étiez pas comme il faut que vous avez perdu le contact avec votre être réel. La peur qui s'est installée en vous est la peur d'être vous-même. Votre expérience passée est que si vous êtes vous-même, si vous osez exprimer vos sentiments ou vos pensées, vous ne serez pas accepté, vous ne serez pas aimé et c'est déchirant. Cela vous déchire le cœur et cette douleur est presque insupportable.
La reconnaissance que vous êtes comme vous êtes est une acceptation qui apportera la paix à votre cœur et à votre esprit.
Oubliez d'essayer de surmonter votre soi-disant manque d'estime de soi et voyez l'évidence, vous êtes comme vous êtes et c'est très bien. L'acceptation est la clé.
La peur d'être soi-même peut également se manifester comme cette participante le formule. « J'ai tellement envie d'être câlinée de façon attentive, douce et aimante, mais je ne peux pas répondre à ce besoin par l'extérieur. Personne ne peut comprendre ou satisfaire ce simple besoin de vouloir être câliné. Que puis-je faire ? »
Mettre l'attention et la responsabilité sur l'extérieur pour que nos besoins soient satisfaits vient de la peur d'être soi-même. La peur d'exprimer nos besoins et nos désirs. Je peux comprendre que vous vouliez être câlinée de façon douce et affectueuse puisque c’est un de nos besoins fondamentaux, tout comme être traité avec respect. Il est naturel pour un enfant d’être dans ce besoin, d’avoir ce désir, son bien-être en dépend.
Mais vous n'êtes plus un enfant, vous êtes une adulte, et vous pouvez exprimer vos besoins, vos désirs, vos frustrations. Vous pouvez également vous interroger sur leur origine, sur leur source. Il se peut très bien que les personnes qui vous entourent ne comprennent pas votre besoin ou ne sachent pas comment y répondre lorsque vous demandez à être câlinée de façon douce et attentive. Pourtant, les blâmer subtilement en généralisant que personne ne peut vous comprendre ne vous mènera nulle part ailleurs que dans la frustration et la colère.
En tant qu'adulte, vous pouvez réfléchir à ce qui vous fait tant désirer cette attention bienveillante. Ce que vous allez découvrir, c'est à quel point vous vous sentez dans l’insécurité sans cette attention bienveillante. C'est le sentiment d'insécurité qui maintient la dynamique de votre besoin. Le sentiment d’insécurité agit comme une base sur laquelle votre besoin se manifeste. C'est cette insécurité et ce besoin de sécurité qui vous empêchent d'être vous-même.
Votre besoin n'est pas vraiment d'être câlinée de manière bienveillante, votre besoin est de vous sentir en sécurité. Si vous étiez câlinée de façon attentionnée, vous vous sentiriez satisfaite et surtout en sécurité.
Vous demandez « Que puis-je faire ? »
Ce que vous pouvez faire, c'est de reconnaître à quel point vous êtes en insécurité dans les différentes situations que vous rencontrez dans votre vie et avoir un oui pour celle, en vous, qui se sent en insécurité. Vous permettre d'être avec ce sentiment d'insécurité dissipera doucement et sûrement la peur d'être vous-même puisque la réalité est que vous ne vous sentez pas en sécurité.
Rassemblez votre courage pour faire face à celle qui, en vous, se sent dans l’insécurisé, ce faisant vous contacterez la force qui se cache derrière cette insécurité.
Nous avons souvent peur d'être nous-mêmes parce que nous craignons d'être rejetés, exclus ou abandonnés. Nous voulons tellement être aimés et acceptés que nous sommes prêts à abandonner celui que nous sommes vraiment au profit de ce que les autres veulent que nous soyons. C'est un marché de dupes. Nous avons également peur d'être nous-mêmes parce que nous redoutons de ressentir notre cœur accablé.
Le remède est simple, Reconnaître, Accepter et Exprimer. L'acceptation est la clé.
Avec cet exposé et les réponses apportées à vos questions, j'espère que vous avez compris qu’être soi-même est une priorité. Ne vous contentez cependant pas de croire ce que je dis. Mes mots ne font que montrer la voie. Vous devrez questionner, vérifier par vous-même et faire vos propres expériences afin de découvrir votre réalité. Ce sera votre propre reconnaissance, et non celle d'un autre, qui vous libérera de vos peurs et de vos comportements inconfortables.
Je ne suis là que pour vous accompagner dans la découverte de votre réalité intérieure, pas pour nourrir votre mental d’idées ou de concepts.
Bien, merci à tous pour votre écoute attentive. Lors de notre prochaine réunion, je parlerai de l'état de choc et de la façon dont il peut entraver nos vies. Je répondrai également aux questions que vous avez posées.
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Rakendra
Hangzhou_20-Décembre-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Peur et la Protection.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d’aujourd'hui porte sur la peur et la protection
« J'ai peur d'être blessé et je ressens le besoin de me protéger. J'aimerais arrêter d'avoir peur et d'être constamment en mode protection, mais je me sens perdu avec cela et je ne sais pas ce que je dois regarder pour pouvoir sortir de ce mécanisme de peur et de protection. Pouvez-vous m'aider à sortir de ce mécanisme de peur et de protection ? »
Le besoin de se protéger fait partie de notre mécanisme naturel de survie et en tant que tel il a tout à fait sa place. Pourtant, lorsque ce besoin est motivé par la peur, il devient une contrainte et génère plus de problèmes qu’il ne peut apporter de contentement. Il nous laisse dans un état d'insécurité permanent avec sa charge d'inquiétude et d'anxiété. Nous devenons anxieux et, d'une certaine manière, handicapés psychologiquement.
Comme je l’ai mentionné à de nombreuses reprises, la première chose à faire est de dire ‘oui’ à ce mécanisme de peur et de protection. ‘Oui, j'ai peur et par conséquent je me protège’. Cette acceptation est nécessaire pour pouvoir aller plus loin.
Je peux comprendre que vous voudriez arrêter d’avoir peur et arrêter d'être constamment en mode protection, mais ce désir n'est qu'un désir mental, car si vous pouviez arrêter cela, vous l'auriez déjà arrêté. N'est-ce pas ?
Le fait est que vous ne pouvez pas l'arrêter et que vous vous sentez perdu et que vous ne savez pas quoi faire ni quelle direction prendre pour que ce comportement cesse. En plus de vous sentir perdu et désespéré, il est probable qu’un sentiment de culpabilité, voire de honte pour être désarmé ou impuissant face à cette situation soit également présent.
La seule attitude possible à avoir face à cela est d’accepter. Acceptez que vous ne pouvez pas mettre fin à ce mode de comportement, acceptez que vous n'ayez aucun contrôle sur lui, acceptez que ce comportement vous gouverne, vous dirige.
Acceptez, ‘Oui, je ne sais pas quoi faire, oui je suis perdu avec ça’. Cette acceptation apportera automatiquement une relaxation et avec elle la possibilité de regarder avec une conscience plus aiguë cette question.
La peur peut être une alliée puissante, mais elle peut aussi être notre pire ennemie. Cela dépend principalement de notre relation avec la peur et comment nous la gérons. Une chose à retenir est que sans cette faculté de ressentir la peur, nous ne pourrions pas survivre. La peur fait partie intégrante de notre mécanisme de survie. Non seulement pour nous, les humains, mais aussi pour tous les êtres vivants. La peur nous aide à survivre face à de potentiels dangers, cela fait d’elle un mécanisme utile et essentiel.
Le mécanisme de la peur est simple. Lorsqu'il y a une menace potentielle, notre système neurovégétatif réagit en créant une poussée d’adrénaline dans le corps qui provoque une réaction d’affrontement ou de fuite. Soit, nous faisons face au danger, soit nous le fuyons et une fois l'une ou l'autre action effectuées, notre système neurovégétatif se détend et notre corps retrouve un rythme normal. Étant donné que la peur est un profond et vital mécanisme de survie, il est heureux que nous n'ayons aucun contrôle sur elle. En ce sens, la peur est notre puissante alliée dans la vie.
La peur peut cependant devenir un ennemi redoutable lorsqu'elle ne nous quitte pas et se maintient en nous, empêchant ainsi notre système neurovégétatif de revenir à un état d’équilibre. Cela peut se produire lorsqu'une peur est trop pressante ou, et c'est souvent le cas, lorsqu'une source de menace se présente régulièrement à nous. Un enfant qui est fréquemment critiqué, blâmé ou battu aura tendance à se figer dans son ouverture et dans ses réponses. Mais puisqu’il doit vivre sa vie, il aura inconsciemment tendance à surmonter sa peur en adoptant des comportements de contrôle.
Lorsque nous essayons de repousser la peur et de nous abstenir de la regarder en face, nous avons tendance à adopter un des deux schémas de comportement suivant. Soit nous prenons le rôle de victime impuissante, soit au contraire celui de ferme contrôleur.
Dans les deux cas, l'anxiété prend le dessus. L'anxiété est le côté toxique de la peur, c'est la peur à l'envers dans le sens où l'anxiété est l'anticipation de la peur. Le danger n'est pas encore là mais on imagine qu'il pourrait venir. La plupart des gens sont empêtrés dans l’anxiété parce que leur expérience d’enfant a été basée sur la peur et ils ne pouvaient ni fuir ni faire face. Ils n’avaient d’autre choix que d’encaisser les coups. Ces coups pouvaient être physiques lorsque l’enfant était battu ou psychologiques lorsqu'il était critiqué, blâmé ou humilié. C'est l’imprévisibilité des parents qui a créé l'anxiété chez l'enfant. Il est fort possible que cette peur d'être blessée que vous éprouvez provienne de votre environnement d'enfance.
Lorsque la peur devient incontrôlable, elle peut également se transformer en diverses phobies et la phobie peut devenir si intense que ceux qui en sont sujets peuvent perdre tout sens de la réalité et se retrouver dans un comportement de panique incontrôlable. Ce qui peut conduire à toute sorte de comportements obsessionnels pouvant même aller jusqu’à la paranoïa.
Plus généralement, et de tout temps, la peur a été utilisée comme un instrument de contrôle sur les personnes. La peur du châtiment a gouverné une grande majorité de civilisations et elle l’est toujours. La religion est en grande partie basée sur la peur. La peur est aussi devenue un élément d'éducation imposé aux enfants dès la petite enfance. ‘Si tu ne te comportes pas bien, maman ne t'aimera plus’. C’est probablement la phrase la plus couramment utilisée par les parents du monde entier pour obliger leur enfant à se comporter comme ils le voudraient. Cela ne laisse à l'enfant d'autre choix que de devenir une marionnette obéissante, faisant tout pour être aimé et craignant ce qui pourrait lui arriver s'il ne se comportait pas comme il le devrait.
Faire face à la peur n'est pas une chose facile car elle peut avoir un large éventail d'effets et être profondément ancrée dans notre psychisme. Par le fait que ses racines sont spécifiques à chaque personne, il est plus facile de l’aborder sur une base individuelle. Il existe cependant des exercices simples que chacun peut faire pour aider son système neurovégétatif à se réguler en déchargeant son trop-plein de peur.
À la fin de cet exposé, je vous montrerai un exercice qui vous aidera à décharger votre système neurovégétatif et ainsi permettre à une détente de s’installer.
Vous dites: « J'ai peur d'être blessé » et « Je ne sais pas ce que je dois regarder ».
Bien, mais quel type de blessure craignez-vous ? Est-ce une blessure physique ou psychologique ? Est-ce un mélange des deux, ce qui est généralement le cas pour de nombreuses personnes ? C'est la première chose que vous devez préciser sinon c’est trop général et difficile à cerner. L’on peut se sentir blessé d’être abandonné, d’être critiqué, d’avoir honte, de voir les autres se faire du mal. Il y a tellement de façons d’être blessé ou de se sentir blessé.
Une fois que vous êtes plus conscient de la façon dont vous avez peur d'être blessé, laissez remonter le souvenir de la situation, du moment où cette blessure spécifique a eu lieu. Est-ce que quelqu'un a dit ou n'a pas dit quelque chose. Est-ce que quelqu'un a fait ou n'a pas fait quelque chose que vous attendiez. Cela paye d’être précis.
Cela peut s'être produit hier ou tout récemment et pas nécessairement dans votre enfance. Même si la source se trouve très probablement dans votre enfance, il est cependant plus facile de partir du présent et de laisser émerger les sentiments qui sont juste sous la surface.
Une fois que le sentiment commence à se manifester en vous, il vous mènera lui-même là où vous devez aller, il n'y a donc pas besoin de vous inquiéter. Faites simplement confiance à ce qui cherche à se manifester. Votre corps, votre système neurovégétatif savent mieux que vous et votre mental la direction à prendre. Aussi, laissez le mouvement suivre son cours, il ne vous fera pas de mal ni ne vous submergera même si c’est ce que vous craignez.
Parce que nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas, nous avons tendance à utiliser notre rationalité, notre logique pour contrôler et ainsi bloquer le flux naturel des sentiments. Dans ce processus de sortie de la peur et de la protection, nous devons laisser ‘le laisser-faire’ et le ‘contrôle’ jouer leur rôle comme ils le souhaitent. Vous pourrez constater qu’un sentiment se manifeste et au fur et à mesure qu’il est exprimé, une pensée arrive qui tend à bloquer l’expression de ce sentiment. C’est tout à fait normal et bienvenu. Permettez cela, car cette pensée peut faire naître un autre sentiment, exprimez ce sentiment et continuez comme ça.
Prenons l’exemple de quelqu'un qui a peur d'être critiqué.
En se remémorant une situation spécifique, la première chose qui vient est de la colère avec l’envie de blâmer l'autre. Bien, laissez cette colère et ces reproches s'exprimer et lorsque vous les exprimez une pensée peut surgir. ‘Je ne devrais pas être en colère, je ne devrais pas blâmer, c'est mal de blâmer’. Un sentiment de honte s'insinue. C’est bien, acceptez cela, laissez-le être. Permettre et exprimer ce sentiment de honte entraînera probablement dans son sillage un sentiment de tristesse et ainsi de suite jusqu'à ce que quelque chose s'installe intérieurement et que vous commenciez à vous sentir plus détendu, comme si un poids avait quitté votre cœur. Je suis convaincu que beaucoup d'entre vous ont vécu un tel processus.
Laisser le mouvement intérieur se faire comme il l’entend, c’est aller dans la bonne direction. Il y a quelque temps, j'ai parlé de Confiance et d’Ouverture et c'est exactement ce dont nous avons besoin lorsque nous voulons nous libérer d'un problème ou d'une confusion dans lequel nous sommes pris. Il s'agit d'être ouvert à ce qui veut venir, sans aucune attente, sans aucune idée préconçue.
Il n'est pas nécessaire d’examiner en détail votre mécanisme de protection. Celui-ci se desserrera à son propre rythme dans la mesure où vous laissez l'ouverture à ce qui veut venir se faire lorsque vous voulez vous libérer d’une situation où vous ressentez votre peur d'être blessé.
N'oubliez pas d'être précis sur votre peur et plus précisément sur votre blessure. C'est essentiel, car sans cela, il sera plus difficile d’aller plus en profondeur.
Avant de répondre à vos questions, pratiquons l’exercice dont j’ai parlé tout à l’heure. Lorsque nous avons peur, nous nous contractons immédiatement et si nous maintenons cette contraction, il n'y a aucune possibilité pour notre système neurovégétatif de se libérer des hormones de stress que la peur génère.
Pour libérer ces hormones de stress, nous allons d'abord contracter le haut de notre corps en prenant la position que je vous montre et rester quelques secondes dans cette position afin de ressentir au maximum la contraction.
Nous ouvrirons ensuite les bras de manière à dégager la poitrine, puis nous ouvrirons la bouche en tirant la langue avec le son haaaaaa pendant quelques secondes.
Pour être plus efficace, vous pouvez vous remémorer une situation où vous avez ressenti de la peur. Vous contractez, puis vous ouvrez le haut du corps. Vous tirez ensuite la langue avec le son haaaaaa. Répétez cette séquence plusieurs fois, puis riez bruyamment et sans modération. Riez de vous-même et de cette situation qui vous faisait si peur.
Vous pouvez pratiquer cet exercice quelques minutes chaque jour.
Bien, merci à tous pour votre écoute attentive et, si et lorsque la peur vous vient, souvenez-vous de ce petit exercice, il vous apportera paix et détente.
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Rakendra
Hangzhou_29-Décembre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur L’amour, le respect de soi et la liberté.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question soulevée aujourd'hui par l’une d’entre vous vient à point nommé pour conclure cette série d’entretiens sur les relations. « Pourriez-vous préciser comment l'amour et le respect de soi peuvent se combiner dans une relation ? Je veux être aimée, mais je ne veux pas me sentir emprisonnée par l'amour de mon partenaire. Comment puis-je équilibrer mon besoin d'amour, de respect de soi et de liberté ? »
Si vous vous rappelez ce que j'ai dit tout au long de nos réunions hebdomadaires ce mois-ci, vous remarquerez que j'ai mis l'accent sur ‘vous’ et non sur ‘l'autre’ dans une relation. Cela implique qu'il est essentiel de se respecter au sein de la relation. Votre question fait ressortir un malentendu courant sur ce que signifient ces 3 mots Amour, Respect de soi et Liberté.
L'amour et le respect de soi ne sont pas différents, ils vont de pair. Lorsque l'amour est présent, le respect de soi suit automatiquement et lorsque vous vous respectez, l'amour coule de source. Le problème vient du fait que vous considérez cette question d'un point qui n’est pas le bon.
Votre mode de penser est à l’envers. Vous mettez l'autre en premier et vous voulez que l'autre vous aime et vous respecte. Cette façon dénaturée de voir la réalité se produit parce que vous ne vous centrez pas vraiment sur vous.
D'une certaine manière, vous vous êtes perdue au profit de l'autre et vous n'existez guère à vos propres yeux. Vous êtes dans un déni constant de vous-même. Vous vous jugez pour être ceci ou ne pas être cela, en d'autres termes, vous voulez être différente de ce que vous êtes. Vous voulez correspondre à ce que les autres attendent de vous pour être acceptée, appréciée ou aimée par eux. Ce que vous ne voyez pas, c'est qu'en faisant cela, vous vous reniez tout simplement et devenez un ‘mendiant d’amour’.
Chacun de vous peut vérifier la pertinence de ce déni pour lui-même.
Lors d’un précédent exposé sur Sexualité et Amour je disais « Il y a, en chacun de nous, un profond désir d'amour. Au fond de nous, nous sommes amour mais la plupart du temps, sinon toujours, nous avons perdu ce lien intérieur avec l'amour que nous sommes et nous avons tendance à le rechercher à travers ou via l'autre. L’activité sexuelle devient une quête pour satisfaire ce désir d'amour. Lorsque nous cherchons à combler un aspect de nous qui nous manque, nous utilisons généralement notre partenaire pour obtenir ce qui nous manque intérieurement. À travers lui, nous essayons de combler le vide que nous ressentons à l'intérieur. Nous devenons des ‘mendiants d’amour’. »
Le mot respect de soi est clair, il commence par vous. Cela n'a rien à voir avec quelqu'un d'autre, pourtant vous vivez constamment à travers les yeux des autres et suivez les idées des autres à votre sujet pour répondre à vos besoins. En faisant cela, vous cessez d'exister. Vous avez fait de vous une marionnette. Le point de départ du respect de soi est : ‘J'existe’.
‘J'existe’ implique que je me tiens là, dans ma propre force, prêt à affronter le monde auquel je peux dire oui ou non selon ce qui me semble juste et non selon certaines idées préconçues ou règles morales.
Toutefois, pour pouvoir dire ‘j'existe’, il est nécessaire de se rendre compte que l'on est vivant, que l'on est une expression de la vie, que l'on est la Vie elle-même sous cette forme unique. Malheureusement, cela est rarement reconnu et l’évidente réalité est manquée. Intellectuellement, vous savez que vous êtes vivant, mais cette connaissance vient purement du mental, ce n'est pas une expérience vécue. ‘Je suis vivant’ ou ‘J'existe’ n'est pas la conclusion ou la déduction d'un processus de pensée, ce doit être une expérience vécue et c'est l'expérience vécue qui fait toute la différence.
Lorsque ‘J’existe’ est reconnu, le respect de soi suit comme une ombre parce que le respect de soi n'est que la manifestation de cette reconnaissance. Le respect de soi est un ‘oui’ à qui vous êtes. Ce qui implique de dire ‘non’ lorsqu’une situation ne vous semble pas juste.
Regardez les jeunes enfants qui n'ont pas encore été ‘éduqués’, ils n'ont aucune idée mentale du respect de soi ou du fait qu'ils existent, ils en sont pourtant la preuve vivante. Regardez-les et voyez par vous-même.
Le problème est que vous avez été formée à ne pas vous aimer, à ne pas vous soucier de vous, mais plutôt à plaire aux autres pour être aimé en retour, pour que vos besoins soient comblés.
‘Maman t’aimera si tu l’écoutes. Papa sera fier de toi si tu es en tête du classement à l'école. Ne soyez pas égoïste, être égoïste est mal, pensez à nous, ne nous faites pas honte’.
Combien de fois avez-vous entendu ces mots ou des mots similaires ? Il est vrai qu'être égoïste n'est pas une manière d'être dans la vie, mais le respect de soi n'a rien à voir avec l'égoïsme ou le fait d'être égoïste.
Une personne égoïste ou égocentrique est une personne qui a le cœur fermé, elle agit en fonction de son mental, de ses désirs et non son cœur tandis qu'une personne qui se respecte agit à cœur ouvert. La plupart des parents sont en réalité des personnes égoïstes puisqu'ils vous permettent rarement d'être qui vous êtes, ils veulent que vous soyez à l’image qu’ils pensent être la bonne pour vous. Ils ne vous voient pas tel que vous êtes, ils vous voient comme quelqu'un qui a besoin d'être domestiqué, éduqué pour s'adapter à leurs idées sur la façon d'être dans la vie, pour s'adapter aux règles de la société et aux concepts moraux. Vos parents sont aussi le produit d'une telle éducation, ils ne font que répéter ce qu'on leur a fait, alors comment peuvent-ils vous aider à vous aimer. Ce n'est pas possible.
Cette éducation contre-productive vous fait craindre d'être rejeté ou de ne pas être aimé par l'autre. Or, c'est ce désir d'être aimé et accepté qui vous fait vous manquer de respect en ne disant pas ‘non’ lorsque c'est nécessaire. Voyez par vous-même combien de fois vous dites ‘oui’ à des situations pour lesquelles, en réalité, vous avez un ‘non’. L'activité sexuelle est probablement le lieu où cela est le plus visible. Ne me croyez pas, voyez par vous-même.
Vous dites « Je veux être aimée, mais je ne veux pas me sentir emprisonnée par l'amour de mon partenaire. »
Vous voulez être aimée parce que vous ne vous aimez pas, parce que vous n’avez pas confiance en vous. Le désir même de vouloir être aimé indique que quelque chose manque en vous. C'est le signe que votre personnalité repose sur l’insécurité. Vous n’avez pas confiance en vous et vous voulez être rassurée. Ce n'est pas vraiment de l’amour que vous voulez, c'est du réconfort, de la sécurité. Vous êtes comme un petit enfant qui veut être tenu dans les bras parce qu'il ne se sent pas en sécurité.
Voyez si ce que je dis est pertinent pour vous ou non.
Le sentiment d'insécurité couvre un vaste domaine pour un enfant. Le monde dans lequel il grandit est si méconnu et si hostile qu'il est normal qu'un enfant se sente en insécurité et cherche la sécurité dans les bras de ses parents. Leur rôle est d'aider l'enfant à gagner en confiance et en indépendance plutôt que de le blâmer ou de le rejeter pour son insécurité. Qu’il s'agisse d'un garçon ou d'une fille, les parents ont souvent des mots humiliants envers l’enfant qui montre son insécurité. Il est fort probable que c'est ainsi que vos parents vous ont traité lorsque vous vous sentiez en insécurité, lorsque vous vouliez un peu de tendresse ou lorsque vous vouliez être libre d’aller jouer avec d'autres garçons ou filles. Vous n'avez pas reçu l'amour et le soutien auxquels vous aviez droit, c'est ce qui vous fait vous demander ‘Comment puis-je équilibrer mon besoin d'amour, de respect de soi et de liberté ?’
Bien que vous ne soyez plus un enfant, vous voulez être aimée parce que vos besoins fondamentaux crient toujours famine en vous. Plutôt que de prendre la responsabilité de combler ces besoins non satisfaits, vous demandez à votre partenaire de les satisfaire d’une manière qui serait acceptable pour vous. Il est également probable que vous vous jugez pour avoir ces besoins et pour le fait de vous sentir en insécurité. Ce faisant, vous vous êtes emprisonnée dans une attitude basée sur la peur. Certes, enfant, vous avez manqué d’amour, mais il y a une peur profonde que cet ‘amour’ ne devienne un moyen de vous emprisonner et de vous contrôler, tout comme le ‘soi-disant amour’ de vos parents l'a fait.
L'amour que vous avez reçu de vos parents ou de vos aînés n'était pas vraiment de l'amour. Oui, je suis sûr qu'ils ont fait de leur mieux pour vous apporter leur soutien dans divers domaines, mais ce soutien était une forme subtile de contrôle, car ils étaient eux-mêmes dans une insécurité psychologique. Si vous êtes vous-même parent, vous comprendrez très certainement ce que je veux dire puisque c'est aussi devenu votre problème.
Je veux souligner cette insécurité que la plupart des parents ont à être parents. Ils se sentent démunis avec leur(s) enfant(s). La plupart des parents ne savent pas vraiment quoi faire, quoi dire, comment aider leur enfant. Il existe un fossé, parfois énorme, entre les parents et les enfants et pour combler ce fossé, la plupart des parents pensent en termes ‘d’éducation’ et de contrôle plutôt qu'en termes d'accompagnement et de soutien. Leur insécurité psychologique peut même les rendre surprotecteurs, d’où le sentiment d'emprisonnement que vous craignez et la liberté que vous souhaitez. Les parents ne sont pas à blâmer, ils font ce qu'ils peuvent, mais puisqu'eux-mêmes n'ont pas vraiment été aimés, comment peuvent-ils transmettre l'amour à leurs enfants. Leur ‘amour’ est en réalité une forme d'obligation. Puisqu’ils ont eu cet enfant, ils estiment que c’est leur devoir de l'élever du mieux qu’ils peuvent, mais bien souvent leur cœur n'y est pas. Les raisons peuvent être multiples, comme une grossesse non désirée ou difficile, ou donner naissance à une fille au lieu du garçon tant attendu. Leur relation conjugale peut être difficile ou faire face à des difficultés financières. L'enfant n'est alors pas accueilli comme il se doit, ce qui génère une souffrance pour l'enfant.
Le véritable amour ne peut emprisonner personne, sinon ce n'est pas de l'amour, mais un subtil moyen de contrôle. L'amour véritable vous fortifie, l'amour véritable vous laisse libre, l'amour véritable vous enracine dans votre être, ce qui vous aide à exprimer votre vitalité. L'amour véritable vous donne des ailes pour vous épanouir, et exprimer votre créativité. L'amour véritable ne vous donne aucun idéal à suivre. L'amour véritable vous laisse libre d'être simplement vous-même.
Votre besoin de liberté est basé sur une fausse idée de la liberté, il est basé sur la peur d'être contrôlé. En tant qu'enfant, vous avez dû être restreinte et contrôlée, donc automatiquement vous voulez le contraire. Qui veut être contrôlé ? Personne ne veut être sous le pouvoir ou l'influence de quelqu'un d'autre, sauf peut-être ceux qui ne peuvent pas décider par eux-mêmes. La majorité des gens veulent être libres, mais surtout être libres de faire ce qu'ils veulent. Être libre de faire ce que vous voulez n'a pas grand-chose à voir avec la liberté. Ce n'est pas de la liberté, c'est de l'irresponsabilité, de l'égoïsme et une forme subtile de contrôle qui dit ‘va au diable’ à ceux qui contrôlent.
La véritable liberté est en lien avec l'acceptation. Le fait même d'accepter vous rend libre. Lorsque vous sentez que quelqu'un essaie de vous contrôler, différentes possibilités s'offrent à vous. Vous pouvez choisir de lutter contre la personne qui contrôle, ou vous pouvez choisir de fuir cette personne. Ces deux réponses sont en fait basées sur une attitude de non-acceptation. Lorsque vous prenez conscience qu’une personne est en mode contrôle, un autre choix est possible. Vous pouvez choisir de dire oui, vous pouvez choisir d’accepter que cette personne soit en mode contrôle. Vous pouvez voir que cette personne agit en contrôlant, que c'est sa façon de se comporter et que sa façon de se comporter n'a rien à voir avec vous. Vous pouvez voir tout cela, et c'est cette reconnaissance qui crée l'acceptation. L'acceptation de la réalité telle qu'elle est vous laisse libre.
Il ne s'agit pas de trouver ‘Comment puis-je équilibrer mon besoin d'amour, de respect de soi et de liberté ?’, mais plutôt de vous libérer de vos besoins insatisfaits. Vous devrez reconnaître, en tant qu'expérience vécue, que l’amour est ce que vous êtes et qu'en réalité vous êtes déjà libre. Participer à un intensif d’éveil peut vous apporter cette compréhension expérientielle.
Comme je l’ai mentionné lors de notre première rencontre de cette série, une relation commence avec vous. Si vous voulez que la relation avec votre partenaire devienne une relation saine, où l'amour et le respect sont les ingrédients de base, commencez par vous prendre en considération d'une façon plus respectueuse et aimante. Il est inutile de vouloir que votre partenaire soit différent de ce qu’il est et de lui demander d’être plus attentionné envers vous. Il est comme il est, acceptez qu'il en soit ainsi et profitez de cette relation pour en apprendre davantage sur vous-même. N'oubliez pas que la clé est de vous respecter plutôt que de supporter plus que vous ne le pouvez. Et surtout, de suivre votre cœur plutôt que votre mental ou les idées des autres sur la façon dont vous devriez être.
Un autre mot pour le respect de soi est ‘intégrité’. L'intégrité signifie être entier, non divisé et surtout intransigeant avec ce qui vous semble juste pour vous. En portant votre attention sur vous, vous deviendrez peu à peu plus clair sur ce qui vous convient et ce qui ne vous convient pas. Ce qui fera automatiquement naître une attitude bienveillante envers celle que vous êtes, avec, dans son sillage, une forte motivation à ne pas faire de compromis. L'amour, le respect de soi et la liberté sont entre vos mains et non entre celles de quelqu'un d'autre.
Je suis convaincu que ces quatre entretiens sur les relations vous auront donné, ainsi qu’à tous ceux qui y ont assisté, l'occasion d’améliorer votre compréhension sur la façon d'être dans une relation et que votre relation deviendra plus saine.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
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Rakendra
Hangzhou_28-Septembre-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Sexualité dans les Relations.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
À la suite de notre dernière rencontre sur la peur du sexe opposé, une femme écrit : « Je crains les hommes de différentes manières et plus spécifiquement autour de la sexualité. Pourriez-vous parler de la peur de l'autre sexe dans le contexte de la sexualité ? Je veux avoir des relations sexuelles avec l’homme que j'aime, mais je ne veux pas être considérée comme sexuellement dépendante ni comme un objet sexuel. Comment mon désir sexuel peut-il être en accord avec la morale ? »
Lors de notre dernière rencontre, j'ai mentionné que la sexualité dans une relation est souvent un sujet tabou. L'activité sexuelle est présente dans une relation, mais personne n'ose vraiment en parler ouvertement. La sexualité est devenue un sujet sensible où la peur et la honte jouent les principaux rôles répressifs. Dans une relation, il est parfaitement naturel de parler du type de nourriture ou de vêtements que chacun aime, mais il y a souvent un profond silence sur la façon dont chaque partenaire se sentirait à l'aise dans une activité sexuelle, sur ce que chaque partenaire aime ou n'aime pas lors d'un rapport sexuel. L'activité sexuelle est souvent réduite à un rôle de reproduction ou à une pulsion sexuelle dominante masculine à laquelle la femme doit se plier.
La première chose à comprendre est que la sexualité est une partie naturelle et vitale de l'organisation physique de l'homme et de la femme avec comme principal but la reproduction. Les humains diffèrent cependant des animaux en ce sens qu'ils sont dotés de cette capacité de ressentir le plaisir et la douleur. Cette capacité permet aux hommes et aux femmes d'éprouver du plaisir et/ou de la douleur lors d'un rapport sexuel. Ils ont même la possibilité d'apporter du plaisir à un niveau plus extatique et ‘spirituel’. Capacité que les autres espèces n’ont pas par le fait que leur objectif essentiel reste au niveau de la survie de l'espèce.
Votre peur autour de la sexualité peut avoir diverses origines, elle n'est pas nécessairement liée à l'homme en tant que tel, mais plutôt à l'attitude de pouvoir que l'homme porte en lui. Tout comme les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue, les hommes et les femmes diffèrent complètement dans leur approche physique et psychologique de la sexualité. Il est évident que l'homme est de type Yang avec son pénis en érection, tandis que la femme est de type Yin avec son vagin façonné pour recevoir et assimiler. Cette différence physique est déjà une porte d'entrée pour diverses peurs et hontes chez les deux sexes.
Peur et honte dans le contexte de la sexualité.
Probablement plus que dans tout autre contexte, c'est dans le contexte de la sexualité que la peur et la honte jouent un rôle important dans l'inhibition des deux partenaires. La honte recouvre généralement la peur et devient ainsi le facteur le plus inhibiteur. La seule façon de dissoudre la honte est de la sortir de l’ombre, d'abord en la reconnaissant, puis en l'exprimant.
Dans l'activité sexuelle, la honte prend le dessus dès le début et le premier aspect de la honte à apparaître est très probablement la honte de faire quelque chose de mal, de pécher. « Les filles ne doivent pas jouer avec les garçons » ou « vous serez qualifiée de pute/prostituée si vous vous engagez dans une activité sexuelle avec un homme avant le mariage ». Ce type de jugements venant des parents ou de la société jouent un rôle important dans l’induction de ce type de honte et de culpabilité.
Pour dissiper cette honte spécifique, je suggère la pratique d’exercices de communication spécifiques afin d’éradiquer honte et culpabilité. Pour ceux qui seraient intéressés, je peux vous donner la formule ‘magique’ à utiliser.
Vient ensuite la honte corporelle, la honte d'être nu, la honte autour de la forme et de la taille des parties génitales ou de celle des seins. Pour les deux sexes, une grande part de honte est concentrée sur l'apparence du corps nu. Se montrer nu est souvent un moment difficile puisque la nudité a été bannie dans la plupart des sociétés.
Pour dissiper cette honte spécifique, passez du temps avec votre partenaire, chacun dans votre habit de naissance, à vous regarder et à exprimer les pensées qui montent, les désirs et les répulsions. Pratiquer des exercices de communication sur ce thème avec votre partenaire pour libérer tous les jugements que vous portez sur votre propre corps et sur celui de votre partenaire sera d'un immense bénéfice pour les deux. Cette pratique peut s’avérer être difficile bien sûr, mais lorsqu’elle se fait dans un espace d'amour et de respect, elle est bénéfique pour les deux. Regardez un jeune enfant, garçon ou fille, ils n'ont pas honte de leur corps, ils n'ont pas peur d'être vus nus, ce n'est qu'à cause des croyances parentales et de la société que la ‘honte toxique’ s'installe.
Rappelez-vous l’exposé sur la honte et la différence entre la honte naturelle et la honte toxique.
Il est important de dissoudre, ne serait-ce qu'en partie, ces deux hontes afin d'être plus à l'aise pour affronter les différentes peurs que vous pouvez avoir. Après avoir pratiqué les exercices de communication que je viens de mentionner, vous remarquerez que la peur d’être vu nu a disparu et ce qui se présente maintenant est la peur d'être touché abusivement.
Être touché abusivement est probablement la principale peur et source de frustration pour les femmes. Hommes et Femmes ont du mal à se comprendre sur ce point. C'est un domaine où ils ne parlent vraiment pas le même langage et où leur approche de l'autre sexe est souvent antagoniste.
L'homme n'est généralement pas intéressé à prendre du temps pour approcher les femmes avec soin, il veut juste satisfaire son envie sexuelle et peut manquer de tact en le faisant. C’est généralement vécu comme une invasion brutale pour la femme, et cela ne peut qu'engendrer de la peur, de la frustration, de la colère et de la répulsion. Cette répulsion d'être improprement touchée dissuade généralement les femmes d'avoir des relations sexuelles et fait naître le fameux : ‘pas ce soir mon chéri, j'ai mal à la tête’. Il se peut aussi qu'à cause de certaines croyances sociales ou de la peur d'être rejetée, une femme devienne soumise, devienne l’involontaire servante de son conjoint. Lorsque ce comportement est mis en acte, il conduit généralement les femmes à simplement subir et à devenir insensibles, frigides. Bien qu'il ne soit généralement pas qualifié d'abus sexuel parce qu'il se produit dans le cadre d'un mariage, ce comportement sans tact de la part des hommes est exactement cela, un abus sexuel.
Les femmes parlent un langage différent par le simple fait que leur chimie sexuelle est différente. Au cours de l'activité sexuelle, les femmes sont sur une planète complètement différente de celle des hommes. Leur excitation sexuelle a besoin de temps et pour cela elles ont besoin d'une approche sensible et bienveillante où la douceur, le respect et le jeu sont les principaux ingrédients. Une femme peut se sentir très vulnérable lors d'une activité sexuelle et cette vulnérabilité n'est pas souvent prise en compte par son partenaire.
Encore une fois, le seul moyen de sortir de ce problème de ‘langage différent’ est de communiquer. Il en va de la responsabilité des deux partenaires de trouver les moyens appropriés pour communiquer leurs goûts et leurs dégoûts. Il est nécessaire qu'une femme dise stop quand quelque chose ne lui convient pas. Elle doit montrer à son partenaire quelle serait la bonne voie pour elle, comment elle aimerait être touchée, etc. Très souvent, les femmes ont le sentiment de ne pas être respectées lorsqu'elles ont des relations sexuelles, mais elles portent également une part de responsabilité dans ce domaine. Lorsqu’elles permettent des attouchements indésirables d’avoir lieu sans dire un mot, elles ne se respectent pas. Le respect de soi doit être la norme dans toutes les situations, y compris lors d'une activité sexuelle. Cela vaut également pour les hommes.
Je tiens à le souligner à nouveau, la communication est essentielle avant, pendant et après une activité sexuelle. Et par communication, je ne parle pas de dire ou chuchoter des mots doux pendant une activité sexuelle, je veux dire être direct sur ce qui se passe pour vous au niveau de la sensation et du sentiment. Je comprends qu'il n'est pas toujours possible de communiquer de cette manière avec votre partenaire, car il peut ne pas être ouvert à cela ou trouver cela trop difficile pour lui.
Essayez simplement de voir ce qui est possible avec votre partenaire.
Il existe de nombreuses autres peurs auxquelles une femme ou un homme peut être confronté autour de la sexualité. Pour en nommer quelques-unes. La peur de tromper le partenaire, de ne pas être assez performant, la peur d'exprimer son propre plaisir ou la peur d'exprimer et de réaliser des fantasmes sexuels. L’important, c'est que chaque partenaire reconnaisse quelle est la peur la plus problématique pour lui et fasse le nécessaire pour prendre soin de cette peur.
Puisque la sexualité est une activité naturelle, d'où viennent ces peurs ?
La peur et la honte autour de la sexualité ont deux origines différentes.
• L'une vient de votre propre expérience. Vous avez peut-être été moqué, blâmé, humilié ou même abusé dans le cadre de la sexualité, ce qui a créé en vous de la honte et de la peur.
• L'autre vient d'une éducation déformée faite de fausses idées, de fausses croyances ou de suppositions erronées.
La peur dans la sexualité peut se montrer en raison d'expériences passées traumatisantes lors d'un rapport sexuel, en particulier au cours des premières fois. Elle peut aussi être là du fait d'abus sexuels pendant l'enfance. De nombreux enfants, garçons et filles sont abusés sexuellement durant leur petite enfance et par honte ou par peur d'être rejetés s'ils en parlent, ils gardent le silence sur ces abus. Et s’ils en parlent, c’est la peur de ne pas être compris qui vient s’immiscer. Les abus sexuels pendant l'enfance ont une profonde influence sur la vie sexuelle adulte d'une personne.
Que ce soit dans le cadre du travail ou à la maison, les abus sexuels envers les femmes sont malheureusement eux aussi très fréquents. Que ce soient des ‘abus promotionnels’ ou des ‘abus domestiques’ tous continuent à renforcer le traumatisme initial.
En ce qui concerne la sexualité, l'attitude de l’homme axée sur le pouvoir se manifeste souvent de façon abusive envers les femmes et c’est malheureusement devenu une norme acceptée dans de nombreuses sociétés. Fort heureusement, le voile de silence sur les abus envers les femmes et les enfants se lève peu à peu grâce au fait que les victimes de ces abus osent maintenant briser cette omerta en s’exprimant et en portant plainte.
J'encourage ceux d'entre vous qui ont vécu une situation d'abus sexuel à prendre courage et à faire fi de la honte que vous pourriez avoir à ce sujet pour parler et dissiper la douleur que ces abus ont créée. Ce ne sera peut-être pas facile au début, c'est pourtant le seul moyen de libérer votre cœur.
Outre les expériences traumatisantes, les peurs liées à la sexualité s’immiscent en nous par le biais d'idées et de croyances familiales et sociales véhiculées par une éducation peu ouverte sur la sexualité. La peur et la honte s'installent lorsque, enfant ou adolescent, l’on vous dit que c'est un péché d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, que vous devez garder votre virginité pour le ‘bon’ homme, ou qu'il est honteux de se masturber ou que vous pouvez contracter certaines maladies ou être enceinte si vous avez des relations sexuelles hors mariage. Ce sont là des idées ou des préceptes imposés par la société pour maintenir les hommes et les femmes en esclavage. Ces idées, et c’est leur but, ont tendance à fortement inhiber l'activité sexuelle.
Lorsque vous écrivez « Je veux avoir des relations sexuelles avec l’homme que j'aime, mais je ne veux pas être considérée comme sexuellement dépendante ni comme un objet sexuel. Comment mon désir sexuel peut-il être en accord avec la morale ? »
Vous décrivez avec précision certaines de ces restrictions morales de la société. Être un objet sexuel veut dire que vous vous abandonnez au profit d'un autre. Cela veut dire que vous vous êtes vous-même abandonnée, cela veut dire que vous ne vous valorisez pas, que vous vous manquez de respect dans le but de gagner quelque chose. Ce peut être de l'affection, ce peut être une sécurité ou de l'argent, peu importe, ce qui doit être vu, c'est que vous vous soyez renié ; c’est là le vrai péché.
Comme vous évoquez également la peur d'être vu comme sexuellement dépendante, il me semble que le sens que vous donnez à ‘objet sexuel’ est différent et plus en phase avec le fait que votre désir d'activité sexuelle est fort.
Un fort désir sexuel n'est pas seulement l'apanage de l'homme. Le désir sexuel est un mouvement intérieur énergétique partagé par les deux sexes. Encore une fois, selon les idées sociales imposées, selon la morale, les femmes sont censées être dépourvues de désir sexuel. C'est une idée tellement puérile et irresponsable qui est utilisée pour maintenir les femmes sous le contrôle de l’homme. Il est vrai que l'homme et la femme ne parlent pas le même langage, notamment en matière de sexualité. Ils diffèrent dans leur approche de la sexualité, mais la source est la même. Le désir sexuel est une pulsion innée commune aux deux sexes et il ne faut pas avoir peur de sa propre pulsion sexuelle.
Votre question me rappelle une question posée par une personne en séance individuelle. « Dans la relation intime, comment une femme peut-elle être sexuellement active ? Notre culture pense que la femme doit être passive, si elle est sexuellement trop active et directe dans la relation, elle ne sera pas aimée et sera étiquetée comme prostituée. »
Que d'idées trompeuses pour garder le contrôle sur les femmes ! La raison probable de cette attitude de contrôle est que si une femme est libre de laisser libre cours à son désir sexuel, alors l'homme sera désemparé, il pourrait se sentir en insécurité, ne sachant pas quoi faire. La position du missionnaire avec l'homme sur la femme est une position très contrôlante, elle maintient la femme sous emprise et permet à l'homme de contrôler son plaisir. Si la femme prend est à cheval sur l’homme, c’est elle qui a le contrôle de son propre plaisir et de facto celui de l'homme. C'est uniquement une question de qui contrôle qui.
Être sexuellement active pour une femme est considéré comme honteux uniquement en raison de l'insécurité de l'homme et de l'attitude de l'homme axée sur le pouvoir. Lorsqu'une femme est sexuellement active, elle peut devenir ardente, fougueuse et l'homme a souvent peur de ce qu'il ne peut pas contrôler. Il est dommage qu’à cause de sa peur l'homme ferme la porte à la créativité et au jeu. L'activité sexuelle peut être un moment tellement ludique et enrichissant lorsque les deux partenaires sont détendus et libres d'idées préconçues.
Il y a le besoin d'une autre révolution culturelle, une révolution où les femmes seraient libres du contrôle des hommes, en particulier en ce qui concerne la sexualité.
Votre peur d'être considérée comme un objet sexuel ou une droguée du sexe a également est en rapport avec le fait que vous vous souciez du jugement des autres sur vous. « Que vont-ils dire si je montre que j'ai du désir sexuel ? »
La honte se cache derrière votre peur. Vous avez peur de votre propre énergie et plus précisément de ce que les autres peuvent dire de vous. Vérifiez s’il y a d'autres domaines dans votre vie où cette peur du jugement des autres sur vous est active. Je ne serais pas surpris que cette peur se manifeste dans différents domaines de votre vie.
Si l'homme que vous aimez vous aime vraiment, il acceptera votre besoin d'être active sexuellement. Alors, laissez votre désir sexuel suivre son cours, le sérieux est un tueur en la matière, oubliez ce que votre partenaire ou un autre peut dire ou penser. Soyez ludique et créative, jouez avec votre propre énergie, elle vous ouvrira les portes à des moments plus extatiques ; tant pour vous que pour votre partenaire.
Votre désir sexuel ne sera jamais en accord avec la morale étant donné que la morale est imposée par la société. Soyez lucide sur ce point. La seule chose importante pour vous est d'être à l’aise avec votre désir, et pour cela une franche communication avec votre partenaire à ce sujet est essentielle. La sexualité est un partage d'énergie, elle ne peut être portée à son apogée que lorsque le cœur est impliqué et que le mental n'interfère pas.
Avoir une activité sexuelle de manière naturelle, c'est-à-dire sans honte, peur ou culpabilité, demande une grande dose de patience et d'honnêteté envers soi-même. Chacun de nous a la capacité d'exprimer sa sexualité avec confiance et de manière détendue. Pour cela, nous devons simplement retrouver notre aptitude à dire ce que nous voulons ou ne voulons pas, à demander ce que nous voulons sans gêne et nous extraire rapidement des situations où nous nous sentons insatisfaits ou humiliés.
Ce sont là d'énormes accomplissements psychologiques que chacun de vous peut accomplir, leur résultat vous apportera respect de soi et liberté.
Lors de notre prochaine rencontre, je conclurai cette série d'entretiens sur les relations avec une question sur l'amour, le respect de soi et la liberté.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_21-Septembre-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Peur du Sexe Opposé.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
À la fin de notre dernière rencontre, j'ai parlé de l'arriéré de peurs accumulées pendant l'enfance et de la façon dont la peur est devenue un obstacle pour nous exprimer librement et pleinement, en particulier dans les relations intimes. La peur couvre un large éventail de situations dans une relation, y compris dans la sexualité (le prochain exposé). Toutefois, la question d’aujourd'hui est liée à la peur du sexe opposé et plus spécifiquement : « Parce que j'ai été blessée par mon mari, j'ai commencé à m'échapper de la relation. Y a-t-il une possibilité de rencontrer le sexe opposé sans peur ? Que puis-je faire pour construire une relation confortable et détendue avec un homme ? »
C'est une réaction sensée de fuir une relation lorsque nous avons été blessés par notre partenaire. Cependant, comme vous ne précisez pas en quoi consiste la blessure et ce que vous entendez exactement par échapper à la relation, il m’est difficile de vous répondre sur ce point précis, vu qu’il existe un large éventail de réponses possibles, et qu’aucune ne corresponde vraiment à votre cas.
N'oubliez pas que cela vaut la peine d'être précis !
Votre question sur ‘la possibilité de rencontrer le sexe opposé sans peur’, met l'accent sur l'autre sexe. Encore une fois, je voudrais souligner que ce n'est pas seulement le sexe opposé qui peut générer de la peur dans une relation. Tout partenaire autoritaire, contrôleur et abusif peut générer de la peur chez l'autre partenaire. Vous avez peut-être été témoin de cela dans votre famille d'origine où, pour diverses raisons, la mère était celle qui contrôlait et faisait autorité alors que le père était une personne plus facile à vivre.
Cela étant dit, il est de notoriété publique que les hommes en général sont plus violents dans une relation que les femmes et, malheureusement, la violence envers les femmes dans les relations fait de plus en plus la une des journaux dans le monde ces jours-ci. Dans de nombreux pays, notamment là où la religion dicte les comportements sociaux comme l'Inde ou les pays musulmans, les femmes n'ont quasiment aucun droit et très peu de liberté de mouvement, elles ne peuvent que rester dans l'ombre des hommes.
À bien des égards l'égalité homme/femme est loin d'être la norme, même dans les pays occidentaux. D'après ce que j'ai pu voir au cours de mes voyages et de mon travail avec les gens, les pays de l'Est ne sont pas mieux lotis à ce sujet. Depuis des siècles, et partout dans le monde, les sociétés sont à dominante masculine. Les hommes ont imposé leur pouvoir sur les femmes, les traitant presque comme des esclaves et comme des objets sexuels. Justes assez bonnes pour remplir les tâches domestiques et donner naissance à des enfants, comme si elles étaient des sous-hommes. Même si de nos jours, dans de nombreux pays, les femmes ont gagné le respect et leur statut social s'est largement amélioré, l'attitude masculine dominante, axée sur le pouvoir, prévaut toujours de manières subtiles. Cela ne peut qu'engendrer la peur, du ressentiment et de l'agressivité de la part des femmes envers les hommes. Rappelez-vous que la peur a une contrepartie, la haine et sous une apparente couche d'impuissance, il y a souvent une forte couche d'énergie destructrice envers ce qui a créé la peur. C'est pourquoi il y a une nécessité, lorsque l’on veut rencontrer l'autre sexe sur une base saine, c'est-à-dire sans peur, de prendre aussi conscience de l’énergie destructrice que l’on porte en soi. Je reviendrai sur cet aspect plus en détail plus tard, pour l'instant je veux mettre en lumière ce qui rend les hommes si orientés vers le pouvoir.
Il y a différents aspects à considérer pour comprendre la cause profonde de cette attitude axée sur le pouvoir chez l’homme.
Un des aspects se trouve dans les premières communautés humaines. Dans ces temps préhistoriques et seulement jusqu'à ces dernières décennies, la vie était principalement une question de survie. La survie immédiate de l'environnement ainsi que la survie de la communauté dans son ensemble. En raison de ses capacités physiques, l'homme était celui qui assumait naturellement le rôle de pourvoyeur et de protecteur, tandis que les femmes étaient plus portées à jouer le rôle de nourricière et d'éducatrice. Ce qui était nécessaire et pertinent dans ces premiers développements de la société semble avoir jeté les bases du monde psychologique des hommes et des femmes.
Un autre aspect qui doit être pris en compte, c’est que dans sa structure même, dans son ADN, l'homme a une attitude innée d’extraversion et de conquête qui est souvent symbolisée par son pénis en érection. Cette attitude extravertie et conquérante imprègne tous les aspects de la vie de l’homme. Il doit en être ainsi puisque la vie sur cette planète est principalement régie par un principe masculin/féminin. La vie sur notre planète s'épanouit et se régénère grâce à ce principe masculin/féminin. Vous pouvez clairement voir cette domination masculine à l'œuvre chez tous les mammifères vivants.
Le problème avec les humains, c'est que cette domination innée s'est transformée en une domination psychologique. Au fil du temps, l'homme a transformé cette attitude extravertie et conquérante en une attitude orientée vers le pouvoir. L'homme veut contrôler et avoir le pouvoir sur tout ce sur quoi il peut mettre la main. L’histoire de chaque nation et de chaque religion est basée sur cette conquête du pouvoir par l’homme, elle est basée sur la prise de pouvoir des hommes sur les autres hommes et plus particulièrement sur les femmes. Malheureusement cette attitude prévaut toujours dans nos temps modernes avec les guerres, la domination économique et intellectuelle. Il semble que l'homme n'ait pas encore atteint une maturité psychologique et vit toujours comme ses ancêtres préhistoriques.
Pourtant, ce qui est rarement observé, c'est que cette attitude axée sur le pouvoir est en réalité basée sur la peur. En surface, l'homme semble fort, dominant et contrôleur. Cette couche n'est pourtant que superficielle et sous cette couche, il y a la peur et la vulnérabilité. L’on observe souvent chez beaucoup d’hommes une souris cachée sous la peau de lion ou d’un gorille.
J'ai mentionné ce qui précède pour que vous compreniez que l'attitude axée sur le pouvoir de l'homme n'est pas simplement une caractéristique moderne, mais plutôt le résultat de plusieurs siècles de conditionnement social. De la même manière, les femmes ont aussi hérité des caractéristiques de leurs aïeules. Ce qui a amené John Gray, un écrivain américain moderne, à intituler son livre sur les relations intimes ‘Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus’, il voulait souligner les différences et les difficultés rencontrées dans les relations.
Je le cite : « Hommes et femmes ne parlent pas le même langage puisque Mars est le dieu de la Guerre et Vénus, la déesse de l'Amour. Les deux sexes ne se ressemblent pas dans leur manière d'agir et d'exprimer leurs sentiments ».
Je vous encourage tous à lire ce livre de John Gray, ainsi que son deuxième ouvrage, ‘Mars et Vénus dans la chambre’, qui traite de la sexualité dans les relations. J’aborderai ce thème la semaine prochaine.
Les hommes et les femmes ne parlent pas le même langage et ne se ressemblent pas dans leur façon d'agir et d'exprimer leurs sentiments simplement parce que leur cerveau est orienté ou organisé différemment. L'homme est construit, pour ainsi dire, pour chasser, prendre le pouvoir sur le monde qui l'entoure et protéger. Il est extraverti et conquérant tandis que les femmes sont plus dans l’accueil, dans le soin, dans l’intégration et la transformation. Leur différence physique, notamment autour de leurs organes sexuels, joue également un grand rôle dans leur incapacité à se comprendre.
Ce qui complique cette interaction déjà complexe entre hommes et femmes à pour origine la façon dont l'homme se développe dans son jeune âge. Un homme peut avoir eu une mère autoritaire et/ou un père violent et, en tant qu'adulte, il répète inconsciemment le même schéma de comportement qui lui a été imposé. Il a peut-être été traité comme un prince et a forgé une attitude arrogante, en particulier envers les femmes. Son développement sexuel a peut-être été altéré par des abus, ce qui ne manquera pas de laisser des cicatrices dans sa vie sexuelle d'adulte. Il a peut-être aussi essayé de se montrer à la hauteur des attentes de ses parents, avec la crainte de ne pas être aimé s'il ne répond pas à leurs attentes.
La société impose aussi ses modèles sur la façon dont l'homme doit être et se comporter. Le spectre est assez large, il va de l’homme honnête et fiable, au travailleur assidu et tenace, à l’homme loyal et filial. L’on trouve aussi l’homme consciencieux, le bon père et bien évidemment l’homme viril et sexuellement performant. L'homme s'efforce tellement d'être à la hauteur de tant d'archétypes imposés par la société qu'il s'y perd et se méprend sur sa propre identité. Tous ces archétypes le mettent en réalité dans une position de faiblesse et d’insécurité, mais en raison de son statut masculin, il ne peut se permettre de montrer son monde intérieur et doit compenser en portant différents masques qui correspondent à ce qu'il est censé être.
L'insécurité est la principale source de contrôle et de pouvoir, la seconde étant la manipulation et la vengeance. Nombreux sont ceux, hommes ou femmes, qui, inconsciemment le plus souvent, se perdent dans ces dynamiques. Ces dynamiques sont en fait des mécanismes de protection contre une blessure intérieure.
Lorsque la cause profonde de l'attitude de l’homme orientée vers le pouvoir est comprise, la possibilité d’une rencontre sans peur avec le sexe masculin se fait naturellement jour. Il devient clair que ce n'est pas vraiment l'homme dont vous avez peur, c'est ce qu'il représente, l'autorité, le pouvoir, tout autant que l'abus de pouvoir. C’est de cela dont vous avez peur et non de l’homme en lui-même. Cela n'exclut pas le fait que certains hommes adoptent activement cette attitude axée sur le pouvoir et peuvent être violents et abusifs, auquel cas, ce qu’il est évident de faire, est de s'éloigner d'eux.
Si l'on considère que les hommes sont associés à Mars, l'ancien dieu grec de la guerre, n'oublions pas que les femmes, bien qu'associées à Vénus, la déesse de l'Amour dans la mythologie grecque, sont, elles aussi, enfermées dans un conditionnement psychologique qui leur est propre. Elles sont emprisonnées dans divers archétypes vantés et placardés par notre société moderne. Comme leur apparence physique, la façon dont elles devraient se comporter et ce à quoi elles devraient ressembler. Tout comme les hommes, elles ont-elles aussi subi dans l’enfance des abus psychologiques ou physiques. Cela a sapé leur épanouissement et leur confiance en elle.
Lorsque vous demandez « Que puis-je faire pour construire une relation confortable et détendue avec un homme ? », la réponse qui vient naturellement est de prendre soin de votre propre monde intérieur, et en particulier de cette énergie destructrice prête à bondir à la moindre alerte qui se cache au fond de votre cœur.
Cette énergie destructrice peut aller dans différentes directions. Elle peut facilement vous présenter comme une victime de l'attitude de pouvoir de l'homme ou vous transformer en une mégère acariâtre harcelante et agressive envers les hommes. Ce qui fait de vous une personne abusive et axée sur le pouvoir. Cette énergie destructrice peut également se retourner contre vous et devenir ces voix accusatrices qui vous disent à quel point vous êtes indigne d'être aimé, à quel point vous êtes horrible ou pas assez comme il faut.
Faites ce qui est nécessaire pour être d'abord à l'aise avec vous-même, mettez l'attention sur vous pour que la confiance en vous et en la vie puisse se manifester de nouveau. La peur est là parce que vous vous sentez insécure, prenez soin de cette insécurité et la confiance en vous suivra comme une ombre. Cela vous appartient de devenir une personne pleinement mature et de découvrir ou de reconnaître que tout n'est pas noir ou blanc, qu'il n'y a pas de différence claire entre hommes et femmes, que chaque sexe porte certaines caractéristiques de l'autre sexe et que ces caractéristiques doivent également être intégrées pour former une personne mature. La semaine dernière, j'ai parlé de la solitude. La solitude est la résultante de l'intégration de deux principes, le masculin et le féminin. Le symbole taoïste du Yin & Yang illustre bien cette différence et cette complémentarité entre les hommes et les femmes en soulignant que dans chaque partie il y a un élément de la partie opposée.
Pour construire une relation confortable et détendue avec un homme, vous devez prendre soin de votre insécurité, prendre soin de vos peurs dans leurs différentes manifestations. Vous devez également reconnaître et intégrer votre côté masculin. Comprendre et accepter qui vous êtes et comment vous fonctionnez est une étape nécessaire pour construire une relation confortable et détendue avec vous-même. Rappelez-vous, vous êtes la personne la plus importante dans votre vie, c'est pourquoi vous passez en premier et lorsque vous avez confiance en vous et êtes en paix avec vous-même, être en relation devient facile, la peur de l'autre n'est plus d'actualité. L'acceptation s'installe, et avec elle tous les soucis, tous les problèmes disparaissent, l'amour peut alors se déverser.
Chacun de vous peut atteindre cette compréhension et devenir un individu indépendant et unique.
Arrêtons-nous là pour aujourd’hui, sachant que notre rendez-vous de la semaine prochaine portera sur le sujet sensible et souvent tabou de la sexualité dans les relations. Un autre domaine où la peur est souvent présente à différents niveaux.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_14-Septembre-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Relation.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Notre hôte, Niya, m'a demandé de faire une série de conférences sur les relations, car il semble que beaucoup d'entre vous aient des difficultés avec votre conjoint au sein de votre relation. En regardant les différentes questions posées, je peux mieux comprendre comment entrer en relation avec l'autre dans le cadre d'une relation de couple génère des difficultés pour beaucoup d'entre vous.
Dans cette série de 4 conférences, nous examinerons les différents problèmes qui peuvent survenir lorsque l’on est impliqué dans une relation. Comme la peur de l'autre sexe, la sexualité, l'amour, le respect de soi et comment ces problèmes peuvent être résolus pour le bénéfice des deux partenaires. Je suis convaincu que ces exposés de septembre seront utiles à beaucoup d'entre vous.
L'une d'entre vous demande : «Je suis perdue et malheureuse dans la relation avec mon conjoint. Je ne sais pas comment être dans cette relation, ni ce que signifie être dans une relation. Pourriez-vous clarifier ce qu'est censée être une relation avec l'autre sexe ? »
Cette question « Qu'est-ce qu'une relation avec l'autre sexe est censée être ? » est très certainement le premier point à regarder et à éclaircir.
Je tiens d'abord à souligner que se concentrer sur ‘l'autre sexe’ réduit le sujet. Certains d'entre vous sont dans une relation homme/femme et d’autres dans une relation de même sexe, toutefois, les mêmes problèmes se posent. Cela veut dire que ce n'est pas tant le sexe du partenaire qui pose problème, mais plutôt ‘l'autre’ lui-même. Que vous soyez dans une relation hétérosexuelle ou homosexuelle n'a pas vraiment d'importance, ce qui importe, c'est la dynamique qui se joue avec cette ‘autre’ personne.
L’on tient généralement pour acquis que c'est toujours l'autre qui pose problème, mais est-ce vraiment le cas ? Réfléchir à ‘ce qu'est un autre’ peut nous amener à comprendre pourquoi nous rencontrons des difficultés à entrer en relation avec un autre. Pour faire court, nous ne voyons généralement pas l'autre comme un autre, mais plutôt comme un pourvoyeur de nos besoins, l'autre devient un instrument servant à satisfaire nos besoins.
Ce serait une pratique fructueuse pour chacun d’entre vous de vous interroger sur ‘ce qu'est un autre’ et vous pouvez le faire soit seul pendant votre temps libre, soit lorsque vous faites des exercices de communication avec un partenaire.
Il y a aussi un fait évident à propos de la ‘relation’ qui est souvent négligé. Ce fait évident est que nous sommes constamment en relation, quoi que nous fassions. Tout ce sur quoi nous posons notre regard devient une relation par le simple fait que la dualité ‘moi’ et ‘quelque chose d'autre que moi’ est toujours à l'œuvre. Nous vivons dans la dualité et certains d'entre vous se souviennent peut-être de l’exposé que j'ai donné il y a quelque temps sur 'Personnalité et Vraie Nature’, où j'insistais sur le fait que tout est centré sur ou tourne autour de ce ‘moi’.
Il est important de comprendre que nous communiquons toujours à partir du centre ‘moi’. De ce fait, nous avons tendance à mettre l'accent sur ce qui est en dehors de nous, ‘l'autre’ dans le cadre d'une relation, et nous aimerions que cet ‘autre’ nous voie tels que nous sommes et surtout, nous aimerions que cet ‘autre’ soit à la hauteur de nos attentes et de nos besoins pour que nous nous sentions en sécurité. Ce que nous oublions, c'est que ‘cet autre’ veut lui aussi être vu tel qu'il est et que ses besoins et ses attentes soient satisfaits.
Dans la majorité des relations, aucun des partenaires n'est vu pour qui il est, ce qui conduit inévitablement à des conflits dans la relation. Les conflits surviennent à cause de ‘moi’ et mes besoins, de ‘moi’ et mes désirs, de ‘moi’ et mes attentes envers l'autre, tout autant que des besoins, des désirs et des attentes de ‘l'autre’ envers moi. C'est cela qui transforme une relation, au départ prometteuse, en un périple laborieux et décevant qui ne correspond en rien à l’engagement de la première rencontre et de la ‘lune de miel’ qui suivit.
Je suis sûr que vous avez tous remarqué et vécu cela, quelle que soit la forme de relation dans laquelle vous êtes impliqué.
Une chose est certaine, une relation saine et fructueuse ne peut pas consister en ce que les deux partenaires répondent aux besoins l’un de l'autre. Cela ressemblerait plus à une relation de mendicité ou à une relation manipulatrice. Or, malheureusement, c'est le type de relation dans laquelle sont la plupart des gens. Voyez si cela est vrai pour vous ou non.
Qu'est-ce qu'une relation saine?
C'est assez simple en fait. Une relation saine est une relation basée sur le respect mutuel. Le respect de soi et le respect de l'autre sont les fondements d'une relation saine. Seuls nous sommes quelque peu limités, ensemble nous pouvons accroître nos capacités. Une relation saine associe seul et ensemble.
Seul ne veut pas dire être esseulé, seul implique intégrité et respect de soi. La solitude est une force en soi, c'est vivre dans la confiance en soi, dans l'acceptation totale de qui l'on est. La solitude est le rayonnement de l'amour. Et lorsque deux solitudes se rencontrent pour former une unité, une relation saine naît. Cette relation peut s'épanouir, car les deux solitudes vont dans la même direction, elles se développent dans l'amour et génèrent beauté et créativité.
Comme vous l'avez peut-être compris avec ce que je viens de dire, l'ingrédient nécessaire à la concrétisation d'une relation saine est, pour chaque partenaire, de s'enraciner dans sa solitude. Vous vous souvenez peut-être de l’exposé sur ‘Intimité et Relations’. L'intimité est la solitude, la solitude est l'intimité ; ces deux mots ont le même sens. Si votre désir est d'être dans une relation saine et fructueuse, relisez cet entretien et faites le nécessaire pour retrouver votre solitude, pour retrouver votre intégrité, pour retrouver votre vrai visage.
Tous les exposés et ateliers que je propose vont dans ce sens, ils visent à vous guider vers un retour à votre solitude pour que vous puissiez choisir comment vivre votre vie et dans quel type de relation vous souhaitez vous impliquer. Je ne peux que pointer la direction à prendre et vous soutenir sur le chemin, mais je ne peux pas faire le chemin à votre place.
Comment être dans une relation de couple ?
Quant à la personne qui pose la question, puisque tu es désemparée et malheureuse dans la relation avec ton conjoint et que tu ne sais pas comment être dans cette relation, il semble évident que tu n'as pas encore retrouvé ta solitude, et que la relation dans laquelle tu es n'est pas saine non plus.
Mis à part le fait de retrouver votre solitude, ce qui serait une priorité, quelles sont vos possibilités pour changer quelque chose et amener cette relation à un niveau plus heureux pour vous ?
Tout d'abord, abandonnez toute idée de vouloir changer votre partenaire, de vouloir qu'il soit différent de ce qu'il est. Soyons clairs, il est comme il est et allez devoir faire avec ça pour le moment. Une fois que vous acceptez le fait que votre partenaire est comme il est, alors un miracle se produit, vous avez le choix !
Vous pouvez choisir de le quitter et de mettre fin à la relation, puisque la façon dont il est ne correspond pas à vos aspirations et à votre idée d'une relation saine.
Si vous souhaitez maintenir la relation, l’autre possibilité est de choisir d’apprendre de lui à votre sujet. Au lieu d'être un ‘casse-pieds’ à vos yeux, votre partenaire peut devenir un ‘instructeur’. Chaque situation où vous vous sentez provoquée par ses paroles ou par son comportement peut devenir une opportunité pour vous d’en apprendre davantage sur vous-même. En utilisant la question suivante, ‘Qu'est-ce qui est révélé à mon sujet moi dans cette situation ?’ vous pourrez aller plus avant vers vous-même et ainsi retrouver votre authentique intimité, votre solitude. La pratique de cette question d'auto-investigation vous permettra de vous concentrer sur vous plutôt que sur votre partenaire, ce faisant, vous comprendrez mieux quels sont vos besoins et désirs insatisfaits. Gagner en compréhension sur vos propres besoins et désirs soulagera également le poids que vous mettez inconsciemment sur votre partenaire en voulant qu'il satisfasse vos besoins et désirs. En conséquence, votre relation avec lui s'améliorera sans effort.
Le point essentiel est de vous respecter plutôt que de supporter plus que vous ne pouvez supporter. Exprimer la vérité de votre cœur à votre partenaire aura un effet positif sur chacun de vous et sur la relation. Communiquer avec le cœur, plutôt que de réagir et de blâmer est préférable et même essentiel. Il se peut cependant que votre partenaire ne soit pas ouvert à cette approche pour diverses raisons. Auquel cas vous pouvez également choisir de demander l’aide d'une personne neutre afin de pouvoir soulager votre cœur et ainsi retrouver votre authentique intimité.
Lorsqu'une relation devient malsaine, au point que l'on se sent désemparé et malheureux, une séparation subtile se crée et les deux partenaires commencent à vivre dans une sorte d'indifférence et de négligence envers l'autre. En pratique, ils sont ensemble, la relation n'a cependant plus aucun sens, elle n'est plus une priorité et n'a plus rien à promettre. Lorsque cela se produit, et qu'il semble que ce soit ce que tu traverses, cela crée un sentiment d’isolement et d’impuissance. C'est pourquoi tu ne sais pas comment être, tu dois te sentir désorientée dans cette relation.
Plutôt que d'endosser le rôle de victime, prends cela comme une opportunité pour rebondir et découvrir ce que tu veux vraiment. Une fois que ce que tu veux vraiment est clair pour toi, prends toutes les mesures nécessaires pour te l’accorder.
Savoir ce que nous voulons est essentiel, car ce n'est qu’à partir de là que nous pouvons avancer dans la bonne direction. Je pose souvent cette question « Qu'est-ce que vous voulez vraiment ? » à ceux qui viennent me voir et les réponses qu’ils me font sont souvent les suivantes. ‘Je veux la liberté, ou je veux l'amour inconditionnel’. Bien que ces réponses soient vraies à certains égards, elles ont tendance à provenir de l’intellect, du mental, et ne sont pas des réponses sincères. Dans la majorité des cas, la toute première chose à laquelle notre cœur aspire, c’est d'être compris.
Pour la plupart des gens, leur vie est construite sur un manque de compréhension de leurs besoins ou plutôt sur l’incompréhension de leur besoin essentiel. Ce besoin essentiel peut être différent selon la personne et l'environnement dans lequel elle a vécu enfant, mais c'est le fait même de ne pas être compris qui est le point clé. On ne peut pas vivre sans être compris, on ne peut que survivre et vivre sa vie en mode survie est épuisant et douloureux.
En mars de l'année dernière, j'ai longuement parlé du ‘Besoin d'être Compris’. Écouter à nouveau cet exposé si vous voulez mieux comprendre ce besoin essentiel.
Pour résumer, être compris nécessite deux éléments.
Le premier est de pouvoir exprimer clairement ce que nous voulons et le second est que l'autre comprenne et accepte ce que nous exprimons. Voyez l'exposé sur ‘les Cycles de Communication’ pour bien saisir cet aspect de la communication et de la compréhension.
Ce sont les deux principaux aspects qui permettent d’être compris. Cependant, nous ne pouvons agir que sur l’aspect qui nous concerne, à savoir ce que nous voulons et l'exprimer le plus clairement possible. Bien que nous puissions être clairs sur ce que nous voulons, il peut être difficile de l'exprimer pour la simple raison que nous avons un arriéré de peur prêt à faire surface.
Cet arriéré de peur est en rapport avec la relation que vous aviez avec les gens autour de vous lorsque vous étiez enfant, principalement vos parents, vos aînés ainsi que vos instituteurs. Toutes les relations qui ont suivi ont tendance à se fonder sur ce premier environnement relationnel.
En tant qu’enfants, nous avions souvent peur de nous exprimer, souvent parce que nous avions peur d'une personne autoritaire ou violente et à cause de cette peur, nous avons appris à réprimer nos sentiments. Il se peut aussi que nous ayons été réprimés lorsque nous avons exprimé nos sentiments ou nos besoins. La peur d'être rejeté ou exclu ainsi que son opposé, le désir d'être aimé et accepté jouent un grand rôle dans notre difficulté à nous exprimer clairement.
Dans les deux cas, c'est l'emprise ou le contrôle de l'autre, quel qu'il soit, qui nous fait réprimer notre désir d'être compris. Nous avons simplement renoncé à ce que nos besoins ou désirs soient satisfaits, voyant qu'il n'y avait aucune possibilité d'être compris. Cette attitude de renoncer à se faire comprendre prévaut encore chez l'adulte que tu es devenue. Ce renoncement peut se manifester différemment selon les individus, mais la douleur profonde de ne pas être compris reste vive dans le cœur et elle conduit à ce sentiment d'être perdue et malheureuse que tu ressens dans ta relation actuelle.
En tant qu'enfant, tu n’avais pas beaucoup de choix, mais tu n’es plus un enfant et tu peux reconnaître qu'il existe différentes possibilités parmi lesquelles choisir pour retrouver ta solitude et être dans une relation nourrissante.
Cela dépend principalement de vous et non de votre partenaire de faire les démarches nécessaires pour vivre heureux, soit seul, soit avec un partenaire. La seule recommandation que je puisse vous donner est de suivre votre cœur plutôt que votre mental.
Notre prochaine rencontre portera sur le thème de la peur du sexe opposé et plus spécifiquement la peur des hommes puisque les hommes ont tendance à représenter le pouvoir et l'autorité.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_7-Septembre-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Une Expression Authentique de Soi.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d’aujourd'hui est la suivante « Comment puis-je faire la distinction entre une authentique expression de moi-même et un évitement de ma réalité intérieure ou un évitement du moment présent et d'une situation actuelle ? »
Certains d'entre vous se souviennent peut-être de la conférence que j'ai donnée sur la Vérité et Être Vrai où je mentionnais qu'il est possible de faire la distinction parce qu'en tant qu'êtres vivants, nous sommes doués d'Intelligence et de Discrimination. Au cours de cet exposé, j'ai également donné un petit exercice visant à questionner la réalité de notre perception ainsi que les croyances que nous portons.
Soulever une telle question semble indiquer que vous sentez que vous vivez à partir d'un faux sens de vous-même et non à partir de ce que vous appelez une ‘authentique expression de vous-même’. Ce qu'est ce faux sentiment de soi n’est peut-être pas tout à fait clair pour vous, mais le doute est là, et c'est un point important, car vous pouvez maintenant aller plus avant et consolider votre prise de conscience sur ce qui est faux en vous.
Permettez-moi de vous rappeler brièvement ce qu'est un faux sentiment de soi et comment il nait.
Le faux sens de soi est une construction mentale générée par toutes sortes de croyances et d'idées que nous avons principalement acquises pendant notre enfance. Elle est aussi, et en grande partie, générée par les événements douloureux que nous avons vécus durant cette période.
Les événements douloureux et les croyances ont créé une déconnexion d’avec notre monde intérieur. Notre comportement est devenu une composition, une simulation, fait de déni et de répression. Nous nous sommes retrouvés piégés dans cette déconnexion, sans autre choix que de vivre dans un monde imaginaire, dans l'espoir et les attentes.
C’est un fait avéré que beaucoup de gens ne sont pas vraiment présents, ils sont constamment ailleurs, déconnectés de la réalité et se perdent dans un monde idéal dans lequel ils aimeraient vivre. Ce dysfonctionnement n'est bien sûr pas intentionnel. Il est généré à un niveau inconscient avec comme conséquence le développement d'un faux sentiment de soi.
La connexion avec la réalité et notre moi authentique est perdue et nous nous retrouvons avec ce que vous mentionnez, une difficulté à faire la distinction entre une expression authentique et un évitement de notre réalité intérieure. Vous auriez tort de vous reprocher de ne pas pouvoir faire la distinction, il est inutile de vous juger, acceptez simplement qu’il en soit ainsi pour le moment.
‘Bien, pour le moment je ne peux pas faire la distinction, d'accord, c'est ma limite en ce moment et je l'accepte’.
Une fois cette acceptation établie, il devient possible d’aller de l’avant et de clarifier ce qui m’empêche de faire la distinction entre réalité et évitement.
D'après ce que j'ai dit plus tôt à propos du faux sentiment de soi, vous avez peut-être réalisé que le faux soi est toujours dans l'évitement. Il est l'évitement incarné, c'est comme vivre dans un épais brouillard ou dans une autohypnose permanente et sortir de cette autohypnose n'est pas chose aisée.
Ce n'est pas une chose aisée, car même si nous faisons de notre mieux pour exprimer ce qui se passe pour nous, nous restons empêtrés dans l'histoire de notre vie. Raconter sa vie est la force motrice privilégiée du faux-moi, la force motrice privilégiée de l'évitement, car raconter sa vie tourne toujours autour de la personne et ne prend jamais en compte la personne elle-même. Il s'agit toujours de ce qui arrive à la personne, avec ou sans émotion, la personne en tant que telle n'est cependant jamais véritablement prise en compte.
L'histoire, aussi belle ou horrible qu’elle soit, n'est que le contexte, l'enveloppe. Ce qui compte, c'est la personne et non pas l'histoire. Oui, l'histoire aide à comprendre le contexte dans lequel la personne a été affectée, mais c'est la personne affectée qui compte, pas l'histoire.
Et c'est là où beaucoup de gens passent à côté de l'essentiel, ils tournent en rond dans leur histoire, Ils blâment, ils jugent, racontent à quel point ils sont impuissants, à quel point c’était injuste pour eux. Ils ont tendance à ne jamais considérer celui qui a vécu cette histoire, comme si l'histoire était arrivée à quelqu'un d'autre.
Rappelez-vous ce que j'ai mentionné dans l'exposé sur Intimité et Relation. ‘Je’ ou ‘moi’ est le point central à partir duquel toute perception commence. Il s'agit toujours de ‘moi’ et non pas ‘moi et mon histoire’, seulement de ‘moi’. Cela semble être un point difficile à intégrer pour les gens, car il semble porter une odeur d'égoïsme. Mais ce n'est pas le cas, il n'y a pas d'égoïsme à se centrer sur ‘vous’. Si vous pouvez comprendre cela, de grands changements commenceront à se produire.
En portant votre attention sur ‘vous’ et non sur l’histoire de votre vie, vous commencerez déjà à faire la distinction entre l'évitement et la réalité puisque vous êtes l'acteur principal de votre histoire. Et pour vous aider à aller plus loin, souvenez-vous de cette question : ‘Est-ce vrai ?’
En utilisant cette très pertinente question, la distinction se mettra en place sans effort.
Une chose doit cependant être rappelée. Puisque vous vivez à partir d'un faux sens de vous-même, vous ne pouvez que commencer à partir de là. D’où, l'image souvent employée des couches d’un oignon. Vous passerez d'une couche de réalité imaginée à une autre couche de réalité imaginée, même si cette réalité nouvellement rencontrée semble être plus réelle, elle est aussi quelque chose de faux, mais plus proche d'une véritable expression de vous-même que la précédente, et ainsi de suite, ainsi de suite.
Voyons maintenant ce qu'est 'une expression authentique de moi-même.'
Ce que vous appelez ‘une authentique expression de moi-même’ se montre lorsqu'il existe un lien direct entre ce qui est ressenti à l'intérieur et ce qui est exprimé. En d'autres termes, lorsque vous êtes ce que vous exprimez.
Je vois beaucoup de gens exprimer leur colère, pourtant ils ne se libèrent jamais de leur colère, pourquoi cela ? C'est parce que leur colère est intellectuelle et non ressentie. L'autre jour, lors d'une séance individuelle, une étudiante me disait à quel point elle était en colère contre sa mère. Je lui ai demandé de prendre un coussin et d'exprimer sa colère physiquement et avec des mots. Elle a frappé le coussin sans rien dire pendant moins d'une minute et m’a dit qu'elle se sentait mieux. Ce n'était pas vraiment une expression de sa colère, c'était juste une façon de satisfaire son mental et d'apparaître comme une bonne élève. En réalité, ses coups n’avaient aucun effet.
Il y avait deux raisons pour lesquelles ses coups n’avaient aucun effet.
→ La première était qu'elle n'osait pas vraiment exprimer sa colère, car elle avait peur que quelqu'un puisse l'entendre et par conséquent la juger. La peur d'être jugée était si forte qu'elle l'empêchait de se connecter et d'exprimer sa colère.
→ La seconde était qu'elle se croyait détestable et se sentait triste de ne pas être bien traitée par ses parents. La tristesse recouvrait sa colère. Une fois qu'elle a pu exprimer sa tristesse, ajoutée au fait qu'elle voulait être louée, sa colère surgie soudain et cette fois c'était à partir de son ventre. Une connexion s'est établie avec elle-même et elle a pu reconnaître la différence.
Lorsque nous sommes dans cette connexion avec nous-mêmes, chaque pensée, sentiment ou sensation qui en émane est une véritable expression de qui nous sommes. Cela peut facilement être reconnu par la personne, car cela a un goût différent, un son différent. Même le corps devient différent, il se détend et cette authentique expression de qui vous êtes à ce moment-là peut être perçue par ceux qui vous entourent. Vous êtes vue dans votre authenticité.
Voici la belle histoire Zen de Toyo pour illustrer cela.
« Toyo n'avait que douze ans, mais il voulait qu'on lui donne quelque chose à méditer, à contempler, alors un soir, il se rendit chez Mokurai, le maître zen et frappa doucement le gong pour annoncer sa présence. Il s'assit devant le maître dans un respectueux silence.
Après un moment, le maître dit : ‘Toyo, montre-moi le son de deux mains.’
Toyo frappa dans ses mains.
Bien, dit le maître. ‘Maintenant, montre-moi le son d’une main qui applaudit’.
Toyo était silencieux, finalement, il s'inclina et partit méditer sur le problème.
La nuit suivante, il est revenu voir le maître et a frappé le gong avec la paume d’une main.
‘Ce n'est pas ça’, dit le maître.
La nuit suivante, Toyo est revenu et a joué du Shamisen* d’une seule main.
‘Ce n'est pas ça, dit le maître.
Toyo est revenu plusieurs fois avec une réponse, mais le maître a dit à chaque fois : ‘Ce n'est pas ça’. Durant des nuits, Toyo a essayé de nouveaux sons, mais chaque réponse était rejetée. La question elle-même était absurde, aussi aucune réponse ne pouvait être validée. Et lorsqu’à la onzième nuit, Toyo vint voir le maître, avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, le maître lui dit : ‘Ce n'est toujours pas ça !’
Toyo cessa de venir voir le maître.
Pendant un an, il a pensé à tous les sons possibles et les a rejetés un à un, et lorsqu’il n'y a eu plus rien à rejeter, il a explosé dans l'éveil.
Lorsqu’il n’était plus, il retourna vers le maître et sans frapper le gong, il s'assit et s'inclina. Il ne disait rien et il y eut un long silence.
Alors le maître dit : ‘Alors, tu as entendu le son qui n’a pas de son !’ »
*Shamisen, instrument japonais de musique à trois cordes.
À ce moment-là, Toyo était, pour reprendre vos mots, une authentique expression de lui-même, rien ne s'y opposait. Il était l’expression de la vérité.
Si votre objectif est d'être et de vivre à partir d'une expression authentique de vous-même, alors comme Toyo, vous devrez reconnaître et rejeter tout ce qui est faux en vous, toutes les idées, toutes les croyances que vous avez accumulées sur vous-même. Ces idées et croyances ne sont pas ce que vous êtes, elles sont ce que les autres ont dit de vous. Elles sont les opinions des autres sur vous que vous avez assumée, par nécessité. Ce sont les voix dans votre tête, les idées et les comportements que vous avez adoptés et auxquels vous vous identifiez. Rappelez-vous, tout cela n’est pas vous.
Avec ce que j'ai dit aujourd'hui, et avec les exposés précédents, vous avez maintenant tous les éléments nécessaires pour donner vie à cette authentique part de vous-même. La réponse à votre question « Comment puis-je faire la distinction entre une authentique expression de moi-même et un évitement de ma réalité intérieure ? » doit maintenant être plus claire pour vous.
Chaque fois que vous vous exprimez, ayez cette question à l’esprit : ‘Qu'est-ce que je cherche véritablement à dire ?’. Cette question vous aidera à trancher dans le faux et à vous rediriger vers l'essentiel et lorsque vous reconnaîtrez une croyance ou des jugements, utilisez ‘Est-ce vrai ?’ pour questionner votre réalité intérieure.
Ce ne sera pas nécessairement une aventure facile et fluide, car nous avons l'habitude de nous accrocher à ce que nous savons et à craindre ce que nous ne savons pas. Notre mental contrôleur vient nous barrer le chemin. Il nous porte à croire qu'il vaut mieux avoir une mauvaise mère ou un mauvais père plutôt que pas de mère ou pas de père du tout.
Cette pensée ou des pensées similaires sont les signes qui montrent à quel point nous craignons d'être seuls, à quel point nous craignons de sauter dans l'inconnu et continuons à nous accrocher à une idée sécurisante, au besoin d'être aimé. Oui, pour un enfant, l'amour et la sécurité sont cruciaux, essentiels même, mais vous n'êtes plus un enfant, vous pouvez donc laisser la part adulte en vous avoir le courage de faire le pas nécessaire pour faire face à ces parts d’ombre en vous. Vous avez besoin de cette même énergie de vie que vous aviez enfant, lorsque vous avez commencé à vous tenir debout et avez fait vos premiers pas. À ce moment-là, il n'y avait pas d'hésitation, pas de questionnement, pas de ‘et si ?’, pas de mental contrôleur. La force vitale en vous vous a poussé à le faire. Laissez cette force vitale jouer à nouveau son rôle, laissez-la vous soutenir dans votre soif d'authenticité.
Essayez et voyez ce qui se passe !
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_28-Avril-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom à propos des Modes de Comportement et du Contrôle.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
L'exposé d'aujourd'hui porte sur les modes de comportement et le contrôle, il est en lien avec la question sur Le Monde Imaginaire de l’Enfant Intérieur.
L’un d’entre vous demande : « Pouvez-vous nous parler des modes de comportement que nous adoptons en tant qu’enfant, tels que se battre, plaire ou se dissocier et comment nous utilisons ces modes de comportement comme stratégie pour contrôler notre environnement ? »
Les modes de comportement sont nombreux et peuvent varier dans leur expression en fonction de l’environnement de chacun. Probablement la première chose à comprendre sur les modes de comportement est les raisons de leur manifestation, leur cause profonde et ce qui nous fait adopter un certain mode de comportement et pas un autre.
La Cause Racine
Un comportement est avant tout un mécanisme de défense que notre système neurovégétatif met en place afin de protéger notre intégrité. En tant qu'enfants, nous ne décidions pas sciemment d'adopter un comportement particulier. Les comportements se mettent en place en fonction des situations auxquelles nous sommes confrontés au sein de notre environnement.
→ Si l'environnement est accueillant, bienveillant, nous avons tendance à adopter un comportement d’ouverture et amical.
→ Si au contraire, l'environnement est perçu comme menaçant, ce qui est bien souvent le cas, alors notre système neurovégétatif réagira en conséquence en nous fournissant un comportement adapté.
Je suis sûr que vous avez tous entendu parler de cette gestion des conflits ‘Fuir ou Faire Face’ qui est un mécanisme de survie profondément enraciné non seulement pour nous les humains, mais également pour chaque être vivant. Les comportements qui vont se mettre en place reposent sur ce mécanisme de survie. Ils sont soit basés sur la Colère (Faire Face) ou sur la Peur (La Fuite ou l’Évitement), avec bien sûr, quelques variations et enchevêtrements. Les modes de comportement sont aussi et essentiellement une réponse à l’environnement psychologique et émotionnel de l’enfant. Ils sont une tentative de satisfaire au mieux nos besoins fondamentaux.
Comme vous le savez tous par vous-même, en tant qu'enfant, nous avons des besoins fondamentaux comme être vu pour qui nous sommes, être compris et soutenu, être respecté et surtout accompagné ou, pour le dire plus simplement, être aimé. Ces besoins sont cependant rarement satisfaits et cela crée en nous une peine de cœur. Notre besoin d'être aimé est si profondément ancré en nous et si fondamental pour notre survie que le désir de le voir comblé voilera la réalité de notre environnement immédiat et créera un sentiment de Désespoir accompagné de son pendant, l'Espoir.
Au sein de ce désespoir, la forme pensée : ‘J’ai l’espoir que si je me comporte comme je pense que mes parents veulent que je me comporte, mes besoins seront satisfaits’ voit le jour. Et pour ce faire, nous développons des modes de comportement qui correspondent à nos espoirs. Comprenez bien que ce développement a lieu dans la partie inconsciente de notre psychisme, ce n'est pas que l'enfant se dise : ‘Je vais me comporter comme ça pour que mes besoins soient satisfaits’, non, ce n'est pas comme ça. Ce développement est une réponse de notre système neurovégétatif qui est toujours orienté vers la survie.
L’on peut donc dire que nos schémas comportementaux sont en fait et par essence, un mécanisme de survie organisé autour de l'environnement psychologique et émotionnel au sein duquel nous avons vécu enfant.
→ Si l'environnement psychologique et émotionnel dans lequel nous vivons en tant qu'enfants est basé sur la peur, nous pouvons avoir tendance à développer un comportement de Victime ou celui d’un Flatteur. Ou bien, à l'opposé, un comportement de Rebelle ou de Contestataire.
→ Si notre environnement émotionnel est basé sur la colère ou la violence, nous aurons tendance à développer un comportement de Victime, de Flatteur ou de Manipulateur plutôt qu’un comportement ouvertement contestataire.
Comprenez que ce sont là des tendances et non une loi en soi. De nombreuses variantes peuvent être trouvées étant donné que chaque personne est unique. Tant que nous continuerons à vouloir que notre besoin soit satisfait, nous serons la proie de l'Espoir et de la Dépendance dans nos relations. Pour être en mesure de voir la réalité telle qu'elle est, nous devons sortir de notre monde imaginaire de l’enfance.
Comme le montrent les dessins, il existe de nombreux modèles de comportement. Nous pourrions les diviser en 4 grandes catégories en fonction de la façon dont, enfants, nous étions émotionnellement liés à notre environnement.
Cette liste n'est pas exhaustive et peut être différente pour chaque personne.
Vous demandez : « Comment utilisons-nous ces modes de comportement comme stratégie pour contrôler notre environnement ? »
Contrôler notre environnement est une attitude de survie séculaire, probablement aussi ancienne que la vie existe. Toutes les espèces ont développé des stratégies pour contrôler leur environnement afin de survivre. Pour nous, humains, notre survie est plus une survie psychologique que physique et de ce fait, nous avons développé des stratégies ou des modèles de comportement liés à nos besoins psychologiques pour les satisfaire comme je l’ai mentionné précédemment.
Lorsque quelqu'un assume le rôle de Victime parce qu’il n'a pas reçu l'attention qu'il était en droit de recevoir, il pourra avoir ce type de pensées : « Ce n'est pas juste, le monde entier est contre moi, personne ne m'aime, je me sens tellement blessé, je suis si seul, personne ne se soucie de moi. C’est de leur faute. »
Cette personne passera une grande partie de son temps à se lamenter et à pleurer dans le seul but d’attirer l'attention. « Pauvre de moi, regardez comme je suis blessé. » Toutefois, sous cette attitude de Victime, il y a un Tyran qui se dissimule, car le ressentiment et la colère ne sont pas loin. Par ses sempiternelles lamentations, la victime essaie de forcer l'attention. Qui plus est, cette personne est dans un ‘non’ très affirmé. « Non, ça ne devrait pas être comme ça, tu devrais me donner ce que je veux, c'est de ta faute si je suis malheureux. »
D'un côté elle gémit et pleure et de l'autre elle exige que ses besoins soient satisfaits. Ces deux attitudes auront tendance à écarter les gens, à les rejeter. L’exact opposé de ce que veut la victime. Qui a envie de supporter la constante lamentation d'une victime ? Qui a envie de supporter le blâme constant d'un tyran ? Personne, sauf peut-être celui qui prend le rôle du Sauveur, du bienfaiteur. Un autre type de personnalité assez commun basé sur la peur.
Le Sauveur, également connu sous l’étiquette du ‘Dévoué’, ou du ‘Responsable’ est celui qui vient à la rescousse et pourvoie toute sorte de conseils ou de consolation pour arriver à ses fins, pour que son besoin de reconnaissance et d’être aimé soit satisfait. Il est tellement dans le désir d’être aimé, apprécié et reconnu pour sa valeur qu’il est à se sacrifier et même parfois même à risquer sa vie pour l'obtenir.
Son principal atout est de plaire, de dire oui, d’obéir. Plaire est l’autre facette du Sauveur. Il ne sait pas dire ‘non’, il est comme un paillasson, vous pouvez vous essuyer les pieds sur lui, il vous dira quand même merci de l'avoir utilisé.
Le Sauveur ne supporte pas de voir quelqu'un dans la peine parce que cela reflète sa propre peine. C'est en fait un ‘Responsable’ déguisé ! Tout comme le ‘Dévoué’ est un ‘Sauveur’ déguisé. Il fait plaisir pour être reconnu, pour être apprécié, mais aussi pour sauver ‘ces pauvres êtres’. Il y a chez le ‘Dévoué’ et le ‘Sauveur’ un subtil élément de supériorité. En agissant comme ils le font, ils adoptent une attitude méprisante, ils sont meilleurs que vous.
Vous avez peut-être observé cela dans votre propre famille (parentale ou nucléaire). Les relations de couple sont souvent gouvernées par ces modes de comportement. Ce qui conduit à l'incompréhension, à la confusion, voire à la haine entre mari et femme ainsi qu'entre parents et enfants ou même entre enfants. Ces modes de comportement conduisent également à des relations de codépendance, comme je l’ai mentionné dans l’exposé sur la codépendance.
Bien que ces modes de comportement soient une tentative de contrôle sur notre environnement pour répondre à nos besoins, ils portent rarement les fruits attendus comme vous l'avez très certainement vécu vous-même.
Ils n’apportent pas les fruits attendus parce qu'ils ne sont pas une demande franche et directe. Ce sont des façons détournées de demander ce que nous voulons et elles sont bâties sur l'espoir. Ces modes de comportement portent en outre en eux l'énergie du ressentiment. Parfois de manière ouverte comme lorsque nous sommes en colère ou rebelles. Toutefois, la plupart du temps, ce ressentiment reste caché dans une partie inconsciente de notre psychisme.
N'oubliez pas que c'est l'espoir que le besoin sera satisfait qui crée un mode de comportement, rien d'autre. L’on peut donc dire que les modes de comportement sont comme des bulles de savon remplies d’air. Ils n'ont aucune réalité, ils ne sont qu'une espérance à répondre à nos besoins, ce qu'ils ne réussissent jamais à faire.
Le problème est qu'au fil des années, nous avons tendance à nous identifier à ces comportements et à oublier ce que nous voulons réellement. Nous devenons une Victime-Tyran ou un Sauveur-Dévoué, sans prendre conscience que nous assumons ces rôles pour mettre un voile sur nos cœurs blessés. Non seulement ces rôles ne nous apportent pas ce que nous désirons profondément, mais ils voilent aussi notre force vitale et notre vraie personnalité. À ce titre, ils ont un impact sérieux sur nos vies, car ils nous empêchent de vivre à cœur ouvert, innocemment. Ils nous portent à vivre une vie restreinte et contrôlée, une vie de survie.
Lorsque nous sommes identifiés à un certain mode de comportement, celui-ci voile notre discernement, il voile notre faculté à discriminer, à reconnaître la réalité qui s’offre à nous. Il est donc nécessaire de reconnaître et de comprendre comment nous fonctionnons, dans quels types de comportements nous sommes pris, pour que nous puissions reconnaître le besoin et la peine que ce comportement voile.
En prenant soin de notre besoin et de notre cœur blessé (reconnaître, accepter et exprimer), le mode de comportement s'estompera et disparaîtra, car il ne sera plus nécessaire.
C'est aussi simple que ça!
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_20-Octobre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Solitude et la Relation.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
Aujourd'hui, nous avons la question d'une participante sur la solitude et la relation.
Elle demande, « Pouvez-vous parler de la solitude par rapport à une relation épanouissante ? Je me sens si seule et désespérée, j’aspire à l'amour, à la confiance et j'ai soif d'une relation complète. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi, que puis-je faire à ce sujet ? »
Tout d'abord, je voudrais que vous sachiez que vous n’êtes pas en faute, tout est comme il le faut en vous. Vous êtes simplement le résultat malheureux d'un environnement froid et insensible ou l’amour fait défaut. Votre solitude et votre soif de ce que vous appelez ‘une relation complète’ sont simplement la conséquence d'une profonde faim d'amour. En tant qu'enfant, vous n’avez pas été assez aimée, assez prise en compte, assez soutenue et très certainement incomprise dans vos besoins. Tout cela a créé un sentiment de solitude en vous, ainsi qu’un désir de connexion bienveillante, chaleureuse. Il n'y a non plus rien de mal dans ce désir de connexion bienveillante, il n'est que l'expression d’un manque en vous. Que cela soit clair afin d’éviter toute idée critique ou de culpabilité de ne pas être à la hauteur, ceux qui sont dans le tort ce sont vos parents et pas vous. Abstenez-vous également de tomber dans le piège de la victimisation, cela vous conduirait à une impasse.
Permettez-moi également de souligner qu’être seul et se sentir seul n’est pas la même chose. Nous pouvons être seuls et parfaitement heureux de cela, tout comme nous pouvons être avec des parents ou des amis et nous sentir seuls. La solitude n'est pas le fait d'être seul, la solitude est le résultat d'une liaison manquante, un manque d’intimité.
Vous dites : « Je me sens si seule et désespérée ». Très bien, je comprends que c'est votre réalité aujourd'hui et probablement depuis de nombreuses années. La solitude est un sentiment qui peut être déclenché par une grande variété de situations ou d'événements, ce qui fait qu’il est important de découvrir les sources possibles de votre solitude. Une fois que la forme spécifique de la solitude que vous ressentez est identifiée, il sera plus facile de trouver les moyens d’en prendre soin.
Lorsque l'un des parents est absent à cause de son travail ou à cause d'une maladie ou pour toute autre raison, l’enfant aura l'impression qu'il lui manque quelque chose, cela ne génèrera pas nécessairement un sentiment de solitude puisque l'autre parent est présent. Cependant, lorsqu'un enfant est laissé seul régulièrement, principalement parce que ses parents ou ses tuteurs sont occupés à travailler loin du domicile ou occupés à d'autres choses, l'enfant se sentira abandonné, cet abandon physique créera sans aucun doute un sentiment de solitude. Il se peut aussi que les parents soient plus préoccupés par les études de l'enfant que par l'enfant lui-même. L’enfant n'est alors pas vu pour qui il est, mais seulement pour ses résultats scolaires ou ses réussites dans la vie. Le résultat est un profond sentiment d'indignité pour l'enfant. Il formera cette pensée qu’il ne peut être digne que s'il correspond aux attentes de ses parents et qu’il doit faire de son mieux pour les atteindre afin d'obtenir leur reconnaissance et être considéré. Cependant, être considéré peut être un faux antidote à la solitude.
De la même façon, lorsqu'un enfant n'est pas inclus dans une discussion familiale qui le concerne, lorsque ses propos ou son opinion ne sont pas pris en compte ou traités sérieusement, l'enfant se sent exclu, mis à l'écart ce qui le laissera avec une profonde tristesse et un sentiment de solitude.
Ce qui est commun aux différentes situations que je viens d'évoquer, c'est l’élément de ‘ne pas être compris’. Pour un enfant, être compris dans ses besoins, quels qu'ils soient, équivaut à se sentir en sécurité. Regardez un jeune enfant courir vers maman ou papa, simplement pour être dans leur bras et lorsqu’il est dans leur bras, il se sent en sécurité, protégé et détendu. Avec cette union, son besoin a été compris et satisfait.
Lorsque nos besoins de base ne sont pas satisfaits ou lorsque nous ne sommes pas compris dans nos besoins de base, le sentiment d’être nié ou d’être indésirable se fait jour et ce sentiment est souvent accompagné de ressentiment. Un terreau fertile pour la solitude.
Il y a environ un an, lors d’une réunion Zoom sur ‘le besoin d'être compris’ j’ai proposé quelques exercices pour aider à clarifier ce qui n'a pas été compris à notre sujet. Être clair sur nos besoins et sur ce qui n'a pas été compris à notre sujet est une étape essentielle, surtout lorsque l’on veut identifier la source de notre solitude. Je vous encourage donc à relire cet exposé et à pratiquer les exercices proposés pour clarifier vos besoins, car j’ai le sentiment que quelque chose n'est pas tout à fait clair pour vous.
Revenons à votre désir d'une ‘relation complète’.
À quoi chaque enfant ou plutôt chaque être humain aspire-t-il ? Tout le monde aspire à ce que vous appelez une ‘relation complète’, une relation bienveillante, une relation où le cœur est impliqué. Et qu’apporte une telle relation ? Elle apporte un sentiment de sécurité, un sentiment de stabilité et surtout un sentiment d’union. Nous ne sommes plus seuls, quelqu'un est avec nous et nous nous sentons acceptés, inclus, en d'autres termes nous nous sentons aimés.
C'est ce sentiment d’être relié qui manque à la majorité des gens. Ils le recherchent de façon inconsciente dans les relations, dans la sexualité, dans le sport, au travail ou dans la prise de pouvoir, sans se rendre compte que ce qu'ils font, c'est de simplement éviter de faire face à leur sentiment de solitude.
Chacun de nous sait ce qu'est une ‘relation complète’ puisque nous avons tous expérimenté ce sentiment d'union lorsque nous étions dans le ventre maternel. C’était inconscient bien sûr, mais néanmoins crucial pour le petit être que nous étions. Le bébé et la mère ne faisaient qu'un, il n'y avait pas de séparation, la séparation s’est faite au moment de la naissance. C’est à partir de ce moment-là, chaque être commence à aspirer à une ‘relation complète’, à une ré-union avec ce qui était ressenti comme une unité. D’où l'importance pour un bébé d'être touché, d'être tenu dans les bras et plus tard pour un enfant d'être soutenu physiquement et psychologiquement. Une grande souffrance est générée si un bébé ou un enfant ne peut recevoir cela. La séparation est le germe de la solitude. Qu'il s'agisse d'une séparation physique ou psychologique, cela ne fait pas de différence pour la solitude.
Votre envie de ‘relation complète’ est tout à fait compréhensible et je dirais très normale, vous avez dû manquer à la fois de contact physique et de soutien psychologique.
Vous écrivez « Je me sens si seule et désespérée, j’aspire à l'amour, à la confiance et j'ai soif d'une relation complète. »
Vous sentir désespérée est inévitable, cela fait partie du sentiment de solitude et lorsque nous sommes seuls, nous avons soif d'amour, soif d'une personne de confiance et d'une véritable connexion. Je dis cela pour souligner que ce que vous vivez est parfaitement normal. Vous n'avez pas tort d'avoir soif d'amour, d'aspirer à la confiance et à la connexion. Cela fait partie du sentiment de solitude. Tout ce que vous avez à faire est d'accepter qu’il en soit ainsi, que c'est ce qui se passe pour vous. Si vous n'admettez pas et n'acceptez pas que c'est la situation dans laquelle vous êtes, vous ancrez tout bonnement votre solitude plus profondément et vous niez une part essentielle de vous-même.
Abstenez-vous de faire cela, soyez ouvert à vos sentiments, soyez honnête à propos de vos sentiments, ne les cachez pas et donnez-leur l'espace dont ils ont besoin en les exprimant. Oui, j'aspire à l'amour et je me sens misérable d'être coupé de l'amour. Oui, j'aspire à la confiance et mérite la confiance. Oui, j'ai soif d'une relation épanouissante.
Être en accord avec vos sentiments permettra à une résolution de se faire.
Vous mentionnez que vous aspirez à la confiance, ce qui semble indiquer que non seulement l’on ne vous a pas fait confiance dans vos actions ou vos aspirations, mais que vos tuteurs n'étaient pas non plus dignes de confiance. Ils vous ont probablement trompé de bien des manières en ne tenant pas leurs promesses, en vous refusant leurs attentes et très certainement en ne vous comprenant pas dans vos besoins et désirs. Avec un tel bagage, faire confiance à qui que ce soit, y compris à soi-même, devient impossible.
Votre envie d'une relation complète montre également que jusqu'à présent vous n'avez pu faire confiance à personne.
La confiance est un élément essentiel de notre croissance. Nous venons au monde complètement dépendants et vulnérables et ne pouvons compter que sur nos géniteurs pour tous nos besoins. Nous dépendons de nos aînés pour notre protection, pour notre soutien que ce soit matériellement ou psychologiquement.
Quand bien même la confiance est inhérente à tout être vivant, elle nous est donnée comme une graine et pour que cette graine se développe en une solide confiance en soi, attention et soutien sont nécessaires. Cela fait partie de l'éducation, de la responsabilité des parents de soutenir la croissance de la confiance chez leurs enfants. Lorsque cela ne se produit pas, l'enfant développe un manque de confiance en lui, il devient sceptique, indécis, timide, voire timoré. L'insécurité, l'inquiétude, l'anxiété et la peur deviennent ses compagnons habituels.
Une ‘relation complète’, comme vous l'appelez, est impossible sans confiance. Pour être fructueuse, une relation ne peut être basée que sur la confiance et l'amour. Elle a besoin de la confiance des deux partenaires et la confiance n'est pas possible sans amour. L'amour et la confiance vont de pair, sans amour il ne peut y avoir de confiance et vice versa.
Tout ce dont vous avez besoin, c'est de l'amour comme le dit la chanson. Cependant, l'amour commence avec vous et non avec quelqu'un d'autre. Mettez de l'amour dans votre vie, dans votre monde intérieur. L'amour est une acceptation de soi, un oui à qui vous êtes, tel que vous êtes. Il est vrai que vous n'avez pas reçu assez d'amour de la part de vos parents ou de vos tuteurs, mais vous pouvez commencer à vous aimer un peu plus en acceptant votre condition actuelle.
Vous demandez : « Que puis-je faire à ce sujet ? »
Probablement la première chose que vous pouvez faire est de clarifier votre situation. Clarifiez vos besoins, clarifiez la source de votre solitude. Je parlais récemment avec quelqu'un qui avait un problème similaire et ce qui est ressorti au début de notre entretien, c’était à quel point cette personne était confuse. En lisant votre question, j’ai le sentiment qu'il pourrait en être de même pour vous. C'est pourquoi je vous encourage vivement à clarifier les différents aspects dont j'ai parlé aujourd'hui.
Prenez le temps de réfléchir à vos besoins, faites tout d'abord une liste de tous vos besoins, puis écartez ce qui ne vous semble pas essentiel. Dans un deuxième temps, écrivez devant chaque besoin, comment vous auriez aimé que ce besoin soit satisfait dans le passé. Soyez le plus précis possible avec chaque besoin et pour chaque besoin, il peut y avoir différentes possibilités de réalisation, écrivez-les toutes, peu importe ce qui s'est passé dans la réalité.
Ce faisant, peu à peu le, ou les deux besoins essentiels pour vous émergeront. Vous pouvez également ajouter à cela, les exercices proposés dans l'exposé sur ‘Ne pas être compris’.
Une fois que vous avez acquis plus de clarté sur vos besoins, poursuivez avec ‘La trilogie transformatrice’ que j'ai mentionné à plusieurs reprises dans des exposés ou dans des ateliers.
→ Reconnaître (ce qui est)
→ Accepter (que ce soit le cas)
→ Exprimer (ce qui doit être exprimé)
En fait, reconnaître n'est pas suffisant parce que j'ai pris conscience que de nombreux étudiants reconnaissent qu'ils se sentent en colère, tristes ou seuls, mais ils ont une difficulté à admettre que c'est le cas pour eux. Ils seraient honteux d'admettre ce fait, leur orgueil fait barrage. L'orgueil, la peur et la honte forment une barrière à la possibilité d'accepter et créent un blocage qui doit être pris en compte et traité avant qu’une authentique acceptation puisse avoir lieu. Alors, voyez si l'orgueil, la peur ou la honte sont actifs en vous et si oui, dans quelle mesure vous empêchent-ils d'accepter votre réalité et d'exprimer ce qui doit être exprimé.
Dans votre question, vous mentionnez que vous aspirez à la confiance. Comme je l'ai dit plus tôt, la confiance est innée en chacun de nous. Elle est comme une graine qui a besoin de soutien pour se développer. Puisque vous n'êtes plus un enfant, cela devient de votre responsabilité de vous donner ce soutien et de développer la confiance en vos propres capacités et ainsi de devenir plus sûr de vous.
Je suis sûr que vous pouvez le faire, tout comme cet étudiant qui me disait à quel point il était désespéré, au point même de vouloir se suicider. Il m’a parlé de son désespoir, de son impuissance et de sa solitude, mais n'a pas pu vraiment se connecter avec cela, simplement parce qu'il avait trop peur de ce qui pourrait arriver s'il se connectait avec son désespoir. La peur était l'obstacle. Toutefois, à un moment donné, il a traversé cette peur et a pu se connecter avec son désespoir, il ne le repoussait plus, il ne l’évitait plus. Un oui se faisait jour et à sa grande surprise, quelque chose a commencé à changer en lui, une ouverture s'est créée et avec elle l’acceptation s'est installée, entraînant dans son sillage, une joie, un bonheur et le sentiment d'être plus libre. Cela lui a donné plus de confiance pour s'ouvrir encore davantage.
Confiance et Acceptation vont de pair. Lorsqu’il y a acceptation, les luttes disparaissent, la relaxation prend le dessus et l'amour commence à se manifester. C'est aussi simple que cela, mais parfois difficile à entreprendre à cause de la peur, de l'orgueil ou de la honte. La persévérance est nécessaire.
J'espère que cet exposé aura clarifié ce qui n'était pas clair pour vous, du moins en partie. C'est maintenant entre vos mains, faites vos devoirs et si vous avez besoin de plus de soutien, sachez que le soutien est disponible.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_14-Avril-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur l’Abandon et la Solitude.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d'aujourd'hui a trait à l’abandon et la solitude. « Enfant, je me sentais abandonné et non inclus par les membres de ma famille, ce qui me faisait me sentir seul et triste comme s'il y avait un trou profond sous mes pieds dans lequel je pouvais tomber. Comment puis-je faire face à ce traumatisme d’abandon ? »
Ce sentiment d'abandon est malheureusement le lot de nombreuses personnes. Beaucoup d'entre nous ont vécu cette terrible expérience d'abandon à différents âges de notre vie. L'abandon peut être vécu comme une expérience physique ou psychologique et souvent comme une combinaison des deux. Que l'expérience soit vécue physiquement ou psychologiquement, la douleur émotionnelle profonde qu'elle engendre est la même.
L'abandon physique peut se vivre très tôt. Le fait de couper le cordon ombilical ne sépare pas vraiment un bébé de sa mère, car le lien avec la mère reste ininterrompu, profond et essentiel pour le bien-être du bébé dans la mesure où il reste très proche de la mère.
Souvent après la naissance, lorsque le bébé est mis dans un berceau séparé de sa mère, il commence à éprouver un sentiment d'abandon. À cet âge précoce, le sentiment n'est pas conceptualisé comme un abandon, mais il est néanmoins vécu et peut avoir une profonde influence sur son développement ultérieur. C'est plutôt comme un sentiment d'insécurité qui est ressenti par le bébé puisqu'il a perdu le contact avec la mère, sa source de sécurité et la seule façon dont il peut manifester son sentiment d'abandon et son besoin de sécurité est de pleurer.
La mère est la première source de sécurité pour un enfant, le père vient ensuite et plus tard le foyer en tant que famille et lieu de vie. Tous ces éléments deviennent des sources vitales de sécurité pour l'enfant pendant sa croissance.
Le sentiment d'abandon se manifeste lorsque nous sommes séparés de notre source de sécurité. Il crée en nous une profonde insécurité qui, si elle se prolonge ou se répète, peut conduire à de l'anxiété et même devenir phobique. La séparation peut être physique, comme le fait d’être mis et laissé seul dans un parc pour enfant pendant une longue période ou être écarté de la famille et envoyé à un parent. L'indifférence, le manque d'attention et le fait de ne pas être compris en bas âge sont également des sources d'insécurité conduisant au sentiment d'abandon.
Au fil des ans, mon expérience à être en contact avec les problèmes et des traumatismes des gens, m'a amené à comprendre que si le sentiment d'abandon est commun à de nombreuses personnes, il ne vient pas nécessairement de l'extérieur, de parents ou de tuteurs négligents, il peut aussi venir de l’enfant lui-même.
Alain en est un bon exemple. Alain m'a dit que lorsqu'il avait environ 4 ans, sa mère était gravement déprimée et il l'a même vue tenter de se suicider. Durant cette période, Alain avait tellement peur que sa mère meure qu'il a décidé d'être un très bon garçon et de ne jamais créer de problèmes à sa mère. Il est devenu obéissant et n'a jamais rien demandé, alors que ses frères et sœurs ainsi que d'autres membres de la famille demandaient constamment l'attention de sa mère. Il voulait l'attention de sa mère, mais ne pouvait en aucun cas l'exprimer, craignant que s'il le faisait, ce soit trop pour sa mère et qu’elle en meurre. Ses parents quant à eux pensaient qu'il allait bien et qu’il n'avait pas besoin de beaucoup d'attention. Alain a commencé à se sentir exclu. Il se sentait étranger à sa famille et était inconsciemment jaloux de tous les autres membres de la famille qui attiraient toute l'attention de sa mère. Il se considérait même comme un orphelin, émotionnellement coupé des membres de sa propre famille. Il a fallu beaucoup de temps à Alain pour se rendre compte qu'il était, inconsciemment, le créateur de son sentiment d'abandon lorsqu'il a décidé de ne pas causer de soucis à sa mère, tellement effrayé que s’il devenait un souci pour sa mère, elle ne survivrait pas. Ne pas avoir de mère du tout aurait été un plus grand désastre pour Alain.
C'est le sentiment d'insécurité lié à la pensée que sa mère pouvait mourir, associé à sa décision d'être un bon garçon qui a créé ce profond sentiment d'abandon chez Alain.
Un parent qui quitte la famille pour aller travailler au loin ou du fait d'un divorce, une tentative de suicide, une maladie ou le décès d'un parent ou d'un proche ou encore la perte d'un animal chéri, sont des situations qui peuvent créer chez un enfant une profonde insécurité accompagnée d'un sentiment d'abandon.
Ne pas être compris, ne pas être soutenu ou être ignoré, sont des situations qui peuvent faire naître un sentiment d'abandon. Ce sentiment peut également provenir de la rivalité entre frères et sœurs lorsqu'un enfant est préféré à un autre. Il existe une multitude de situations, qu’elles soient physiques ou psychologiques qui peuvent être à l'origine d'un sentiment d'abandon.
Dans votre question, vous mentionnez que vous ne vous sentiez pas inclus par les membres de votre famille. Le fait de ne pas se sentir inclus est une autre source possible d'insécurité et d'abandon pour un enfant. Pour se sentir en sécurité, un enfant doit être inclus dans les décisions familiales. Déménager dans une autre ville, changer de lieu de vie, vivre avec une famille élargie ou aller dans une nouvelle école, sont des situations qui vont bouleverser l’environnement de l’enfant et il est important qu’il en soit informé au préalable. L'enfant peut ne pas aimer ce changement parce que son environnement, celui auquel il est habitué, ne sera plus. Il craint également ce qu'il ne peut pas anticipé, mais lorsqu’il est inclus dans le nouvel arrangement, cela le rassure, il se sent inclus et c'est vital pour lui.
Ce qui serait optimum pour l'enfant serait d'être préparé à l'avance à la nouvelle situation à venir et lui expliquer comment cette nouvelle situation peut lui apporter un changement positif. Souvent, les parents ont cette forme de pensée qu'un enfant est trop jeune pour comprendre, ils peuvent aussi ne pas savoir eux-mêmes comment annoncer la nouvelle à l'enfant et de ce fait ne disent rien. Cela met l'enfant dans une situation où tout est décidé à l’avance ce qui engendre de la frustration et du ressentiment pour l'enfant. Un enfant ou un adolescent peut comprendre n’importe quelle situation à condition d’en être informé de manière véridique et d’être considéré comme un membre à part entière de la famille et non comme quelqu'un qui n'a pas son mot à dire.
Puisqu'il s'agit essentiellement d'insécurité, le sentiment d'abandon apportera non seulement un sentiment de tristesse et de solitude mais aussi d'autres sentiments comme la peur, le ressentiment, et la colère, souvent associée à un désir de vengeance. La honte pourra également jouer un rôle dans le sens où lorsqu'une personne n'est pas incluse ou est exclue d'un groupe (fratrie, famille ou social), elle se forge la pensée, qui se transformera sans doute en une croyance plus tard qu’elle ne doit pas être assez bien ou qu'elle n'est pas digne d'importance, puisqu’elle est laissée de côté et n'est pas considérée.
L'indignité prend souvent sa source dans une situation d'abandon.
Les personnes ayant connu des situations d'abandon formeront des modes de comportement connexes et auront des difficultés relationnelles par le fait qu'elles craignent que l'autre personne ne les quitte.
C'est la peur de l'abandon qui amènera ces personnes à devenir des ‘enjôleurs’, à être codépendants. Ils auront ce besoin continu d'être rassurés que l'autre les aime et reste avec eux. Ils seront incapables de faire confiance aux autres et pourront repousser les autres pour éviter d'être eux-mêmes rejetés. Leurs relations seront souvent instables et malsaines avec le besoin constant de contrôler leur partenaire. Certains peuvent même projeter leur peur de l'abandon sur leurs enfants en les surprotégeant. Ils s’accrochent à leur enfant comme si leur vie dépendait de l'attitude de l'enfant à leur égard. Certains peuvent même tomber malades sans cause apparente, simplement pour attirer l'attention. Les troubles de l'alimentation, les dépendances de toutes sortes, les diatribes ou les coups de gueule envers les autres sont des signes possibles d'une situation d'abandon dans la petite enfance.
Vous demandez : « Comment puis-je gérer ce traumatisme d'abandon ? »
Chaque fois que nous voulons traiter un problème, quel qu'il soit, la première chose est de clarifier le problème et, dans votre cas, d'être aussi clair que possible sur ce qui vous a fait vous sentir abandonné et non inclus, sinon cela devient trop général et de ce fait, difficile de donner une direction appropriée.
Ce que vous pouvez faire dans un premier temps c'est de prendre un moment où vous serez seul et ne serez pas dérangé pour pouvoir vous connecter avec une situation d'abandon ou d'exclusion qui vous est arrivée récemment.
Oui, l’origine de votre difficulté se trouve très probablement dans votre enfance, mais permettre aux souvenirs d'une situation récente sera plus facile pour que les sentiments fassent surface.
→ Où étiez-vous ? Qui était avec vous ? Qu'est-il arrivé ? Laissez la situation devenir aussi vive que possible. Qu'est-ce qui a été dit ou fait ? Quelles étaient vos pensées ? Quels sentiments ont été déclenchés ?
Vous souvenir de tous ces aspects vous aidera à renouer avec la situation comme si elle se produisait maintenant, la seule chose à faire ensuite est d’exprimer ce qui vient, les pensées et les sentiments de quelque façon qu'ils viennent, comme si vous dérouliez une bobine de fil.
Laissez venir cette image et cette sensation de ‘trou profond sous vos pieds dans lequel vous pourriez tomber’. Quels sentiments viennent avec cette image ?
La tristesse ne sera peut-être pas le premier sentiment à apparaître. La peur, accompagnée d'un ‘non’ vigoureux, se manifestera probablement en premier. ‘Non, je ne veux pas tomber dans ce trou’. Laissez monter cette peur et ce refus autant que vous le pouvez et lorsque cela devient trop pressant pour vous, presque étouffant, revenez au moment présent. Prenez conscience que vous êtes dans votre espace familier, en totale sécurité, que personne ne vous menace et que vous n'allez tomber dans aucun trou. Prenez quelques respirations profondes, sentez que vous êtes en sécurité et lorsque vous vous sentez prêt, reconnectez-vous à la situation.
Répéter ce ‘posé-décollé’ est un moyen pratique d’apprivoiser doucement la peur et de permettre à d'autres émotions de faire surface. L'essentiel est d'exprimer tout ce qui vient, y compris les jugements qui peuvent se faire jour. Rappelez-vous, tout est le bienvenu.
Au fur et à mesure que vous procédez de la sorte, vous remarquerez que peu à peu la peur s'amenuise, vous remarquerez que vous vous sentez plus confiant d’être avec les sentiments qui se manifestent en vous. Rappelez-vous que chacun est unique et que la façon dont votre système neurovégétatif a intégré cette situation d’abandon est également unique et, plus important encore, vous n'avez aucun contrôle sur cela. Votre seule option est d'être prêt à vous confronter à nouveau à cette situation et de permettre à tout ce qui veut venir et cherche à s’exprimer de le faire, tel que c’est ressenti à l'intérieur. La guérison ne peut se faire qu’à son propre rythme, elle ne peut pas être forcée.
Si vous pensez que cela sera trop difficile à gérer pour vous, envisagez de prendre des séances individuelles. Un accompagnement bienveillant est un soutien à ne pas négliger, surtout lorsqu'il s'agit de situations d'abandon.
Les sentiments de solitude et de tristesse viennent inévitablement de l'exclusion ou de l'abandon, ils ne sont cependant pas spécifiques aux situations d'abandon. Ne pas être compris, ne pas être soutenu ou être blâmé apporte aussi une charge de tristesse et de solitude. Nous avons tendance à nous sentir misérables et tristes lorsque quelqu'un ou quelque chose nous manque et c'est ce manque qui crée un sentiment de solitude. Nous nous retrouvons soudain seuls et surtout incompris dans notre besoin et désir de sécurité, d’accompagnement et de considération. Nous manquons simplement de chaleur humaine. La sympathie, la gentillesse et la compassion sont les meilleurs antidotes à la solitude, utilisez-les sans modération.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_5-Janvier-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Poser ses Limites.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La première question aujourd'hui à trait à poser ses limites.
Quelqu'un demande « De nombreuses personnes ont peur d'exprimer leur ‘non’. Pourquoi les gens ont-ils si peur de poser des limites ? Pouvez-vous partager quelque chose sur la façon de se mettre en avant et de poser ses limites ? »
Les gens ont peur de poser des limites principalement par peur d'être jugés et/ou rejetés. Ils veulent tellement être acceptés et aimés qu'ils sont prêts à se laisser abuser de toutes sortes de façons possibles dans l'espoir d'être acceptés, dans l'espoir d'être aimés. Ne pas poser ses limites est un mode de comportement contre-productif et même malsain. Ce mode de comportement est bien sûr inconscient. Il est inconscient parce que la douleur d’avoir été jugé, humilié et rejeté dans le passé est enfouie au plus profond de leur psychisme. C'est cette douleur déchirante qui a poussé ces personnes à fermer leur cœur, à dire ‘non’ au monde qui les entoure.
En fait et d'une certaine façon, ces gens posent une limite. Pourtant cette limite, ce ‘non’, n'est pas un ‘non’ sain. C’est un ‘non’ revendicateur, méprisant et bien souvent associé à un désir de vengeance. Le problème est que cette limite, ce ‘non’, est si profondément enfoui dans leur inconscient qu'il devient difficile de le reconnaître consciemment et bien sûr d’être articulé, exprimé en un ‘non’ ou un ‘stop’ délibéré. Une authentique expression de ce ‘non’ serait sans doute : ‘Je me sens blessé’ suivi de quelque chose comme : ‘S'il te plaît, aime-moi ou ne m'abandonne pas’. La profondeur de la douleur est si profonde qu'il devient impossible pour ces personnes d'exprimer ouvertement ce ‘non’.
Cette douleur du cœur associée au désir d'être accepté et aimé amène ces personnes à adopter diverses stratégies comportementales comme séduire, sauver, manipuler ou prendre le pourvoir dans le seul but d'être accepté et aimé. Le problème est que ces stratégies comportementales ne fonctionnent pas vraiment, elles ne permettent pas de mettre en place des limites satisfaisantes.
Dire ‘non’ fixe une limite. Une limite peut cependant être fondée sur des motivations différentes. Tout dépend du niveau de maturité de la personne. Ceux qui étaient présents à la réunion Zoom du 29 septembre se souviendront que j'ai mentionné le ‘non’ sain et le ‘non’ déformé.
Une personne qui est libre de la dépendance des jugements des autres n'aura aucun problème à affirmer un ‘non’ sain et à fixer des limites. Sa vie sera aisée, car un ‘non’ sain est basé sur la confiance en soi.
Cela me rappelle une personne qui était très attachée au jugement des autres et qui luttait constamment dans son travail, dans sa vie familiale et sociale pour se faire comprendre. Elle se sentait souvent utilisée et abusée par les personnes de son entourage, car elle ne pouvait pas poser de véritables limites. Elle participait à des ateliers, prenait des séances individuelles et progressait dans une meilleure compréhension de sa difficulté, mais sans vraiment résoudre son problème jusqu'au jour où elle a fait l'expérience qu'elle existait réellement indépendamment de toute autre personne, que tous les jugements que les autres portaient sur elle n'avaient intrinsèquement rien à voir avec elle. Cette réalisation l'a libérée, elle est devenue indépendante. Sa vie a radicalement commencé à changer à partir de ce moment-là. Elle est devenue sûre d'elle et capable de poser des limites en cas de besoin.
À l’opposé, une personne qui vit dans la dépendance du regard des autres, une personne qui est liée par les opinions et les jugements des autres n'aura pas la capacité d'exprimer un ‘non’ sain, ni de poser des limites saines. Tous ses ‘non’, si elle est capable de les exprimer, seront des ‘non’ déformés, car ils contiendront une charge émotionnelle et sa vie sera un constant combat intérieur, une division entre vouloir être respecté et vouloir être accepté et aimé.
Vous demandez « Comment se mettre en avant et poser ses limites ? »
S'affirmer exige d'avoir le courage et la détermination de se confronter à la peine que l'on porte en soi. Cependant, avant de pouvoir nous confronter la peine que l’on porte en soi, nous devons reconnaître les différentes couches qui voilent et protègent cette peine. Nous avons bien souvent un ‘non’ face à nos cœurs meurtris, simplement parce que c'est douloureux et nous que avons peur de rencontrer cette douleur. Les mécanismes de protection sont si puissants qu'il peut même nous sembler que nous allons mourir si nous permettons la douleur. C'est pourquoi il faut du temps pour faire face à cette douleur et l’on ne peut avancer vers cette douleur qu’au fur et à mesure que les mécanismes de défense s'affaiblissent. Pour que ces mécanismes de défense s’affaiblissent, un ‘oui’ à ce qui est, un ‘oui’ à qui nous sommes à ce moment est nécessaire. Une attitude bienveillante envers cette partie de nous qui souffre ainsi qu'envers cette partie de nous qui protège la douleur est nécessaire.
Reconnaître, accepter et exprimer sont les piliers fondamentaux pour mettre fin à nos mécanismes de défense, tout autant qu'une attitude bienveillante envers soi-même. Persévérer ne veut pas dire s'efforcer de percer ou de forcer les mécanismes de défense, ce qui ne ferait que les renforcer en créant une division chez la personne. Patience et compassion sont les ingrédients nécessaires pour ce voyage vers la liberté. Poser des limites implique un ‘oui’ vigoureux à soi-même, cela implique de s'aimer et de se respecter.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_13-Octobre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Codépendance.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d'aujourd'hui porte sur la codépendance.
« Dans le développement personnel, il semble que la plupart des gens aient un problème de codépendance. Pourquoi les gens dépendent-ils des autres ? Pouvez-vous partager quelque chose à ce sujet ? »
Tout d'abord, ce n'est pas seulement dans le cadre du développement personnel, que les gens ont un problème de codépendance. La plupart des gens sont codépendants, souvent sans le savoir. Cela se voit davantage dans le cadre du développement personnel simplement parce que les gens expriment leurs problèmes. La raison pour laquelle les gens dépendent des autres est assez simple. Les gens dépendent des autres parce qu'ils ne sont pas capables de dépendre d'eux-mêmes. Ils n'ont pas atteint la maturité. Ils sont encore des petits garçons ou des petites filles en manque d'amour, en manque de reconnaissance et de soutien. Ce sont leurs besoins insatisfaits de l'enfance qui les poussent à dépendre des autres. La codépendance se manifeste de différentes manières, il y a toutefois, des indicateurs significatifs qui montrent qu'une personne est codépendante.
• Le manque de confiance en soi, une incapacité à dire non, à poser des limites.
• Vivre à travers le regard des autres, se soucier des jugements des autres.
• Contrôler et manipuler.
• Être indécis, s'appuyer sur un autre pour prendre des décisions.
Comme je l’ai mentionné précédemment, la source de la codépendance à son origine dans l'enfance. Un enfant est naturellement dépendant, essentiellement de sa mère pendant les 2 à 3 premières années de sa vie et dans une moindre mesure de son père. Après cette période, même s'il dépend toujours de ses parents pour tous ses besoins de base, un enfant commence à gagner en indépendance. Ce dont l'enfant a besoin et devrait normalement recevoir de ses parents tout au long de ses jeunes années c’est une attention psychologique et physique. De la compréhension, de la reconnaissance et surtout un soutien moral qui peut prendre différentes formes. Lorsque cela est donné, l’enfant devient naturellement sûr de lui et acquiert de la maturité.
Malheureusement, cela ne se passe pas toujours comme ça. Oui, dans la plupart des cas les besoins pratiques sont satisfaits, mais c'est rarement le cas des besoins psychologiques et ce sont ces besoins non satisfaits qui maintiennent la personne dans la dépendance. Voyez par vous-même et autour de vous. Combien d'entre vous ne se sentent pas soutenus, se sentent mal aimés et incompris ? Combien d’entre vous espérer être aimé inconditionnellement ? L’espoir est aussi un signe de dépendance.
Lorsque nos besoins n’ont pas été satisfaits à un stade où ils auraient dû l'être, nous avons tendance à le rechercher leur satisfaction avec les personnes qui nous entourent. Il peut s'agir d'un enseignant, d'un prêtre, d'un dirigeant politique ou d'un ami. La plupart du temps, c’est avec notre partenaire de vie que nous cherchons cette satisfaction.
La plupart des gens qui sont en couple, que ce soit sous la forme d'un mariage, d'une amitié ou d'un travail, sont en réalité des personnes codépendantes. La codépendance est assez différente de l'interdépendance. Dans toute société, il existe une interdépendance économique entre tous les membres de la société. Vivre de façon autonome n'est pas possible. Nous sommes tous dépendants des autres pour la nourriture, les vêtements et le logement. Le travail est le moyen d'échange. Notre travail nous fournit l'argent avec lequel nous pouvons satisfaire nos besoins de base et non essentiels.
Cette interdépendance ne doit pas être confondue avec la codépendance. L'interdépendance est saine et nécessaire alors que la codépendance est le comportement psychologique maladif de nos besoins insatisfaits.
Nous sommes tous impliqués dans toute sorte de relations différentes. Que ce soit au travail, avec des amis ou avec un partenaire de vie, nous pouvons vérifier notre degré de dépendance dans ces trois domaines. Le critère le plus évident est ‘l'insécurité’. Si, sous une forme ou une autre, je ne me sens pas en sécurité dans une relation, cela indique qu’une forme de dépendance est à l’œuvre. L'insécurité mène au contrôle et à l'espoir.
Un enfant aura cette forme-pensée
→ ‘Si j'étudie bien à l'école, papa et maman seront heureux et ils m'aimeront.’
Il n’étudie pas pour lui-même, il étudie pour faire plaisir à papa et à maman. Plus tard dans sa vie, il poursuivra ce schéma dans son travail, dans ses amitiés et avec son partenaire de vie. Tous ses efforts seront destinés à rendre les autres heureux. Son bien-être dépend du bonheur des autres.
Un adolescent aura cette forme-pensée
→ ‘Si j'ai l'air cool, j'espère que ce garçon (ou cette fille) me remarquera.’
Bien s'habiller, être cool attirera l'attention de l'autre, c'est une autre façon d'être dépendant de l'opinion des autres.
Un adulte aura cette forme-pensée
→ ‘Si je prends bien soin de mon mari et de mes enfants, j'espère que ma belle-mère m'appréciera et dira du bien de moi.’
Ou celle-ci
→ ‘Je ferais mieux de compter sur ma femme pour prendre une décision, sinon je risque de me tromper.’
Ces deux exemples montrent l'insécurité et le manque de confiance dans lequel se trouve la personne et ils ne sont pas loin de celui d'un enfant faisant ses devoirs dans le seul but de satisfaire papa et maman ou l’instituteur.
Dans ces exemples, la personne ne fait pas ce qu'elle fait pour le simple plaisir de faire ce qu'elle doit faire, elle agit toujours dans l'espoir d'obtenir quelque chose en retour de son action. Il s'agit d'un comportement typique de dépendance basé sur l'insécurité, les besoins non satisfaits et l'espoir.
Je suis sûr que vous pouvez trouver un large éventail d'exemples comme ceux-ci dans votre propre vie. Vérifiez par vous-même.
Sortir de la codépendance est simple, mais pas nécessairement facile.
La personne doit avoir une certaine conscience de son comportement et y réfléchir. ‘Qu'est-ce que mets en scène avec ce mode de comportement ?’
Quelle que soit la réponse, elle pointe toujours vers le besoin non satisfait qui est actif chez cette personne. La prochaine étape sera de prendre consciemment soin de ces besoins non satisfaits et en prenant soin d’eux, la dépendance s'atténuera et finira par disparaître.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_13-Octobre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Intimité et Relation.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d'aujourd'hui semble être en continuité avec le thème de la semaine dernière. « Pouvez-vous parler d’intimité et de relations intimes ? Qu'est-ce que la vraie intimité ? Et comment puis-je reconnaître mon besoin d'intimité ? Est-il nécessaire que je sois impliqué dans une relation intime et si oui, qu'est-ce qui rend une relation intime fructueuse ? »
L'intimité est essentielle à tout être vivant. L'intimité est la condition d’être en relation étroite avec soi-même. Malheureusement, comme de nombreuses caractéristiques humaines, l'intimité est souvent, sinon toujours, liée ou associée à une autre personne et c'est là que l'aspect originel de l'intimité est dévoyé.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi de clarifier brièvement quelque chose au sujet des relations. Le mot relation est généralement compris comme une relation avec quelque chose ou quelqu'un en dehors de nous, mais ce qui n'est pas vu et clairement compris, c'est qu'une relation ne peut commencer que par ‘moi’. Tout, y compris les relations, tourne autour d'un point central et ce point central est toujours ‘moi’. ‘Je’ ou ‘moi’ est le point central à partir duquel toute perception commence. Pour que ce soit clair pour vous, posez-vous simplement cette question : ‘qui entend cette voix en ce moment, qui regarde cette réunion vidéo ?’ La réponse évidente est : ‘c'est moi’. C’est moi qui vois, entends, écoute, etc.
Que cela soit clair pour tout le monde, sans ‘je’ ou ‘moi’, il n'y a aucune possibilité pour une connexion ou une relation d’exister. Sans ‘je’ ou ‘moi’ il n’y a également aucune possibilité d’intimité ou de relations intimes. Nous nous relions toujours à partir de ce ‘je’, même si la plupart du temps nous n'avons aucune idée qui est ce ‘je’ ou de quoi ce ‘je’ est fait.
Mon but aujourd'hui n’est pas d’apporter des réponses à la question de savoir ce qu’est ce ‘je’. Cependant, si vous voulez mieux comprendre la nature de la relation et son implication dans les relations interpersonnelles, je vous renvoie à l'exposé sur la dépendance et la codépendance et si vous voulez trouver la réponse à qui se cache sous ce ‘je’ ou qu’est-ce que ce ‘je’, venez participer à un intensif d’éveil.
Pour l'instant, concentrons-nous simplement sur l’intimité puisqu'il est maintenant clair que l’intimité commence par ‘moi’, celui que je suis, avec mes qualités et mes caractéristiques spécifiques. ‘Moi’, dans ce contexte, comprend nos trois aspects principaux, à savoir : notre corps, nos sentiments et notre mental ou processus de réflexion. Si j’ai un rapport à moi-même fait d’aversion, si j'ai des jugements sur mes pensées, sur mes sentiments ou sur mon corps, alors il n'y a aucune possibilité d’intimité, mais seulement un espace pour le déni et le rejet.
L'intimité a besoin d’ouverture, elle a besoin de compréhension, elle a besoin d'amour. La véritable intimité n'est rien d'autre qu'une connexion honnête avec soi-même, une ouverture à ce que je suis. La véritable intimité commence par un oui à qui nous sommes, tels que nous sommes.
C'est ce qu'est la véritable intimité.
Par conséquent, si je ne peux pas être intime avec ‘moi’, comment puis-je l’être avec quelqu'un d'autre, ce n'est pas possible. L'intimité est alors détournée vers l'expression d'un besoin, un besoin de compagnie, un besoin de sécurité, un besoin de sexe, un besoin d'être pris en charge. Tous ces besoins ne sont que les variations du besoin d'amour. Le besoin d’intimité n’est, dans ce cas, qu’un échappatoire à la solitude. Et de fait, c'est ce que sont la plupart des ‘relations intimes’, une satisfaction mutuelle des besoins et un refuge pour la solitude.
Vous vous demandez : « Comment puis-je reconnaître mon besoin d'intimité ? »
À certains égards, c'est une question étrange, car vous semblez confondre l’intimité avec un besoin qui exigerait d'être comblé pour vous sentir satisfait ou être en paix. Soyons clairs, l'intimité n'est pas un besoin. L’intimité est une façon d'être avec soi-même, une façon d'entrer en relation avec soi-même. Vous confondez simplement le mot intimité avec le besoin d'être pris en charge, accompagné. Et c'est ce que font la plupart des gens lorsqu'ils aspirent à ce qu'ils appellent l'intimité ou une ‘relation fructueuse’. Ce qu'ils recherchent, c'est l’amitié, le fait d’être ensemble et non l'intimité. Vérifier si c'est votre cas.
Cela étant dit, un besoin d'intimité peut également être compris comme un besoin de véracité, comme un besoin de quelque chose de réel par opposition à l'hypocrisie et la fausseté. Lorsqu'une personne vit en honnêteté avec elle-même, elle a une tendance naturelle à attendre la même chose de l’autre, des autres. Tout simplement parce que notre nature est d'être ouvert, et lorsque l'ouverture et l'honnêteté président dans une relation entre deux personnes, c’est la confiance qui émane, c’est l'amour qui émane et c’est nourrissant pour les deux. Dans un tel échange, l'harmonie prévaut et avec elle un profond sentiment de paix et de détente.
Ce que vous appelez ‘mon besoin d'intimité’ pourrait avoir ses racines dans ce désir naturel de réalité ou de véracité.
Il y a en chacun de nous un désir de réalité, de vérité, d'honnêteté et d'ouverture simplement parce que c'est une façon naturelle de vivre, nous étions dans cette innocence pendant nos premières années. Malheureusement, pendant cette période, nous avons également vécu des situations où notre innocence a été sévèrement bafouée, ce qui nous a laissé des souvenirs et des déchirements indélébiles. À mesure que ces déchirements se sont répétés, nous nous sommes fermé et isolé, nous avons commencé à vivre dans le déni, dans le fantasme et surtout dans le faux-semblant. En surface, nous gardions un visage amical, nous faisions semblant d'être forts, gentils, doux et serviables, alors qu'à l'intérieur, nous nous sentions faibles, rancuniers et misérables. Nous nous jugions constamment tout autant que nous jugions les autres. Nous avons perdu notre ouverture d’esprit, notre innocence au profit d’une fausseté, d’une insensibilité parfois accompagnée de malveillance. L'intimité a disparu, le jugement et le déni sont devenus notre norme relationnelle.
Vous demandez : « Est-il nécessaire que je sois impliqué dans une relation intime ? »
Bien sûr que c’est nécessaire.
Ça l’est, dans le sens où vous êtes le point de départ et comment vous êtes en relation avec vous-même. Votre question sous-tend qu'il y a une peur. Très certainement une peur de vous ouvrir à une autre personne, mais surtout et le plus important, une peur de vous ouvrir à votre monde intérieur. Commencez avec cette peur, ouvrez-vous à cette peur. S’ouvrir à son monde intérieur donne naissance à l’intimité et pour vous donner du courage, souvenez-vous de ce petit poème du maître Soufi Rumi. La Maison d’Hôte.
En vous ouvrant à votre monde intérieur et en étant intime avec lui, vous retrouverez confiance en vous, vous retrouverez l'estime de vous-même et avec elle naîtra l'envie de partager avec les autres de manière constructive et fructueuse.
Votre dernière question est : « Qu'est-ce qui rend une relation intime fructueuse ? »
Comme je l'ai mentionné plus tôt, la plupart des soi-disant ‘relations intimes’ sont en réalité qu’une échappatoire à la solitude et la satisfaction mutuelle des besoins de chaque partenaire. En ce sens, ces relations sont loin d'être ‘intimes’. Il vaudrait mieux les appeler ‘Relations pour satisfaire mes besoins’ ou ‘Relations de mendiants’.
Cependant, être en couple présente certains avantages. Avec un partenaire, vous n'êtes pas seul, cela apporte un sentiment de sécurité et certains de vos besoins sont couverts. Être en couple permet également de faire face plus facilement aux défis que la vie apporte et chaque partenaire peut bénéficier de cette association.
Pourtant, il faut bien comprendre que dans la plupart des relations, il se passe beaucoup de choses à un niveau inconscient entre les deux partenaires. Lorsque l'intimité de soi fait défaut, chaque partenaire projette inconsciemment une personne idéale ou imparfaite sur l'autre. Cela, tout en projetant dans le même temps ses propres qualités, défauts, sentiments ou désirs inconscients qu’il à du mal à reconnaître en lui-même.
Les projections sont les tueurs insidieux de la relation. L’un des partenaires attend de l'autre ce qu’il n’est en fait pas en mesure de donner. La plupart des gens qui viennent me poser des questions sont dans ce dilemme. ‘Si seulement mon partenaire était différent, ma vie serait tellement meilleure’. Ils veulent que leur partenaire change, sans se rendre compte qu’ils projettent leurs propres désirs sur cette personne.
L'éventail des projections peut être assez vaste et spécifique à chaque personne, pourtant ces projections semblent avoir un aspect commun, le désir d'être ‘aimé inconditionnellement’. Ces projections ne correspondent pas à la réalité et conduisent très vite à l'insatisfaction.
Avec le temps, cette insatisfaction se creuse, devient pesante et se transforme aisément en amertume, en ressentiment. Ce qui fait que les querelles prennent le dessus. Le film ‘La guerre des roses’ dépeint cela avec brio, et je suis sûr que vous connaissez des gens autour de vous qui sont dans ce mode relationnel.
Cela dit, qu'est-ce qui peut faire qu’une relation soit intime et fructueuse ?
Une relation peut être ‘intime’ lorsque les partenaires sont ouverts à eux-mêmes et à l’autre. Lorsqu’ils ne craignent pas de partager leurs sentiments, leur affection, leur amour. Lorsqu’ils peuvent être à cœur ouvert l'un avec l'autre, lorsqu’ils peuvent être en relation d’une façon innocente, tel un enfant, sans peur, sans cacher ni leurs sentiments ni leur peine.
Lorsque vous partagez avec un autre à partir de votre cœur et lorsque cela est reçu et compris par l'autre, l'amour coule immédiatement. L'amour n'a rien à voir avec des mots comme ‘je t'aime’. L'amour est le substrat et la résultante de l'ouverture. Certains d'entre vous en ont peut-être fait l'expérience lors d'un intensif d’éveil où les deux partenaires sont ouverts l'un à l'autre. C'est le miracle d'être ouvert, l’ouverture déverrouille toutes les portes et l’on peut alors faire l'expérience de l'unité, d'un sentiment d'union ou de plénitude. L'autre est en face de vous, pourtant il n'y a pas de séparation, il y a une union, une fusion et chacun se sent nourri et satisfait.
La peur de s'ouvrir à soi et à l'autre est la barrière, alors, soyez intrépide, franchissez cette barrière. Soyez, innocent et spontané comme un enfant et toutes vos relations seront intimes et fructueuses.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive, une petite pause et je répondrai à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_21-Avril-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Le Fantasme et la Réalité.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
La question d'aujourd'hui porte sur le fantasme et la réalité.
« J'ai l'impression de vivre dans un monde imaginaire et que je me bats pour que ma vie soit heureuse et détendue. Qu'est-ce que la fantaisie et qu'est-ce que la réalité ? »
Se battre pour que votre vie soit heureuse et détendue est un signe certain que vous vivez dans un monde imaginaire. Vous demandez : ‘qu'est-ce que la fantaisie et qu'est-ce que la réalité ?’
La fantaisie est ce que le mental produit la plupart du temps. Le mental vit dans le passé ou dans le futur et rarement dans le moment présent. Or la réalité est toujours dans le moment présent.
Avez-vous remarqué que le mental est un feu d'artifice constant de pensées, parfois belles et lumineuses et parfois affreuses et cauchemardesques ? Le mental vous donne toutes sortes d'idées, de croyances et de concepts qui peuvent grandement influencer vos sentiments et vos sens. Le mental peut être comme une drogue hypnotique qui vous met dans une sorte de transe et déforme ce que vous percevez.
Pas plus tard que la semaine dernière, il y avait une question de Katia qui illustrait cette capacité du mental à vivre dans un monde imaginaire. Elle, ou plutôt son mental, avait ce désir utopique d’être plus fort que son père et de le vaincre sur son propre terrain. Hélène quant à elle mentionnait dans sa question : ‘Si je peux me connecter avec mon cœur, je pourrais oublier ce qui s'est passé.’
J'ai aussi récemment entendu parler de cette personne qui avait le ‘béguin’ pour quelqu'un du sexe opposé et qui a commencé à fantasmer sur la façon dont la vie avec cette personne pourrait être bien meilleure qu'avec celle avec qui elle vit actuellement. L'amour romantique peut être une ouverture de cœur et vous vous sentez soudainement pousser des ailes pour vous envoler au paradis avec une grande passion pour la vie. C’est cependant une fausse réalité, une réalité qui vous aveugle.
Je suis convaincu que chacun d'entre vous peut trouver des exemples personnels des fantasmes que lui apporte son mental.
De telles idées ou ces moments passionnés sont de la pure fantaisie mentale et il importe de se rendre compte de leur futilité. Avoir de telles pensées ou idées, c'est comme vivre au pays des rêves, c’est vivre dans l'espoir. Tout comme l’enfant qui n'a pas d'autre choix pour soulager sa peine que de rêver d'un monde meilleur et idéal.
Le fantasme est la plupart du temps la résultante du Désespoir et de l’Espoir. L’an passé en octobre, je mentionnais que ‘la blessure crée le désespoir et le désespoir crée l'espoir. Lorsqu'un enfant est blessé psychologiquement ou physiquement, il entre dans un état de choc et en conséquence se dissocie de la réalité. Mais comme il doit continuer à vivre, son mental crée des fantasmes, l'espoir d'un monde meilleur ainsi que l'espoir d'une vengeance.
Notre besoin d'être aimé est si profondément ancré en nous et si fondamental pour notre survie que le désir de le voir comblé viendra voiler la réalité de notre environnement immédiat et créera un sentiment de Désespoir avec sa contrepartie, l'Espoir.
Fantasme et Espoir sont des mots similaires puisqu'ils pointent dans la même direction, l'irréel.
Swami Prajnanpad, un sage indien avait coutume de dire que ‘Le mental ne fait rien d'autre que de ne pas voir les choses telles qu'elles sont, mais de les interpréter en fonction des expériences passées.’
Et c'est ce qu'est le fantasme, l'interprétation de la réalité à travers différents filtres. Ces filtres peuvent être basés sur l'espoir ou sur le désespoir puisqu'ils sont pour la plupart issus de l'expérience d'une personne ou encore, basés sur des croyances lorsqu'ils sont issus de l'environnement social dans lequel la personne vit, sans oublier qu’ils peuvent aussi être le résultat du mental collectif.
Lorsque vous vous surprenez à penser, observez les pensées que vous avez à l’instant et vous serez immédiatement en contact avec vos filtres. Dès lors, au lieu de rester dans cet imaginaire, vous pouvez faire une pause et vous poser cette question : ‘Quel objectif est-ce que j'essaie de poursuivre avec ces pensées ?’
Mettre de la conscience de nos processus de pensée est toujours payant et, lorsque vous faites cela, ce que vous êtes le plus susceptible de découvrir, c'est que vous essayez de vous raconter une histoire. Soit une histoire réconfortante parce que vous vous sentez misérable, soit une histoire faite de blâme, de ressentiment ou de vengeance envers quelqu'un ou une situation qui vous a blessé. Les histoires peuvent avoir des milliers de variantes par le fait qu’elles sont liées au développement personnel de chacun. Pourtant, vous remarquerez qu’elles ont toutes la même source, le fait d’être blessé. Et comme la douleur est toujours présente dans le cœur de la personne, le mental fait de son mieux pour détourner la douleur de toutes les façons possibles en recherchant une résolution idéale qui, bien sûr, reste toujours dans le futur, c’est toujours un ‘si…’.
Souvenez-vous du désir de Katia de vaincre son père. Pourquoi a-t-elle cette forte envie ? Tout simplement parce qu'elle a été profondément blessée dans son enfance par son père et qu'elle se sent impuissante. Son bouleversement intérieur n'a pas encore trouvé de solution satisfaisante, son cœur saigne toujours.
Je cite Katia, non pas parce qu'elle fait quelque chose de mal, mais parce que ce qu'elle a expliqué à propos de son désir de vaincre son père. C’est l’exemple parfait d’une fuite dans l’imaginaire et exposer cette fuite l’aidera à sortir de son fantasme, l'aidera à revenir à une certaine réalité, une réalité à laquelle elle a commencé à se rapprocher lorsque, lors de notre court échange, elle a parlé de la petite fille blessée en elle.
Lors de notre dernier rendez-vous Zoom, à la fin de mon échange avec Hélène, je lui ai demandé de me dire ‘Qu’est-ce qui n'avait pas été compris à son sujet’. À ce moment-là, elle n'a pas pu découvrir ce que c'était, mais je suis sûr qu'elle le fera à un moment donné. Cette question peut sembler étrange, mais c'est une question importante, car elle tranchera tous les fantasmes du mental et amènera la personne à comprendre et à réaliser ce qui, à l’origine, a créé la blessure.
En fait la semaine dernière, j'aurais pu faire cette suggestion à chaque personne ayant posé une question. En trouvant ce qui n'a pas été compris de moi par maman ou papa ou ceux qui se sont occupés de moi pendant mon enfance, je peux contourner et même dissoudre la plupart des filtres qui m'empêchent de voir ma réalité intérieure.
Cette question peut être posée à n'importe quel moment de votre vie d'adulte, avec votre conjoint, avec votre patron, avec vos amis. Cette question n'est pas spécifiquement liée aux situations de l'enfance. Lorsque vous êtes plus lucide sur ce qui n'a pas été compris de vous, vous pouvez exprimer votre besoin de manière simple.
Je me souviens d'une participante me disant à quel point elle souffrait de sa surcharge de travail, mais n'osait rien dire à son patron, car elle craignait d'être rejetée ou même renvoyée. Elle se débattait avec ce problème et avait cette croyance que tous ses problèmes venaient du fait qu'elle n'était pas assez bien et qu'elle devait travailler plus dur pour être digne d'appréciation.
Elle a examiné pourquoi elle n'osait pas s'exprimer, pourquoi elle avait peur de l’autorité, pourquoi elle endurait toujours et se forçait à être une bonne employée et de fait se sentait tellement écrasée.
Mais cet examen n'a pas apporté la résolution souhaitée. La résolution est venue lorsqu’elle s'est demandé : ‘Qu’est-ce qui n’a pas été compris à mon sujet ?’ Il lui est apparu évident que c'était en relation avec le fait de ne pas vouloir être forcée. Dans son enfance, elle a été constamment forcée de faire des choses qu'elle ne voulait pas faire, de mettre des vêtements qu'elle n'aimait pas, de manger des aliments qu'elle n'aimait pas, de prendre des responsabilités pour ses frères et sœurs et, d'une certaine manière, elle est devenue le bouc émissaire de la famille. À l'époque, elle n'avait d'autre choix que d'obéir et de faire ce qu'on lui disait, elle ne pouvait que ravaler son ‘non’, en partie à cause de la peur d’être blâmée et punie, mais surtout à cause de la peur d'être rejetée, de ne pas être aimée. Cette ‘découverte’ a changé sa vie.
Vous avez peut-être remarqué qu'au début de mon échange avec Katia, celle-ci parlait de son histoire et de son désir de vaincre son père. Après lui avoir dit quelques mots, elle s’est inconsciemment connectée à la petite fille en elle, cette petite fille tellement blessée par l'attitude de son père. Dès cet instant-là, elle ne parlait plus de son histoire, mais s’exprimait à partir de cette part d'elle blessée. Et cela a fait une énorme différence, elle est passée du fantasme à la réalité. Bien sûr, sa réalité intérieure n'est pas encore la réalité ultime, mais c’est la réalité dans laquelle elle vit et il importe de commencer par cette réalité.
La réalité est ce qui est et non une idée formé par notre mental. Pour Katia, la réalité est de vivre avec un cœur brisé et être dans son fantasme est sa façon de se venger. Sa réalité est déformée, elle vit dans une fausse réalité qu'elle croit être sa vérité. Désespérée, elle espère.
Nous continuons à vivre dans un monde imaginaire parce que nous avons peur d’affronter la réalité, de faire face à notre réalité intérieure et la plupart du temps notre réalité intérieure n'est pas seulement inconfortable, elle est douloureuse.
La réalité extérieure peut, elle aussi, être inconfortable et attristante, mais ce qui importe, c'est la façon dont nous rencontrons la réalité. Que ce soit la réalité extérieure ou notre réalité intérieure n'a pas d'importance, ce qui compte, c'est la façon dont nous contactons la réalité. Nous pouvons la repousser et la nier ou l'accepter pour ce qu’elle est. L'acceptation nous libère, souvenez-vous de l’exposé en novembre sur la répression et l'acceptation. Lorsque nous acceptons quelque chose, une relaxation s’installe immédiatement et lorsque l’on refoule ou que l’on nie, une tension s’installe immédiatement. La tension est le terreau du fantasme.
Voici un poème d'Erich Fried, poète et écrivain d'origine autrichienne, qui illustre la différence entre Fantasme et Réalité.
« C'est de la folie - dit la raison
C'est ce que c'est - dit l'amour
C'est le malheur - dit la prudence
Ce n'est rien d'autre que de la douleur - dit la peur
Il n'a pas d'avenir - dit la perspicacité
C'est ce que c'est - dit l'amour
C'est ridicule - dit la fierté
C'est insensé - dit la prudence
C'est impossible - dit l'expérience
C'est ce que c'est - dit l'amour »
Je me souviens à l’instant de ce qu'un maître zen m'a dit lors d'une retraite Zen silencieuse. ‘Accepte ce qui est parce que c'est cela qui est’. J'ai beaucoup bagarré avec ce qu'il m’a dit parce que c'était si douloureux pour moi de rester assis en silence pendant de longues périodes et je le maudissais silencieusement intérieurement pour m'avoir dit cela. Comment puis-je accepter cette douleur atroce dans mon corps ? Mon mental était en mode combatif constant contre la douleur et contre le maître à cause de ses mots. Pourtant, à un moment donné, l'acceptation s'est imposée, un oui à la douleur et soudain je me suis sentie en paix, tout combat avait disparu, la douleur était toujours là, mais elle ne me dérangeait plus. À ce moment-là, j'acceptais la réalité de ma situation et cette acceptation a fait une grande différence.
L’acceptation de ce qui est parce que c’est ainsi est la clé pour entrer dans la réalité, pour sortir du déni. Lorsque nous sommes en accord avec notre réalité intérieure, lorsque nous sommes accordés à notre réalité intérieure, nous nous retrouvons instantanément en phase avec le monde qui nous entoure.
On rapporte que Bouddha a prononcé les paroles suivantes. « L'esprit qui n'est pas attaché aux choses du monde, ne pense pas, ne ressent pas, il est fluide et flexible. »
L'attachement est ce qui nous éloigne de la réalité et parce que nous nous identifions à nos pensées d'espoir et à nos dénis, nous continuons à vivre dans un monde imaginaire et ne nous sentons jamais satisfaits.
Dans l'une des questions d'aujourd'hui, Isabelle demande ‘À quoi ressemble la vraie vie ? Pourquoi le monde fantasmé existe-t-il ?'
Isabelle, la ‘vraie vie’ est claire et brillante, constamment joyeuse, créative et ludique. Il y a une aisance à vivre dans la ‘vraie vie’ alors que le monde fantasmé est fait de faux espoirs, de désespoir et de lutte. Le monde fantasmé existe à cause du déni. Nous renions nos sentiments, nous renions notre douleur, nous renions même nos qualités et en conséquence nous vivons dans l'espoir d'un avenir meilleur. Nous vivons avec cette forme-pensée ‘Si seulement j'avais...’. Si seulement j'avais un meilleur conjoint, de meilleurs amis, un meilleur travail, plus d'argent, etc.…, ma vie serait tellement plus agréable.
Rappelez-vous les paroles d’Hélène. ‘Si je peux me connecter avec mon cœur, je pourrai oublier ce qui s'est passé.’ Si seulement c'était comme ça, si seulement ‘ils’ pouvaient changer, si seulement ‘ils’ pouvaient m'écouter, ou me voir, m'entendre, me comprendre alors ma vie serait fantastique, et je serais heureux. La liste des ‘si’ peut être interminable, mais tous ces ‘si’ ne vous apporteront jamais le bonheur. Ils vous conduiront toujours au désespoir, à la misère et au ressentiment. Arrêtez d'éviter, arrêtez de vous échapper, faites face à votre insécurité, faites face à votre solitude, faites face à votre cœur douloureux. Un Oui à vous est nécessaire.
La réalité commence par un oui à qui nous sommes, tels que nous sommes, avec notre douleur, avec nos défauts, avec nos qualités. La Fête du Printemps sera bientôt là, laissez cette Nouvelle Lune vous conduire vers plus d'acceptation de vous-même, tel que vous êtes, avec vos douleurs, avec vos peines, avec vos espoirs et vos désespoirs, accueillez tout, abstenez-vous d'être sélectif, tout est le bienvenu, même un sourire sur votre visage, même un rire. N'oubliez pas de rire de tout votre cœur chaque jour de cette nouvelle année à venir.
Je vous remercie tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_12-Janvier-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Confiance et l’Ouverture.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
La question d'aujourd'hui porte sur la confiance.
« Je ne peux pas me faire confiance, tout comme je ne peux pas faire confiance à aucune autre personne et je ne peux pas non plus m'ouvrir pour accepter la gentillesse et les cadeaux des autres. Pourriez-vous parler de confiance et de l’ouverture ? »
Confiance et ouverture vont de pair, il ne peut y avoir de confiance si l'on n'est pas ouvert à soi-même. Regardez un bébé et vous verrez l'ouverture et la confiance s'exprimer. Certes pas de manière consciente, mais véritablement et naturellement manifestée. La confiance et l'ouverture sont des qualités communes à tous les êtres vivants.
Le problème avec nous, les humains, c'est que nous vivons très souvent d'un point de vue mental et que nous nous empêtrons dans des mots, des idées ou des concepts et oublions à quoi ressemble la réalité, comment on la ressent, quel goût elle a.
Lors des intensifs d'éveil, je donne parfois la question suivante ‘Dis-moi ce qu'est la confiance’ à certains participants pour qu’ils puissent se fondre dans l’expérience de ce qu’est la réalité de la confiance. Au cours de ce processus d’auto-investigation, toutes sortes d'idées ou de croyances sur la confiance leur viennent à l’esprit. Ces croyances ou idées peuvent être intéressantes, mais elles n'ont rien à voir avec la confiance puisque la confiance n'est pas un concept ou une idée, mais quelque chose qui peut être vécu. Cela peut prendre un certain temps pour que ces participants soient réellement dans l’expérience de la confiance, mais une fois qu'ils ont vécu cette expérience, ils savent sans aucun doute possible ce qu'est la confiance et toutes leurs idées ou croyances sur la confiance disparaissent.
C'est pourquoi je souhaite 'encourager notre questionneur à participer à une retraite intensive et à méditer sur cette question.
L'ingrédient nécessaire qui permet aux participants de se fondre dans la confiance est l'élément d'ouverture. C'est parce qu'ils sont prêts à être ouverts à tout ce qui se présente pour eux en rapport avec leur question que la confiance peut être ressentie, expérimentée. Sans un certain degré d'ouverture, rien ne peut vraiment trouver sa juste place. Qu'il s'agisse de situations intérieures ou de situations extérieures, un certain degré d’ouverture est nécessaire.
Tout comme il existe différents niveaux de profondeur pour la confiance, il existe différents niveaux de profondeur pour l'ouverture. Nous avons parfois cette idée fausse qu’être ouvert veut dire que nous devons être totalement ouverts, sans même réaliser ce que ‘totalement ouvert’ pourrait signifier ou impliquer. Reconnaître que nous sommes fermés et impuissants à nous ouvrir est en réalité un premier niveau d'ouverture. Oui, bien sûr c'est un niveau superficiel, mais c’est néanmoins une ouverture qui demande à être reconnu. Avant de pouvoir entrer dans des niveaux d'ouverture plus profonds, il faut d'abord mettre la clé dans la serrure et la tourner pour que la porte puisse s'ouvrir.
L'ouverture et la confiance fonctionnent de la même manière, ce sont des processus qui se font étape par étape, très similaire au processus d'apprendre à marcher pour un bébé. Il rampe d’abord, puis il s'assoit droit, puis vient le désir de se tenir debout. Faire ensuite un pas avec l’aide d’une main bienveillante devient possible et ce premier pas sera suivi d'un autre puis d’un autre au fur et à mesure qu’il gagne en confiance dans ses propres ressources. C'est ainsi que nous devenons plus assurés et construisons une confiance en nos propres capacités.
Rappelez-vous, confiance et ouverture n'ont rien à voir avec des idées ou des concepts ou même avec la compréhension. La confiance et l'ouverture sont des sensations tangibles que l'on peut reconnaître, incarner et exprimer. Ils sont toujours à notre disposition, car ce sont nos principales qualités. Cependant, pour de nombreuses personnes, ces qualités fondamentales sont voilées par la peur et les croyances et ne sont donc pas accessibles. Pour que ces qualités fondamentales fonctionnent comme elles le doivent, la volonté de regarder ce qui les voile est nécessaire, et cela ne peut se faire qu'en tournant notre attention vers l'intérieur.
Comprendre intellectuellement ce qu'est la confiance ne sera pas d'une grande aide, ce qui sera vraiment fructueux c'est l'expérience intérieure de la confiance et personne ne pourra vous la donner, vous devez la réaliser par vous-même.
La confiance peut également se porter dans différents domaines. Se faire confiance, faire confiance aux autres ou faire confiance à la vie. De nombreuses personnes ont tendance à se concentrer sur la confiance aux autres. En réalité, en ce qui concerne la confiance, ‘se faire confiance’ est la seule chose qui compte au départ. Sans confiance en soi, faire confiance à la vie n'est pas possible. Et pour ce qui est de faire confiance aux autres, votre propre expérience vous montre que c'est rarement possible, alors… évitez d'aller pas dans cette direction.
J'ai mentionné plus tôt que l'ouverture est la clé qui ouvre la porte à la confiance. Dès lors que vous avez une certaine volonté ou une certaine ouverture à porter votre attention vers vous-même avec intégrité, vous risquez d’être mis en face avec le fait que vous ne pouvez pas faire confiance, que vous ne faites pas confiance et que votre cœur est fermé. Même si cette réalité peut être inconfortable, attristante ou éventuellement honteuse, c'est votre réalité, et il importe d’y faire face, d’en prendre soin si vous voulez reprendre confiance en vous.
Il y quelques semaines, dans le contexte de la résolution de problèmes, j'ai évoqué le problème de la servitude émotionnelle. Ne pas faire confiance et être fermé, c'est exactement cela, une attache émotionnelle. Aussi, plutôt que d'essayer de la repousser, de nous en vouloir ou d'essayer de l’éradiquer avec autant de force et de rapidité que possible, une meilleure option est de la regarder en face et la première étape est de dire oui à cette réalité intérieure.
Admettre « Oui, je ne suis pas capable de faire confiance et oui j'ai du mal à recevoir la gentillesse et les cadeaux des autres. » est le premier pas et c’est très souvent le plus difficile à faire pour les gens, car ils sentiront que quelque chose ne va pas chez eux ou qu'ils ne sont pas assez intelligents. La honte peut aussi s'insinuer s'ils admettent qu'ils ne font pas confiance.
Une fois cette étape franchie, il devient possible d’aller un peu plus en profondeur et l’on reconnaîtra que sous cette couche de méfiance, il y a de l'insécurité et de la peur. Peur d’une possibilité de rejet ou d’un blâme si je dis ou fais ceci ou cela. C'est la peur, souvent inconsciente, d'éventuelles conséquences négatives de mon action qui met un frein à la confiance. L'autre élément que l'on peut reconnaître est que le cœur est fermé, ce qui m'empêche effectivement de recevoir et de donner. Pour être ouvert et faire confiance, ces deux aspects, la peur et la fermeture du cœur doivent être pris en compte.
La peur est un vaste sujet et lors d’une prochaine réunion, j’en parlerai plus longuement. Pour l'instant, je veux juste mentionner que la peur de faire confiance est différente de la peur d'ouvrir notre cœur, même s'il semble que nos cœurs soient fermés parce que nous craignons d'être blessés d'une certaine manière ou d’une autre. Il est vrai que nous avons été blessés et par conséquent avons fermé nos cœurs. Cependant, la principale raison pour fermer nos cœurs est le ressentiment et la colère et non la peur.
Cela peut vous sembler étrange que la peur et la colère travaillent simultanément à la défiance et à ne pas pouvoir s'ouvrir pour recevoir, mais c'est ainsi. C'est le côté dénaturé de la colère et de la peur qui sont à l'œuvre en nous qui crée ce problème de défiance, et non leur côté naturel. Au cours de l’exposé de la semaine dernière, j'ai mentionné que les sentiments jouent un rôle de premier ordre dans le maintien d'un équilibre sain en nous. Cependant, lorsqu’ils sont dénaturés, ils créent une servitude émotionnelle comme c'est le cas avec la méfiance et un cœur fermé.
Parfois, à cause d’un conditionnement social, nous nous efforçons d'être ouverts aux autres et pensons que nous devrions être ouverts, qu'il est malséant d'être fermé et que nous devons faire confiance. Lorsque nous sommes dans cet état d'esprit, nous évitons de voir que notre réalité est en fait : ‘je ne fais pas confiance et je ne suis pas ouvert’.
Nous avons alors tendance à vivre dans le déni de notre réalité intérieure en tentant d’y échapper de toutes les manières possibles. Ce, simplement parce que notre réalité intérieure nous semble trop écrasante, trop lourde à porter et pour beaucoup trop honteuse lorsque l’on continue à se comparer aux autres. Nous craignons de nous rencontrer et en conséquence nous passons en mode déni. Lorsque nous sommes dans le déni, nous échappons non seulement à la douleur, mais aussi aux aspects positifs de nous-mêmes, notre force, notre sagesse, notre créativité.
Par conséquent, reconnaître et accepter que ‘oui, c'est ma réalité, j'ai du ressentiment et de la colère et en conséquence, j'ai fermé mon cœur à ceux qui m'ont blessé’, fait partie de l'ouverture à ma réalité intérieure et en tant que telle, cette ouverture apportera déjà une certaine détente et avec elle, la possibilité d’explorer plus profondément ce qui m'a rendu incapable de faire confiance, d’explorer cette peur de m’ouvrir, d’explorer ce qui m'a rendu fermé et empli de ressentiment.
Sans cette reconnaissance, sans cette acceptation, aucune transformation n'est possible.
« Je ne peux pas me faire confiance, tout comme je ne peux pas faire confiance à aucune autre personne et je ne peux pas non plus m'ouvrir pour accepter la gentillesse et les cadeaux des autres. Pourriez-vous parler de confiance et de l’ouverture ? »
La personne qui a posé cette question n'était probablement pas consciente que sa question n'est en fait qu'une affirmation liée à un désir intellectuel d'en savoir plus sur la confiance et l'ouverture. Sa déclaration est parfaite dans le sens où elle reconnaît là où elle en est, elle omet cependant de mentionner les sentiments qui accompagnent le fait qu'elle ne fait pas confiance et ne s'ouvre pas. Au lieu de cela, elle demande à en savoir plus sur la confiance et l’ouverture. Ce faisant, elle se ferme à la possibilité pour elle d’aller plus loin et préfère entendre parler de confiance et d'ouverture sans réaliser qu'entendre parler de confiance et d'ouverture ne lui permettra pas d’être dans l'expérience de ce qu’est la confiance et de ce qu’est l'ouverture. Au mieux, cela lui apportera des idées nouvelles, de nouvelles croyances sur la confiance et l'ouverture, mais pas la confiance en tant que telle. La confiance en tant que telle n’est pas une idée ou un concept que l’on peut adopter, elle ne peut qu’être vécue et non pas crue.
Sans le savoir, notre interlocuteur échappe à une éventuelle confrontation avec lui-même, une confrontation qui pourrait lui donner un goût authentique de la confiance et de l’ouverture. Espérons qu'après cet exposé, notre interlocuteur sera à même de consciemment choisir la direction dans laquelle il ou elle veut aller. Oui, la peur d’être en contact avec sa blessure peut être là, mais avec l’aide d’une attention bienveillante, cette peur peut facilement être surmontée. Ce n'est qu'une question de choix conscient.
Comme vous l'avez peut-être compris avec les réponses que j'ai précédemment données à certains d'entre vous, un dialogue avec la personne qui est en demande est nécessaire pour que je comprenne ce avec quoi cette personne se débat vraiment et quels aspects ou sentiments doivent être reconnus et renforcés.
Nous sommes tous différents, nous venons tous d’horizons différents, et même si la façon dont nous avons perçu et intégré notre environnement en tant qu'enfant est unique, il s'agit le plus souvent du fait de ne pas avoir été suffisamment aimé et compris. C'est pourquoi guérir les traumatismes de notre enfant intérieur revient essentiellement à comprendre ce qui ne l’a pas été pour que nous puissions enfin nous sentir reconnus et surtout être compris dans notre essence pour pouvoir retrouver notre capacité d’ouverture et de confiance.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_22-Décembre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur l’Indignité et la Dignité.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire.
J'espère que vous avez tous passé d'agréables vacances de printemps et que vous êtes impatients de ‘Chevaucher le Taureau’ cette année, puisque c’est l’année du Taureau. Je sais que certains d'entre vous sont proches du ‘retour à la maison’ et j'espère que cette nouvelle série d’entretiens vous aidera tous à réaliser ce retour vers vous-même. Dans le petit texte de présentation que j'ai écrit pour cette année du Taureau, je soulignais ce que l'on entend par ‘Chevaucher le Taureau vers la Maison’. Cette nouvelle série d’exposés vous aidera à dépasser les fausses idées et les croyances que vous portez sur vous-même et ainsi laisser votre moi authentique se manifester.
Certains d’entre vous me disent qu’ils ont une forte conviction d’être indignes, mêlée à un sentiment de ne pas mériter d’être aimé, c'est pourquoi j'aimerais ouvrir cette nouvelle série d'entretiens avec cette question soulevée par l'un d'entre vous. « Il y a en moi cette croyance que je suis indigne et que je ne mérite pas d’être aimé tel que je suis. Cela me rend triste, désespéré et presque suicidaire. Il ne semble pas être en mon pouvoir de lâcher cette croyance. Qu'est-ce que je ne vois pas ou ne comprends pas à mon sujet ? »
Ce que vous ne voyez pas ou ne comprenez pas à votre sujet, c'est que vous êtes digne et mérité d’être aimé tel que vous êtes. Vous croyez cependant fermement que vous ne l'êtes pas. C’est votre croyance qui est le problème, rien d'autre.
Tel que vous êtes, avec vos qualités, avec vos défauts, vous êtes pouvez être aimé. Vous êtes digne d'attention, digne d'être accepté, digne d'être traité avec bienveillance, en d'autres termes digne d'être aimé. Être digne ou être aimé ne nécessite aucune capacité ou comportement spécifique. Cela n'a rien à voir avec le mérite ou la valeur, avec l'obéissance ou le respect filial. Être aimé est inné à tous, c’est un droit de naissance pour chaque être humain. Chaque être humain est aimable, chaque être humain est digne d'attention et de respect, y compris vous.
Votre croyance est née du fait des jugements des autres, très certainement de vos parents ou de ceux qui vous ont élevé. Ils voulaient que vous soyez selon leurs normes, avec leurs jugements ils vous ont empêché d'être l'enfant sensible que vous étiez, ils vous ont empêché d'exprimer vos véritables sentiments. Leur attitude était un déni complet de celui que vous êtes, ils ne vous voyaient pas comme l'être parfait que vous êtes. Ils vous voyaient comme un objet qui peut être manipulé selon leur désir. De plus, ils vous ont probablement répété encore et encore, d'un ton méprisant, que vous n'étiez qu'un imbécile ou un enfant sans cervelle qui ne sait que pleurer et faire des bêtises. Ils peuvent aussi vous avoir fait croire que votre avis ne comptait pas, qu'ils étaient les seuls à décider.
Au fil du temps, c'est la répétition de tels jugements avec leur charge d'humiliation qui vous a fait croire que vous étiez indigne et ne méritiez pas d’être aimé. La réalité est pourtant toute autre, ces jugements n'ont rien à voir avec vous. Ils ne vous définissent pas, ils ne vous voient pas tel que vous êtes. Ils ne sont que l'idée que quelqu'un d'autre se fait de vous, rien de plus.
Mais vous n'étiez qu'un enfant et en tant que tel, vous aviez besoin de vous sentir en sécurité, de vous sentir protégé et aimé, alors vous avez pris ces jugements pour argent comptant et vous vous êtes efforcé de correspondre aux attentes et aux idées de vos parents et de vous comporter comme ils le souhaitaient. Vous avez peut-être même essayé de vous rebeller et de prouver que vous n'étiez pas ce qu'ils disaient. Vous êtes devenu un enfant obéissant, le gentil petit garçon que maman voulait et ce faisant vous avez fait un compromis avec vos propres sentiments, vous les avez relégués à l’arrière-plan. Que pourriez-vous faire d'autre ? Cela aussi doit être reconnu.
Vous devez comprendre et accepter que vous n'aviez pas vraiment le choix, qu'il était hors de question de se rebeller ouvertement parce qu'en vous rebellant vous auriez perdu l'affection des parents. Vous auriez perdu leur considération et ce n'était pas acceptable. Votre seule possibilité était d’endurer et de réprimer tous ces sentiments qui surgissaient et en particulier la blessure de l'injustice. Le ressentiment, la colère, la haine ainsi que le désir de vengeance sont montés. Des idées de vengeance, de meurtre ou même des pensées suicidaires ont rempli votre mental et ces pensées sont toujours actives en vous aujourd’hui.
Bien sûr, il y a de la tristesse et du désespoir à croire que vous êtes indigne, mais ce que vous ne voyez pas ou ne comprenez pas à votre sujet, c'est combien de colère refoulée ou de désir de vengeance vous portez. Cela fait profondément mal d'être humilié de cette manière et cette blessure est si douloureuse et si difficile à supporter que nous la cachons sous le prétexte d'être forts et insensibles. Pourtant, sous cette couche de protection, il y a de la haine avec, dans son sillage, un désir de vengeance. Ces sentiments, ces pensées doivent être reconnus, acceptés et exprimés avant que la douleur que porte votre cœur puisse être ressentie, acceptée et exprimée.
En novembre l'année dernière, j'ai parlé de la Répression et de l’Acceptation. La répression est un déni de soi, un déni de qui nous sommes. Nous nions généralement ce que nous ne pouvons pas absorber, ce que nous ne savons pas, et nous avons généralement tendance à nier ce qui est ressenti comme douloureux lorsque nous n'avons aucune possibilité d'exprimer notre douleur ou lorsqu'il n'y a personne pour nous aider à traverser notre crise émotionnelle. Ce déni se met en place le plus souvent inconsciemment, il n'est pas le résultat d'une décision consciente, ce qui le rend difficile à déraciner. Ce déni voile notre réalité intérieure et nous empêche ainsi de nous approcher de notre réalité intérieure.
Pour pouvoir sortir de votre croyance d'être indigne, vous devrez reconnaître et accepter tous les sentiments et les idées reçues que vous portez. Rappelez-vous, l'acceptation est un oui à ce qui est, quoi que ce soit. Un oui à votre croyance, un oui à votre tristesse, un oui à votre désir, un oui à votre impuissance à abandonner cette croyance.
L'acceptation est le très simple fait d'être en accord avec la réalité que nous rencontrons, quelle qu'elle soit. Pourtant, très souvent, même si nous voyons la réalité que nous sommes blessés, tristes, en colère ou pleins de ressentiment, nous refusons d'admettre cette réalité. Nous avons souvent un ‘non’ très fort à notre réalité intérieure. Cette attitude de refus, ce ‘non’ doit également être accepté et exprimé pour ce qu’il est.
L'acceptation est la clé !
Vous dites: « Il ne semble pas être en mon pouvoir d'abandonner cette croyance. »
Vous avez raison, ce n'est pas en votre pouvoir d'abandonner cette croyance et la solution ne consiste pas à abandonner la croyance que vous êtes indigne ou ne méritez pas d’être aimé, car votre mental remplacerait immédiatement cette croyance par une autre croyance. Il ne s'agit pas non plus de vous convaincre que vous êtes digne ou pouvez être aimé, ce qui ne serait qu'une autre croyance. La résolution réside dans la prise de conscience que vous n'êtes pas ces jugements, que ces jugements ne sont pas vous, qu'ils ne définissent pas qui vous êtes.
Questionner d’où viennent ces jugements et qui en est l'auteur ou l'initiateur ouvrira la voie pour retrouver la vitalité et la liberté de celui que vous êtes vraiment.
En mai de l'année dernière, lors de l’exposé sur ‘Les croyances et la dissolution des croyances’, j'ai mentionné les différentes étapes d’un exercice vous permettant de dissoudre vos croyances. Avec cet exercice vous avez déjà une précieuse clé. Je vous suggère également de pratiquer les exercices suivants que j'ai donnés récemment à quelqu'un qui se débattait avec cette croyance d’indignité.
Chaque fois que vous reconnaissez un jugement que vous portez, procédez comme suit :
• Faites de votre mieux pour entendre le jugement aussi clairement que possible, écoutez chaque mot du jugement au fur et à mesure qu'il est prononcé.
• Reconnaissez l'impact que ces mots ont sur vous, les sentiments ou les émotions que ces mots déclenchent et exprimez ces sentiments.
Rien que cela est déjà une étape précieuse. Vous pouvez continuer avec :
• Voyez si vous pouvez reconnaître la voix derrière le jugement, qui prononce ce jugement spécifique ?
• Une fois que vous avez reconnu qui prononce le jugement, dites à voix haute à cette personne ‘Ce n'est pas moi, c'est l’idée que du as de moi, je ne suis pas comme ça.’
Soyez le plus ferme possible, le plus énergique possible pour renvoyer le jugement à son auteur. Utilisez votre voix et votre gestuelle pour exprimer ce renvoi et ce faisant, si un sentiment ou une émotion monte, exprimez-la.
La pratique de ce petit exercice vous aidera de différentes façons. Elle apportera clarté et confiance. Clarté dans l'identification du jugement et de qui il provient en premier lieu. Clarté dans l'impact que le jugement a eu sur vous, et enfin et surtout, cela renforcera votre confiance pour exprimer ce qui vous semble juste.
Avec la pratique, vous retrouverez peu à peu cette estime de vous-même que vous aviez perdue, vous retrouverez dignité et respect de vous-même. Ce respect de soi nouvellement retrouvé entraînera une bienveillance pour celui que vous êtes et c’est ce qui compte vraiment. Un sentiment de compassion pour cet être abusé que vous avez été peut même voir le jour. Vous faire confiance, faire confiance à votre propre voix plutôt qu'à celle des autres deviendra une solide réalité pour vous. Ce sera un ancrage dans la vérité que vous êtes, dans la vérité de qui vous êtes.
Tout est entre vos mains, espérer ne sera d'aucune aide, oubliez l'espoir et rassemblez votre courage pour faire un pas vers votre réalité et, avec ce pas, vous verrez que la croyance, la tristesse et le désespoir fondront comme neige au soleil. Non seulement se défaire de votre croyance en vaut la peine, mais vous gagnerez en plus la possibilité de vivre dans une joie retrouvée.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_7-Avril-2021
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Solutionner les Problèmes.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
La question d'aujourd'hui porte sur la Résolution de Problèmes. « Dans mon quotidien, que ce soit au travail ou dans les relations, je n’arrête pas de rencontrer toute sorte de problèmes. Avec la plupart d'entre eux, je me sens perdu et je ne sais pas comment faire pour les résoudre. Pourriez-vous dire quelque chose à propos de cette difficulté ? »
Tout le monde rencontre des défis dans sa vie, parfois de petits défis et parfois des défis plus épineux et il arrive que nous nous sentons démunis face à certaines situations. Nous pouvons prendre en compte la difficulté en essayant de trouver une solution au problème et éventuellement le résoudre. Cependant, dans le contexte du développement personnel ou de la croissance spirituelle, la résolution de problèmes n'est pas pertinente. Et c'est sur ce point que j'aimerais attirer l'attention de tous aujourd’hui puisque je reçois souvent des questions me demandant une solution à un problème pratique ou des questions ‘intellectuelles’ qui ne sont pas en rapport avec la personne qui pose la question.
Ce n'est pas que ces questions ne sont pas importantes, mais elles passent totalement à côté de l'essentiel dans le cadre du développement personnel. Au cours d’un exposé précédent, j'ai mentionné que si vous voulez devenir un individu libre, une personne mature, vous devrez mettre l'accent sur vous et non sur ce qui se passe en dehors de vous. Oui, décrire une situation est utile pour comprendre le contexte, mais l'essentiel c’est vous et vos réactions et sentiments par rapport à la situation.
C'est votre vie ! Vous êtes l’acteur principal de votre vie, personne d'autre ne l'est.
N'oubliez jamais qu'il s'agit toujours de vous et non de quelqu'un d'autre. Soyez attentionné, mettez l'accent sur vous plutôt que sur l'extérieur. Je ne le répéterai probablement jamais assez, vous êtes la seule personne importante dans votre vie, alors pourquoi ne pas vous donner une chance de mûrir et vivre une vie heureuse en prenant soin de vous.
Prendre soin de vous est important, non seulement important, mais essentiel, et personne ne peut le faire à votre place. Quelqu'un a fait la remarque que nous sommes tous des ‘biens endommagés’ puisque la plupart d'entre nous n'ont pas reçu l'amour, les soins, l'attention et le soutien que nous étions en droit de recevoir en tant qu'enfant. C'est un fait, et nous pouvons nous victimiser à ce sujet et rester dans un mode constant de ressentiment et de plainte ou, et c'est ma proposition, prendre ce ‘bien endommagé’ que vous pensez être comme un défi de l'existence pour mûrir et vous épanouir à votre plein potentiel. C'est un choix que vous pouvez faire, une direction que vous pouvez prendre et surtout une décision de vous concentrer sur ce qui est important. Or le seul élément important dans votre vie c’est ‘Vous’.
Il n'y a pas longtemps, j'ai envoyé à quelqu'un une petite vidéo humoristique (en anglais) sur la réponse qu'un psychologue donne à quelqu'un venu lui demander conseil. Sa réponse se composait de seulement deux mots. ‘Arrête ça’. C’était bien sûr, uniquement pour se moquer de la thérapie, mais cela a une implication plus profonde lorsque c’est lié au développement personnel.
Papaji, un sage indien a utilisé le même mot ‘Stop’ pour répondre à son élève américain, Gangaji, lorsqu'elle lui parlait de ses problèmes du quotidien. En entendant ce mot, elle s'est sincèrement arrêtée et s'est éveillée à sa Vraie Nature. Ce que Papaji impliquait dans ce stop, c'était : ‘Arrêtez toutes vos activités mentales’.
Sans aller jusqu'à arrêter toutes vos activités mentales, arrêtez de regarder vers l'extérieur et concentrez-vous plutôt sur vous. C'est vous qui êtes important, pas la situation, pas l'autre, quel qu'il soit.
Je peux comprendre que ce n'est pas une chose facile à réaliser puisque notre mental a tendance à éviter ce qu’il ne lui semble pas confortable. C’est pourtant la direction à prendre et les efforts nécessaires à faire, surtout au début, si vous voulez devenir libre de la servitude émotionnelle dans laquelle vous êtes piégé, et être un individu libre.
Ne vous y trompez pas, ce n'est pas la situation en elle-même qui est la cause de la souffrance, c'est la servitude émotionnelle dans laquelle vous êtes empêtré qui crée la souffrance. La situation est telle qu'elle est et n'a pas besoin de changer, ce qui doit changer c'est votre implication émotionnelle, votre façon de répondre à la situation. Lorsqu'il n'y a pas d’implication émotionnelle, la résolution d'un problème peut être très évidente. C'est votre implication émotionnelle qui doit être vue, prise en compte et c'est là que je peux vous apporter mon aide.
Bien qu'à un moment donné par le passé, j'ai parlé de la façon dont nous pouvons nous libérer de l'asservissement émotionnel, ce serait probablement une bonne idée à ce stade que de revoir ce que l'on entend par servitude émotionnelle ainsi que la façon de nous en libérer.
La servitude émotionnelle fait référence au fait d’être liés, d’être en esclavage avec nos sentiments. Nos sentiments ont tendance à diriger nos vies plutôt qu’à être au service de notre bien-être. Tout le monde a des sentiments, les sentiments font partie de notre constitution émotionnelle et en tant que telle, ils jouent un rôle sain dans le maintien de notre équilibre. Qu'il s'agisse de tristesse, de colère, de peur ou de honte, tous font partie de notre système de régulation pour nous aider à faire face aux situations que nous rencontrons dans la vie.
La colère et la peur, les réponses ‘Fuir ou Faire Face’ sont notre principal mécanisme de survie. Il nous serait très difficile d'être dans la vie sans ces deux sentiments. Ils nous protègent. De la même manière, la tristesse et les pleurs aident à apaiser nos cœurs blessés, tout comme la honte naturelle est notre régulateur de sagesse puisqu'elle prévient l’inflation de notre ego en nous rappelant que nous sommes des êtres limités.
D'une manière générale, un sentiment apparaît parce que quelque chose en nous est ressenti comme menaçant ou douloureux. Le sentiment agit comme régulateur de notre système neuro-végétatif pour maintenir un équilibre sain. C'est pourquoi il est important de permettre l’expression de nos sentiments et émotions si nous voulons vivre heureux.
Le problème ne se pose que lorsque nos sentiments sont refoulés, quelle que soit la raison de ce refoulement. Cela peut être parce que nous ne sommes pas autorisés à exprimer, parce que nous nous sentons coupables d'avoir tel ou tel sentiment ou encore parce que nos parents eux-mêmes n'exprimaient pas leurs sentiments. Nous n'avons donc pas appris ni compris qu'il était tout à fait normal d'exprimer nos sentiments, ce qui fait qu’exprimer ses sentiments est devenu quelque chose de tabou et honteux.
Lorsque nous réprimons un sentiment, le sentiment ne disparaît pas, il se déplace simplement dans une partie inconsciente de notre psyché dans l’attente de s'exprimer à la première occasion. Plus nous refoulons un sentiment, plus le sentiment aura une emprise sur nous et plus il nous poussera à nous exprimer d’une façon disproportionnée par rapport à la situation.
Il est aisé de reconnaître cela à l'œuvre lorsque quelqu'un fait tout un plat à propos d’une chose qui n'est en réalité pas très grave. Cela me rappelle une personne qui s'énervait lorsque sa belle-mère changeait la disposition de ses pots de fleurs. Ou lorsque j'entends de nombreux parents dire qu'ils grondent ou même battent leur enfant parce qu’il n’a pas fait ses devoirs ou qu’il a fait de petites erreurs.
Tous ont pu remarquer que l'expression de leur sentiment était disproportionnée par rapport à la situation. Mais dans le même temps, ils se sentent incapables de faire quoi que ce soit pour changer cela, pour être diffèrents.
Je suis sûr que vous comprenez tous de quoi je parle et que vous pouvez trouver des exemples similaires dans votre vie.
La solution ne consiste pas à blâmer ou à déverser sa colère sur la personne ou même à vouloir changer cette personne ‘minable’, mais plutôt à prendre en compte cette explosion disproportionnée de sentiments d’une manière bienveillante. Il est également inutile de vous reprocher d'avoir ces sautes d’humeur. Elles ont leurs raisons d'être là.
Je sais par expérience que lorsque nous nous portons notre attention vers nous-mêmes et non vers l'extérieur, nous commençons par découvrir ce qui est inconfortable et c'est là que la plupart des gens ne veulent pas aller. Ils ne veulent pas se sentir mal à l'aise, ils ne veulent pas se sentir seuls. Mais surtout, ils ne veulent pas se prendre en compte parce qu'ils ont peur de rencontrer leur douleur. Malheureusement, il n'y a pas d'autre moyen si l’on veut vivre une vie libre et heureuse.
Nous avons souvent le désir de nous débarrasser d’une sensation ou d’un sentiment inconfortable. Lorsque ce désir est là, aucune transformation n'est possible, car nous rejetons tout bonnement une part de nous-mêmes. Toutefois, lorsque ce désir de rejet est constaté, un changement se met déjà en place.
C'est pourquoi je parle très souvent de la Trilogie Transformatrice. Reconnaître, Accepter et Exprimer. Ce sont les trois piliers pour qu'une transformation viable et durable ait lieu.
Reconnaître vient en premier, car il n'est pas possible d’examiner quelque chose dont nous ne sommes pas conscients.
Accepter qu’il en soit ainsi ouvre la porte pour comprendre ce que ce sentiment veut nous dire.
Vient ensuite l'expression qui aide à créer une décharge de l'énergie bloquée. Cette expression peut prendre différentes formes et pas seulement une libération émotionnelle comme beaucoup de gens le pensent. Le partage verbal, l'écriture, la peinture, la danse peuvent être utilisés ainsi que différentes techniques de travail corporel.
Parcourir seul ce chemin de transformation n'est pas une chose facile, être accompagné et soutenu est nécessaire et, comme je viens de le mentionner cet accompagnement peut prendre différentes formes. Un accompagnement extérieur est nécessaire car notre mental peut facilement nous tromper et pouvoir compter sur une ‘main’ bienveillante peut être un encouragement, une incitation à abandonner nos peurs et à rassembler le courage nécessaire pour nous faire confiance, pour faire confiance à la vie ou à l'existence. Parce qu'en fin de compte, il ne s'agit que de faire confiance et rien d'autre. Une célèbre chanson déclare que ‘L'amour est tout ce dont vous avez besoin’. Je changerais cela en ‘La confiance est tout ce dont vous avez besoin pour cheminer dans la vie’.
Je voudrais résumer cet exposé en insistant sur le point suivant. Arrêtez de poser des questions qui ne vous concernent pas directement. Posez des questions liées à vos difficultés à gérer votre monde émotionnel, liées aux sentiments qui vous posent problème et oubliez les autres, oubliez les généralités, vous êtes la seule personne importante dans votre vie, alors, ne vous oubliez pas. Et rappelez-vous que de ne pas exprimer va à l'encontre de votre élan vital, à l’encontre de la Vie. Ne pas exprimer, c'est tuer le vivant, c’est tuer la Vie. Restez en vie, exprimez-vous, vous ne pourrez qu'en retirer de la joie et du bonheur !
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_15-December-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Répression et Acceptation.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
L’un d’entre vous a posé cette question : « Beaucoup de gens ne sont pas capables d'exprimer leurs émotions, ils les répriment au lieu de les exprimer. Pouvez-vous partager comment l’on peut passer de la répression à l'expression et de l'expression à l'acceptation ? »
Oui, c'est malheureusement vrai, beaucoup de gens répriment au lieu d'exprimer. Leurs motivations pour réprimer peuvent être différentes, mais à long terme, ils souffrent tous d’avoir réprimé leurs sentiments et leurs émotions. Comme je l’ai mentionné avec la question précédente, la fuite est une forme de répression. Nous avons tendance à réprimer par peur et lorsque nous réprimons, nous nous contractons physiquement et psychologiquement. Cette contraction entraîne des tensions corporelles et aussi au niveau du mental. Ces tensions conduisent à leur tour à la maladie, qu'elle soit physique ou mentale. Les sentiments non exprimés se transformeront tôt ou tard en toutes sortes de troubles physiques et/ou mentaux.
Nos raisons pour refouler nos sentiments et émotions viennent de l'éducation, des conventions sociales, mais aussi et principalement, de la peur. La peur de transgresser les conventions établies, la peur d'être jugé, blâmé, puni ou exclu pour avoir exprimé ce que l’on portait d’exprimer.
Pour l’enfant, le refoulement est activé principalement par la peur d'être rejeté, de ne pas être inclus, d’être abandonné ou forcé, en d'autres termes, la peur de ne pas être aimé. Le besoin d'être aimé, inclus et compris est si fort chez un enfant qu'il préfère réprimer ses sentiments et ses émotions plutôt que de les exprimer.
Un enfant choisit souvent d'être obéissant et de ne pas déranger ses parents dans l'espoir d'attirer leur attention, d'être vu et inclus par eux. Mais les parents sont souvent aveugles et ne peuvent pas reconnaître qu'en se comportant ainsi, leur enfant exprime en fait son besoin d'être accepté et aimé. Ils ne voient que la surface, l'obéissance, ils en sont satisfaits et fiers et oublient totalement que leur enfant a désespérément besoin d'eux.
Pour l'enfant, cette attitude parentale est atroce, il souffre et est désemparé, mais il ne sait pas quoi faire pour changer sa situation. Lorsque la douleur devient trop intense et qu'il voit que rien ne change pour lui, il peut adopter une attitude rebelle afin de forcer ses parents à s’intéresser à lui. Ou encore, cesser de s'intéresser à l'école et devenir paresseux et indifférent. Il peut choisir de rester éveillé tard le soir et de jouer à des jeux vidéo ou tomber malade. Cela dans le seul but d’attirer l'attention de ses parents, pour qu'on s'occupe de lui. Ce comportement rebelle n'est qu'une manière inconsciente de se venger puisque l'enfant n'est pas à même d'exprimer clairement et ouvertement ses sentiments. Sa rébellion devient simplement une autre forme de répression.
Certains d'entre vous ont des enfants et, dans une certaine mesure, vos enfants peuvent se comporter comme je le décris. Méfiez-vous, c'est un appel à l'aide déguisé. Ne le manquez pas !
Ce qui est souvent négligé lorsque nous réprimons, c'est que nous nous faisons inconsciemment du mal. Nous réprimons parce que nous nous sentons blessés de ne pas obtenir l'attention que nous voulons obtenir et aussi parce que nous n'osons pas demander ce que nous voulons vraiment par crainte d'être rejetés. Plutôt que de prendre le courage de demander ce que nous voulons, nous nous dérobons et disparaissons dans toutes sortes de comportements ou de fantasmes mentaux, ce faisant, nous accumulons du ressentiment, de la colère et de la haine.
C'est exactement ce qui se passe pour notre intervenant aujourd’hui et pour le précédent, leurs questions ne portent pas sur ce qui les concerne directement, mais portent plutôt sur une généralisation intellectuelle. En faisant cela, ils évitent inconsciemment toute connexion avec eux-mêmes. Cette généralisation intellectuelle signale qu'ils répriment leurs sentiments, non seulement leurs sentiments, mais aussi leur énergie vitale.
Ne pas s'exprimer, c'est aller à l'encontre de notre vitalité, c'est aller à l'encontre de la vie. C’est ‘tuer le vivant’ et certains en meurent même. Restez en vie et exprimez-vous, vous ne pourrez qu'en retirer de la joie et du bonheur !
Ce qui est étrange, c'est que même lorsqu'il y a une possibilité de s'exprimer, même lorsque les gens savent qu'ils ont la permission de s'exprimer, qu'ils peuvent s'exprimer en toute liberté et sécurité, ils trouvent toutes sortes d'excuses pour ne pas le faire. Je vois cela se produire constamment lors de séances individuelles. J'encourage les gens à s'exprimer, mais ils trouvent toutes sortes d'excuses pour ne pas le faire. Je comprends qu'il doit y avoir une peur profondément enracinée en eux qui les empêche de s'exprimer. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas s'exprimer, ils ont un désir de s'exprimer, mais ils semblent avoir une certaine loyauté envers leur mécanisme de répression. Qui sont-ils sans leur comportement répressif ?
Ils se sont forgé une certaine image d'eux-mêmes et, inconsciemment, ils s'accrochent à cette image, c'est ce qu'ils sont, ou du moins c'est ce qu'ils croient être. Pour qu’une véritable expression puisse s’exprimer, cette loyauté envers leur mécanisme de répression devra être reconnue et surtout abandonnée.
Passer de la répression à l'expression n'est pas une tâche facile pour bon nombre de personnes. Cela nécessite un saut dans l'inconnu et l'inconnu fait par définition peur ! Pour faire ce saut, un accompagnement est nécessaire. L’accompagnement à l'expression que les parents ne pouvaient pas donner peut se trouver ailleurs. L’on peut le trouver dans toutes sortes d'ateliers ou d'activités axées sur la croissance et aussi bien sûr avec des séances individuelles. L'existence nous offre toujours des opportunités, il nous suffit de les reconnaître et d’en tirer profit.
Notre questionneur demande : « Comment pouvons-nous passer de la répression à l'expression et de l'expression à l'acceptation ? »
C'est une erreur de penser ou de croire qu'il y aurait une séquence d'étapes avant que l'on puisse être dans l'acceptation. Que nous réprimions ou exprimions, accepter peut être là. L'acceptation n'est pas liée à l'expression, c'est un malentendu de penser que l’on doit passer du refoulement à l'expression puis à l'acceptation comme si l'acceptation était conditionnée par le besoin d'exprimer. Il n’en va pas ainsi. L'acceptation est indépendante du fait de refouler ou d’exprimer.
L'acceptation est une affirmation indépendante, elle se suffit à elle-même en ce sens qu'elle n'est liée à aucune attitude ou mode de comportement. En mars de cette année, j'ai mentionné que l'acceptation est un concept difficile à comprendre pour notre mental puisque nous vivons constamment notre vie du point de vue du mental et rarement de à partir de ‘l’Être’.
Être, veut dire que nous sommes la vie, que nous sommes le vivant vécu, manifesté. Or, nous nous maintenons constamment dans le mental, dans l’intellect et dans l'évaluation. Ce qui a fait dire à certaines personnes que ‘Nous ne vivons pas notre vie, nous ne faisons que la rêver.’
La vie est une suite constante d'événements qui se déroulent sans aucune évaluation ‘bien’ ou ‘mal’. Il n'y a que nous, les humains, qui, avec notre mental qui pense et contrôle définissons, établissons une distinction entre ‘bien’ et ‘mal’ ou ici, avec ‘exprimer’ et ‘réprimer’. Du point de vue de l’Être, tout est acceptable même le fait de réprimer.
Que veut dire Accepter ?
Accepter, c’est simplement dire Oui à ce qui est.
Peu importe qu'il s'agisse d'une situation extérieure à nous ou de nos propres pensées, sentiments ou sensations. L'acceptation est le fait très simple d'être en accord avec la réalité qui est là, quelle qu'elle soit.
Si notre réalité intérieure est en mode répression, il est nécessaire d'être en accord avec ce fait, avec cette réalité. ‘Oui, je réprime’ et je pourrais ajouter tant pis !
C'est un point crucial, car si nous n'acceptons pas le fait que nous réprimons, rien ne peut fondamentalement changer. J'appelle cela ‘faire sien’, devenir responsable. Nous devons être responsables de notre résistance, de nos sentiments, de nos pensées, de nos qualités, de tout ce qui se passe en nous.
De nombreuses personnes que je rencontre lors de séances individuelles ou d'ateliers ont une certaine résistance à admettre qu'ils sont en colère, blessés ou qu'ils ont besoin d'aide. Ils peuvent facilement reconnaître qu'il en est ainsi, mais il leur est difficile de franchir le pas vers un ‘oui’ total à ce qu’ils éprouvent. Ne pas vouloir admettre semble être si profondément ancré en eux qu'ils se retrouvent coincés avec leur ‘non’, avec leur résistance. Ils s'accrochent à leur ‘non’ comme si leur vie en dépendait.
Et d'une certaine manière, il est vrai qu'à un moment donné de leur vie, leur vie dépendait du fait de dire ‘non’. Il était crucial de dire ‘non’ face à une certaine situation. Le problème est que cette situation est depuis longtemps révolue et ne menace plus, il y a donc une possibilité de lâcher-prise de ce ‘non’. Pour que ce lâcher-prise se produise , un ‘oui’ à ce ‘non’ est essentiel. Admettre : ‘Oui, je résiste, oui j'ai fermé mon cœur, oui, je ne veux pas parler à cette personne’ et le plus important, ‘oui je suis meurtri’.
Admettre notre réalité intérieure est essentiel avant de pouvoir s'ouvrir au ‘non’, à la résistance, au cœur fermé, à la douleur que porte ce cœur fermé. C'est l'ouverture à la résistance, l'acceptation de la résistance qui permettra la guérison. Résister à la résistance ne fait que renforcer l'isolement, la peine et le chagrin.
Il n'y a pas de bouton ‘oui’ que l'on pourrait activer. Pour que ce ‘oui’ soit prononcé, pour qu’il se manifeste, le mental contrôleur doit lâcher prise et cela ne peut pas être forcé. Il s’agit d’un processus intérieur de reconnaissance et lorsque cette reconnaissance intérieure s’opère, une profonde relaxation s'ensuit immédiatement.
La relaxation est l'autre face de l'acceptation.
N'oubliez pas que sans un ‘oui’ sincère à votre résistance, aucune transformation durable ne peut avoir lieu.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_3-Novembre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur les Addictions et l’Évitement.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
La question d'aujourd'hui porte sur les addictions et la fuite
« Les gens échappent souvent à leur peur et à leur douleur en ayant toutes sortes de dépendances. Vous avez même mentionné que les méditations, la pleine conscience et la conscience de soi peuvent être des façons d’éviter la réalité. Pourriez-vous parler des addictions et de l’évitement ? »
Souvenez-vous de ces deux options ‘fuir ou faire face’, que l'on peut adopter selon les circonstances. Les addictions et l’évitement font partie de ce comportement de fuite, ils sont basés sur la peur. Et qu’est-ce que nous voulons fuir ? Nous voulons échapper à notre misère intérieure, à notre solitude, à nos cœurs blessés, à nos tensions et pour cela nous adoptons des comportements spécifiques. Tous les modes de comportement sont par essence des mécanismes d’évitement.
L’évitement ou la fuite veut dire que nous sommes à la recherche de quelque chose qui nous donnera ce que nous voulons. Cette recherche peut porter sur le désir de satisfaire un besoin comme nous l'avons vu dans un précédent exposé. Cependant, derrière ce désir de satisfaire un besoin, se cache une tentative d'échapper à la réalité douloureuse que crée ce besoin non satisfait. C’est ce que toutes les addictions ou dépendances tentent de faire.
Pourquoi les gens fument, boivent ou prennent de la drogue, simplement pour oublier ou couvrir quelque chose qui leur semble intolérable. Les addictions sont un palliatif à la douleur et il est inutile d'essayer d'arrêter un comportement addictif. Inutile, car il sera remplacé par une autre addiction.
A l'adolescence, pour être inclus et accepté par mes pairs, je suis devenu fumeur, quelques années plus tard j'ai voulu arrêter cette addiction et j'ai réussi à arrêter de fumer, mais je l'ai simplement remplacé par être un non-fumeur, ce qui reste une addiction. Oui, ne pas fumer peut être une dépendance dans le sens où l'évitement à ressentir la douleur qui était couverte par la première dépendance était toujours là. L’évitement a juste changé de forme. Bien sûr, il est plus sain de ne pas fumer que de fumer, mais la dépendance persiste et se manifeste sous le fait d’être devenu un non-fumeur. Le seul changement est la direction que prend la dépendance. Je couvrais d’une autre façon la douleur de ne pas être accepté, de ne pas être inclus.
À part fumer, boire ou prendre de la drogue, ce que nous considérons généralement comme des dépendances nocives pour notre santé, chaque ‘faire’ peut devenir une dépendance. Manger, ne pas manger, travailler, faire du shopping, faire l'amour, lire, méditer, acquérir des connaissances ou rechercher l’éveil, toutes ces activités, en elles-mêmes irréprochables et non agressives peuvent se transformer en comportement addictif. Même ne rien faire peut être une forme de dépendance.
Ce n'est pas tant ce que l'on fait qui crée la dépendance, c'est la compulsion à faire ce que l'on fait qui devient une addiction et cette compulsion vient de l'incapacité à se connecter et à ressentir les blessures du cœur. La compulsion à faire est un mécanisme majeur d’évitement.
Nous avons peur d’entrer en contact avec nos cœurs blessés, nous avons peur de nous connecter avec nos sentiments et nous avons même peur de rencontrer notre peur. Nous pensons et croyons que si nous nous connectons avec nos sentiments et avec la douleur que porte notre cœur, nous allons mourir. C'est cette peur de mourir que nous essayons à tout prix d'éviter en fuyant nos sentiments.
Contacter nos sentiments ne veut pas dire que nous allons véritablement mourir, il s’agit plutôt de la peur d'être submergé par une forte libération émotionnelle à laquelle nous croyons ne pas pouvoir faire face. Pour éviter de faire face à la peur d’entrer en contact avec nos cœurs meurtris, nous nous occupons de toutes sortes de façons.
La solution n'est pas d'essayer d'arrêter ou de changer notre mécanisme d'évitement, la solution consiste à reconnaître que nous sommes dans un ‘faire’ constant. Nous sommes devenus des acteurs compulsifs pour la simple raison que nous voulons éviter de ressentir en nous un vide profond créé par la douleur. Non seulement notre cœur souffre, mais nous nous sentons également perdus et impuissants avec notre cœur blessé et pour ne pas ressentir ce vide, nous passons d'une dépendance à une autre. Le boulimique-anorexique est probablement l'exemple le plus connu de basculement d’une addiction à une autre.
Le point clé est que ‘faire’, quel que soit le type d’action, est devenu la norme afin d'éviter de se connecter avec notre cœur blessé, afin d’éviter de nous sentir malheureux et seuls. Nous nous échappons en ‘faisant’ quelque chose. Vérifiez par vous-même combien ‘faire’ est présent dans votre vie et même lorsque vous ne savez pas quoi faire, vous vous occupez en vérifiant votre téléphone portable. N'est-ce pas la réalité ?
S'il vous plaît, comprenez que je ne dis pas que ‘faire’ est mal, faire est nécessaire lorsque nous voulons réaliser quelque chose. Rester assis en silence à ne rien faire ne rechargera pas votre compte bancaire, vous devrez retrousser vos manches et vous mettre au travail pour cela. Faire est nécessaire pour fournir et satisfaire nos besoins pratiques. Pratiquer la méditation, la conscience de soi, le yoga ou toute technique axée sur la santé est également nécessaire lorsque nous voulons être en meilleure santé physique et mentale. Pour que la transformation ait lieu, il faut ‘faire’.
Ce que je veux souligner, c'est que c'est la compulsion de faire qui est la source du malheur, et non le faire en soi. C'est la source du malheur, car c'est une échappatoire à la réalité que nous sommes. Tout comme un enfant s'échappe dans son monde imaginaire pour éviter de ressentir son cœur qui lui fait mal, l'adulte s'échappe dans un ‘faire’ compulsif. D'une certaine manière, le faire compulsif peut être vu comme l'extension ou la continuation du monde imaginaire de l'enfant.
J'ai remarqué chez de nombreuses personnes et c'est aussi mon expérience que la pratique de la méditation ou la quête de l'éveil peut devenir un subtil moyen d'échapper à nos cœurs blessés. ‘Lorsque je serai éveillé, tous mes problèmes seront résolus’. C'est ce que la plupart des chercheurs en quête d’éveil ont à l'esprit. La quête est alors détournée de sa destination première, elle devient source d’évasion, un moyen d’échapper à notre misère.
Voici une petite histoire pour illustrer ce point, c'est un poème du poète indien Rabindranath Tagore.
« Le poète a cherché Dieu pendant des millions de vies. Il l'a vu parfois, très loin, près d'une étoile et il a commencé à se déplacer dans cette direction, mais au moment où il a atteint cette étoile, Dieu s'était déplacé vers un autre endroit. Mais il a continué à chercher et à chercher, il était déterminé à trouver la maison de Dieu et surprise des surprises, un jour, il atteignit une maison où sur la porte était écrit : ‘Ici est la maison de Dieu’.
Vous pouvez comprendre son extase, vous pouvez comprendre sa joie et au moment où il s'apprête à frapper à la porte, soudain sa main se fige. Une idée surgit en lui : ‘Si par hasard c'est vraiment la demeure de Dieu, alors je suis fini, alors ma quête est finie. Je me suis identifié à ma quête, à ma recherche. Je ne sais rien d'autre. Si la porte s'ouvre et que je fais face à Dieu, je suis fini, la quête est terminée et ensuite quoi ?
Il se met à trembler de peur, enlève ses chaussures et court aussi vite qu'il le peut. Il avait l'habitude de penser qu'il courrait après Dieu, mais aujourd'hui il court comme il n'a jamais couru auparavant, sans regarder en arrière. Le poème se termine ainsi : ‘Je suis toujours à la recherche de Dieu. Je sais où se trouve sa maison, donc je l'évite et cherche partout ailleurs. L'excitation est grande, le défi est grand et dans ma quête je continue d'exister. Dieu est le danger, je serai anéanti. Maintenant je n'ai même plus peur de Dieu, car je sais où il habite. Alors, en laissant sa maison de côté, je continue à le chercher partout dans l'univers. Et au fond de moi, je sais que ma quête n'est pas celle de Dieu, ma quête est pour nourrir mon ego. »
Remplacez le mot ‘Dieu’ par ‘cœur blessé’ et l'histoire décrit magnifiquement comment nous échappons à notre peine. Nous savons exactement où chercher, nous prenons pourtant une direction différente et nous nous perdons dans le faire.
Il est dit qu’après de nombreuses années de pratique, un étudiant zen est arrivé à cette conclusion.
« Il n'y a plus rien que je puisse faire, j'ai simplement besoin d'arrêter de chercher et de me laisser trouver ».
Suivez ce conseil, arrêtez de vous fuir et laissez-vous trouver. Laissez votre cœur blessé se rapprocher de vous, valorisez-le, prenez-en soin et ce faisant, vous découvrirez un trésor caché. Cela nécessite bien sûr du courage, de la persévérance et de la discrimination et vous avez ces capacités, utilisez-les. Il s'agit de passer du faire à l'être, il s'agit de passer de la répression à l'acceptation.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_3-Novembre-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur les exercices de communication.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Comme j'ai appris que beaucoup d'entre vous s'impliquaient dans des exercices de communication en face à face, j'aimerais apporter quelques informations supplémentaires pour que chacun d'entre vous puisse tirer davantage parti d'une telle pratique. Certains d'entre vous se souviennent peut-être d'un exposé que j'ai donné il y a quelques années sur les cycles de communication. Si vous vous sentez enclin, cet exposé est disponible sur mon site Web dans la section Perspectives.
Pourquoi prendre la peine de s'asseoir avec un partenaire et de communiquer sur ce qui se passe pour nous ?
En quoi consiste cette pratique ?
Peut-être que la première raison pour pratiquer de tels exercices est que nous aimerions clarifier ce qui se passe en nous ou bien résoudre un problème qui nous tracasse. Nous pouvons faire cela en utilisant l'écriture ou le dessin, alors qu'y a-t-il de si spécial dans ces exercices de communication en face-à-face ?
La particularité de ces exercices de communication en face à face est qu'ils permettent à la personne de s'exprimer librement et surtout d'être comprise.
Lors d'une réunion Zoom en mars dernier, j'ai donné une conférence sur le besoin d'être compris. Je vous suggère de relire cet exposé, car être compris est d'une importance capitale pour tout un chacun et ce que peuvent apporter ces exercices de communication en face à face n’est autre que le contentement d'être compris.
Au cours de cet exposé en mars, j'ai mentionné qu'être compris ne signifie pas simplement que les mots prononcés soient compris. Oui c'est important, mais ce n'est que la couche apparente, l'essentiel est que la personne se sente reconnue dans son individualité, dans sa spécificité, pour qui elle est. Et c'est important parce que cette reconnaissance rend à la personne une fluidité, une liberté d’être.
Nous sommes la vie, la vie coule en nous et lorsque la vie est reconnue, elle s'épanouit. Regardez un enfant qui est compris dans ses besoins, dont les besoins sont satisfaits, il se sent immédiatement heureux et un sourire jaillit de son cœur.
Être compris est essentiel pour notre croissance, aussi essentiel que nos besoins physiques. C’est pourquoi je dirais qu'être compris est non seulement essentiel, mais également vital.
Malheureusement, en tant qu'enfant, nous avons rarement été compris par nos parents, nos besoins, nos désirs n'étaient pour la plupart pas compris et donc pas satisfaits, ce qui fait qu’en tant qu'adultes nous essayons toujours de satisfaire ces besoins d'enfants. Cela génère bien souvent des relations distordues.
Pour être compris en tant que personne, la rencontre de deux éléments est nécessaire.
→ Le premier est d’exprimer ce que nous voulons exprimer aussi clairement que possible. Il en va de notre responsabilité.
→ Le deuxième nécessite une personne à l’écoute, désireuse, et à même de recevoir et de comprendre notre communication.
Sans ces deux éléments à l’œuvre, aucune compréhension ne pourra jamais avoir lieu, ce qui laisse le champ libre à la frustration.
Au cours de cet exposé sur les cycles de communication, j’ai développé ce point et j’ai également mentionné que pour qu’une communication soit fructueuse, six étapes sont nécessaires.
1 → Prendre conscience que quelque chose en nous veut être communiqué (identification)
2 → L'exprimer exactement tel qu'il a été identifié (expression)
3 → Que ce soit reçu et accepté par un autre (acceptation)
4 → Que ce soit reconnu par l'autre pour ce que c’est (ouverture)
5 → Que ce soit compris par un autre (compréhension)
6 → Constater que ce que j’ai communiqué a été pleinement reçu et compris par un autre (contentement)
Le croquis ci-dessous vous donnera une idée plus claire de ces étapes.
Ces étapes peuvent être résumées comme ainsi :
• Identification
• Expression
• Acceptation
• Ouverture
• Compréhension
• Contentement
Que vous soyez celui qui communique ou celui qui écoute, faites de votre mieux pour suivre ces étapes lorsque vous pratiquez ces exercices de communication en face à face.
Les deux rôles sont importants.
Si vous pratiquez ces exercices avec le seul désir d'être compris et que vous ne vous souciez pas vraiment d’écouter l’autre lorsque c’est votre tour, vous passez complètement à côté de l'essentiel. Être celui qui est dans l’écoute à la même importance qu’être celui qui communique.
Rappelez-vous que dans ces exercices, vous n'êtes pas face à un thérapeute, ce n'est pas une séance individuelle où vous pouvez complètement confier la responsabilité au thérapeute et où il peut vous guider ou faire des suggestions. Vous êtes avec une personne qui vous ressemble, avec des problèmes similaires, avec des croyances inconscientes et des idées préconçues similaires. Il ne s'agit donc pas de se décharger de sa responsabilité, il s'agit plutôt de devenir plus conscient.
Plus conscient de ce que nous voulons communiquer et plus conscient de la façon dont nous communiquons ce que nous voulons communiquer. Ceci afin que ce que nous communiquons puisse être compris par notre partenaire.
Ces exercices de communication en face à face nécessitent d'être autonome, d'autant plus que personne ne vous supervise dans votre pratique.
Les trois difficultés rencontrées le plus couramment en pratiquant ce type d'exercices sont les suivantes.
→ Le principal écueil est probablement le fait que très souvent nous ne communiquons pas vraiment, mais avons ce que j'appellerais une diarrhée verbale. Nous parlons de façon ininterrompue. Notre mental suit simplement une impulsion de parler et déverse des mots. Dans ce cas, notre mental tourne tout simplement en boucle comme si nous nous parlions à nous-mêmes et nous utilisons l'autre personne comme un support de projection. Énoncer notre point est devenu primordial, être compris devient secondaire.
→ Un autre écueil important est de ne pas avoir de direction, de but ou de piste à suivre et de simplement parler au hasard de ce qui nous vient à l'esprit. Ce faisant, nous tombons rapidement dans une narration d'histoires, ce qui conduit souvent à partager à quel point nous sommes misérables ou au contraire, formidables.
→ Le troisième écueil possible est que par timidité ou par honte nous communiquons sans regarder notre partenaire. L’on peut également avoir tendance à fermer les yeux lorsque l’on communique. Pour diverses raisons, de nombreuses personnes craignent de parler d’elles-mêmes et utilisent inconsciemment ces stratégies pour contourner leur peur.
Lorsque nous pratiquons ces communications en face à face, il est courant au début de tomber dans ces pièges, surtout s'il n'y a personne qui supervise les exercices. Et pour ceux qui pratiquent ces communications en face à face, vérifiez par vous-même si à un moment donné vous êtes tombé dans un ou plusieurs de ces pièges.
Être conscient à l'avance de ces pièges vous aidera à vous remettre sur la bonne voie lorsque vous vous rendez compte que vous êtes inconsciemment tombé dans l'un de ces pièges. Si vous suivez les indications que je m'apprête à vous donner, le risque de vous égarer sera limité.
La première chose est de comprendre la dynamique à l'œuvre dans ces exercices de communication en face à face également appelés dyades.
Il y a vous et un partenaire, l'un communique et l'autre écoute et chacun de vous joue, à tour de rôle, ces 2 rôles pendant les 40 minutes que dure l'exercice. Ce n'est pas une conversation avec un partenaire où vous partageriez quelque chose à propos de vous. Il s'agit d'une question et d'une réponse précises. Les deux partenaires doivent suivre les directives données.
Les lignes directrices sont les suivantes :
→ Toutes les instructions données à votre partenaire doivent commencer avec ‘Dis-moi’.
→ Le thème de ces dyades de communication peut être défini à chaque fois. Cependant, une fois le thème défini, la personne doit s'y tenir et une fois l’exercice commencé, elle doit s'abstenir de changer de thème, même si cela devient difficile pour elle.
→ Utilisez une minuterie pour que chaque personne ait 5 minutes de communication pour un cycle total de 40 minutes.
→ Ces dyades de communication peuvent être effectuées avec différentes instructions. Cela permet de clarifier et même d'éliminer les difficultés qui posent un problème pour la personne.
L'instruction la plus simple pour débuter est celle-ci :
« Dis-moi quelque chose de toi que tu penses que je devrais savoir »
Laissez votre partenaire vous dire ce qu’il veut que vous sachiez à son sujet et lorsqu’il a terminé, dites :
« Merci »
Le partenaire qui écoute donne cette consigne au partenaire actif et reste ensuite attentif à recevoir la communication de son partenaire sans faire aucune remarque, approbation ou désapprobation.
Lorsque le partenaire a terminé, le partenaire qui écoute dit ‘merci’ et donne à nouveau l'instruction. Ce cycle se poursuit jusqu'à la fin des 5 minutes, moment auquel les rôles s'inversent.
Le partenaire désormais actif ne doit pas commenter ce que son partenaire a dit, mais se conformer uniquement à l'instruction donnée. Ce changement de cinq minutes en cinq minutes se poursuit jusqu'à ce que les 40 minutes soient écoulées.
L’objectif de cette instruction est d'aider la personne à prendre davantage conscience de ce qu'elle pense qu'il est important pour elle de communiquer à ce partenaire et de l'exprimer le plus clairement possible. Le rôle du partenaire qui écoute est de recevoir et de comprendre la communication. Si ce que son partenaire communique n'est pas clair pour lui, le partenaire qui écoute peut dire : ‘Clarifie cela’ afin de bien comprendre la communication.
Il est important de respecter cette procédure et les termes afin d'éviter toute dérive.
Une fois que vous vous êtes familiarisé avec cette première consigne et que vous êtes à même de communiquer à votre sujet et non sur les autres, vous voudrez peut-être porter votre attention sur un sujet plus spécifique et important pour vous. L’argent, le sexe, la maladie, les abus, l'alcool, le tabagisme, la vieillesse, la mort ou encore sur un objectif que vous avez dans la vie ; avoir des enfants, être dans une relation, vous marier.
Dans ce cas, l'instruction sera légèrement différente pour inclure le sujet choisi.
« Dis-moi quelque chose de toi, au sujet de l’argent* que tu penses je devrais savoir »
Laissez votre partenaire vous dire ce qu’il veut que vous sachiez à son sujet concernant l’argent et lorsqu’il a terminé, dites :
« Merci »
Comme vous pouvez le constater, la seule différence par rapport à l'instruction précédente sont les mots ‘au sujet de + le sujet’. Le reste est exactement le même et la procédure pour cette instruction est la même que pour la précédente instruction. Dans cet exemple, la personne parlera d'elle et de sa relation avec l’argent.
Une fois le sujet défini, tenez-vous-y jusqu'à la fin de la dyade, même si vous avez un trou et ne savez pas quoi dire. Continuez avec la même instruction.
Il est conseillé de faire au moins 2 tours de 40 minutes avec la même instruction.
Une fois que les deux partenaires sont à l'aise dans la communication et l’écoute, il est également possible d'utiliser une instruction plus avancée comme celle-ci qui se fait en deux temps avec une première instruction, suivie d’une deuxième.
La première instruction
« Dis-moi quelque chose de toi que tu veux que je sache »
Laissez votre partenaire vous dire ce qu'il veut que vous sachiez sur lui et lorsqu’il a terminé, dites :
« Merci »
Donnez ensuite la seconde instruction
« Dis-moi comment communiquer ce que tu viens de communiquer a changé notre relation »
Laissez votre partenaire vous dire comment ce qu’il vient de communiquer a changé quelque chose dans cette relation qu’il a avec vous et lorsqu’il a terminé, dites :
« Merci »
Continuez ce cycle pendant au moins 20 minutes.
Quelques explications sur ce format.
Le partenaire qui donne l’instruction commence par « Dis-moi une chose de toi que tu veux que je sache » Cela oblige le partenaire actif à communiquer quelque chose de lui au partenaire réceptif. Bien que ce que vous dites exactement ne soit pas d'une importance primordiale, cela devrait être quelque chose que vous voulez vraiment que votre partenaire sache. Ce devrait être assez court et non l'histoire de votre vie pour que vous puissiez passer plus de temps avec la deuxième instruction.
Avec cette deuxième instruction « Dis-moi comment communiquer ce que tu viens de communiquer a changé notre relation »
Avec cette instruction, vous remarquez ce qui s'est passé lorsque vous avez donné votre réponse à la première instruction. Vous déplacez votre attention de ce que vous avez communiqué vers la relation que vous avez avec votre partenaire et considérez ce qui s'est passé dans cette relation après avoir communiqué ce que vous lui avez communiqué.
• Qu'est-ce qui m’a motivé à dire ce que j’ai dit ?
• Quel a été l’effet en moi à ce que je viens de dire ?
• Qu'est-ce qui a changé en moi ?
• Dire ce que j’ai dit a-t-il changé quelque chose dans cette relation ?
En cas de doute, de confusion ou de dispute, arrêtez l'exercice et trouvez de l'aide et les recommandations appropriées pour surmonter la difficulté qui se présente. Une fois que les deux partenaires sont clairs sur comment continuer, recommencez la dyade.
Il n'est pas rare de rencontrer des difficultés avec la Honte ou la Culpabilité. Avec une instruction spécifique, il devient possible d'éliminer nos croyances autour de la Honte ou de la Culpabilité. Utilisez pour cela les deux instructions spécifiques que je vous donne maintenant. La première
« Dis-moi une chose que tu as faite, que selon toi, tu n'aurais pas dû faire »
Laissez votre partenaire vous dire ce qu'il veut que vous sachiez et lorsqu’il a terminé, dites :
« Merci »
Pratiquez cette instruction pendant 20 minutes (2 tours) puis passez à la suivante, également pendant 20 minutes (2 tours).
« Dis-moi une chose que tu as omis de faire et que selon toi, tu aurais dû faire »
Laissez votre partenaire vous dire ce qu'il veut que vous sachiez et lorsqu’il a terminé, dites :
« Merci »
Lorsque l’on utilise ces instructions pour clarifier la honte ou la culpabilité, je suggère de faire 2 tours de 40 minutes chacun et ensuite de terminer avec l’instruction suivante pendant 20 minutes (2 tours)
« Dis-moi ce que tu as retiré de ces exercices »
Laissez votre partenaire vous dire ce qu’il a retiré de cet exercice et lorsqu’il a terminé dites :
« Merci »
Bien ! il y a beaucoup à intégrer, pas vrai ! Pratiquez, pratiquez et pratiquez encore et encore. C’est le seul moyen de vraiment bénéficier de ces exercices de communication. Mon expérience avec cette pratique est que plus nous pouvons être proches de notre réalité intérieure et la communiquer clairement, plus cela portera de fruits. N'oubliez pas que chaque partenaire doit avoir une attitude responsable vis-à-vis de ce qu'il communique. Ces exercices ne sont pas une conversation ou un partage entre amis. Ce sont des outils pour mieux se connaître et gagner en maturité par le dévouement, la persévérance et l'attention. Lorsque vous pratiquez ces exercices, restez ouvert et détendu.
Voici un petit conseil pour ceux d'entre vous qui ont participé aux intensifs d’éveil avec moi.
Bien que le format de communication en face à face lors des intensifs, soit assez similaire, il existe une différence importante dans la manière de mettre en pratique les instructions données. Non seulement les questions sont différentes, mais l'intention est également différente. Dans le cadre d’un intensif d’éveil l'accent est mis sur l'intention de s’éprouver directement dans l’instant et non pas de mieux comprendre et clarifier les aspects de notre personnalité. Dans un cas ces dyades de communication sont axées sur clarifier la personnalité alors que dans l'autre elles sont pratiquées pour aller au-delà de la personnalité. Il est conseillé de ne pas mélanger ces deux formats de communication, car ils ont des finalités différentes.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_4-Août-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur les Obstacles à l’Éveil.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
Lors du dernier exposé, je mentionnais que l’Illumination, l’Éveil ou la Vraie Nature ne sont que des pointeurs ou des poteaux indicateurs qui peuvent aider notre mental à s’orienter vers une direction qui dépasse la compréhension du mental. Rappelez-vous, ‘L’éveil n'est pas ce que vous pensez’.
Pourtant, puisque nous sommes dotés d'un mental et d'une compulsion persistante à penser plutôt qu’à sentir ou à ressentir, l'accès à la Vraie Nature devient une tâche potentiellement ardue, voire presque impossible.
Toute connaissance acquise, toute littérature, toute pratique, ne sera d'aucune aide pour être dans l’expérience ‘d’être’ qu'est la vraie nature. Pourtant, l’ainsité ou la Vraie Nature est là, alors que peut-on faire pour être cette expérience d’ainsité ?
La réponse à ce rébus est en fait assez simple lorsque nous comprenons la nature du mental, la nature du processus de pensée et la nature de l'identification.
Le mental est un très bon outil qui peut créer et discriminer. Comme je l’ai mentionné lors de l'exposé sur la vérité, nous sommes doués d’intelligence et de discrimination et une façon de contourner ou d'aller au-delà du mental est de l'utiliser pour ce qu'il peut faire. Au cours de cet exposé, j'ai également proposé des exercices pour déraciner le faux sens du moi et ses croyances pour revenir à ce qui est réel. Le même principe peut être appliqué lorsque nous voulons retourner à la Vraie Nature.
Vous avez peut-être remarqué que le mental est unidirectionnel. Il va toujours dans une même direction et cette direction est toujours vers quelque chose. Que cette direction soit dirigée vers l'extérieur ou vers l'intérieur n'a pas d'importance. Ce qui compte c'est de reconnaître qu’il est unidirectionnel. Le mental est comme une flèche qui pointe vers une cible et a la capacité de la percer. C'est cette capacité du mental à percer qui peut être utilisée pour aller au-delà du mental et devenir cette expérience d’ainsité, pour être et vivre cette Vraie Nature.
Nous devons d'abord reconnaître et nous émerveiller de cette capacité du mental à créer. Le mental est comme un illusionniste. Tout comme un magicien peut faire sortir une colombe d'un mouchoir, le mental peut nous faire croire qu'il y a un fantôme là où en fait il n'y a que le vent qui déplace un rideau. En Inde, l’on utilise la métaphore de la corde que l’on prend pour un serpent. Le mental peut nous faire croire que nous sommes forts et confiants alors que la réalité est toute autre. Le mental a ce pouvoir incroyable de créer l'illusion, mais il a aussi le pouvoir de discriminer et de démanteler l'illusion. En d'autres termes, il a le pouvoir de créer et de dissoudre tous les obstacles.
Dans de nombreux cas, et plus encore lors des intensifs d’éveil, je mentionne aux participants que notre attention est toujours portée sur ce dont nous sommes conscients, mais rarement sur celui qui est conscient.
Nous sommes conscients de beaucoup de choses. Nous sommes conscients que nous avons un corps, que nous avons des sentiments, des pensées ou des souvenirs et que le monde a lieu et se déroule tout autour de nous. Le mental a tendance à oublier ou à être inconscient de celui qui est conscient, de celui qui tient l'arc et tire la flèche.
Pour pouvoir aller au-delà du mental, il faut tenir compte de celui qui tient l'arc. Ce qui fait qu’une question comme : ‘Qui est conscient ?’ devient un outil utile pour attirer l'attention vers celui qui est conscient.
Bien que cela ne soit pas évident pour beaucoup, mais la première chose que nous avons tendance à découvrir lorsque nous commençons à utiliser cette question est que c'est toujours ‘moi’ qui fais quelque chose ou qui est conscient de quelque chose. Je fais ceci, je sens ceci, je ressens cela, je suis conscient de ceci ou cela, etc.
En utilisant cette question, l’on peut commencer à remarquer qu'en fait tout tourne toujours autour de ‘moi’. Quoi que nous fassions, disions, ressentions ou pensions, cela pointe ou revient toujours vers ‘moi’. Reconnaître que c'est ‘moi’, que je suis celui d’où tout part, la source en quelque sorte, est une prise de conscience importante.
Certains d'entre vous se souviennent peut-être de l'histoire des ‘Dix aveugles’ qui pointe exactement à cette prise de conscience que ‘moi’ est rarement pris en compte.
Bien que ce soit une évidence sur le fait qu’il s’agisse toujours de ‘moi’, il est difficile pour beaucoup de s'en rendre compte et encore moins de l'accepter. Cette difficulté à accepter que ce soit ‘moi’, vient très probablement de la peur d'être responsable. Si j'accepte que ce soit ‘moi’, que je suis celui qui agit, que je suis l’auteur de toutes mes actions, pensées et sentiments, cela implique que je suis responsable et cela est parfois difficile à accepter.
Accepter d'être l'auteur est difficile, car cela implique d'assumer la responsabilité de nos pensées, de nos sentiments et de nos actes. La honte vient souvent se glisser dans cette équation, surtout lorsque nos actes, nos pensées ou nos sentiments ne sont pas conformes à certaines normes morales que nous avons prises comme des règles ou des lois établies.
Pour beaucoup de gens, il est difficile d'accepter qu'ils soient en colère, qu’ils soient tristes ou qu'ils aient peur. Ils peuvent reconnaître qu'il y a de la colère ou de la tristesse en eux et l'exprimer dans une certaine mesure, mais admettre être l’auteur de ces sentiments est une autre affaire. Simplement parce que ces personnes s'accrochent à certaines règles ou normes morales selon lesquelles il est mal ou honteux d'être en colère, d’être triste ou d’exprimer ce qu’ils ressentent. Selon eux, ils devraient être différents. Cela peut aussi parfois donner lieu à une forme d’obstination, d’entêtement à ne pas vouloir s'avouer triste ou blessé. Cela se manifeste par des pensées tenues secrètes comme : ‘Je ne te laisserai pas gagner’ ou ‘je n’avouerai jamais que ça fait mal’. Cette attitude a son origine dans l'enfant blessé, un enfant très blessé qui ne veut pas laisser ses parents voir à quel point il est blessé.
Reconnaître être l’auteur est une étape essentielle pour retrouver une stabilité, pour retrouver le sentiment d'être présent. Cela donne un sentiment d'identité, la reconnaissance que ‘j'existe’, que ‘je suis ici’ et que ‘vous’ êtes différent de ‘moi’. Cette reconnaissance donne un sentiment de force, de confiance et de pouvoir qui est réconfortant, gratifiant et très utile dans la vie.
Je suis conscient, je fais, je pense, je ressens ou je sens ceci ou cela est le vaste domaine dans lequel nous vivons généralement notre vie. Nous sommes devenus des ‘faiseurs’, des faiseurs compulsifs, des penseurs compulsifs. Si totalement absorbé dans nos actes que nous n'imaginons rien d'autre. Rester assis en silence à ne rien faire est aussi devenu un faire. 'Que faites-vous ? Je fais de la méditation, je médite.’
Inconsciemment, nous nous sommes identifiés au fait d'être ‘l’auteur’, avec cette forme pensée : ‘c'est moi’. ‘Moi’ est devenu notre identité et nous vivons généralement nos vies sans jamais remettre en question son authenticité.
Mais est-ce vrai ? Suis-je vraiment l'auteur de mes actions, de mes pensées ou de mes sentiments ? À première vue, oui, il semble y avoir une évidence du fait que c'est moi qui parle, regarde, entends ou agis et personne d'autre. Reconnaître que c'est ‘moi’ et personne d'autre est essentiel et, à certains égards, stimulant et épanouissant.
Ce sentiment de ‘c'est moi’ n'est rien d'autre qu'une identification et, comme mentionné lors de notre dernière rencontre, tout sentiment d'identité, d'identification, doit disparaître avant que la Vraie Nature puisse être réalisée. Même si tout le monde aspire à la fin de sa souffrance, à la guérison de son cœur meurtri, ce qui est tout à fait naturel, ce n'est pas tant le cœur meurtri qui pose problème, c'est la forme pensée que ce soit ‘ma’ douleur, que ce soit ‘mon’ cœur meurtri qui crée la souffrance. Je suis celui qui souffre est le problème, l'identification est la véritable maladie. Dissoudre l'identification avec cette identification à ‘moi’, avec le fait de se penser être l’auteur de tout ce que nous disons ou faisons mettra non seulement fin à la souffrance, mais ouvrira également la porte à l'expérience de l’ainsité, de la Vraie Nature.
Sortir de l'identification avec le fait d'être ‘l'auteur’, dissoudre l'identification avec ce ‘moi’ a été le but de nombreuses écoles spirituelles et, au fil du temps, différentes approches ont été élaborées à cette fin.
Les approches dévotionnelles sont certainement les plus courantes et elles se sont répandues dans le monde entier sous différentes formes. Que ce soit en Orient ou en Occident, leur caractéristique principale est, pour le croyant, de consacrer son attention à une entité supérieure ou à une divinité qui fournira toutes sortes de bienfaits si la dévotion est bien pratiquée. Le principal bénéfice recherché est d'être libéré de la souffrance. La foi et les croyances sont les principaux piliers de ces approches dévotionnelles qui sont axées sur le cœur et basées sur les sentiments.
La dissolution de l'identification peut également se faire via des approches axées sur le corps telles que le yoga, le tai-chi, le tir à l'arc zen ou la danse rituelle pour n'en nommer que quelques-unes. Par le mouvement, toutes ces pratiques visent à dissoudre l'identification pour que tout ‘faire’ personnel disparaisse et que seul le mouvement demeure. En Chine, cela s'appelle ‘Wuwei’.
Le mental a également été utilisé pour dissoudre l'identification avec des pratiques comme l’auto-investigation. Défier la réalité de la nature du ‘je’ ou du ‘moi’ aide à mettre l'accent sur ‘ce’ qui est conscient, sur la conscience elle-même. L’on passe ainsi d'identifications évidentes à des identifications plus subtiles jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'identification.
C'est une approche négative dans le sens où l'accent est mis sur la remise en question de la réalité de ce ‘je’ que nous tenons pour acquis jusqu'à la réalisation qu'en réalité ce ‘je’ ou ce ‘moi’ n'est qu'une construction du mental et n'a aucune réalité. Le mental ne peut cependant pas, de lui-même, arriver à cette réalisation puisque cela impliquerait sa propre extinction, ce qui est inacceptable pour le mental.
Ce qui est nécessaire, c'est un saut hors du mental et ce saut ne peut se produire que lorsque le mental ne parvient pas à trouver une solution, lorsqu'il reconnaît son incapacité à expliquer, à comprendre, à concevoir et arrête d'essayer. C'est dans ce moment d'abandon du mental que la Vraie Nature se révèle. Tant que nous nous accrochons à vouloir que nous-mêmes, que les situations ou les autres soient différents de ce qu'ils sont, nous sommes sous l'emprise du mental, sous l'emprise de l’auteur, de celui qui fait. Lorsqu’il y a acceptation de ce qui est, la souffrance disparaît et la Vraie Nature se manifeste.
Qu'une personne choisisse de pratiquer une approche dévotionnelle, une approche liée au corps ou au mental, le facteur commun permettant de faire l'expérience de l’ainsité est toujours la résultante d’un abandon, d’une soumission à plus grand que soit. La souffrance prend ses racines dans notre tendance à vouloir que les choses et les situations soient selon notre opinion et non selon ce qu'elles sont. Cette tendance est ce que certains ont nommé ‘égocentrisme’ ou ‘recherche de pouvoir’. L'égocentrisme ou la recherche du pouvoir est simplement une totale identification avec le fait d'être ‘l’auteur’, de vivre sa vie comme bon nous semble, sans réaliser qu'en fait la réalité est que c'est la Vie qui me respire, que c'est la Vie qui me porte, que c’est la Vie qui est. Cette reconnaissance que c'est la Vie qui se déroule constamment et non moi qui fais quelque chose, c’est cela l’abandon, l’acceptation. Nous nous prenons inconsciemment comme étant le centre d'où tout tourne autour, ce faisant non seulement nous nous éloignons de la Vie et créons en même temps notre propre souffrance.
Nous sommes des êtres vivants, mais malheureusement la pensée a pris le dessus et nous avons oublié que nos racines sont dans le vivant, que la Vie est notre essence, la substance même dont nous sommes faits. Regarder un ciel étoilé ou l'infini bleu du ciel peut nous rappeler qu'il existe quelque chose de bien plus vaste que les limites de notre corps et de notre personnalité. Cela peut nous aider à nous abandonner à cette immensité, à cet infini que nous sommes en réalité.
Comme mentionné aujourd'hui dans cet exposé, du point de vue du mental, l’identification est l'obstacle et plus précisément l'identification avec le fait d'être ‘l’auteur’ ou le centre autour duquel tout tourne. ‘Je, moi et moi-même’ sont les obstacles à la réalisation, à l’expérience de notre Vraie Nature, à l’éveil à l’ainsité. Il n'y a pas d'autre obstacle, car qui est-ce qui veut faire l'expérience de la Vraie Nature si ce n'est ‘moi’ ?
La vraie nature est et n'a pas besoin de ‘moi’. Du point de vue de la vraie nature, il n'y a pas d'obstacles ou de problèmes, tous les obstacles, tous les problèmes sont simplement une construction de l'esprit et en tant que tels, totalement acceptables et font partie de l’ainsité.
Vouloir faire l'expérience de la Vraie Nature ou vouloir être éveillé sont simplement des constructions du mental, une pure illusion créée par l'identification avec quelque chose étiqueté comme : ‘moi’.
« Lorsque le ‘je’ existe, le monde apparaît, lorsque le ‘je’ disparaît, la Vraie Nature apparaît. »
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_21-Juillet-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Éveil et Vraie Nature.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
Éveil, Illumination, Vraie nature, dans l'esprit de beaucoup, ces mots véhiculent bon nombre d’idées reçues, de croyances infondées et surtout beaucoup d’attentes. L'espoir d'une vie différente, d'un avenir meilleur et bien sûr l'espoir d’en finir avec la souffrance. Et pour ceux qui suivent une pratique tournée vers l’éveil, il y souvent, même si ce n'est pas toujours conscient, une sorte d'arrogance liée à ces mots. Quelque chose comme ‘Je suis un chercheur, je suis sur le chemin, j'appartiens à un groupe de personnes qui s'intéressent à la méditation, à la spiritualité. Nous sommes des gens spéciaux, au-dessus des masses populaires’. Dans le Zen, cette attitude s'appelle ‘la Puanteur Zen’ (The Zen Stink). Méfiez-vous de cela !
Dans l’exposé d'aujourd'hui, plutôt que de souligner ce qu'est l’éveil et ainsi réconforter votre mental, je ferai de mon mieux pour préciser ce qu’il n'est pas. De cette façon, vous n'aurez rien à quoi vous raccrocher, pas d’objectif à atteindre ou de credo auquel croire.
Un enseignant américain a un jour écrit un livre intitulé ‘L’éveil n'est pas ce que vous pensez’. Il n'a pas dit : ‘l‘éveil n'est pas ce que vous pensez qu’il est’. Seulement : ‘L’éveil n'est pas ce que vous pensez’. La différence est grande.
Et c'est exactement ce qu'est l’éveil. Il n’a rien à voir avec l’activité de penser. Toute pensée, tout type de pensée ne fait pas partie de l’éveil. Il n'y a pas de processus de pensée qui conduirait quelqu'un à l’éveil. Il n'y a pas non plus de méthodes pour atteindre l’éveil. L’éveil se produit et il s'est produit pour de nombreuses personnes au cours des siècles sans pour autant dépendre d’une quelconque méthode.
L'un des meilleurs exemples est celui du Bouddha. Bouddha voulait savoir ce qui est au-delà de la mort, ce qui ne meurt pas et il a passé de nombreuses années à essayer d'atteindre un état de non-souffrance, pratiquant toutes sortes de techniques sans réel succès jusqu'au jour où il en a eu tellement marre qu'il a dit : ‘C’est bon, j'en ai fini avec toutes ces pratiques, qu’il en soit ainsi !' Et c'est dans ce laisser-être qu'il s'est éveillé à sa Vraie Nature.
Le sens commun du mot ‘Illumination’ ou éveil c’est lorsque nous comprenons soudainement et brusquement quelque chose que nous ne comprenions pas auparavant. Le fameux ‘Eurêka’ d’Archimède lorsqu'il découvrit sa formule sur les volumes est un bon exemple de ce que signifie le mot illumination. Il réfléchissait depuis des jours et des jours pour trouver une formule sur les volumes et les liquides sans pouvoir trouver la bonne formule. Il abandonne et décide de se détendre et de prendre un bain. C’est en entrant dans l’eau du bain que quelque chose a fait tilt en lui. Il a réalisé ce qu'il cherchait depuis des jours. À cet instant, la formule lui est apparue dans toute sa clarté, il la connaissait sans aucun doute puisqu’il venait de l’expérimenter.
Dans les groupes de spiritualité, ce mot a une signification légèrement différente. Il signifie s'éveiller à quelque chose qui est au-delà de tout concept mental. Il n'est pas possible de ‘devenir’ éveillé ou illuminé. Vouloir être éveillé ou ‘illuminé’ est simplement une fantasmagorie du mental, tout comme vouloir devenir un ‘grand poète’ ou une ‘grande âme’, cela n'a aucune substance, aucune réalité.
Ce désir d'être éveillé est commun à tous les chercheurs ‘sur le chemin’, il faut pourtant voir que c'est un non-sens. C'est un non-sens parce que c'est un désir du mental et l’éveil n'a rien à voir avec le désir ou le mental. L’illumination fait partie de l'idée qu'il existe un certain ‘état’ que l'on pourrait atteindre, où tout serait parfait, lissé, sans douleur ni émotion. Comme nous imaginons que sont les saints ou les anges.
Il n’existe pas d’état de sainteté. L’illumination ou l’éveil n'est pas un état que l'on pourrait atteindre.
Il y a pourtant en chaque être humain ce désir de quelque chose de différent, de quelque chose qui n'est pas de ce monde, une autre sorte de conscience où la souffrance n'est plus présente.
Ce désir vient de deux sources très différentes.
La première est que chaque être humain porte en lui une aspiration vers la plénitude, vers un retour à un sentiment d’unité, où tout est comme il se doit, sûr et paisible et où la souffrance n'est pas présente. Certains appellent cette complétude ‘Vraie Nature’, d'autres ‘Essence’ ou ‘Conscience’, les bouddhistes la nomment ‘Nature de Bouddha’.
Quel que soit le nom donné à ce sentiment de plénitude, cela importe peu. Ce qui est important, c'est de reconnaître qu'il existe une aspiration intérieure à la plénitude. Le désir est différent d'une aspiration. Une aspiration est une impulsion vers quelque chose avec laquelle nous voulons être en union. Cette aspiration vient d'une partie profonde de notre être alors qu'un désir vient principalement des besoins qui n'ont pas été satisfaits au niveau de la personnalité.
Cette aspiration ou cette impulsion à retourner vers la plénitude est là parce que nous avons été dans la plénitude à un moment donné de notre vie ou mieux dit, nous étions cette plénitude, mais à l'époque nous n'en étions pas conscients simplement parce que notre cerveau n'était pas encore formé.
Cette aspiration est là et nous cherchons inconsciemment à la satisfaire par différents moyens, car elle s'est mélangée à nos besoins d'enfance non satisfaits.
La sexualité est vraisemblablement la possibilité la plus ‘à portée de main’ et la plus naturelle pour revenir à cette plénitude, simplement parce que lors d'un rapport sexuel l’on peut vivre un moment d’union assez similaire à la plénitude. L'orgasme sexuel est une porte vers la plénitude et il a été utilisé comme tel par différentes écoles ‘spirituelles’ en Inde et en Chine.
L'autre source de ce désir de parvenir à l’éveil, d’être éveillé vient du mécontentement, de l'insatisfaction de notre condition, autrement dit, de la souffrance. L’aspiration est devenue désir. Le désir de mettre fin à quelque chose ou le désir d'être quelqu'un de spécial. En tant que tel, ce désir fait partie de notre personnalité comme tout autre désir. ‘Je veux ça parce que cela me sortira de ça’ ou ‘Je veux ça parce que cela me rendra spécial’. Ce désir vient d'un déni de la réalité.
Qu'il s'agisse d'une aspiration ou d'un désir, l’éveil (l’illumination) n'est pas quelque chose que l'on peut atteindre en faisant quelque chose parce que l’éveil n'est pas une chose, ce n'est pas une chose ou un objet que l'on peut saisir, ce n'est pas un état que l'on peut atteindre. Il ne s’agit même pas d’un processus qui amènerait la personne de A à B, de l'inconscience à un imaginaire super état de conscience.
Qu'est-ce alors que l’illumination ?
Je pourrais le formuler ainsi : ‘L’illumination est l’éveil à notre Vraie Nature. C’est la réalisation que nous sommes’.
Mais même dire cela, n'est que nourriture pour le mental et ne peut pas donner sens à la réalité, à ce qui est. Dire cela, ne fait que pointer vers une direction et cette direction n'est pas vraiment une direction, mais plutôt une expérience, une réalisation.
Bouddha avait l'habitude d'appeler cette réalisation ‘Nirvana’. Nirvana signifie l'extinction des désirs. Devenez sans désir et les portes du Nirvana ou de la Vraie Nature s'ouvriront.
La seule façon de connaître cette Vraie Nature dont les maîtres parlent depuis des siècles est de se questionner pour en faire l'expérience. Tout comme la seule façon de connaître le goût d’un fruit est de mordre dedans. Lorsque vous mordez dans le fruit, vous savez. Il n'y a pas d'autre moyen.
De nombreux livres ont été écrits sur la Vraie Nature, de nombreuses explications ont été données sur ses qualités et les moyens d'atteindre ce ‘Nirvana’, cet état sans désir. Ces écrits ne font que décrire quelque chose qui est maintenant pris comme un objet ou un état à atteindre, ils ne donnent pas le goût de la Vraie Nature et ils ne le peuvent pas parce qu'il ne s'agit pas de ‘voir ou de comprendre’, il s'agit d'« être ». Il ne s'agit pas d'être quelqu'un ou d'être quelque chose, mais de simplement être.
La prise de conscience : ‘je suis’ est le premier pas vers être. Il ne s'agit pas de ‘je suis ceci’ ou de ‘je suis cela’, mais simplement de ‘je suis’. Cependant, ‘je suis’ tend à fixer quelque chose, à définir, à arrêter un mouvement, le mouvement de la Vie. Quelque chose comme ‘étant’ (amness en anglais) serait mieux parce qu'il indiquerait un continuum, une fluidité, quelque chose qui coule. Pourtant, même ‘étant’ porte en lui un sentiment d'identité et les portes du Nirvana ne laisseront passer aucune identité à travers elles.
Tout sentiment d'identité, et identité signifie identification, doit tomber avant que la Vraie Nature puisse être réalisée. Même ‘être la vraie nature’ ne permettra pas de passer par la porte sans porte chère au Zen. Car même en ‘étant’ un zeste d'identification persiste. Pour entrer dans le Nirvana ou passer la porte sans porte, toute identification doit être abandonnée et lorsque toute identification a disparu, l’on n'est plus et lorsque l’on n'est pas, tout à coup tout ‘Est’.
Dans un entretien précédent, j'ai mentionné que ‘c'est la Vie qui nous respire, que c'est la Vie qui nous anime, qui nous porte ; que nous sommes la Vie elle-même’. Ce n'est pas ‘je suis la Vie', mais plutôt ‘la Vie Est’.
‘Est’ n'est pas quelque chose de statique, c'est un mouvement constant. La Vie est un mouvement constant, jamais au repos, toujours en expansion ou en contraction, mais en expansion ou en contraction silencieuse, sans effort et sans souffrance.
Pour souligner cette notion de mouvement, certains sages ont même inventé le mot ‘Isness’ en anglais, que l’on pourrait traduire par ‘le sentiment d’être’ ou ‘être sans objet, détaché’.
Bashô, un poète japonais a trouvé le moyen d'exprimer cette notion ‘d’être sans objet’ avec ce Haïku :
« Assis en silence, ne faisant rien, le printemps arrive
et l'herbe pousse toute seule. »
Les Amérindiens l'expriment ainsi :
« Qu'est-ce que la vie?
C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit.
C'est le souffle d'un bison en hiver.
C'est l'ombre qui court sur l'herbe et se perd dans le couchant. »
L'illumination, l'éveil, la réalisation, la vraie nature, le moi authentique, nirvana ou nature de bouddha ne sont que des pointeurs ou des poteaux indicateurs qui peuvent aider notre mental à s’orienter vers une direction qui dépasse la compréhension du mental. N'oubliez pas que ‘l’éveil n'est pas ce que vous pensez.’
Pourtant, et comme notre mental a tendance à penser et donc à créer des obstacles à cette possibilité d'éveil à la Vraie Nature, lors d'une prochaine réunion Zoom, je mettrai l'accent sur ces obstacles et les moyens de les gérer.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_2-Juillet-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une introduction donnée sur la plateforme Zoom en préambule aux questions posées par les participants.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à notre réunion Zoom hebdomadaire,
Avant de répondre à vos questions aujourd'hui, je voudrais dire quelques mots sur le travail que je vous propose pour que vous compreniez bien l’intention qui m’anime et la direction vers laquelle je tends en vous accompagnant dans vos problématiques personnelles.
Mon intérêt n'est pas tant de vous aider à mieux fonctionner sur le plan de la personnalité, mais plutôt de vous guider vers l'expérience de votre vraie nature et de vivre pleinement qui vous êtes vraiment. C'est ma compréhension et ma propre expérience que nous sommes la Vie. Nous sommes la Vie manifestée dans cette forme corporelle et lorsque je dis Vie, je fais référence à ‘cela’ qui est vivant en nous, la force de Vie ou l'énergie de Vie que nous sommes.
Cette force vitale se manifeste sous des formes nombreuses et variées, il suffit de regarder le monde qui nous entoure et vous verrez que chaque entité vivante, qu'il s'agisse d'une montagne, d'une rivière, d'une plante, d'un animal ou d'un être humain, est une expression unique de cette énergie de Vie. Tout sur cette planète est vibrant de Vie et, à l'exception des humains, toutes ces expressions de Vie suivent leur cours naturel.
En tant qu'êtres humains, nous avons le potentiel de dévier ce cours naturel, non pas que ce dévoiement se fasse volontairement, non, il se produit inconsciemment en raison d'un mécanisme de survie. Le résultat est que nous perdons la connexion avec notre Vraie Nature, la connexion avec cette énergie de Vie que nous sommes et nous nous identifions à une personnalité autocréée, une fausse identité. Le travail sur la personnalité n'est que la première étape, une étape fondamentale, pour aider cette reconnexion à se faire. Nous ne pouvons que commencer là où nous en sommes et la plupart du temps, nous sommes perdus et empêtrés dans nos états émotionnels et surtout, seuls avec nos problèmes et nos identifications.
Si nous voulons être alignés, être en phase avec ce que nous sommes, avec la vie que nous sommes, il est de notre responsabilité de consciemment parcourir les étapes nécessaires pour retourner dans notre vraie maison. Il ne s'agit pas de se projeter artificiellement dans des états de conscience élevés, il ne s'agit pas de devenir des ‘éveillés’, il s'agit plutôt d'être en phase avec notre nature, d’être en phase avec l'énergie vitale que nous sommes. Nous sommes nés de la Vie, nous sommes les fils et les filles de la Vie et la seule façon d'honorer la Vie est de devenir ce que nous sommes, c’est-à-dire la Vie elle-même. La finalité de ce travail n'est pas de devenir une meilleure personne, un saint ou de croire en une supraconscience ou une divinité, la finalité de ce travail est d'être Vivant, d'être totalement vivant au sein de cette incarnation qui nous a été donnée.
Lorsque nous sommes à même de nous tenir debout, enracinés sur nos deux jambes et d'être en face à face avec la Vie, nous devenons la Vie elle-même. Nous sommes pour la première fois vivants. Pour la première fois, nous sommes un être humain véritable. Nous avons retrouvé notre Vraie Nature. La boucle est alors bouclée et nous pouvons vivre dans l'environnement dans lequel nous nous trouvons sans peur, sans problèmes. Tous les soi-disant ‘problèmes’ ont disparu, il ne reste plus que des situations auxquelles nous devons nous faire face, dont nous devons nous occuper. Nous sommes libres. Cette liberté est accessible à tous, elle est un droit inaliénable pour chacun par naissance, il nous suffit de la revendiquer.
C'est vers cette liberté que je cherche à vous guider et pour certains d'entre vous cette liberté est très proche, quelques petits pas de plus suffiront. Cette Liberté n'a besoin que de la simple reconnaissance que c'est la Vie qui me respire, que c'est la Vie qui me porte et m’anime. Quoi de plus beau, quoi de plus honorable, quoi de plus magnifique que d'être la Vie elle-même ?
Dès l’instant de la conception, avant même notre naissance et jusqu’à l’instant de notre mort, nous sommes cette pulsation de la Vie sous cette forme humaine. Notre seule responsabilité est d'en prendre conscience. C'est vers cette responsabilité que je souhaite guider vos pas.
Inconsciemment, nous nous sommes reniés, nous vivons loin de nous-mêmes, dans un monde fait de rêves, fait d'idées et de croyances et nous continuons à rêver et à espérer atteindre des états d’éveil, où tout ne serait que félicité alors que la seule chose à faire est de revenir à la réalité d'aujourd'hui, et à notre réalité commence par notre corps, avec nos soi-disant problèmes personnels. Le travail consiste simplement à redevenir soi-même, à être soi-même sans artifices aucuns, à s’appartenir. Vous rendre à vous-même est la plus grande merveille qui puisse vous arriver. C'est pourquoi je vous encouragerai toujours à reconnaître, à accepter et à exprimer tout ce qui en vous demande à l’être. Ce sont là les étapes vers être un être libre et vivre une vie de liberté. L'acceptation n'est qu'un autre mot pour Amour. L'Amour est acceptation et s'accepter tel que l'on est c’est s’aimer. Vous acceptez et vous aimez tel que vous êtes c’est ce que veut dire s’appartenir.
Et maintenant, vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_2-Juillet-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Personnalité et la Spiritualité.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Après cette courte pause, je suis en mesure de reprendre notre réunion hebdomadaire et j'aimerais continuer là où je me suis arrêté la dernière fois lorsque j'ai clarifié la direction que je vise en vous apportant mon aide avec ces entretiens. J'ai plusieurs fois mentionné que travailler au niveau de la personnalité n'est que le premier pas vers quelque chose de beaucoup plus vaste et de plus épanouissant que l'on peut appeler la Spiritualité.
La personnalité et la spiritualité ne sont rien d'autre que des concepts créés par l'homme. L'homme aime conceptualiser et labelliser tout ce qu'il voit et rencontre, cependant, en conceptualisant, l'homme efface l'essence même de la Vie et passe ainsi à côté de sa propre nature.
Cela étant dit, conceptualiser est cependant utile pour acquérir une compréhension intellectuelle de notre fonctionnement et de notre insertion dans ce que nous appelons le monde ou l'existence.
Vous vous souvenez peut-être que lors de notre dernier entretien, j'ai mentionné que nous sommes une expression de la Vie manifestée dans cette forme corporelle spécifique et que la seule chose importante est de réaliser que nous sommes vibrants de Vie, que nous sommes la Vie elle-même. En quelques mots, c'est de cela qu'il s'agit dans ce travail.
Afin d'y parvenir, ou mieux, de réaliser sa propre nature, quelques étapes préliminaires sont nécessaires et la compréhension de ces concepts de personnalité et de spiritualité sera utile. Elle vous sera utile, car cette compréhension vous aidera à clarifier le chemin sur lequel vous êtes et à mieux comprendre certains termes ou aspects spécifiques de ce chemin.
Le premier point à comprendre est que personnalité et spiritualité vont de pair. Il n'y aurait pas de spiritualité s'il n'y avait pas de personnalité et vice versa. Personnalité et Spiritualité sont des opposés complémentaires. Elles sont opposées dans le sens où elles se réfèrent et prennent en compte deux aspects différents de la Vie. Elles sont complémentaires dans le sens où, sans l'une, l'autre n'existerait pas. Nous devons garder à l'esprit que même si chaque concept a ses propres spécificités, en fin de compte, ils sont tous deux une expression de la Vie.
Le concept de personnalité
Mis à part notre corps, ce qui est le plus proche de nous est notre personnalité aussi, examinons ce à quoi ce concept renvoie principalement.
La personnalité est définie par la plupart des psychologues comme les ensembles caractéristiques de comportements, de cognitions et de schémas émotionnels qui évoluent à partir de facteurs biologiques et environnementaux. Une définition assez large qui aurait besoin d'une explication plus approfondie !
Mon objectif avec cet exposé n'est pas d'entrer dans une discussion sur les différentes approches de la personnalité ou même d'utiliser la différenciation commune des types de personnalité et des traits de personnalité, mais plutôt de clarifier et d'être pratique sur ce qui est commun à chaque individu.
Ce que nous appelons la Personnalité est en fait centré ou se concentre sur un seul et unique paramètre et ce paramètre est ‘moi’. Tout est centré ou tourne autour de ce ‘moi’, d'où le terme ‘ego’ en latin ou ‘persona’ en grec.
Chaque jeune enfant découvre et commence à expérimenter dans ses premières années ce que j'appellerais un sentiment de ‘moi’ lorsqu'il commence à reconnaître que : ‘Je’ suis ici ou c'est ‘moi’.
Ce, ‘je suis là’ ou ‘c'est moi’ n'est pas du tout égocentrique ou égoïste, c'est une expérience physique que chaque enfant traverse. Un niveau terre-à-terre de ‘moi’ debout sur mes deux jambes avec un sentiment de force, d'ouverture à la vie en général, avec la joie d'être simplement vivant, d'exister. Regardez un enfant qui commence à marcher et à se tenir debout pour la première fois et vous remarquerez sa fierté, sa force. L'enfant ne peut ni conceptualiser ni même verbaliser ce qu'il vit, mais à travers son langage corporel il dit : ‘c'est moi, je suis là’.
Avant cette découverte, l'enfant vivait dans la non-séparation et n'avait aucune idée de ‘moi’ ou de ‘maman’, mais avec cette expérience, tout d'un coup, il y a séparation. Il y a ‘ moi’ et il y a autre chose que moi. Il peut s'agir d'une personne ou d'un objet. Même si le langage et la conceptualisation ne sont pas encore totalement maîtrisés, une division se crée, le monde devient alors une relation entre ‘moi’ et ‘quelque chose d'autre que moi’.
Au fur et à mesure que l'enfant grandit et que son cerveau se développe, cette division devient de plus en plus évidente. Au début, c'est en relation avec ‘Moi et mes affaires’, mes jouets, ma maman, mon papa, etc. Pour un enfant, il ne s'agit pas de possessivité, il s'agit de construire un sentiment de sécurité dont il a besoin pour grandir.
Au fur et à mesure que l'enfant se développe et traverse les différentes phases de sa croissance, ce sens du ‘moi’ s'élargit et devient plus centré sur la personne.
Il devient :
• Mes sentiments
• Mes pensées
• Mon corps et ses limites
• Mes idées, mes jugements, mes croyances et mes attentes
• Mes affaires (ma maison, mon vélo, mes amis, ma copine/copain et plus tard ma femme/mari, mes enfants, etc.)
Cet égocentrisme fait partie d'un processus naturel de croissance. Son côté positif est qu'il nous aide à poser des limites et à acquérir une confiance dans nos façons d'entrer en relation avec le monde qui nous entoure. L'inconvénient est qu'il a tendance à masquer le lien avec notre vraie nature puisque nous sommes désormais principalement en relation avec le monde qui nous entoure à partir de ce ‘moi’. Nous avons vécu avec ce ‘moi’, nous vivons de ce ‘moi’ depuis aussi longtemps que nous nous en souvenions. ‘Moi’ est devenu notre identité, nous avons pris ce ‘moi’ pour acquis et n'avons jamais remis en question sa réalité.
Nous nous sommes identifiés à ce ‘Moi’, il est devenu notre identité et nous avons une tendance naturelle à nous accrocher à ce ‘moi’ puisque c'est la seule référence que nous avons à notre disposition. Nous nous accrochons aussi à cause de cette peur intrinsèque générée par l'identification avec ce ‘moi’. ‘Qui serais-je sans ce moi ?’
Bien qu'il se manifeste au premier plan, le ‘moi’ n'est que le centre apparent ou la couche extérieure de notre personnalité. Notre personnalité est une structure multicouche, de la même façon que notre corps qui est lui aussi une structure multicouche qui va de la peau à la moelle des os. Au niveau superficiel ou conscient, nous trouvons ce qu’il y a de plus évident, nos façons de nous relier au monde, nos comportements et traits de personnalité, nos idées et nos croyances ainsi que notre monde émotionnel.
Pourtant, ce niveau conscient n'est pas autonome, il est piloté par un niveau plus profond où naissent les processus de pensée, les sentiments et les souvenirs. En dessous de ce niveau subconscient ou préconscient se trouve l’Inconscient. L'inconscient est le siège de nos mémoires préverbales, de nos ressentis et de nos fonctions vitales liées à notre système neurovégétatif.
Ce qui est généralement omis, c'est le sentiment de séparation et la dualité que le ‘moi’ génère. Vous avez peut-être vous-même remarqué qu'il y a toujours ‘moi’ et ‘quelque chose d'autre que moi’.
• Moi et toi.
• Moi et mon corps.
• Moi et mon mental, mes idées, mes croyances.
• Moi et mes sentiments, mes émotions.
• Moi et mes actes, ce que je fais.
• Moi et mon histoire, l'histoire de ce moi.
• Et pour ceux qui sont plus spirituellement avancés, il y a même moi et ‘ma lucidité’ ou ‘moi et l’éveil’.
Comprendre cette constante dualité à l’œuvre est une étape nécessaire pour se libérer de cette identification au ‘moi’ et de la souffrance que cette identification crée. C'est cette dualité et ce sentiment de séparation qui est à l'origine de notre souffrance. Puisque tout est désormais ‘autre que moi’, le lien avec notre réalité innée est perdu et cela crée une profonde souffrance. La souffrance peut se résumer comme étant la perte de notre véritable identité qui est l'Union ou la non-séparation de notre vraie nature.
Ce n'est donc pas la personnalité qui crée la souffrance, c'est l'identification à la personnalité qui crée la souffrance. La personnalité en elle-même n'est pas fautive, même si elle peut être imparfaite de diverses manières. La personnalité est nécessaire et très utile pour se déplacer dans le monde. Sans la personnalité, nous ne pourrions pas survivre dans ce monde. Nous avons besoin d'une personnalité saine et pas trop distordue !
Comprendre clairement que ce n'est pas la personnalité qui est en faute mais notre identification à elle nous aidera à nous libérer de notre identification à la personnalité. L'identification est le problème et non pas la personnalité.
La spiritualité, au sens large du mot, est connue depuis des siècles pour être la ressource, le moyen pour se désidentifier de notre personnalité et ainsi revenir à cette Union ou non-séparation de notre Vraie Nature.
Le concept de spiritualité
La spiritualité est principalement associée à la religion, à toute forme de religion et le sens le plus courant de la spiritualité, que ce soit en Occident ou en Orient, est que grâce à des efforts de dévotion, l'adepte sauvera son âme et accédera à un paradis.
Dans ce contexte, la spiritualité est basée sur l'espoir et sur la croyance. La croyance que si je me comporte bien et que j'adore diligemment la divinité , j'atteindrai le paradis après ma mort ou dans une prochaine vie. Si je ne me comporte pas bien et que je n'adore pas diligemment, soit j'irai en enfer, soit je serai condamné à renaitre à jamais. La variante chrétienne est que si je me comporte bien et que j'adore diligemment, Jésus ou Dieu viendra me sauver et je m'assiérai pour toujours à sa droite.
La plupart des religions fonctionnent de cette manière enfantine basée sur la punition et la récompense. Ce sont des religions basées sur la peur.
Une autre compréhension couramment admise de la spiritualité est qu'au-delà de notre personnalité, au-delà de notre compréhension habituelle du monde, il existe un domaine avec lequel une personne peut se connecter et ainsi devenir immortelle. Cette approche est elle aussi basée sur l’espoir et la récompense. Cette quête de l’immortalité est une forme de refus de notre forme mortelle. Cette forme à laquelle nous sommes confinés de la naissance à la mort.
La personnalité peut être appelée la forme. La spiritualité concerne ce qui est au-delà de la forme. Il s'agit du sans forme. La forme est limitée, notre corps semble être limité et, à bien des égards, il l'est lorsque nous le considérons du point de vue de notre mental habituel. Pourtant, si nous élargissons notre vision, nous pouvons réaliser que ce corps ne se limite pas seulement à ce que nous pouvons percevoir avec nos sens. Nous sommes bien plus que notre corps physique. Depuis les temps anciens, les sages ont découvert que nous ne sommes pas seulement cette enveloppe corporelle que nous pouvons voir et expérimenter. Comme les couleurs d'un arc-en-ciel ou une gamme chromatique, notre corps est une expansion d'énergie. Il va de l'énergie basique rouge du feu de vie, à une énergie plus fine, de couleur violette et blanche, celle de la Conscience. Nous avons non seulement une suite de corps énergétiques, mais aussi un registre de conscience qui peut passer d'une compréhension de base, très terre-à-terre à ce que certains sages ont appelé une conscience supérieure ou supra conscience. La science arrive maintenant à ces mêmes découvertes.
Au fil des siècles, de nombreuses méthodes ont été développées pour explorer ces domaines qui dépassent largement la sphère de notre mental et la pensée conceptuelle.
Le lien ou le fil conducteur de toutes ces approches de la ‘spiritualité’ est quelque chose qui est souvent omis. Ce qui est omis, c'est que la base même de la spiritualité c’est l’énergie vitale, une expression de l'énergie de la Vie dans de multiples manifestations.
Comme mentionné précédemment et également lors de notre précédente réunion Zoom, nous sommes une expression de la Vie manifestée dans cette forme corporelle spécifique. La Vie est ce que nous sommes et la seule chose importante est de réaliser que nous sommes une vibration de la Vie.
Tous nos concepts sur la spiritualité, tous nos efforts pour aller vers, pour atteindre un état spécifique, comme l'immortalité, l’éveil ou la nature de bouddha s'effondreront une fois que nous réaliserons et expérimenterons cette simple vérité. La vie est ce que nous sommes et comme le dit le proverbe « La vie n'a d'autre but que d'être vécue et appréciée. »
Cette prise de conscience est ce qu'est réellement la Spiritualité.
Je voudrais illustrer cela en prenant l'exemple des enseignements du Bouddha. Son enseignement porte sur l'extinction des désirs et des dénis qui sont la source de la souffrance créée par l'identification. Bouddha a appelé cette extinction ‘Nirvana’. Nirvana en pali, signifie extinction, il ne signifie pas ‘paradis’ ou un quelque état spécial.
Son enseignement est souvent mal compris. ‘Je ne devrais pas avoir de désirs et si j'en ai, alors je suis un pécheur et je n'entrerai pas dans le Nirvana’. La personne qui a ces idées devient la proie de croyances et de comportements. Ce qu'il faut comprendre dans l'enseignement du Bouddha, c'est qu’il consiste à se désidentifier de la cause de la souffrance, de notre identification à un ‘moi’. C'est la désidentification qui est au cœur de la spiritualité, au cœur de tout enseignement ‘spirituel’.
Le sage indien Ramana Maharshi enseignait la même chose d'une manière différente. Il amenait constamment ceux qui venaient le voir à se demander qui avait cela, qui avait cette croyance, qui avait cette émotion. Son seul souci était que la personne se pose la question : « Qui est ce ‘je’ ? ».
Personnalité et Spiritualité ne sont pas séparées, elles sont interconnectées puisqu'elles sont un mouvement, une variation de la vie. Elles sont la partition sur laquelle la Vie peut exalter son chant à travers l'infinie variété des formes. Notre tâche en tant qu'être humain est nous accorder à la Vie en passant de la personnalité à la spiritualité.
De la personnalité à la spiritualité
Au fil du temps et selon les différentes cultures ou orientations religieuses, les sages ont développé de nombreuses méthodes ou techniques pour conduire ceux qui cherchent à découvrir ou réaliser leur Vraie Nature.
Elles vont des techniques de méditation passives comme Vipassana ou Zazen (assise en silence) ou actives comme la méditation Dynamique, la méditation Mandala ou la danse Soufie à des pratiques spécifiques comme le Yoga, le Tai Chi, le Chant dévotionnel, le Tantra, la Calligraphie, le Tir à l'arc ou encore la Cérémonie du Thé pour n'en nommer que quelques-unes. La plupart de ces pratiques sont axées sur le corps afin de contourner le mental.
Lors de l’exposé sur la vérité, j'ai mentionné que nous étions doués d'Intelligence et de Discrimination, c'est-à-dire de conscience. La conscience est notre capacité à discriminer le faux du vrai et à amener ce qui est inconscient à un niveau conscient afin qu'il puisse être pris en compte, examiné et dissous.
Remettre en question ce sens du ‘moi’ est le but de tous les enseignements spirituels et pour ce faire, au fil des siècles, différentes méthodes d’autoquestionnement ont été développées. L'autoquestionnement signifie simplement s'interroger sur l'authenticité de ce que nous appelons ‘moi’, également appelé ‘le moi’ ou ‘je’ afin de découvrir la vraie nature de ce ‘je’, de ce ‘moi’. Une autre façon de le dire serait : « Est-ce vrai ? », est-ce que ce ‘moi’ est une réalité tangible ?
La recherche de soi est une quête de vérité et cette quête nécessite une plongée dans la réalité de ce qui est. Elle laisse de côté ce que nous rêvons ou imaginons que la réalité soit. Tout l’art de l’autoquestionnement est de mettre l'accent non pas sur ce qui est ‘autre que moi’ comme nous le faisons habituellement, mais sur ‘moi’ et de remettre en question la réalité de ce ‘moi’.
L'autoquestionnement consiste à rejeter tout ce qui n'est pas ‘moi’, c’est comme éplucher un oignon. Je ne suis pas ceci, je ne suis pas cela, pas ceci, pas cela, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à rejeter. Notre Vraie Nature se révèle alors puisqu’elle n’est plus obstruée par de fausses croyances.
Aller de la personnalité à la spiritualité est un voyage qui apporte de nombreuses gratifications, c’est un voyage qui vaut la peine d'être entrepris. Maintenant que vous avez retrouvé confiance en vous, avez retrouvé une joie de vivre et une ouverture à la vie avec le travail accompli sur l’Enfant Intérieur, poursuivez ce voyage vers votre Vraie Nature et pour cela les intensifs d’éveil vous seront d’une aide précieuse.
Dans ces intensifs, nous utilisons une méthode spécifique d'auto-investiagtion issue de la tradition Zen japonaise. Cette méthode est conçue pour amener le participant à l’expérience directe de sa ‘Vraie Nature’.
Demain, débutera un intensif d’éveil. Du fait de la pandémie de Covid-19, cet intensif se fera en ligne et non en présenciel comme il se fait habituellement. Ce sera probablement la première fois qu'un intensif d’éveil sera proposé en ligne et je suis convaincu que ces 5 jours se dérouleront de manière fluide pour tous et que l'identification à la personnalité se dissoudra sans effort.
J'aimerais clore cet exposé avec une citation de Marianne Williamson, une écrivaine et conférencière américaine.
« La paix intérieure ne vient pas par le fait d'obtenir ce que l'on veut,
Elle vient par le fait de se souvenir de qui nous sommes. »
L’on dit que Bouddha avait l'habitude de donner à ses disciples ce conseil : « Souviens-toi, souviens-toi, souviens-toi », conseil qui pourrait être reformulé comme suit : « n'oublie pas qui tu es. »
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_23-Juin-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Sexualité et l’Amour.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Comme ce sera la dernière conférence de notre série de réunions du mois sur la plateforme Zoom, j'aimerais parler de la sexualité et de l’amour. Je ferai de mon mieux pour clarifier ce que sont ces deux énergies différentes et comment elles peuvent être combinées pour apporter des moments de bonheur aux personnes concernées.
Toutefois, avant que ces moments de bonheur se produisent, quelques idées préconçues et tabous doivent d'abord être démantelés.
La Sexualité est notre énergie primaire
La sexualité est notre énergie primaire et la source d'où nous sommes devenus des êtres vivants. Sans sexualité nous ne serions pas là pour en parler, nous n'existerions pas. Nous sommes le résultat, le produit d'un rapport sexuel. Au-delà de cette évidence, nous sommes la manifestation d’une énergie vitale. Nous sommes la manifestation incarnée de l'énergie de la Vie. C'est cette énergie vitale qui nous fait respirer, nous fait nous tenir debout, marcher, voir, entendre et parler. Cette énergie de Vie est notre partenaire pour la vie, sans elle nous ne pourrions pas exister.
Cette énergie vitale est principalement stockée dans notre région génitale et son objectif principal, autre que de nous maintenir en vie, est d'être utilisé pour la procréation, pour la survie de la race humaine. Cette énergie de vie n'est pas spécifique aux êtres humains, toutes les formes de vie sur cette planète en dépendent. La principale différence avec nous, les êtres humains, est que nous sommes dotés de la capacité d'apprécier et d'être conscients de nos sensations et de nos sentiments. Nous sommes également doués de la capacité de penser et de conceptualiser ce que nous percevons et ressentons. Dans le contexte de la sexualité, notre capacité à penser et à conceptualiser tend à créer un bon nombre d’idées préconçues, de croyances et de tabous qui génèrent souvent des comportements dénaturés autour de la sexualité.
Idées reçues, croyances et tabous autour de la sexualité
L'un des premiers tabous autour de la sexualité est probablement celui de la nudité du corps. Dans le monde occidental, la bible mentionne que lorsqu'Adam et Eve, ont découvert qu'ils étaient nus, ils ont immédiatement commencé à cacher leur nudité et plus précisément leurs parties génitales. C’est à ce moment que la honte est née.
Bien qu'elles soient la source et la production de notre force vitale, les parties génitales sont les parties les plus vulnérables de notre corps et à ce titre elles doivent être protégées. Cependant, protéger ne signifie pas nécessairement cacher, mais cacher ces parties est devenu assez courant chez les êtres humains et cette tendance génère de la honte et la honte fait dévier la sexualité de son cours naturel en créant des normes morales.
Observez les jeunes enfants, ils n'ont pas du tout honte de leur nudité et en plus ils sont très curieux de ces parties du corps. Chaque enfant veut savoir pourquoi les petits garçons ont ce petit truc qui pend entre les jambes alors que les petites filles ont un trou. La curiosité enfantine est sans tabous, sans idées préconçues, sans aucune pudeur, c'est de l'innocence pure. Nous ne naissons pas avec des normes morales, elles nous sont données à mesure que nous grandissons et pour une grande majorité de gens, la nudité est devenue un problème à cause des normes morales. La plupart des hommes et des femmes sont préoccupés par leur apparence corporelle et ont des jugements à cet égard, ce qui crée à son tour des problèmes autour de la sexualité.
L'un des principaux problèmes avec le mental est que lorsque quelque chose est caché, cela crée immédiatement une tension dans le mental. Cela crée un désir de chercher cette chose cachée, de la voir, de la toucher ou même de la posséder. L'objet caché devient désirable et puisque la sexualité a été jugée taboue par tant de civilisations différentes à travers les siècles, c'est probablement, pour de nombreuses personnes, la chose la plus désirée sur la longue liste des désirs.
La sexualité est vraisemblablement le sujet le plus désiré et aussi très certainement le plus générateur de peur. En raison des normes morales et des maladies possibles, la peur et la honte jouent un rôle important en empêchant la sexualité d'être vécue naturellement.
C'est toujours un bon exercice de prendre conscience de nos peurs et de nos hontes autour de la sexualité et de remettre en question leur pertinence. Je vous encourage à utiliser le format de questionnement suivant pour clarifier vos peurs et votre honte autour de la sexualité.
• 'Quelles sont mes peurs autour de la sexualité ?’
• ‘De quoi ai-je honte à propos de la sexualité ?’
C'est quelque chose que vous pouvez faire seul ou, pour obtenir de meilleurs résultats, avec un partenaire en utilisant un format de communication en face à face avec la formulation ‘Dis-moi…’
‘Dis-moi quelles sont tes peurs concernant la sexualité’ ou ‘Dis-moi de quoi à tu honte dans la sexualité’.
Rappelez-vous que la guérison a lieu lorsque nous exprimons nos sentiments et lorsque ce que nous exprimons est reçu sans jugement, lorsque nous sommes compris.
Qu'entend-on réellement par sexualité ?
Le mot sexualité est un terme générique qui recouvre différentes manifestations de notre libido ou énergie vitale. La manifestation la plus évidente est le fait que cette énergie vitale est liée au genre. Elle se divise en deux principes spécifiques, le principe masculin et le principe féminin, chacun ayant ses caractéristiques et ses fonctions spécifiques. Afin de pouvoir reproduire la Vie, les deux fonctions doivent se combiner comme illustré dans le symbole Tao. C'est l'aspect premier de la sexualité partagée par tous les êtres vivants où le donneur et le receveur sont strictement figés dans leurs rôles assignés par la nature.
Ce que nous appelons le désir sexuel est en réalité un puissant élan d'énergie qui provient de notre force vitale et se manifeste par une attirance vers le sexe opposé. Cette énergie peut facilement être perceptible, il suffit de se frotter les mains pendant un petit moment, puis de les séparer d'environ quelques centimètres. Ce que vous ressentirez entre vos deux paumes est similaire à la densité de la couche d'énergie sexuelle. Si l'autre sexe se trouve dans la même couche d'énergie, les deux peuvent choisir ou non, d’aller avec cette énergie. C'est un choix que nous pouvons faire et non une contrainte. Il est important de se rappeler que nous avons toujours le choix de nous laisser porter ou non par cette énergie. Cela fait partie de notre responsabilité.
La Sexualité et au-delà de la sexualité
La sexualité, pour nous humains, peut aller bien au-delà de cet aspect initial d'être une simple usine de reproduction ou l'impulsion incontrôlable d'avoir des relations sexuelles. La nature nous a dotés de quelques facultés supplémentaires qui peuvent jouer un rôle important dans l'évolution de notre conscience et la première est cette faculté d'éprouver du plaisir et son contraire, de la douleur.
En raison de certaines hormones et terminaisons nerveuses spécifiques sur notre peau et dans différentes parties de notre corps, nous pouvons éprouver du plaisir sexuel. Cela implique que le toucher peut jouer un rôle important dans l'activité sexuelle. Le toucher ne se limite pas à nos mains, l’on peut utiliser n'importe quelle partie du corps. Les sensations se déroulent au niveau de la peau, bien que le centre du plaisir se situe dans notre cerveau. Cela a son importance, car cela implique que la stimulation sexuelle peut se produire sans aucun contact physique. Cela est particulièrement vrai lorsque les gens font des ‘rêves érotiques’ ou lorsqu'ils regardent des vidéos sexuelles explicites ou ont des fantasmes liés à la sexualité. Dans ces situations, seul leur mental créatif est impliqué.
Sexualité et Amour
Intrinsèquement, l'Amour a très peu à voir avec la sexualité ou avec l'attirance sexuelle, mais les gens parlent souvent de ‘tomber amoureux’ ou de ‘faire l'amour’ lorsqu'ils ont des relations sexuelles. L'amour est une énergie complètement différente qui implique le cœur et non les organes sexuels. L'amour est un aspect intrinsèque de notre force vitale et, en tant que tel, l'amour devient un tisserand qui rassemble les gens au niveau du cœur. Lorsque la sexualité se tisse avec l'amour, quelque chose de tout à fait différent d’un simple rapport physique peut avoir lieu.
Il y a en chacun de nous un profond désir d'amour. À la base nous sommes amour, mais la plupart du temps, sinon toujours, nous avons perdu ce lien intérieur avec l'amour que nous sommes et nous avons tendance à le rechercher à travers ou via l'autre. L’activité sexuelle devient alors une recherche pour satisfaire ce désir d'amour.
Lorsque nous cherchons à combler un aspect de nous qui nous manque, nous utilisons souvent notre partenaire pour combler ce vide intérieur. Nous devenons des mendiants du cœur, des ‘mendiants d'amour’.
L’acte d’amour authentiquement implique que les deux partenaires soient déjà conscients qu'ils sont Amour et qu'ils s'unissent pour sublimer cet amour. Ce qui est totalement différent du fait d’avoir des relations sexuelles. C’est plus lié à l'aspect spirituel de la sexualité.
Sexualité et Spiritualité
Pour beaucoup de gens, spiritualité et sexualité sont très éloignées, comme s'il s'agissait de deux aspects diamétralement opposés de notre nature humaine. La réalité est tout autre. C'est différent parce que la spiritualité n'est pas quelque chose qui est lié au mental. La spiritualité n'a rien à voir avec les idées et les croyances, elle a à voir avec l'énergie vitale, c'est la floraison la plus complète de l'énergie vitale. C'est l'énergie vitale dans son expression et son expansion ultimes. La spiritualité et la sexualité sont toutes deux des expériences et non des formes-pensées. Elles sont la manifestation de la même énergie. La sexualité est la manifestation la plus basique de l'énergie vitale tandis que la spiritualité en est sa manifestation la plus sublimée. C'est pourquoi certaines religions ou écoles spirituelles ont utilisé la sexualité comme moyen pour atteindre de plus hauts niveaux de conscience. Le schéma indien de la Kundalini avec ses 7 centres énergétiques en est un exemple frappant.
Comme mentionné précédemment, nous sommes la manifestation incarnée de l'énergie vitale et, en tant que tels, nous avons le potentiel de permettre à notre énergie vitale de se déplacer du centre sexuel au centre du cœur et plus avant, au centre de la couronne. L'on peut le faire seul ou avec un partenaire.
Sexualité, Conscience et Responsabilité
Notre sexualité, ou plutôt la façon dont nous interagissons avec notre énergie sexuelle et l'utilisons, peut s’exprimer dans différentes directions. Nous pouvons l'utiliser égoïstement, juste pour notre propre plaisir. Nous pouvons l'utiliser de façon insouciante, nous pouvons l'utiliser pour dominer ou prendre le contrôle sur l’autre. Nous pouvons l’utiliser pour abuser sexuellement une autre personne. Nous pouvons l'utiliser comme plaisir mutuel avec un partenaire. Nous pouvons également refuser de ne pas l'utiliser du tout.
Comme mentionné précédemment, nous avons aussi la possibilité d'utiliser cette énergie sexuelle comme un appui pour élever notre conscience. Le spectre des possibilités est assez large, il s'agit pourtant de simplement reconnaître combien de lucidité je veux apporter ma sexualité.
Le choix est clairement entre nos mains et la question importante devient ‘Qu'est-ce que je veux faire de ma sexualité ?’ Dis autrement ‘Comment est-ce que je veux utiliser cette énergie vitale, quelle direction est-ce que je veux donner à ma sexualité ?’
Soulever de telles questions n'est pas seulement un moyen de prendre conscience de notre sexualité, soulever ce telles questions génère également un sens des responsabilités. Choisir consciemment la relation que nous avons avec notre sexualité et la façon dont nous l’utilisons est primordial lorsque nous voulons vivre une vie harmonieuse et épanouie.
C'est un choix que nous avons, je sais cependant que ce choix est limité. Il est limité à cause de nos croyances et de nos idées préconçues sur la sexualité, sur l'amour et sur la spiritualité.
Quelles sont ces limites ?
Comme mentionné dans un précédent entretien, nos limitations viennent de nos expériences passées et de ce que nous avons assimilé de nos parents et de la société dans laquelle nous vivons. Nos limitations autour de la sexualité sont pour la plupart principalement psychologiques et consistent toutes en des croyances et idées préconçues que nous avons sur la sexualité. Ces croyances peuvent être aisément remises en question et surmontées grâce aux différents exercices mentionnés au cours de cet entretien et celui sur les croyances. Faites bon usage de ces exercices, ils ont le pouvoir de vous redonner une bonne santé mentale.
Nos limites consistent également en des abus physiques qui nous ont été infligés en tant qu’enfants. Qu'il s'agisse clairement d'abus sexuels ou d'abus non sexuels, ces abus physiques joueront un grand rôle en empêchant une relation saine avec la sexualité.
Lorsque nous avons été maltraités physiquement et/ou psychologiquement dans notre enfance, nous portons un ‘non’ à l'intérieur, un ‘non’ très profond et souvent très vigoureux. Pour survivre, nous avons enfoui ce ‘non’ au plus profond de notre cœur et avons adopté des modes de comportement qui nous semblaient correspondre à notre environnement. Ce mécanisme de survie s'est produit inconsciemment, c'était la meilleure réponse que notre système neurovégétatif pouvait apporter. Il n’a cependant pas supprimé ce ‘non’, il l’a seulement mis de côté, ce ‘non’ est toujours là et tout à fait tangible lorsqu’une activité sexuelle est mise en mouvement. L'activité sexuelle nous met à ‘nus’, dans le sens où nous sommes vulnérables et souvent empêtrés entre désir et refus. Nous voulons éprouver du plaisir, nous avons envie de nous fondre avec notre partenaire et dans le même temps nous devons faire face à diverses inhibitions et peurs qui se montrent dès qu’une activité sexuelle est engagée. Ces peurs vont de la timidité à la peur profonde d'être maltraité, incompris dans nos inhibitions et d'une certaine manière abusé. Ces peurs s’accompagnent de honte et de manque de confiance en soi.
Comme je l’ai dit précédemment, la peur et la honte sont certainement les deux sentiments les plus évidents qui limitent notre façon d’être en relation avec la sexualité, d'où la nécessité de prendre soin, de manière appropriée, de ces deux sentiments.
En raison de notre éducation sociale, parce que nous voulons paraître forts et intelligents ou polis, nous avons tendance à ignorer ce ‘non’, à contourner nos peurs et notre honte et à nous laisser abuser de diverses façons. Les plus évidentes sont de dire oui à avoir des relations sexuelles alors que nous ne le voulons pas, de dire oui à être touché d'une manière qui nous déplaise ou nous contrarie, d’accepter d’être touché à des endroits où nous ne voulons pas être touchés.
Lorsque nous permettons cela, nous nous trahissons et ne prenons pas la responsabilité de nos besoins et de nos désirs. Il est plus facile de jouer un rôle de victime et de blâmer notre partenaire de ne pas nous respecter, de ne pas nous soucier suffisamment de nos besoins, de ne pas nous donner ce que nous estimons mériter, que d’oser poser nos limites, affirmer nos besoins. Nombreux sont ceux qui tombent dans ce piège.
Une sexualité saine et harmonieuse nécessite que nous exprimions à notre partenaire nos besoins, nos peurs, nos goûts ou dégoûts tout autant que notre honte. Cela nécessite aussi que ces besoins, ces peurs, ces goûts et dégoûts et cette honte soient compris et respectés.
Lorsque nous faisons cela, lorsque nous exprimons nos besoins, nos goûts et dégoûts, la sexualité peut se transformer en une relation beaucoup plus agréable, beaucoup plus nourricière et aimante parce que le cœur est impliqué. Lorsque le cœur est impliqué, l'Amour naît et avec lui la possibilité d'aller au-delà d'une activité sexuelle uniquement mue par nos hormones. L'activité sexuelle peut alors se transformer en un moment méditatif pour les deux partenaires. De partenaires sexuels, ils deviennent partenaires de l’Amour et de partenaire de l’Amour, ils entrent dans la spiritualité en utilisant l'activité sexuelle comme une danse pour élargir leur champ de conscience. Il ne s'agit plus ‘d’avoir des relations sexuelles’ ou de ‘faire l'amour’, il s'agit de permettre l’entrée dans un espace de non-faire, d'être emporté par le flux d'énergie sexuelle dans ses univers les plus profonds. Il s'agit d'un abandon complet du désir et des besoins. Il s'agit de s'abandonner à l'énergie de vie qui se manifeste en nous, de permettre à la vie de nous porter vers ses sommets ultimes où les deux partenaires disparaissent, se fondent l’un dans l’autre pour disparaître dans l'énergie de la vie.
C'est ce que peut être la sexualité pour chaque être humain. Sans exception, chacun de nous y a droit et y est destiné. La nature ou l'existence nous a donné tout ce dont nous avons besoin pour réaliser ce potentiel. C’est notre potentiel de naissance, nous n'avons qu'à avancer vers lui et le revendiquer.
J'aimerais clore cet exposé sur la sexualité en vous encourageant à utiliser les exercices mentionnés au cours des différents exposés afin d'abandonner toutes vos croyances et idées reçues autour de la sexualité pour que vos façons d'aborder votre sexualité et de la mettre en action puissent être heureuses et devenir des moments de partage épanouissants.
Cet exposé a peut-être suscité pour vous des questions spécifiques, différentes de celles que vous avez déjà soulevées. N'hésitez pas à m’envoyer vos questions pour notre prochaine réunion. Pour le moment, j'aimerais répondre aux questions que vous avez déjà posées.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_26-Mai-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur les Croyances et la Dissolution des Croyances.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Certains d'entre vous se souviennent peut-être d'une conférence sur les croyances que j'ai donnée lors d'une réunion publique il y a quelques années. Avec les entretiens récents et les questions que vous avez soulevées, j'ai remarqué à quel point les croyances jouent un rôle important dans la vie de nombre d’entre vous. C’est ce qui m'incite à revenir sur la compréhension que nous avons des croyances ainsi que de la manière dont elles entravent notre énergie. Je souhaite également présenter différentes façons de dissoudre leur emprise sur nous.
Lorsque j’ai parlé de la Vérité en mars dernier, j’ai mentionné que nous sommes tous doués d'Intelligence et de Discrimination, ce qui nous aide à séparer le vrai du faux. Au cours de ce même entretien, j’ai également proposé un exercice pour questionner et dissiper toute idée préconçue, toute croyance. En parlant de la Honte la semaine dernière, j'ai brièvement décrit comment, à travers le processus d'intériorisation d'un sentiment, une personne peut être amenée à s'identifier à une forme-pensée ou à un comportement qui, à son tour, devient une croyance.
Je suis bien conscient que les croyances peuvent parfois être si profondément ancrées dans notre subconscient qu'elles deviennent difficiles à reconnaître, et encore plus à dissiper. Apporter un peu plus de précisions sur ce sujet vous permettra de démanteler plus facilement l’authenticité de vos croyances.
Comme vous le savez tous, une croyance est une idée ou une forme de pensée qui est acceptée, tenue pour vraie ou considérée comme une certitude, quelque chose auquel nous accordons du crédit, qu’elle ait une réalité ou non. Lorsque nous croyons, nous avons la conviction que ce en quoi nous croyons est la vérité et, comme mentionné lors de l’exposé sur la vérité, nous avons toujours la possibilité de contester la réalité de notre croyance avec cette question : ‘Est-ce vrai ?’
C'est une approche possible. Une autre façon d’aborder nos croyances est de devenir plus conscient de leur origine. D'où viennent les croyances ou mieux, si nous voulons assumer la responsabilité de nos formes-pensées, ‘Où ai-je puisé cette croyance ?’
La plupart du temps, sinon toujours, nous adoptons les croyances des autres, celles des membres de la famille, de nos amis, celles des enseignants ou du prêtre parce que nous supposons, et c'est une autre croyance déguisée, qu'ils doivent avoir raison puisqu'ils sont plus âgés ou ont une position sociale.
Les enfants naissent innocents, naïfs, ils ne connaissent pas grand-chose du monde qui les entoure et, par conséquent, ils tiennent pour acquis ce que leurs aînés disent ou affirment.
• Lorsqu’un parent dit fréquemment à sa fille que les hommes sont dangereux et qu’elle ne doit pas les approcher, l’enfant va croire et suivre ce que dit le parent. Elle deviendra méfiante envers les hommes.
• Lorsqu’à l’école, les enseignants vous disent que vous êtes un cas désespéré puisque vos résultats sont si mauvais, vous pensez que c'est peut-être vrai, ‘je suis un cas désespéré’ et il n’y a aucun espoir pour moi de changer.
Pendant notre enfance, nous avons tendance à reprendre les croyances de nos aînés. Tout le monde ne le fait pas, certains se rebellent et adoptent une attitude différente. Alors qu’est-ce qui me fait croire ce que je crois ?
Si je peux reconnaître que ce que dit l'autre personne est son point de vue et évidemment pas le mien, alors je ne prendrai pas cette croyance en compte. Mais cette discrimination est difficile à faire pour un enfant. L’enfant peut également avoir un investissement à adopter cette croyance, il veut se sentir reconnu, aimé. La question appropriée est alors ‘Qu'est-ce qui m'a poussé à adopter cette croyance ? ou encore, ‘Pourquoi ai-je fait cela ?’ ou plus précisément ‘Quelle était ma motivation pour adopter cette croyance ?’
Vous pourriez bien être surpris par la réponse. C'est peut-être parce que vous vouliez plaire à quelqu'un, obtenir l'approbation ou être accepté par quelqu'un ou encore être inclus dans un groupe, quel qu'il soit, famille, école ou communauté. Souvent, enfant l’on se sent en insécurité ou l’on a peur de quelqu'un et pour contourner ce sentiment d'insécurité ou cette peur l’on adopte la croyance de cette personne.
Quelques exemples
→ Mon père pensait que les femmes ne devaient pas s’impliquer dans la politique. Adopter la croyance de mon père sur les femmes me placera de son côté, je serai approuvé et accepté par lui et peut-être le plus important, c’est qu’être du même côté que mon père m’apportera un sentiment de sécurité.
→ Ou la mère est constamment inquiète à propos de l’argent dans le ménage, elle maudit l’existence de ne pas lui avoir donné l'homme qu’elle pensait mériter et qui pourrait apporter un bon revenu pour elle et la famille. Or vous voulez l’attention et l’amour de maman, aussi, pour obtenir cet amour et cette attention, vous êtes d'accord avec elle que oui, la fatalité et la malchance existent.
Découvrir votre motivation à assumer une croyance permettra une dissolution en douceur de votre croyance puisque vous en comprenez les raisons cachées.
Je vous propose maintenant un petit exercice qui comporte trois étapes.
1 → Quelle est ma croyance ?
2 → D'où vient-elle ?
3 → Quelle était ma motivation pour adopter cette croyance ?
Découvrez d'abord une croyance que vous avez ⇒ 'Je crois que…'
Maintenant, demandez-vous ‘Où ai-je puisé cette croyance ?’
Plus vous gagnerez en clarté sur l'origine de votre croyance, plus la possibilité d’une transformation se fera jour. Une fois que vous avez reconnu l’origine de cette croyance, demandez-vous ensuite ‘Qu'est-ce qui m'a poussé à accepter cette croyance ?’
Notez ces instructions pour que vous puissiez pratiquer cet exercice à la maison. Lorsque vous procédez étape par étape, comme proposé, vous assumez la responsabilité de votre croyance et cela a son importance dans le processus de dissolution des croyances ou des idées préconçues.
Jusqu'à présent, j'ai parlé de croyances qui nous viennent des autres, de l'extérieur. Au cours de la conférence sur la honte, j’ai mentionné le processus d'intériorisation d'un sentiment. Il en est de même pour les croyances. Votre croyance peut provenir d'une situation que vous avez vécue de façon répétée.
Par exemple, enfant, vous exprimiez souvent vos sentiments ou vos désirs, mais chaque fois que vous le faisiez, vous étiez blâmé ou réprimandé. Dans ce cas, la croyance que cet enfant peut former pourrait être que l'expression de ses sentiments est déraisonnable et honteuse et s’intégrer sous cette forme ‘J'ai honte d'avoir des sentiments ou des désirs’ ou encore, ‘J'ai tort’.
Dans ce cas, votre croyance ne vient pas du fait que vous recherchez de l'attention ou de l'amour, mais de votre expérience. Celle d’avoir des aînés qui vous imposent leur attitude, des aînés qui ne vous respectent pas. Permettre consciemment l'expression de vos sentiments et de vos désirs dans un environnement sûr, dans un environnement où vous ne serez pas jugé, condamné ou humilié sera le moyen le plus adéquat pour déraciner cette croyance.
Avec ce que j’ai dit et votre propre expérience avec ce petit exercice consistant à retracer l’origine de votre croyance, vous pouvez comprendre que le problème n'est pas vraiment à propos de cette croyance que vous pensiez avoir une emprise sur vous, mais plutôt avec vos motivations ou vos expériences. Ce n'est pas tant la croyance qui est importante, mais plutôt sa source et c’est vous la source de la croyance. Ce qui veut dire que pour qu’une transformation se fasse, ce n’est pas la croyance qui est en jeu, mais vous.
C'est ‘vous’ qui vouliez être aimé, approuvé, respecté, etc., et pour obtenir ce que vous vouliez vous avez adopté une croyance avec dans son sillage, un comportement.
Cette reconnaissance, lorsqu’elle se produira, éradiquera complètement la croyance de votre esprit parce que vous traitez maintenant avec la cause profonde de votre croyance. C’est ainsi que la transformation peut avoir lieu, lorsque nous portons notre attention sur la cause profonde de tout phénomène et mettons toute notre énergie à ce qui demande à être pris en compte.
Une façon complètement différente de traiter une croyance afin de la dissiper est de dessiner une représentation de la croyance et je vous encourage à essayer cette approche chez vous et voir où cela vous mène.
Commencez par dessiner une image, une représentation de votre croyance en utilisant de la peinture ou des crayons de couleur. Laissez votre subconscient guider votre main. Une fois que vous avez terminé le dessin, écrivez en dessous quelle est votre croyance. Ensuite, regardez le dessin de votre croyance et posez-vous ces questions :
→ Était-ce facile ou difficile pour moi de dessiner cela ?
→ Quels sentiments me sont venus pendant que je dessinais ?
→ Quelles pensées ou quels souvenirs me sont venus pendant que je dessinais ?
Une fois que vous avez fait tout cela, commencez à parler à la représentation de votre croyance. Dites tout ce qui vous vient à l’esprit en regardant la représentation de votre croyance. Oui, cela peut sembler un peu bizarre, mais essayez néanmoins cette approche et voyez quels sont les résultats pour vous.
Ce dont j’ai parlé jusqu'ici ne concerne que les croyances conscientes, les croyances que nous pouvons facilement identifier. Il existe également une autre forme de croyances, une forme plus insidieuse que j'appelle les ‘croyances inconscientes’. Une croyance inconsciente est une croyance qui est active en nous, même lorsque nous savons parfaitement que la réalité est différente. Ce type de croyance est généralement basé sur la peur et trouve souvent ses racines dans la petite enfance, lorsque nous ne pouvons pas vraiment distinguer le faux du vrai.
La peur de l’obscurité ou la peur des fantômes est commune à de nombreuses personnes, même s’il n’y a aucune réalité qui justifie d’avoir peur. Un parent qui veut que son enfant se comporte bien peut l’effrayer avec des histoires horribles ou des malédictions comme ‘le loup va venir te manger si tu n’es pas sage’ ou pour les filles, ‘Les filles impures ne se marieront jamais, ne fréquentent pas les garçons’.
Ce genre d’histoires ou malédictions entreront profondément dans le subconscient de l’enfant et plus tard, même si l'enfant les aura oubliées, ces histoires ou malédictions continueront à gouverner son comportement.
Cela vous parle-le-t-il ? Cela vous est-il arrivé ?
Il n'est pas facile de reconnaître et de dissiper ces croyances, car elles ne sont évidemment pas conscientes. Pourtant, en mettant notre comportement en question, nous pourrons doucement ramener cette croyance à la conscience pour ensuite être en mesure de la gérer comme avec n'importe quelle autre croyance. Souvenez-vous que la prise de conscience de nos croyances et l'expression de leur contenu permet à une transformation de s’installer sans effort.
Pour gagner encore plus de clarté sur vos croyances, vous pouvez ajouter quelques étapes à l’exercice précédent.
Vous commencez avec les deux premières questions
→ ‘Quelle est ma croyance ?’
→ ‘Où ai-je puisé cette croyance?’
Une fois que vous avez identifié la croyance que vous voulez explorer et que vous avez reconnu où vous l'avez enregistrée, il vous est possible de rechercher les formes-pensées associées à cette croyance.
Si je prends l'exemple de la croyance ‘je n'ai aucune valeur’. Les formes-pensées associées peuvent être : ‘personne ne m'aimera’, ‘je serai toujours seul’, ‘je ne trouverai jamais un bon travail’ ou encore, ‘je ne trouverai jamais un partenaire approprié’.
Notre mental forme toutes ces idées en relation avec la croyance initiale, des formes-pensées qui peuvent elles-mêmes devenir des croyances. En utilisant la question ‘Quelles sont les formes-pensées associées à cette croyance ?’ l’on peut les déraciner ces formes pensées.
De plus, lorsque nous croyons quelque chose, nous avons tendance à agir conformément à cette croyance, donc si je crois que ‘je n'ai aucune valeur’, mon attitude dans la vie ou mon comportement peut être celui de m’isoler, d'être impuissant et déprimé ou au contraire d’essayer fortement de prouver que j’ai de la valeur et de devenir fort et très énergique.
Pour rendre plus clairs ces modes de comportement, nous pouvons utiliser cette question 'Comment croire ce que je crois me fait-il agir dans ma vie quotidienne ?' Avant de passer à la dernière interrogation : 'Quelles étaient mes motivations pour adopter cette croyance ?'
L’exercice comporte maintenant cinq étapes.
1 → Quelle est ma croyance ?
2 → D'où vient-elle ?
3 → Quelles sont les formes-pensées associées à cette croyance ?
4 → Comment croire ce que je crois me fait-il agir dans mon quotidien ?
5 → Quelle était ma motivation pour adopter cette conviction ?
Ce qui est faux se dissout toujours devant l’évidence. Clarifier nos croyances et nos formes-pensées permet de les dissoudre aisément.
Avec cet exposé et les exercices proposés, vous avez désormais entre les mains de précieuses clés pour défier et dissoudre vos croyances et ainsi retrouver la vitalité et la liberté de votre moi authentique.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_5-Mai-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur La Honte et comment s’en libérer.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Ce soir, je voudrais parler de la Honte et de notre capacité à nous en libérer.
C'est un fait bien observé qu'une grande majorité de personnes vivent dans la honte et souffrent de ses aspects insidieux. Pour beaucoup de gens, la honte fait tellement partie de leur vie qu'ils n'imaginent même pas qu'ils pourraient, un jour, en être libérés.
Ce peut être votre propre idée et vous pouvez même penser que vous êtes condamné à être honteux pour toujours. N'oubliez pas qu'il ne s'agit que d'une forme-pensée et tout au long de notre entretien, vous aurez l'occasion de comprendre les différentes manifestations de la honte et de réaliser qu'il est possible de s’en libérer.
Nous avons tous fait l’expérience de la honte à un moment donné de notre vie et bien souvent plus tôt que nous nous en souvenons généralement. Mais était-ce vraiment de la honte ou était-ce quelque chose d'autre qui a été qualifié de honte par d'autres ? À de nombreuses reprises, en tant qu'enfant, nous avons vécu ce que j'appellerais une ‘honte naturelle’.
La ‘honte naturelle’ est en fait un dispositif inné et sain qui est partagé par tous les êtres humains sur cette planète. Cette prédisposition naturelle nous aide à comprendre qu'en tant qu'humains, nous sommes des êtres limités.
C’est également un fait bien observé que notre mental a une forte tendance à nier ses limites et cherche sans cesse à les dépasser. La science et la technologie en sont de bons exemples. Il n'en reste pas moins que nous sommes limités. Nous sommes des êtres physiquement et mentalement limités. Faites face à un typhon, un tremblement de terre ou l'épidémie actuelle de coronavirus et votre limitation vous sautera aux yeux.
Notre limitation la plus évidente est notre limitation physique. Notre structure corporelle ne permet qu'une certaine gamme de mouvements et aussi créatifs que soient nos esprits, nous sommes également limités mentalement, même si nous aimerions croire que nous ne le sommes pas. La honte naturelle est là pour nous rappeler à cette tendance arrogante.
Un jeune enfant rencontrant quelqu’un qu’il ne connaît pas éprouvera automatiquement cette honte naturelle qui se manifeste en tant que timidité. Reconnaître que ‘je ne sais pas’ est un signe d'humilité et de vérité, c’est aussi l’expression de ‘honte naturelle’.
La pudeur, la timidité, l'embarras, la réserve, la modestie et l'humilité sont tous des aspects de la ‘honte naturelle’. Cette honte naturelle est un sentiment intérieur qui nous maintient alignés avec la sagesse.
L'autre aspect de la honte, largement qualifié de ‘honte toxique’ par les psychologues, n'est pas inné. Elle nous est transmise, ou plutôt déversée de l'extérieur par nos parents, par nos aînés, par nos professeurs ainsi que par nos soi-disant amis. Elle nous est également transmise par la société en général à travers ses restrictions et ses tabous. C'est cette ‘honte toxique’ et non la ‘honte naturelle’ qui est dommageable pour les gens puisque la ‘honte toxique’ crée un profond sentiment d'indignité chez une personne.
Pour ceux d'entre vous qui ont participé à l’atelier Contacter Notre Enfant Intérieur, vous vous souviendrez peut-être que dans cet atelier, nous prenons le temps d’explorer le sentiment de honte avec les différentes façons dont il se manifeste en nous sans oublier les différents sentiments et comportements que la honte génère.
Aujourd’hui, dans cet entretien, j'aimerais approfondir le sujet de la ‘honte toxique’ en examinant d'abord comment naît la honte, comment nous pouvons la reconnaître et quels sont les types de comportement générés par la honte. Lorsque nous aurons compris comment la honte opère, nous pourrons sans effort reconnaître les moyens pour dénouer ces liens de honte qui nous emprisonne et nous rendre libres de la honte.
Mais avant de parler de honte, je voudrais dire quelques mots sur la culpabilité, avant tout parce que la culpabilité et la honte sont souvent confondues du fait que le sentiment de culpabilité ressemble beaucoup à celui de la honte.
Une personne se sentira coupable d'avoir fait quelque chose qui, selon elle, est mal et cette culpabilité peut ou non générer un sentiment de honte. La différence fondamentale entre culpabilité et honte est que la culpabilité implique la conscience d'avoir fait quelque chose de mal, ou de ne pas avoir fait quelque chose, tandis que la honte est le sentiment douloureux résultant de la conscience de quelque chose de déshonorant, d'inapproprié ou de ridicule, fait par soi-même ou par un autre.
• Lorsqu’une personne se sent mal à propos d’un comportement qu'il a manifesté, elle se sent coupable.
• Lorsqu’une personne se sent mal à propos de qui elle est en tant que personne, elle éprouve de la honte.
La honte concerne notre moi personnel tandis que la culpabilité concerne nos actions, nos actes ou nos manquements à agir. La culpabilité est en lien avec les événements dont on porte la responsabilité. C'est pourquoi il est possible de se libérer facilement de la culpabilité en utilisant certains outils de communication spécifiques liés à la culpabilité.
Cette distinction étant faite, intéressons-nous maintenant à ‘la honte toxique’.
Qu'est-ce que la honte toxique ?
Contrairement à la ‘honte naturelle’ qui nous aide à reconnaître nos limites et à rester en phase et en harmonie avec notre environnement, la ‘honte toxique’ est un sentiment omniprésent qui crée en nous un profond sentiment d'inutilité et d'échec. La ‘honte toxique’ crée une scission en nous dans le sens où elle tend à contrôler tout ce que nous faisons ou disons, ce qui implique qu'une personne qui a pour fond la honte se gardera de s'exposer à un autre et se comportera également de la même manière envers elle-même.
La honte, comme tous les autres sentiments et émotions, est un sentiment transitoire, quelque chose qui vient, prend son élan puis nous quitte. Cependant, lorsque la honte est intériorisée, elle n'est plus présente comme un sentiment transitoire, elle devient notre identité. Nous nous identifions à la honte, de la même manière que certaines personnes s'identifieront à être un perdant, une victime ou quelqu'un qui ‘sait tout’.
Ces identifications deviennent les modes de comportement avec lesquels nous opérons au sein de la société. Ce sont nos ‘masques pour la société’. Et selon la situation dans laquelle nous nous trouvons, que ce soit avec notre famille, dans notre travail ou avec nos amis nous pouvons porter différents masques.
Est-ce que cela vous parle ? Cela vous semble-t-il familier ?
En regardant le croquis ci-dessous, reconnaissez-vous un ou plusieurs de ces masques que vous portez selon la situation dans laquelle vous vous trouvez ?
Ce processus d'intériorisation n'est pas du tout un processus conscient, il se produit indépendamment de notre volonté ou de nos connaissances ; nous intériorisons généralement un sentiment lorsque le sentiment se répète au fil du temps.
Récemment, quelqu'un m'a dit qu'en tant qu'enfant et adolescente, on lui avait souvent promis quelque chose, mais quand le moment était venu de tenir la promesse, il y avait toujours un ajournement. Bien sûr, cela a généré de la tristesse et de la frustration pour cet enfant, mais cela a également généré, sous ces sentiments les plus évidents, un sentiment de trahison et d'abandon ainsi qu'un fort sentiment d'incompréhension qui à son tour, a engendré un sentiment de solitude. Bien que ces sentiments ne soient pas conscients, ils sont néanmoins actifs chez cette personne et comme cette situation ne cessait de se répéter au fil des années, ces sentiments de trahison, d'abandon et de solitude se sont ancrés dans son subconscient. Ils se sont intériorisés et la personne s'est identifiée à la solitude et au fait que ne jamais obtenir ce qui était promis était son destin.
L'abandon doit être compris dans un sens plus large et pas seulement à un niveau physique. Lorsqu'en tant qu'enfant, l’on ne vous permet jamais d'exprimer votre colère ou vos larmes et que l’on vous demande plutôt de réprimer ces sentiments, viendra un moment où vous rejetterez ces sentiments comme s'ils ne devaient pas être là, comme si vous étiez en faute d'avoir ces sentiments. En faisant cela, vous avez abandonné ou rejeté une partie de vous-même et cette partie devient honteuse. La honte est alors intériorisée. Vous devenez honteux d'avoir de tels sentiments ou de telles émotions. Cela est particulièrement vrai lorsqu'un enfant commence à avoir des sensations de plaisir liées à la sexualité.
‘Je suis une erreur, je ne devrais pas exister, je suis indigne ou je suis sale’, sont toutes des croyances basées sur la honte qui résultent de l'abandon. Même s'ils peuvent être fortement ancrés dans une personne, ce ne sont que des formes-pensées, soit transmises par d'autres, soit dérivées d'un sens déformé de la réalité. Ces formes pensées sont comme une conclusion que notre mental forme et elles deviennent rapidement des croyances. Si je n'obtiens pas ce que l'on m'avait promis, c'est parce que ‘je dois être indigne’ ou que ‘je suis un garnement, un mauvais enfant’.
Lorsque l'identification s'installe, le sentiment disparaît du champ de notre conscience. Il se déplace dans une partie subconsciente de notre psychisme. Nous ne le reconnaissons plus comme un sentiment. Nous pensons simplement que nous sommes comme ça, que c'est qui nous sommes. Ce n'est que lorsque nous découvrons à quel point un sentiment nous écrase, à quel point nous sommes à la merci de ce sentiment que nous prenons conscience que nous avons intériorisé un sentiment et que nous nous identifions à lui.
Reconnaître nos identifications n'est pas évident et demande une bonne dose de prise de conscience pour la simple raison que ces identifications sont devenues comme une seconde peau ou plutôt sont devenues une peau protectrice invisible.
Tous les sentiments intériorisés deviennent des sentiments toxiques dans le sens où ils voilent notre vrai moi. Ils voilent notre énergie, notre spontanéité et notre capacité à discriminer. La honte et l’état de choc sont de loin les plus toxiques.
L'identification est sans doute la maladie pyschologique la plus mortelle qui soit, bien plus mortelle que le coronavirus dans le sens où elle crée en nous un faux sentiment de soi et cache notre moi authentique, notre vrai moi. Comme mentionné dans l’entretien sur la vérité le mois dernier, ce faux soi est le résultat malheureux de nos mécanismes de protection et puisque l'intériorisation est aussi un mécanisme de survie, nous sommes tous sujets à l'identification. Nous ne pouvons pas échapper à ce processus d'intériorisation qui devient la source de nombreux types d'addictions ainsi que de codépendance au sein des relations. Nous ne pouvons pas y échapper, mais la bonne nouvelle est que nous pouvons nous en libérer.
Reconnaître la honte au niveau du corps, comment puis-je savoir que j'ai honte ?
Lorsque nous sommes confrontés à la honte ou à tout autre sentiment d'ailleurs, il est important de reconnaître comment ce sentiment se manifeste dans notre corps. Dans la série audio Embrasser notre Enfant Intérieur (12ème jour, audio 7), j'ai longuement parlé de la façon dont la honte se manifeste dans notre corps, aussi j'aimerais que vous réécoutiez cet audio et pratiquiez la méditation guidée incluse dans cette série pour vous libérer de la honte qui vous enserre.
Les cinq principaux modes opératoires de la honte (D'où vient la honte ?)
• La Honte impartie par les autres.
Dans la majorité des cas, la honte découle du fait d'avoir été humilié par les autres et, pour un enfant, la maison et l'école sont certainement les deux principales causes d'humiliation. Je suis convaincu que beaucoup d'entre vous ont été plus d'une fois humiliés par un enseignant pour avoir commis une erreur dans un exercice, ou blâmés et humiliés par des parents pour ne pas avoir de bons résultats à l'école ?
L'humiliation est largement utilisée comme un moyen d'acquérir du pouvoir sur les autres. Cela peut prendre la forme de paroles humiliantes ou de regards méprisants. Le ton utilisé véhicule généralement une intention humiliante.
Je suis tout à fait convaincu que chacun de vous connaît un large éventail de mots humiliants puisque, enfants, nous apprenons ces mots humiliants afin d'acquérir une sorte de pouvoir, de confiance et de paraître forts devant nos camarades de classe. Les mots humiliants sont également souvent utilisés pour se moquer ou ridiculiser les autres. Les cours de récréation des écoles sont un milieu propice à l'humiliation.
Les mots gratifiants ou élogieux peuvent également devenir une source d'humiliation et par la suite apporter la honte.
• La honte parentale comme outil pédagogique
Les parents sont aussi porteurs de honte, parfois inconsciemment, parfois consciemment dans le sens où ils utilisent la honte comme moyen d’éduquer leur enfant. Pour pousser un enfant à avoir de bons résultats à l'école, un parent peut dire : ‘J'ai honte de tes mauvais résultats scolaires !’ ou ‘Tu me fais honte avec ces mauvais résultats !’ La comparaison avec un autre enfant est aussi une manière de rendre l’enfant honteux.
C'est de la pure manipulation et elle renforce la honte chez l'enfant en ajoutant une deuxième couche.
• La Honte intégrée
Lorsque la honte est intégrée comme quelque chose de personnel, elle devient une croyance. Une personne qui a été humiliée un nombre incalculable de fois en entendant dire qu'elle est stupide, laide, trop grosse ou trop maigre, commencera à intégrer cela comme étant sa propre norme. Cela devient sa norme de croyance et son attitude dans la vie tournera autour de cette croyance qu'elle est stupide ou laide. Elle doit l'être puisque tant de gens le lui ont dit. La honte du corps touche de nombreuses personnes, en particulier les femmes.
La honte s'est glissée sous la croyance, la honte est devenue une croyance. La honte implique que nous ne correspondons pas au système, que nous n'agissons pas selon ce qui est censé être la norme. Lorsque nous nous sentons mal à propos de qui nous sommes et comment nous sommes en tant que personne, nous éprouvons de la honte.
• L’Abus émotionnel
Les parents qui sont fermés émotionnellement, qui ne manifestent pas leurs sentiments ou leurs émotions sont des gens honteux et, en tant que tels, ils n'auront pas d’effet miroir sain que l’enfant est en droit d'avoir. En conséquence, l'enfant ne sera pas en mesure de reconnaître ses propres sentiments. Les parents qui ont eux-mêmes intégré la honte empêcheront généralement leur enfant d'exprimer son sentiment. Ils auront cette idée selon laquelle exprimer une émotion ou un sentiment est mal et honteux.
Pour l'enfant, il s'agit d'une forme d'abandon psychologique et il arrivera très certainement à cette conclusion : ‘Je dois avoir tort d'avoir ces sentiments’ ou ‘J'ai honte d'avoir ces sentiments’. Parce qu'il est condamné pour avoir exprimé ses sentiments, il pensera : ‘Je suis indigne de leur amour puisque j'ai ces sentiments’.
Il peut aussi arriver qu'en cas de disparition physique d'un parent, que ce soit pour cause de travail, de divorce ou de décès, l'enfant soit alors privé de référence parentale et dans ce cas, soit il idéalise le parent perdu, soit il devient la proie de la honte en s'accusant de la disparition de ce parent. Un enfant peut avoir ce genre de croyance : ‘Ce doit être ma faute si papa a quitté maman, s'ils ont divorcé’. L'enfant ressentira de la culpabilité, aura des remords de ne pas s'être bien comporté et ce sont ces remords qui se transformeront en honte.
• La Honte liée à la sexualité et au genre
Être une fille et non un garçon est, dans de nombreux pays, source de honte pour les parents et pour l'enfant qui doit supporter cette honte parentale. Être un enfant non désiré est aussi une source importante de honte pour un enfant. Nous sommes des êtres sexués définis par un genre et chaque enfant, fille ou garçon, sera curieux de connaître ses organes sexuels, surtout lorsqu'il devient tabou de les montrer ou d'en parler. Un jeune enfant n'a pas peur, ni honte d'être nu, mais à mesure qu'il grandit et principalement à cause de la honte parentale, cacher la nudité devient la norme, non seulement la norme mais montrer la nudité devient un péché et une honte. Les parents qui n'informent pas leur enfant de ce qu'est la sexualité et de son fonctionnement laissent leur enfant dans l'embarras, dans la confusion, surtout lorsque la puberté commence à fleurir. Les filles sont souvent désemparées avec leurs premières menstruations et leur poitrine qui grossit. Tout comme les garçons avec leur pénis. Ces sujets sont tous des pourvoyeurs de honte s'ils ne sont pas traités correctement. Ils ouvrent la porte à de nombreux malaises, à de nombreux déboires et insatisfactions, et bien sûr de honte lorsqu'il s'agit de rapports sexuels.
Lorsque des abus sexuels se produisent, en particulier à un jeune âge, la honte est ancrée au plus profond de la personne et il devient alors difficile pour la personne d'avoir une vie sexuelle saine et épanouie par la suite. Tous les enfants maltraités, qu'ils soient garçons ou filles, resteront avec le sentiment d'être sales et d'avoir été souillés à jamais. Ils sont devenus impurs et à cause de la honte que l'abus a créée, il ne sera pas facile pour ces personnes de parler et d'exprimer les sentiments liés à leur abus.
Les modes de comportement générés par la honte
J'ai parlé plus tôt des comportements ou des masques que nous utilisons dans la société selon les différents sentiments intériorisés et puisque la honte est une conséquence directe d'être critiqué, désapprouvé, condamné ou moqué, en d'autres termes humilié, cela crée des types de comportements spécifiques liés à la honte. L’arrogance ou l'obéissance avec bien sûr leur contraire la rébellion et la fausse humilité en sont les principaux. La honte donne également lieu à un certain nombre d'autres sentiments ou comportements comme ceux montrés sur les deux croquis ci-dessous.
Les Stratégies utilisées pour éviter la honte
La honte est certainement le sentiment le plus difficile à vivre et à cause de cela, nous avons développé des stratégies pour éviter de ressentir le sentiment de honte en nous. Il est toujours là bien sûr, mais caché, comme s'il n'existait pas.
Justifier nos actions ou nos comportements est souvent lié à la honte, tout comme ne pas vouloir admettre que l’on a fait une erreur ou encore ne pas admettre avoir tel ou tel sentiment. Faire semblant d'être autre que nous sommes est un moyen courant de cacher sa honte.
Selon certains parents, les garçons ne devraient pas avoir peur et ne devraient certainement pas pleurer. Afin d'éviter le sentiment de honte d'avoir peur ou de pleurer, les garçons et plus tard les hommes ont tendance à nier leur peur et à retenir leurs larmes. Ils deviennent des guerriers, des combattants ou des alpinistes et essayent de prouver par tous les moyens que la peur n'a aucune emprise sur eux.
Ces stratégies courantes sont bien sûr inconscientes pour la plupart et nous avons tendance à penser sincèrement que la honte ne fait pas partie de notre constitution psychologique alors qu'elle l'est.
Les différents moyens pour se libérer de l'emprise de la honte
Les moyens pour sortir de l'esclavage de la honte sont assez simples, ils demandent cependant beaucoup de courage, de détermination et de patience.
Assumer la responsabilité de nos erreurs, de nos fautes, est certainement l'un des moyens d'éviter que la honte toxique ne nous enchaîne. Et lorsque la honte nous a déjà enchaînés, en comprendre ses composants et ses façons tant physiques que psychologiques de nous emprisonner sera d’une aide précieuse.
Toutefois, le principal moyen de se libérer de la honte est d'en parler et d'exprimer tous les sentiments liés aux événements ou aux situations humiliantes et/ou honteuses.
Avec cet entretien j'ai essayé, d'apporter le plus de clarté possible sur ce qu'est la honte, et comment elle nous emprisonne. Je suis sûr que l'on pourrait approfondir au sujet de la honte et sur la façon dont elle est associée à nos autres sentiments, mais le point principal sur lequel je voudrais insister est que nous devons reconnaître et accepter notre honte si nous voulons nous en libérer. Il n'y a pas d'autre moyen. Sans reconnaissance, sans acceptation et sans expression, la honte continuera de nous emprisonner.
Je sais par expérience et de par mon travail avec de nombreuses personnes que c'est un processus long et difficile, mais tellement gratifiant. Non seulement vous vous libérerez des liens de la honte, mais vous retrouverez également une joie de vivre et vivrez votre vie dans l'amour et le contentement.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_7-Avril-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur la Relation et la Codépendance.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Ce soir, je voudrais parler de la nature de la relation et son implication dans les relations interpersonnelles.
Nous pensons généralement que les relations ne concernent que moi et l’autre et parfois nous les réduisons même aux relations de couple. Il en va probablement ainsi parce que les relations de couple sont ce avec quoi la plupart des gens bataillent le plus au quotidien. J'entends dire par beaucoup d'entre vous à quel point vous êtes inquiet, malheureux et affligé dans vos relations interpersonnelles et à quel point vous aimeriez qu'un changement se mette en place.
Il existe de multiples raisons d'insatisfaction dans les relations et il me semble que ces raisons sont souvent négligées, car la nature de la relation n'est pas clairement comprise. Dans ce contexte, je voudrais dans un premier temps apporter un peu plus de clarté sur la nature de la relation, pour ensuite examiner de plus près ce qui rend les relations interpersonnelles difficiles.
Vous ne l'avez peut-être pas remarqué, mais nous sommes constamment impliqués dans une relation avec ce qui nous entoure ainsi qu’avec nous-mêmes. Nous nous connectons avec le monde extérieur à travers nos cinq sens et avec notre monde intérieur à travers des sensations, des pensées et des sentiments. Chaque fois que nous établissons une connexion avec quelque chose d'extérieur ou d'intérieur, au moment même où nous posons nos yeux ou tout autre sens sur quelque chose, une relation est créée.
Remarquez la relation que vous entretenez avec votre corps, avec vos sentiments ou vos pensées ou avec quelque chose d'extérieur à vous comme une voiture qui passe dans la rue, une situation dans votre voisinage ou avec un acteur dans un film.
Avez-vous remarqué qu'une relation s’établit ?
Si c'est le cas, vous avez peut-être également remarqué que la plupart du temps, il s'agit d'une relation ‘j'aime/je n'aime pas’.
Et si vous ne l’avez pas remarqué, à la prochaine occasion, apportez un peu plus de conscience dans votre façon d’être en relation.
La relation peut être momentanée comme voir un oiseau passer dans le ciel ou réfléchir à un problème. Elle peut aussi durer toute une vie, comme le fait que de la naissance à la mort, nous sommes en relation tant avec le monde extérieur qu'avec notre corps, notre mental et nos sentiments. Que ce soit vers l’extérieur ou vers l’intérieur, une relation a lieu et avec elle viennent des pensées, des sentiments et des sensations.
Que nous aimions ou pas ce que nous voyons ou ressentons n’est pas important à ce stade. Ce qui est essentiel à ce stade, c'est de constater qu'une relation se met en place. C'est le point important à comprendre, car l'interdépendance ou la relation est l'essence de la Vie.
Tout est interconnecté sur cette planète, non seulement à l'extérieur avec ce qui nous est directement visible, mais aussi dans ‘l'invisible’ de notre corps et de notre psyché.
Nous sommes vivants parce que les arbres et les plantes transforment le dioxyde de carbone en oxygène. De même, les arbres et les plantes sont vivants parce que les humains et les animaux produisent du dioxyde de carbone. Pareillement, ce que l'on appelle la ‘chaîne alimentaire’ n'est rien d'autre qu'un continuum d'interconnexions.
En tant qu'êtres humains, nous ne pouvons bouger, ressentir et penser qu'en raison de l'interdépendance de millions de réactions chimiques qui se produisent à chaque seconde dans notre corps. Nous sommes l’illustration vivante de la relation. L'interconnexion est la nature même de la Vie, de la conception à la mort, des échanges relationnels se manifestent constamment en nous ainsi qu'avec notre environnement extérieur. La vie est un échange relationnel constant. Les relations sont partout là où nous posons nos sens, même si nous ne les remarquons généralement pas et tenons pour acquis que les choses sont comme elles sont.
Quelle est l'essence de la relation ?
L'essence de la relation est cette force mystérieuse et extraordinaire qui rend la Vie possible, non seulement la vie telle que nous la connaissons sur cette planète, mais la Vie en tant qu'immensité de l'univers. Certains l'appellent ‘Conscience’, d’autres ‘Présence divine’ ou encore ‘Amour’.
En tant qu’êtres humains, ‘l'Amour’ est probablement plus accessible par le fait que nous pouvons nous y rapporter plus directement. Sous une forme ou une autre, nous avons tous connu l'amour à un moment donné de notre vie et je suis convaincu que chacun d'entre vous a un objet, une plante, un animal, une personne ou une partie de vous ou une qualité que vous appréciez, que vous affectionnez, que vous aimez.
L'Amour n'est pas seulement la base, le fondement, mais aussi la substance même qui lie et unit tout dans la Vie. L'amour est ce tissu invisible de l'interdépendance. L'amour tisse des relations puisque l'Amour est en tout. L'amour est ce dont nous sommes faits et ce qui nous fait fonctionner dans la vie.
Au plus profond de nous, nous ne pouvons être en relation qu'à partir de l'Amour étant donné que nous sommes Amour. En surface, les choses sont quelque peu différentes, principalement dues à la nature de notre incarnation. Cette incarnation aura un sérieux impact sur nos futures façons d’être en relation et bien sûr, sur nos relations.
La Relation du point de vue de notre Incarnation
En tant qu'êtres humains, nous naissons dépendants, c'est un fait que l’on ne peut négliger. Tout comme l’on ne peut ignorer le fait que nous sommes nés avec la capacité ou mieux dit, l’aptitude à devenir autosuffisant, indépendant. Cette réalité n'est pas spécifique aux humains, nous la partageons avec le monde animal, du moins les espèces à sang chaud.
Il est évident qu'un bébé ne peut pas survivre sans que sa mère le nourrisse et veille à son bien-être. Les bébés et les tout-petits dépendent beaucoup du contact physique pour se sentir en sécurité et, en grandissant, c'est le soutien et la reconnaissance dans leurs actions qui les aident à acquérir une confiance en eux. Pendant la plus grande partie de son développement, un enfant vit dans la dépendance de ses parents. Il a besoin du soutien de ses parents afin que ses besoins physiques et psychologiques soient satisfaits et ainsi devenir un adulte mature et indépendant.
Les parents ou les tuteurs sont les pourvoyeurs de besoins au début de notre vie. Ils doivent tout nous fournir, de la nourriture au logement, de la reconnaissance au soutien, de la chaleur à l'affection, pour que nous puissions mûrir et devenir autonomes.
Cette dépendance est normale et naturelle pour un enfant, elle est sa source de sécurité. Même s’ils accèdent rapidement à une autonomie de mouvements, ils ont besoin de retrouver et de renouer avec leur source de sécurité.
Par nature cette dépendance a tendance à s'estomper avec l'âge, l’on se dirige naturellement vers l'indépendance. L'on quitte la maison et commence à avoir sa propre vie. Dans la plupart des cas cependant l'interdépendance prévaut encore et prévaudra encore longtemps, car cette indépendance ne s’exerce généralement que dans le domaine physique. La plupart des gens continueront cependant à être matériellement dépendants et, ce qui est plus alarmant, psychologiquement dépendants. Cette dépendance psychologique est principalement due au fait que leurs besoins psychologiques de base n'ont pas été satisfaits.
Ce sont ces besoins non satisfaits qui sont à l’origine de difficultés dans la plupart des relations et en particulier dans les relations de couple qui pour beaucoup deviennent source de conflits.
Plus tôt, j'ai mentionné que le fait que nous puissions aimer ou ne pas aimer ce que nous voyons ou ressentons n'est pas si important, que c'est secondaire. Cela est vrai lorsque nous considérons l'essence de la relation, mais lorsque les relations sont vécues, les attirances et les répulsions deviennent primordiales. C'est la réalité changeante de leur psychisme qui devient la principale préoccupation des gens lorsqu'ils sont en relation avec quelque chose, avec quelqu'un, ou même avec eux-mêmes.
La façon dont nous interagissons avec notre corps, avec nos sentiments et nos pensées est généralement motivée par nos goûts et nos dégoûts. C'est aussi un bon indicateur de notre relation avec le monde extérieur.
Vérifiez par vous-même quelle est votre relation avec ce qui est le plus proche de vous, votre corps, votre mental et vos sentiments. Combien de jugements, combien de j’aime ou je n’aime pas avez-vous concernant votre corps, vos pensées et vos sentiments ?
Une bonne dose j'en suis sûr !
Et cela ne concerne que vous. De vous à vous !
La bonne nouvelle est qu'en fait tous ces jugements, tous ces j’aime ou je n’aime pas vous ont été inculqués par d'autres, par vos parents, par la société. Ces j’aime ou je n’aime pas ne vous appartiennent pas, ils ne sont pas vôtres. Ce qui fait qu’avec un peu de lucidité, d’intelligence et de discernement, il vous sera assez facile de les laisser partir.
Les relations interpersonnelles
Comme vous le savez certainement, les relations ne se limitent pas à notre environnement physique et psychologique, elles sont aussi interpersonnelles et c'est là qu'elles ont tendance à apporter des défis et à devenir la principale source de frustration et de désagrèment.
Dans cet exposé, je laisserai de côté la relation enfant-parent puisque la plupart d'entre vous ont participé aux différents ateliers sur l'Enfant Intérieur et sont conscients de la dynamique à l'œuvre au sein de ce type de relation.
Dans le cadre de cet exposé sur la relation, le petit exercice suivant vous aidera à prendre conscience des difficultés que vous rencontrez au sein de chaque contexte. Notez ces contextes tels qu'ils vous sont maintenant présentés, en laissant un grand espace entre chacun d’eux.
→ La relation avec mes parents, avec mes frères et sœurs et avec les autres membres de la famille.
→ La relation avec mon enfant ou mes enfants.
→ La relation avec mes collègues de travail, mon employeur ou mes employés.
→ La relation avec mes amis.
→ La relation avec moi-même.
Maintenant, prenez un moment pour vous poser cette question : « Quelles difficultés est-ce que je rencontre dans la relation avec mon mari/ma femme/mon petit ami/ma petite amie ? »
Choisissez ce qui est pertinent pour vous et si vous n'êtes pas en couple ni dans une relation intime, utilisez le membre de votre famille qui vous est le plus proche.
Une difficulté pourrait être celle-ci => ‘Avec ma femme/mon mari, j'ai du mal à me faire comprendre’.
Vérifiez s'il y a d'autres difficultés que vous rencontrez dans cette relation et listez-les. Abstenez-vous d'être sélectif, écrivez chaque difficulté que vous rencontrez de la plus forte à la plus légère.
Et lorsque vous avez terminé avec une relation, passez à la suivante.
→ Quelles difficultés est-ce que je rencontre dans la relation avec mon enfant ?
→ Quelles difficultés est-ce que je rencontre dans la relation avec ma belle-mère ?
→ Quelles difficultés est-ce que je rencontre dans la relation avec mon frère, avec ma sœur ?
→ Quelles difficultés est-ce que je rencontre dans les relations avec mes collègues de travail, avec mon employeur ou avec mes employés ?
Dressez la liste de vos difficultés en regard de chaque contexte pertinent pour vous. Ce que vous allez mettre en évidence en parcourant ces différents contextes relationnels, c'est que les mêmes difficultés ou des difficultés très similaires se présentent, quel que soit le contexte relationnel. Et ce que vous allez découvrir tournera très certainement autour de sentiments comme la Peur, la Honte, la Jalousie et la Frustration.
Pourquoi est-ce ainsi ?
Il en est ainsi parce que l'empressement à être en relation qui prévaut au début de toute relation s'estompe rapidement au profit de besoins non satisfaits qui crie famine en quelque sorte. L'interdépendance est toujours là par le fait même de l'essence de toute relation, mais elle s'est enfoncée si profondément dans l’inconscient qu'elle devient à peine perceptible et ce qui apparaît maintenant au premier plan pour les deux personnes dans une relation, ce sont les besoins psychologiques qui n'ont pas été satisfaits. Principalement le besoin d'être compris, accepté, respecté et inclus.
Pourtant, très souvent, le besoin ne se manifestera pas directement, mais indirectement à travers les attitudes ou sentiments que j'évoquais plus haut. Principalement la peur, la honte, la jalousie et la frustration.
Dans le cadre du travail avec des personnes, j'ai remarqué que c'est l'expérience de beaucoup et cela a été aussi la mienne aussi à un moment de ma vie.
Il n'y a pas si longtemps, lors d'un entretien individuel, une personne m'a dit qu'elle craignait que son mariage s'effondre parce que son partenaire avait décidé de vivre séparément puisqu’il ne comprenait pas ses besoins. Pour une autre personne, c'était le blâme et l'humiliation constante de son partenaire qui rendaient la vie insupportable. Et pour une autre, c'était la peur de l'autorité et l'insécurité que cette peur créait qui gênaient la relation.
Je suis sûr que vous pouvez comprendre ces exemples, ils peuvent même s'appliquer à vous sous une forme ou une autre. Ne vous paraissent-ils pas familiers, ne correspondent-ils pas à votre mode relationnel avec les différentes personnes de votre environnement immédiat ?
Bien que ces personnes étaient en souffrance dans leur relation, elles ne comprenaient pas ce qui se passait réellement et comment elles pourraient trouver une solution satisfaisante à leur problème simplement parce que leur attention était centrée sur l'autre. Vous l'avez peut-être remarqué par vous-même lorsque vous vous êtes connecté à votre difficulté dans l’une ou l’autre de vos relations et avez constaté qu’avec ma femme/mon mari, par exemple, ‘j'ai du mal à me faire comprendre’.
Cela semble être ainsi parce que nous avons tendance à porter notre attention et notre responsabilité sur l'autre. Cela vient de cette habitude d'être dépendant lorsque nous étions enfants. Cela nous aide aussi à éviter d'être responsables de nos propres besoins.
Mettre l'accent sur l'autre a ses avantages. Cela nous aide à projeter sur l'autre nos goûts et dégoûts, cela nous garde vierges de toute imperfection et nous pouvons revendiquer notre droit à ce que l'autre soit différent, à ce qu’il soit à notre convenance.
Si seulement mon conjoint, mon enfant, ma belle-mère, mon patron était différent ! Si seulement ils pouvaient changer ! Ma vie serait tellement plus facile et épanouissante.
N'est-ce pas une lamentation récurrente que vous avez entendue ou prononcée vous-même ?
Oui, s'ils étaient différents, votre vie serait à coup sûr plus agréable. Mais ce n'est pas le cas, ce n'est pas la réalité. Vouloir que l'autre soit différent de ce qu'il est, c'est vivre au pays des rêves, c'est espérer un miracle, c'est aussi une perte d'énergie et de temps, bien que certains prennent plaisir à le souhaiter !
Cette tendance à mettre l'accent sur l'autre ne peut que conduire à la frustration, au ressentiment, à la colère et à blâmer. Cette tendance fait également ressortir un profond sentiment d'impuissance, de désespoir et de solitude.
Une approche plus fructueuse, cependant pas nécessairement plus facile, consiste à se tourner vers soi-même afin de reconnaître sa propre difficulté, ses propres besoins et les projections que l'on porte sur les autres.
Plutôt que de dire : « Avec ma femme/mon mari, j'ai du mal à être compris » vérifiez s'il serait plus juste de dire : « Avec ma femme/mon mari, j'ai du mal à me faire comprendre ».
De cette façon, l'accent est mis sur ‘moi’ et quelque chose peut être fait. Je peux faire quelque chose pour clarifier mon besoin d'être compris. Je deviens responsable de mon besoin et cela fera une énorme différence dans la relation, car il n'y aura plus aucun blâme, aucune humiliation, aucune blessure.
Dans les entretiens précédents, je vous ai donné quelques exercices orientés dans ce sens. J’espère que vous les avez pratiqués et que vous êtes maintenant à même de reconnaître quels sont vos besoins et surtout, d'oser les exprimer de manière responsable.
Le principal problème avec les besoins psychologiques non satisfaits est leur façon détournée d'être mis en actes. Et c'est à cela qu'il importe de faire attention en priorité, car ces actes dévoyés sont un cancer au sein des relations, quelle que soit la relation, qu'elle soit une relation de couple, sociale ou de travail. Le passage à l'acte de besoins psychologiques non satisfaits est beaucoup plus nocif que n'importe quelle maladie physique puisqu’ils créent des blessures et peuvent littéralement détruire une relation.
L'autre problème important avec les besoins non satisfaits, les préférences et les aversions, c'est qu'ils créent une dépendance. Bien que nous soyons adultes, nous nous comportons toujours comme des enfants voulant que nos besoins soient satisfaits par notre partenaire sur lequel nous projetons souvent notre père, notre mère ou toute autre personne importante dans notre vie. Nous devenons dépendants de notre partenaire pour répondre à nos besoins non satisfaits. La majorité des couples vivent dans un état de codépendance, chacun devient dépendant de l'autre pour satisfaire ses propres besoins.
Une chose à retenir est que les besoins non satisfaits sont la plupart du temps devenus inconscients et ont créé un comportement connexe, un passage à l'acte. La plupart des modes de comportement sont des besoins non satisfaits mis en actes. C'est ce qui est souligné, mis en exergue de diverses manières dans les différents ateliers sur l’Enfant Intérieur afin de sensibiliser les participants à ces parties d'ombre de notre psychisme.
Nous manifestons nos besoins non satisfaits en adoptant inconsciemment un ou plusieurs modes de comportement, en jouant un rôle pour que nos besoins soient satisfaits.
Pour que son besoin soit satisfait, une personne se comportera tel un protecteur, sera complaisante, servile ou au contraire deviendra le sauveur. Elle jouera le rôle d'une victime, d'un tyran, d'un manipulateur ou se dérobera. Les rôles ou les comportements sont nombreux et interchangeables. L'important est de reconnaître le besoin derrière le rôle. C'est pourquoi le jeu de rôle conscient dans un travail de développement personnel prend toute son importance et permet le retour à une personnalité saine.
Dans la relation de couple, les comportements sont souvent opposés et se complètent. Par exemple, l'un des partenaires sera dans un rôle de complaisance ou de protecteur tandis que l'autre sera dans un rôle de victime ou de mendiant. Une complémentarité est en place et cela fonctionne bien pour les deux, la relation semble être harmonieuse. En réalité elle n'est harmonieuse qu'en surface puisque le besoin fondamental de chaque partenaire n'est pas vraiment reconnu et donc pas comblé.
Il peut aussi arriver que les comportements soient en opposition totale, par exemple lorsque nous avons une personne responsable ou fiable à côté d’un rêveur ou de quelqu’un qui se dérobe sans cesse. Les deux partenaires sont alors en difficulté, bataillent et se blâment continuellement. La relation ne fonctionne simplement pas.
Dans toute relation de couple, les deux partenaires mettent en actes leurs besoins, même si elles peuvent avoir le même besoin, comme être considéré, reconnu, accepté, respecté ou compris. Cela rend impossible à chacun de vraiment comprendre l'autre. Bien que le besoin non satisfait puisse être le même, le rôle joué peut différer en raison de l'environnement psychologique dans lequel la personne a grandi.
Que ce soit au travail, dans votre entourage familial ou entre amis, je suis certain que vous pouvez reconnaître à quel point ces situations vous sont familières. Comme je l’entends souvent dire, cela crée du mal-être et de la frustration. Beaucoup d'entre vous ne font que supporter cet état de choses, simplement parce que vous ne savez pas comment faire autrement.
Prendre soin de nos propres besoins
La bonne nouvelle est qu'il y a toujours une solution et je suis sûr que vous savez quelle est la solution. Mais la question reste : « Suis-je prêt à prendre les mesures nécessaires ou est-ce que je préfère rester dans une zone d’inconfortable mais connue de sécurité ? »
Si vous voulez vraiment que votre relation de couple fonctionne, qu'elle soit harmonieuse et bienveillante, vous devrez concilier avec vos propres besoins.
Le premier point est de reconnaître quel est le besoin principal qui se cache derrière votre passage à l'acte. Pour cela vous avez déjà quelques éléments sur la façon de procéder avec les entretiens précédents et les exercices proposés aujourd’hui.
Le deuxième point à comprendre est que l'autre personne n'a aucune obligation de répondre à votre besoin, ce n'est pas son rôle. Tout comme ce n'est pas votre rôle de répondre aux besoins de l'autre, sauf lorsque vous êtes dans une dynamique parent/enfant.
Vous devrez prendre soin de vos propres besoins afin d’établir une véritable maturité et entrer en relation à partir de cette maturité et non pas à partir de vos besoins non satisfaits.
Votre dépendance prévaudra jusqu'à ce qu'une véritable maturité s'établisse, jusqu'à ce que vous cessiez de projeter votre monde intérieur de guingois sur l'autre.
Vous occupez en premier lieu de votre besoin va très sûrement changer la dynamique à l'œuvre dans vos relations de couple et cela pourrait aussi avoir un effet positif sur votre partenaire.
Avant de clore cet entretien, j'aimerais mentionner que si vous souhaitez clarifier votre côté de l'une des relations dans lesquelles vous êtes impliqué, vous pouvez utiliser les exercices qui ont été proposés aujourd’hui et dans les précédents entretiens. Vous pouvez également employer cette question : « Qu'est-ce que je veux dans cette relation XXX ? » (Soyez précis)
Pour apporter clarté et compréhension dans une relation de couple, il est également possible de pratiquer des exercices de communication spécifiques liés au couple avec votre partenaire de vie s'il le souhaite et s'il est intéressé. Un engagement solide des deux partenaires est nécessaire pour que cela ne se transforme pas en pugilat.
La recommandation et la condition préalable pour pratiquer ces exercices de communication liés au couple, c'est que vous soyez tous les deux déjà impliqués dans un travail de développement et que vous ayez participé à des ateliers liés au développement personnel. Si c’est votre cas, contactez-moi pour les directives.
Mon objectif avec cet entretien était de vous donner une compréhension plus large de ce que sont et peuvent être les relations pour que votre façon d'être en relation puisse changer et que votre vie devienne plus harmonieuse et épanouie à l'avenir. N'oubliez pas que toute relation peut devenir une source nourricière à condition toutefois que vos propres besoins, vos attirances et vos aversions soient à l'écart.
Merci pour votre écoute patiente et attentive durant cette relation momentanée. Faisons une courte pause avant que je réponde à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_7-Avril-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur Le Besoin d’être Compris.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Pour donner suite aux Questions-Réponses de la semaine dernière, je voudrais vous parler ce soir d'un besoin spécifique auquel tout le monde aspire : Le besoin d'être compris.
Je vais essayer d'être le plus clair possible pour que vous puissiez comprendre ce que j'essaie de transmettre. Et en disant cela, je ressens immédiatement le désir d'être compris dans ma passion de partager avec vous ce que j'appelle ‘le travail’.
À travers ces entretiens, et particulièrement celui-ci, ce n'est pas tant des conseils ou des connaissances que j'essaie de vous transmettre, même s'il y en aura, mais plutôt cette passion pour ce qui est vivant en chacun de nous. La passion d'être curieux de se connaître et de reconnaître ce que nous sommes.
Ce que j'aimerais que vous compreniez, c'est que je suis curieux et passionné par ‘cela’ qui nous fait vivre et comment nous pouvons déconstruire ce qui est faux en nous afin que la Vie que nous sommes puisse s'épanouir à son plein potentiel.
Le besoin d'être compris concerne toujours quelque chose que nous portons en nous, quelque chose qui appelle à être révélé, à être mis au jour pour que ce quelque chose puisse porter ses fruits et être partagé.
Dans l'exercice que je proposerai aujourd'hui à la fin de l'exposé vous aurez l'occasion de comprendre et de mieux reconnaître ce qui en vous aspire à être compris et, à certains égards, ‘vous’ est l'objet principal de cet exposé.
Rappelez-vous, dans ce travail, il s'agit toujours de nous et jamais de quelqu'un d'autre ou de quelque chose en dehors de nous.
Je voudrais, dans un premier temps, faire une distinction entre les besoins et les désirs afin que nous soyons clairs sur ce point.
Les Besoins
Un besoin est une fonction basique chez chaque être humain. C’est quelque chose qui est nécessaire pour qu'une personne vive une vie saine. Comme la plupart d'entre vous le savent certainement, nous venons au monde avec trois besoins fondamentaux : être nourris, protégés et soignés. Ce sont nos besoins existentiels, sans eux nous ne pourrions pas survivre.
Au fur et à mesure que nous grandissons et nous nous développons, nos besoins grandissent et se développent également dans le sens où leur gamme s'élargit et devient plus ciblée ou plus spécifique. De fait, l’on se retrouve avec deux catégories de besoins.
• Les Besoins Physiques tels que le besoin de se nourrir, de faire de l'exercice, de se reposer et de jouer. Ceux-ci sont souvent appelés : 'Besoins Objectifs'.
Et
• Les Besoins Psychologiques comme être accepté, soutenu, respecté et compris, pour n'en nommer que quelques-uns. Ceux-ci sont labélisés : ‘Besoins Subjectifs'.
Ces besoins psychologiques ou subjectifs sont tout aussi importants pour notre croissance que les besoins physiques, à la différence près que lorsqu'ils sont satisfaits et nourris pendant notre enfance et notre adolescence ils ont tendance à s'estomper et ne sont plus au premier plan de nos préoccupations. Ils s'atténuent parce que la confiance, l'estime de soi et la maturité ont naturellement pris racine.
La plupart du temps cependant, ces besoins psychologiques ne sont pas satisfaits et la personne reste immature, enfantine, même si elle a 40, 50 ans ou plus. Et cette immaturité devient la source de relations malsaines, où chaque partenaire demande sans cesse, et avec insistance, à l'autre de répondre à ses besoins, créant ainsi une relation de codépendance.
Comme il s'agit d'une situation très courante, je parlerai des relations de codépendance lors de notre prochaine réunion en avril.
Les besoins physiques sont en lien avec ‘Avoir’. Nous avons besoin d'air, de nourriture, d'eau, de chaleur, de repos, de jeu, de protection (vêtements, abri), de reproduction et de sexualité afin d'être en vie et de vivre dans la vie. Ces besoins physiques sont indispensables à notre incarnation.
Les besoins psychologiques sont eux en lien avec ‘Être’. Ils concernent le développement et le bien-être de notre cœur et de notre essence. Notre essence est amour et acceptation. De fait, être aimé est comme un grand parapluie qui englobe : être accepté, être vu ou reconnu, être compris, être soutenu, être accompagné, être inclus et valorisé pour ne nommer que quelques-uns de ces besoins.
Avec un travail intérieur et une compréhension adéquate, nous pourrions réduire ou même abandonner complètement nos besoins psychologiques à mesure que nous nous enracinons dans notre Essence ou notre Être. Il ne sera toutefois pas possible de rejeter ou d'abandonner nos besoins physiques puisqu'ils sont vitaux à notre survie.
Les Désirs
Lorsque les besoins psychologiques n’ont pas été satisfaits, non seulement ils créent un vide profond en nous qui nous fait nous comporter comme des mendiants, mais ils suscitent également des envies et des désirs.
Les désirs sont orientés vers le vouloir et sont entièrement psychologiques, même s'ils peuvent s'exprimer physiquement, puisqu'ils sont une envie de quelque chose d'extérieur à nous (le désir d’avoir) ou un désir d'être autre que nous sommes (le désir d’être).
Les Désirs d’Avoir et les Désirs d’Être
• Les désirs de pouvoir, de gloire, de connaissance, de sexe ou d'approbation sont certainement les principaux. Même le désir d'éveil ou d’union à Dieu sont essentiellement un besoin psychologique.
• Le désir de posséder, de plaire, de gagner quelque chose, d'améliorer les autres, de faire du mal, d'avoir un enfant et de contrôler (soi ou les autres).
Quelle est la source du désir ?
Dans les temps anciens, la plupart des gens naissaient à partir d'un besoin, le besoin de perpétuer la lignée ou la race ou simplement dans le but de soutenir les parents et les aînés dans leur vieillesse et c'est encore le cas dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans les zones rurales. Cela fait partie d'un besoin de sécurité.
À mesure que la situation économique s'est améliorée, quelque chose a changé et de nos jours, la plupart des gens ne sont pas nés d'un besoin, mais d'un désir. Le désir d'avoir un enfant, le désir d'avoir des relations sexuelles, le désir de procréer, d'être mère ou père ou encore le désir d'être respecté ou complimenté par les autres pour avoir donné naissance.
Que nous soyons nés d'un besoin ou d'un désir, quelque chose ne va pas dans le sens où l'Amour est absent. Rares sont ceux qui sont vraiment nés de l'Amour.
Je mentionne ceci parce que cela fait une différence si nous sommes nés d'un besoin, d'un désir ou de l'amour. Selon le cas, cela laisse une empreinte chez l'enfant à naître et cette empreinte va influencer sa vie en créant des comportements liés à l'environnement psychologique de ses parents.
Ce qui était à l'origine un besoin de survie est maintenant devenu un désir de pouvoir ou un moyen d'atteindre ou de réaliser quelque chose.
Où se trouve la racine du désir ?
La racine du désir se trouve dans le désir inné, naturel, de chaque être humain d'être entier. Il y a, en chaque être humain, un désir d'union. Union avec notre ‘Essence’. L'essence ou la ‘conscience inaltérée’ est ce dont nous sommes nés et ce désir d'union est comme une force qui nous tire inconsciemment de l'inconscience à la conscience. Une énergie qui pousse les gens à rechercher des moyens d'atteindre une forme de bonheur ou d'extase par le sexe, la spiritualité ou la religion et bien souvent de nos jours par la drogue. Quelque chose qui les emmènera au-delà de leur vie conditionnée habituelle. Ce désir d'union est le mouvement même de la Vie, c'est la Vie elle-même.
Le problème avec les désirs est qu'ils créent une tension psychologique chez l'individu et par conséquent une souffrance, tout comme le font les besoins psychologiques non satisfaits. C'est ce dont le Bouddha parlait. Il parlait de l'extinction des désirs et des besoins psychologiques et non pas de l'extinction de nos besoins fondamentaux. Être sans désir est possible alors qu'être sans besoin ne l'est pas puisque de la naissance à la mort nous aurons toujours des besoins physiques. C'est aussi le but de tout travail spirituel ou de développement personnel que de se libérer de l’emprise de nos désirs.
Le Besoin d'être Compris
Maintenant qu'une clarification entre besoins et désirs est établie, intéressons-nous plus précisément au besoin d'être compris.
De tous les besoins psychologiques que nous portons, certains sont basiques et d'autres superficiels. Le besoin d'être compris est probablement le plus important, car il est profondément enraciné dans notre nature d'être humain.
Qu'implique être compris ?
Être compris ne signifie pas simplement que les mots prononcés sont compris. Oui, c'est important, mais ce n'est que la couche apparente, l'essentiel est que la personne se sente reconnue dans son individualité, dans sa spécificité, pour qui elle est. Et c'est important parce que cette reconnaissance permet à la vie de couler librement.
Nous sommes la Vie, le Vivant. La vie coule à travers nous et lorsque la vie est reconnue, elle s'épanouit. Regardez un enfant qui est compris dans ses besoins, dont les besoins sont comblés, il se sent immédiatement satisfait et un sourire jaillit de son cœur.
Être compris est essentiel pour notre croissance, aussi essentiel que nos besoins physiques. C'est pourquoi je dirais qu'être compris est non seulement vital, essentiel, mais aussi primordial.
Si vous vous souvenez, lors d’un entretien précédent, j'ai parlé de mon entêtement et comment le fait que quelqu’un le reconnaisse m'a aidé à comprendre quelque chose de moi que je ne pouvais pas voir.
Ce que je n'ai pas mentionné lorsque j'en ai parlé, c'est qu'après avoir été pris en flagrant délit d'entêtement, j'ai commencé à me demander : ‘Qu'est-ce que cet entêtement, d’où vient-il et qu'est-ce que j'essaie de manifester à travers cet entêtement ?’
Peu à peu, j'ai commencé à réaliser qu'en fait tout ce que je voulais était d'être compris et certainement pas jugé. Alors j'ai continué avec cette question : ‘Qu'y a-t-il en moi qui n'ai pas été compris ?’
Je suis resté avec la question pendant un certain temps, une réponse est venue : ‘J'ai besoin de connexion, j'ai besoin de contact, j'ai besoin de me sentir vivant, laissez-moi être en vie !’
Bien sûr, cette réponse est liée à mon histoire personnelle et au fait que mes parents avaient peur de me laisser libre de bouger à ma guise pour ‘explorer le monde’ ce qui leur faisait garder un contrôle serré et strict sur mes allées et venues.
La connexion dont j'avais besoin se situait au niveau plus subtil d'une compréhension mutuelle. La reconnaissance qu'en tant qu'enfant, il m’était crucial de laisser couler ma vitalité, sinon je mourrais. Et d'une certaine manière, je suis mort de tristesse de ne pas avoir pu laisser ma débordante vitalité s'exprimer comme elle le voulait. Inconsciemment, j'ai mis un couvercle sur ma vitalité et je suis devenu le bon garçon que mes parents voulaient, surtout mon père.
C'était mon expérience, mais je suis tout à fait certain que beaucoup d'entre vous partagent une situation similaire. La différence ne peut être qu'une différence d’environnement.
La compréhension de ce dont j'avais vraiment besoin est venue du fait que quelqu'un m'a parlé de mon entêtement. Cela a agi comme un déclic pour moi et m’a permis de réaliser quelque chose à mon sujet que personne jusqu’ici n'avait compris, pas même moi !
Le besoin d'être compris a deux faces et chaque face est elle-même une pièce de monnaie à deux faces. Être compris par quelqu'un, en particulier par nos parents, est vital en tant qu'enfant et une nécessité en tant qu'adulte. Mais le plus important est de se comprendre soi-même. C'est d'une importance primordiale parce que si nous ne nous comprenons pas, si nous ne comprenons pas le désir profond qui est nous, comment allons-nous exprimer ce besoin ou ce désir et être compris à ce sujet ?
C'est de cette pièce à double face que je parlais. Si nous n'exprimons pas notre besoin, notre désir, comment pouvons-nous être compris par un autre ? Ce n'est pas possible. Personne ne nous comprendra si nous n'exprimons pas d'abord clairement notre besoin.
En tant qu'enfants, les parents sont ceux qui sont censés reconnaître et satisfaire nos besoins. Mais souvent, le problème est qu'ils n'ont pas eux-mêmes reconnu leur propre besoin, alors comment peuvent-ils reconnaître le besoin de leur enfant. Ce n'est pas possible ! Et puisqu'un enfant n'est pas à même de conceptualiser et d'articuler ses besoins ou ses désirs, il lui devient difficile d'exprimer clairement ses besoins autrement que par des comportements détournés.
En tant qu'adultes, nous devons comprendre qu'il est de notre responsabilité d'être compris. Cela n'appartient pas entièrement à l'autre de nous comprendre. Il est de notre responsabilité d'articuler clairement notre besoin ou ce que nous voulons et de le faire passer à l'autre de manière qu'il puisse être reçu et compris.
Pour cela, nous avons besoin de clairement savoir ce que nous voulons réellement. Le trouver est souvent un long et sinueux chemin, car ce que nous désirons tant est enfoui depuis longtemps dans notre inconscient.
Ce que je viens de dire peut clarifier pour vous pourquoi je mentionne et insiste souvent à propos de la trilogie transformatrice => Reconnaître, accepter et exprimer comme étant la clé d’une transformation. Et aussi pourquoi, dans les entretiens individuels, je pose d’emblée cette question : ‘Que voulez-vous ?’
Savoir ce que nous voulons ou ce dont nous avons besoin est une étape clé car lorsque nous pouvons exprimer nos besoins et sommes compris par un autre dans notre spécificité, nous nous sentons joyeux, satisfaits et détendus alors que lorsque nous ne sommes pas compris nous devenons déçus, déprimés, frustrés ou même en colère et vindicatifs.
Voyez l'importance de ces deux côtés : être compris et se faire comprendre.
L’on peut assurément approfondir plus avant sur les besoins, les désirs et le fait d’être compris, mais pour l'instant je voudrais vous proposer de mettre en pratique ce dont je viens de parler.
La pratique est simple et vous pouvez la faire chez vous, tout ce dont vous avez besoin est un carnet et un stylo.
Voici la question que vous devrez vous poser : « Qu'est qui, de moi, n'a pas été compris ? »
En relation avec les points suivants :
→ Par mes parents lorsque j'étais enfant
→ Par mes parents à l'âge adulte
→ Par mon conjoint ou mon petit ami/ma petite amie
→ Par mon patron (si vous en avez un)
→ Par mes collègues (si vous êtes dans cette situation)
→ Par mes amis
Et pour finir
→ Par moi, à propos de moi
Listez ces différentes consignes avec un large espace entre elles afin de pouvoir écrire ce qui ressort de votre questionnement.
La procédure est simple. Vous posez la question à voix haute et vous la laissez résonner en vous un moment. « Qu'est-ce qui, en moi, n'a pas été compris par mes parents lorsque j'étais enfant ? »
Il sera peut-être nécessaire de répéter la question plusieurs fois afin de ‘réveiller’ votre mémoire subconsciente.
Ne soyez pas pressé de vouloir trouver une réponse, laissez plutôt la réponse venir à vous. Votre mémoire subconsciente le sait déjà, elle a juste besoin d'un peu de temps pour remonter à la surface et devenir consciente.
Rappelez-vous, la question, puis une pause ou une attente silencieuse. C’est dans cette attente silencieuse que quelque chose émergera, ce sera la réponse à votre question. Cette réponse peut prendre la forme d'un souvenir, d'une sensation ou d'un sentiment, peu importe. Tout est acceptable.
Écrivez-la ensuite brièvement en commençant par ces mots : « Ce qui n'a pas été compris par mes parents (dans cet exemple) c'est…» (notez la réponse qui est montée).
L'idée est de prendre ce qui vient spontanément, de ne pas trop laisser le mental interférer en analysant, en cherchant ou en faisant des efforts. Soyez curieux et ludique. Les réponses qui monteront seront généralement positives, toutefois certaines réponses pourront apporter des larmes ou une émotion forte, soyez préparé en sachant qu'il est tout à fait normal d'avoir ce besoin ou ce désir, même si vous en avez honte et avez aussi honte de le communiquer. De toute manière, pour le moment vous ne faites que l'écrire, alors permettez-vous d'avoir honte si c’est cela qui vient !
La deuxième partie de la pratique
Posez-vous cette question : « Pourquoi cela (ce que vous avez reconnu dans la première partie à votre sujet) n'a-t-il pas été compris par… ? »
Ai-je été clair sur mon besoin ? Ai-je clairement exprimé mon besoin ou mon désir ?
Comme je l’ai mentionné précédemment, parfois nous ne sommes pas compris parce que nous ne sommes tout simplement pas clairs sur notre besoin ou ne l'exprimons pas clairement et pensons ou croyons que l'autre va ou doit nous comprendre. Qu’il va prendre pour acquis quelque chose qui n'est pas forcément évident.
Ce petit exercice peut aussi être pratiqué avec un partenaire. Pour ceux d'entre vous qui ne sont pas familiers avec les Intensifs d’Éveil, c'est ce format de communication, reconnaître, accepter et exprimer à un partenaire silencieux et qui ne juge pas, qui est proposé et pratiqué pendant ces intensifs d’éveil.
Partager avec un partenaire ce qui n'a pas été compris de vous est plus efficace dans le sens où lorsque vous exprimez votre problématique et par conséquent votre réalité, cette réalité est entendue par quelqu'un et c'est exactement ce que vous recherchez ; que votre réalité soit comprise par quelqu'un. Que vous, en tant que totalité, êtes compris.
Être compris par quelqu'un est crucial pour notre développement et notre bien-être, surtout en tant qu'enfant et adolescent. Cela apporte une paix, une détente et un contentement. Cela apporte aussi un sentiment d'être pris en compte, d'exister. Être compris apporte confiance en soi et maturité, ce qui est bien et nécessaire. Cependant, se comprendre soi-même est encore plus important et c'est vraiment le point que j'aimerais faire avec cet entretien. Parce que lorsque nous comprenons ce qui se passe en nous, nous commençons à découvrir ce que nous voulons vraiment. Nous commençons à découvrir ce qui nous a manqué et ce à quoi nous aspirons tant.
Une chose est certaine, vous ne serez jamais compris si vous vous abstenez de vous exprimer et plus précisément d’exprimer vos besoins.
Notre réunion touche à sa fin et avant de clore, je voudrais vous encourager à oser. Efforcez-vous de vous exprimer aussi pleinement que possible, de tout votre cœur, pour qu’une compréhension puisse surgir et remplir vos cœurs de contentement.
Merci pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_24-Mars-2020
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence vidéo donnée sur la plateforme Zoom sur l'importance de la Vérité et d'Être Vrai dans le travail de développement personnel et plus spécifiquement dans le travail avec l'enfant intérieur.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire,
Comme mentionné lors de notre précédente rencontre, je veux attirer ce soir votre attention sur l'importance de la Vérité et d'Être Vrai dans le travail de développement personnel et plus spécifiquement dans le travail avec l'Enfant Intérieur.
Dans le contexte du travail avec l’Enfant Intérieur, qu’est-ce que la vérité ?
La vérité est-elle quelque chose dont quelqu'un devrait nous parler ? Est-ce quelque chose en quoi nous devons croire ? Est-ce quelque chose de spécial que nous devons dire ou un certain comportement que nous devons adopter ?
Non, ce n'est rien de tout cela. La vérité n'a rien à voir avec des idées, des croyances ou avec quelque chose d'extérieur à nous. La vérité émerge chez une personne lorsqu'il existe un lien direct entre ce qui est ressenti à l'intérieur et ce qui est exprimé. En d'autres termes, lorsque vous êtes ce que vous exprimez.
Vous pouvez voir cela se produire chez les jeunes enfants, leur comportement et/ou leurs paroles expriment exactement le tempo (la nature) de leur monde intérieur. Dans leur spontanéité, ils sont une manifestation directe de la Vérité.
Malheureusement, c'est rarement le cas pour la majorité des adultes. Pour diverses raisons, les adultes ont tendance à être déconnectés de leur monde intérieur. Il n'y a pratiquement aucune pertinence entre leur parole ou leur comportement et leur monde intérieur, ce qui veut dire qu'ils sont souvent dans le déni ou dans un manque d’honnêteté avec eux-mêmes. Ce dysfonctionnement n'est bien sûr pas intentionnel, il est généré à un niveau inconscient et la conséquence est le développement d'un faux sentiment de soi.
Ce faux sentiment de soi amène les adultes à vivre loin de leur monde intérieur, loin de leur moi authentique, ce qui tend à générer en eux un profond mécontentement souvent accompagné d'amertume. Le but du travail avec le concept de l’enfant intérieur est de dissiper ce faux sentiment de soi pour que le moi authentique puisse émerger. Autrement dit, travailler sur l'enfant intérieur aide à passer du mensonge à la vérité, du déni à la reconnaissance et plus avant, à l'acceptation.
C'est probablement l'une des tâches les plus difficiles que l'on puisse entreprendre, car le mensonge est tellement présent, tellement ancré en nous qu'il devient difficile de le reconnaître pour ce qu'il est, une hypocrisie, une fausseté multicouche.
La difficulté devient encore plus ardue lorsque nous essayons d’en percer ses différentes couches. Retrouver l'accès à notre ‘moi authentique’ ne peut se faire qu’en utilisant notre faux-moi comme outil pour traverser les couches de ce faux moi, tout simplement parce que ce faux moi est la seule entité tangible dont nous disposons.
Conscient de ce fait, retrouver l'accès à notre moi authentique semble être une tâche impossible, voir une énigme insoluble et vous pouvez vous demander « Comment est-ce possible d'utiliser le faux-moi pour dissiper le faux-moi ? »
Croyez-moi, c'est possible.
C'est possible parce qu'en tant qu'êtres vivants, nous sommes doués d'Intelligence et de Discrimination.
L'intelligence est la capacité d'acquérir, de comprendre et d'utiliser des connaissances. La discrimination est la capacité de faire des distinctions, de différencier. Sans elles nous ne pourrions pas survivre. Elles sont à la fois notre force motrice et notre mécanisme de protection et nous utilisons constamment ces deux qualités dans notre quotidien.
L'intelligence dont je parle n'a rien à voir avec le niveau de notre QI et je voudrais ajouter que l'intelligence et la discrimination ne sont pas spécifiques aux êtres humains, elles sont intrinsèques à la Vie elle-même. Elles sont le fondement même de la Vie, les éléments essentiels de la Vie, du vivant. La vie n'existe et ne se perpétue que grâce à ces deux principes : Intelligence et Discrimination. S'il n'en était pas ainsi, nous ne serions pas là pour en parler, nous n'existerions pas. Regardez la Vie tout autour de vous et vous serrez à même de reconnaître son intelligence et sa capacité à discriminer pour grandir et vous épanouir.
Dans notre effort pour mettre au jour les couches du faux moi et progresser vers notre moi authentique à travers les couches du faux moi, ces deux principes que sont l'intelligence et la discrimination vont être nos plus précieux alliés.
Cet exposé et la pratique de l'exercice qui suivra vous montreront comment ces deux principes peuvent être utilisés pour dissiper la confusion et gagner en clarté.
Mais tout d'abord.
Qu'est-ce que le ‘faux moi’ et comment un faux moi se met-il en place ?
Le faux moi est une entité qui se met en place inconsciemment, c'est-à-dire indépendamment de notre volonté. Cette entité s’autocrée pour tenter de réduire l'anxiété associée aux désirs instinctifs et aux sentiments douloureux résultant d'événements traumatisants, d'une éducation inappropriée et de croyances infondées.
Le faux moi est le malencontreux résultat de nos mécanismes de protection.
Les enfants sont par essence innocents, vulnérables et dépendants. Ils ne connaissent pas grand-chose à la vie et au monde qui les entoure et ils ont certainement besoin de conseils, de soutien et d'une orientation appropriée pour se frayer un chemin vers l'âge adulte. Un enfant a aussi un sens intérieur, une ‘sagesse innée’ de ce qui lui convient ou ne lui convient pas. Bien qu'il ne puisse pas le conceptualiser, un enfant sent et ressent ce qui se passe énergétiquement dans son environnement immédiat et ce discernement n’est autre que l'Intelligence et la Discrimination à l’œuvre.
Avec l'éducation et les nombreuses situations difficiles qu'il rencontre au cours de sa croissance, l’enfant commence à perdre sa capacité à reconnaître ce qui lui convient ou ne lui convient pas. Qui plus est, il n'a souvent même pas la possibilité d'exprimer ses opinions et ses sentiments et doit plutôt obéir ou suivre ce que ses aînés lui disent. Pour avancer dans la vie, pour survivre, l’enfant a tendance à tenir pour acquis ce que ses parents ou ses aînés lui inculquent. Il accorde innocemment et généreusement sa confiance aux adultes avec cette forme de pensée : « Ils doivent savoir mieux que moi puisqu'ils sont mes parents ou mes aînés ».
Ce faisant, au fil des années, l'enfant commence à renier ses propres sentiments et son sens de la vérité au profit de ceux des autres. Peu à peu, il perd inconsciemment la connexion avec son moi authentique et commence à se comporter à partir d'un moi complaisant, à partir d’un faux moi pour que ses besoins soient satisfaits.
Il commence alors et de manière inconsciente, à se comporter à partir d'un faux moi et s’identifie peu à peu à ce faux moi. L’identification a le pouvoir de nous aveugler et de masquer notre faculté innée d’intelligence et de discrimination.
Comment identifier, reconnaître le faux moi ?
Reconnaître le faux moi est, à certains égards, assez facile. Le faux moi se nourrit de jugements et non de faits. Il se nourrit de comparaison et de croyances infondées, il se nourrit de peur et de contrôle. Les émotions, plutôt que les sentiments, sont le territoire préféré du faux moi.
Le faux moi clamera : ‘Ce ne peut pas être vrai’, même face à la réalité. Le faux moi aura tendance à généraliser et à assener des généralités. ‘Ils sont tous contre moi’ ou ‘Je déteste tout le monde’ sont quelques-unes des devises du faux moi.
Si j'ai la conviction que le monde est là pour m'avoir, ou que personne ne m'aime, ou que mon partenaire, mes amis ou ma famille me détestent, alors je trouverai beaucoup de preuves pour cela et j'ignorerai toute preuve qui puisse contredire cela.
Tous ces petits éléments de ‘preuve de confirmation’ sont soigneusement collectés, de même que notre irritabilité face à chaque situation. C'est le faux moi au travail.
Pour vous donner un exemple, il n'y a pas si longtemps dans une séance individuelle, une personne était totalement dans cette dynamique : ‘personne ne m’aide’. Elle se connectait à de nombreuses situations de sa vie où elle n'avait pas été soutenue, exprimant sa rage et son désespoir de ne pas être soutenu. Lorsque sa décharge émotionnelle s'est terminée, je lui ai demandé : ‘Quand t'es-tu sentie soutenue pour la dernière fois ?’ Elle n'a pu identifier aucune situation où elle s'était sentie soutenue, sa réponse à ma question était: ‘Je n'ai jamais été soutenue, personne ne m'a jamais soutenue.’
C'est un comportement typique de faux moi et elle n’était pas à même de reconnaître qu'en ce moment même je la soutenais dans la résolution de son problème. Lorsque je lui ai fait remarquer cela, elle a hésité un instant puis a reconnu qu'en fait, oui, dans cette situation actuelle, elle était soutenue.
Ce qui s'est passé, c'est qu'elle était si totalement immergée dans son faux moi qu'elle a omis la réalité présente. Son intelligence et sa discrimination ont été aveuglées par le faux moi, par son mécanisme de protection parce que c'est ce qu'est le faux moi, un mécanisme de protection.
Pour que cette personne sorte de ce mécanisme de protection et d’évitement et retrouve un accès au discernement et à la réalité, elle n'avait besoin que d'un petit coup de pouce. Après cela, elle a pu reconnaître que : ‘En fait oui, j'ai été soutenue à différents moments de ma vie’ et elle a pu se remémorer ces moments d’aide et de soutien.
Une relaxation et une joie ont commencé à se manifester et elle s'est sentie plus vraie, plus authentique.
Une autre façon pour le faux moi d'exister est de se maintenir dans une histoire. Raconter son histoire est de loin la force motrice par excellence du faux moi. Lorsque les gens viennent pour réaliser ce travail sur l'enfant intérieur, ils commencent généralement par raconter l'histoire de ce qui leur est arrivé ; les blessures, les humiliations, leurs déceptions, leurs colères ou les comportements qui entravent leur vie. Ils racontent cela dans l'espoir de se libérer de tous leurs sentiments douloureux et non désirés.
Il ne fait aucun doute que leur histoire est vraie, qu'ils n'inventent pas. Ces situations douloureuses se sont produites et elles ont produit des blessures, des traumatismes, mais raconter l'histoire de la blessure n'aide pas vraiment à la guérison, car l'histoire en elle-même n'est pas liée à la vérité de la personne, elle tourne toujours au sujet de la personne.
Lorsqu'une personne parle au sujet de ses problèmes, elle parle généralement depuis son mental et le mental est toujours déconnecté des sensations et des sentiments. Chaque fois que nous disons quelque chose qui n'est pas lié à nos sensations ou à nos sentiments, la vérité de la personne n’est pas vraiment transmise. L'histoire est peut-être vraie, mais la connexion ne l'est pas.
Lorsque cela se produit, nous parlons à partir d'un ‘faux sens du moi’, un sens déconnecté de la réalité d’un moi authentique. C'est le faux moi qui est à l’œuvre.
Bien sûr, parler de ce qui s'est passé crée une ouverture et aide à se décharger d'un fardeau qui est souvent ressenti comme trop lourd à porter. C'est une étape nécessaire et la personne peut même se sentir plus détendue après avoir raconté son histoire, ce qui est une bonne chose, mais cela ne génère pas de réels changements pour la personne car tout vient d'un faux sentiment de soi.
Le changement surviendra lorsqu'une connexion entre ce qui est ressenti à l'intérieur et ce qui est exprimé aura lieu. Lorsque cette connexion a lieu, non seulement la personne se sent vraie, mais le son de sa voix est également différent. En ce sens, nous pouvons dire que la Vérité a un son.
Certains d'entre vous ont peut-être vécu cela en exprimant un sentiment lors d'une méditation active par exemple. Vous exprimez et vous continuez à exprimer le même sentiment et cela semble toujours incomplet, comme si ce sentiment n'avait pas de fin et que vous êtes condamné à vivre avec ce sentiment pour toujours. Pourtant, à un moment donné, alors que vous continuez à vous exprimer, une connexion s'établit à l'intérieur de vous, l'expression change complètement et vous avez l'impression d'exprimer ce sentiment pour la première fois.
Ce qui vient ensuite est un sentiment de liberté, de plénitude et d'achèvement. Je l'ai fait, j'ai exprimé ce que j'essayais d'exprimer depuis longtemps.
Certains d’entre vous ont-ils fait cette expérience ?
Sortir du faux moi
Sortir du faux moi implique de prendre du recul pour qu’une discrimination puisse s’opérer. Utiliser l'intelligence et la discrimination pour confronter, questionner et douter de nos croyances, de nos idées et de nos jugements est la clé pour démasquer le faux moi. Il faut être curieux et questionner en posant cette question : ‘Est-ce vraiment vrai ?’
Chaque fois que vous vous surprenez à raconter une histoire sur vos problèmes ou à porter un jugement sur quelqu'un ou sur vous-même, rappelez-vous que le récit et les jugements sont des distorsions de la réalité, tandis que les sentiments et les faits sont des événements réels. En vous souvenant de cela, vous confronterez le faux moi. Et lorsque vous faites cela, vous discriminez, vous séparez le faux du vrai et vous vous rapprochez ainsi de votre authenticité.
Bien plus peut être dit sur la vérité et le fait d’être vrai, mais pour l'instant, je voudrais proposer de mettre en pratique ce dont je viens de parler.
La pratique est simple et vous pouvez la faire chez vous, tout ce dont vous avez besoin est un carnet et un stylo.
Sur une page, listez certaines des idées et/ou croyances que vous avez sur vous-même.
Par exemple :
→ Personne ne m'aime
→ Je fais toujours des erreurs
→ Je ne suis pas digne d'amour
→ Je n'y arriverai jamais
→ Je suis plus intelligent que les autres
Ces idées ou croyances peuvent être négatives ou positives.
Une fois que vous avez listé 5 idées ou croyances sur vous-même, arrangez-les en ordre croissant, de la moins parlante à la plus parlante pour vous et laissez un bon espace entre elles.
Maintenant, prenez la première, lisez-la à haute voix plusieurs fois afin que les situations qui y sont liées puissent vous venir à l'esprit et notez ces situations en quelques mots sous l'énoncé.
Une fois que vous avez fait cela, posez-vous cette question : ‘Est-il vrai que personne ne m'aime ?’ pour prendre le premier exemple.
Répétez la question plusieurs fois en rapport avec votre croyance. Questionnez, confrontez, soyez curieux ; ‘Est-ce bien vrai ? N'y a-t-il pas eu des moments où j'ai été aimé, où quelqu'un m'a aimé ?’
Notez succinctement ces moments ou ces situations où vous vous êtes réellement senti aimé en regard de la situation où vous ne vous êtes pas senti aimé.
Fermez les yeux et faites une pause un instant.
Maintenant, ouvrez les yeux et regardez chacune de vos notes pour cette croyance.
Pouvez-vous vraiment dire que personne ne vous a jamais aimé ?
Lorsque vous réalisez qu’en fait vous avez bien été aimé quelques fois, votre faux-moi est dévoilé. Vous entrez dans la vérité, vous êtes honnête avec vous-même.
La vérité n'est pas quelque chose d'extraordinaire, la vérité est simplement ce qui est réel et lorsque vous exprimez la réalité, vous êtes la vérité.
Vous pourrez continuer à pratiquer cet exercice à votre rythme chez vous. J'aimerais maintenant prendre un peu de temps pour répondre aux questions que vous pourriez avoir sur l'exercice que nous venons de faire ou plus généralement sur le sujet de cet exposé.
Le temps des questions…
Nous arrivons maintenant à la fin de cet entretien et j’aimerais conclure avec ces mots « Ce n'est pas ce que vous semblez être qui est important ; ce qui est important et peut donner un sens à votre vie, c'est de devenir qui vous êtes vraiment ».
Merci à tous pour votre écoute patiente et attentive.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_10-Mars-2020
Le texte qui suit est la transcription d'une conférence audio donnée sur la plateforme WeChat sur la résolution des problèmes personnels et sur la relation entre le mental, les sentiments et le corps.
Chers amis sur le Chemin,
Bienvenue dans ce salon WeChat,
Ce soir, j'aimerais clarifier pourquoi il peut être difficile de résoudre des problèmes personnels ainsi que la relation entre le mental, les émotions et le corps.
Une personne demande. « J'ai pris de nombreuses séances individuelles pour gérer mon problème d'abandon, pourtant j'ai toujours la peur d'être abandonné. Pourquoi est-ce ainsi ? »
Un chemin de transformation commence généralement, mais pas toujours, par une tentative de comprendre ce qui se passe pour nous. Pour la plupart des gens, c'est une difficulté rencontrée dans leur vie qui les pousse à entreprendre ce voyage. Ce peut être un conflit relationnel, un divorce, une dépression, une maladie ou le décès d'un être cher. La personne se sent perdue et ne sait pas comment résoudre cette situation, ne sait plus comment être dans sa vie, comment continuer à vivre. Elle peut être confuse ou même en état de choc, elle commence alors à chercher de l'aide pour mettre fin à sa confusion et espérer résoudre son problème.
La solution la plus généralement adoptée est de consulter un conseiller ou un thérapeute pour comprendre intellectuellement ce qui se passe et ainsi tenter de dénouer la situation.
Cela semble être une manière tout à fait appropriée de procéder, puisque notre mental ou plus précisément notre faculté de penser a pris le premier plan dans notre vie. Pour la majorité des gens, la vie est vécue à travers ou via la compréhension intellectuelle.
En tant que telle, la compréhension intellectuelle est un outil idéal et merveilleux que nous avons à notre disposition pour saisir et résoudre toute situation que la vie nous présente. Notre faculté à penser avec son approche logique et son discernement nous aide à aller de l'avant. Cette expérience est très certainement commune a beaucoup d’entre vous et vous avez pu reconnaître qu'une fois qu’une compréhension intellectuelle s’est faite, un soulagement, une détente lui fait immédiatement suite. La confiance revient et nous retrouvons notre capacité à aller de l’avant et à être créatifs.
Pourtant, ce que l'on ne voit pas, c'est que la compréhension intellectuelle ne traite que de ce qui est apparent, elle ne traite pas la cause profonde du problème. Cause qui réside très souvent dans le subconscient ou même plus loin dans la partie inconsciente de notre cerveau.
L'aspect caché de la compréhension intellectuelle, c'est qu'elle est aussi liée et au service, pour ainsi dire, a une autre partie de notre cerveau. Le cerveau reptilien qui est en charge et surveille toutes les fonctions vitales de notre systèmes psychocorporel comme la respiration, les battements cardiaques, la digestion ainsi que de nombreuses autres fonctions dont notre survie dépend.
Tous nos modes de comportement sont indexés à un mécanisme de survie. Lorsque nous nous mettons en colère, par exemple, c'est parce que d'une certaine manière nous nous sentons menacés. Lorsque nous pleurons, c'est pour décharger notre cœur de quelque chose qui est ressenti comme trop lourd et donc menaçant pour notre survie. La plupart de nos actions dans la vie, la plupart de nos modes de comportement sont une réponse indirecte de ce mécanisme de survie.
Pour résumer, la compréhension intellectuelle ne sert que de pansement couvrant la source du problème. Oui elle nous aide à avancer dans la vie, mais sans traiter la source du problème. Cela nous aide simplement à nous sentir momentanément en sécurité.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Il en est ainsi du fait de deux facteurs.
Le premier est que la cause profonde du problème n'est pas vue et donc pas prise en compte et aussi parce que notre système neurovégétatif est orienté vers la survie. Il met donc de côté ce qu'il ne peut pas assimiler.
Mais ce n'est pas tout, notre système neurovégétatif est également orienté vers la santé et la vitalité et en tant que tel fait de son mieux pour amener au niveau conscient ce qui n'a pas été intégré afin que cela puisse être pris en compte et traité de telle sorte que nous puissions vivre plus librement et plus activement. C'est pourquoi nous nous retrouvons souvent dans des situations similaires, dans des comportements similaires, ce qui nous donne une impression de ‘déjà vu’. Et vous avez peut-être remarqué par vous-même que bien que vous ayez déjà dénoué un problème, il a tendance à revenir de façon répétitive dans votre vie à travers différentes situations et sous différentes formes.
Avez-vous observé cela ?
La raison en est simple, le cœur du problème, sa racine, n'a pas encore été perçu pleinement et le plus important, les sentiments originaux liés à ce problème n'ont pas été exprimés depuis leur source. J'en dirai plus à ce sujet un peu plus tard.
Rose est venue me voir, car sa relation avec son petit ami s'est terminée brutalement et elle ne sait pas comment gérer cette situation.
Voici l’histoire de Rose.
« Je suis un peu perdue et je ne sais pas quoi faire, mon copain m'a quitté pour une autre femme et c'est la deuxième fois que cela m’arrive. Mon ancien petit ami m'a également quitté pour une autre femme. Qu'est-ce qui m'arrive, pourquoi un homme ne peut-il pas rester avec moi plus de quelques mois ? Ne peut-on pas m’aimer, ne suis-je pas ‘aimable’ ? Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Il me semble que l’on ne peut pas faire confiance aux hommes. Bien sûr, je suis jalouse de cette autre femme, qui ne le serait pas. Est-elle meilleure que moi, plus jolie que moi ? Qu'est-ce qu'elle a que je n'ai pas ? Je me sens honteuse et coupable de ne pas être assez forte pour garder un homme avec moi. Qu'est-ce que je suis censé faire, courir après lui, le supplier de rester avec moi comme ma mère l'a fait lorsque mon père l'a quittée pour une autre femme quand j'avais 7 ans ? Je ne veux pas perdre la face et finir déprimée et misérable comme elle.
Je déteste ce type ! Un tel con !
Je déteste aussi mon père pour avoir abandonné ma mère et nous avoir laissés dans la misère. Je déteste aussi ma mère d’être aussi faible, de ne pas s’affirmer et dire ce qu'elle veut vraiment.
Vais-je finir comme elle ? Notre famille est-elle condamnée ? Suis-je condamnée à rester seule toute ma vie ? »
Rose me parlait de ce qui s'était passé pour elle, mais elle était si totalement absorbée par son histoire que j’avais l'impression qu'elle se parlait à elle-même, revivant avec colère le drame de sa vie dans une tentative de comprendre ce qu’il en était. Elle essayait également de se déculpabiliser, de se prouver qu'elle n'était pas en tort, que ce n'était pas sa faute. Elle ne pouvait pas dépasser ce niveau de communication.
Pourtant, au fond d'elle, elle porte la conviction qu'elle a tort, qu'elle est faible et porte en elle qu'un fort sentiment de culpabilité, elle se sent indigne d'être avec un homme. Elle ne pouvait cependant pas se connecter avec ces sentiments et ne remarquait pas qu'elle était en proie à une croyance. Elle utilisait simplement son mental pour tenter de clarifier sa situation.
Que faut-il alors pour que Rose voie plus clairement sa situation et sorte de sa croyance ?
Elle doit comprendre qu'elle n'est pas seulement son mental, sa faculté de penser. Nous ne sommes pas seulement des êtres pensants, que nous sommes aussi des êtres émotionnels avec des sentiments et des émotions.
Chaque être humain est doué de sentiments et chaque situation que nous rencontrons dans notre quotidien déclenche un sentiment, si ce n’est plusieurs.
Lorsque nous voyons un lever ou un coucher de soleil ou l'immensité d'une nuit étoilée, nous sommes émerveillés et nous nous sentons touchés par la beauté qui s'offre à nos yeux. Nous pouvons ressentir de l'amour en voyant un être cher et lorsque nous voyons quelqu'un être maltraité nous pouvons nous sentir tristes ou en colère. Il est courant de se sentir joyeux lorsque nous réussissons à réaliser quelque chose ou de nous sentir inconsolables et même honteux lorsque nous avons échoué à quelque chose.
L’éventail des sentiments est vaste, il est comme un arc-en-ciel avec de nombreuses couleurs et nuances.
Les sentiments ne sont pas le problème. Le problème advient lorsque nous ne sommes pas à même d'exprimer nos sentiments tels qu'ils sont, tels qu'ils se manifestent en nous. De nombreuses situations, surtout dans l'enfance, créent de la douleur en nous et si nous ne pouvons pas exprimer les sentiments qui accompagnent ces situations parce que ce n'est pas permis, ou parce que nous craignons d'être jugés ou moqués, ou encore par honte d'exprimer, alors le sentiment est refoulé dans une partie inconsciente de notre psychisme, il y reste jusqu'à ce que nous devenions capables de le gérer.
C’est le refoulement qui crée problème et non le sentiment en lui-même. Lorsque nous réprimons nos sentiments, cela crée une disharmonie en nous et cette disharmonie n'est pas seulement inconfortable, douloureuse, elle crée également ce que certaines personnes appellent le ‘corps émotionnel’ ou le ‘corps de douleur’. Et à moins que nous ne commencions à prendre soin de ce ‘corps émotionnel’, nos vies resteront fades, à moitié vécues et sans joie.
Comment pouvons-nous prendre soin de ce ‘corps émotionnel’ ?
Tout simplement en permettant une connexion avec nos ressentis et en laissant le ressenti s'exprimer. Comme je l’ai mentionné précédemment, notre système neurovégétatif est intelligent. Nous avons cette capacité naturelle d'exprimer nos sentiments et nous le faisons via les émotions. Une ‘émotion’ n'est rien d'autre que l'abréaction d'un sentiment. C'est un sentiment en mouvement, la partie visible d'un sentiment. L’on pourrait comparer cela à la partie visible d'un iceberg, à la surface se trouve l'émotion et en dessous se trouve le sentiment. C'est le ressenti qui fait naître l'émotion et non l'inverse. Ainsi, nous pouvons utiliser l'émotion pour nous ramener au sentiment et lorsque nous sommes à même d'être consciemment avec le sentiment, une transformation a lieu.
Il est pourtant courant pour certaines personnes d’être enferrées dans leurs émotions et de s'identifier à leur émotion. Elles pensent et même croient que c'est ce qu'elles sont et qu'en donnant libre cours à leurs émotions, en les exprimant de manière théâtrale, elles obtiendront la reconnaissance désirée ou l'objet qu'elles veulent obtenir. Cette façon de donner libre cours à ses émotions est très similaire à celle d'un enfant qui fait une crise lorsqu’il n'est pas content de quelque chose ou lorsqu’il veut vraiment quelque chose. L'émotion est alors vécue inconsciemment, sans aucune prise de conscience et cela maintient la personne dans une servitude émotionnelle plutôt que de la libérer. C'est l'attitude typique de la ‘Reine du Mélo’, qui joue la victime dès qu'elle le peut, simplement pour attirer l'attention.
Ce n'est assurément pas la bonne approche.
Pour se libérer du ‘corps émotionnel’, il est important de consciemment revivre l'émotion en relation avec celui que nous étions lorsque nous avons ressenti ce sentiment. Dans la majeure partie des cas l’origine du sentiment se trouve dans l’enfance, il est lié à l'enfant que nous étions autrefois.
Lorsque cette correspondance, cet alignement a lieu, nous ressentons une véritable connexion avec nous-mêmes et notre énergie vitale en est profondément transformée. Nous nous sentons libérés, plus vastes intérieurement, plus détendus et cela s'accompagne généralement d’une joie, d’un contentement.
S'il s'agit par exemple d'un sentiment d'abandon lié à moi lorsque j'étais enfant, j'ai besoin de me permettre de redevenir cet enfant que j’étais et d'exprimer l'émotion et le sentiment tel que cet enfant l’a vécu et non en comme que l’adulte que je suis maintenant.
Le docteur A. Janov, qui a été un pionnier dans ce domaine, parle de ‘l'arbre des sentiments’ lié aux ‘trois lignes de conscience’. Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessous, chaque ligne de conscience fait référence à une partie spécifique de notre cerveau.
Et lorsque nous exprimons un sentiment, c'est cette partie spécifique du cerveau qui est impliquée, comme le montre le schéma ci-dessous.
Dans le cas de Rose mentionné plus tôt, elle parlait à partir de son cortex cérébral, le mental, la faculté de penser de l’adulte. Par conséquent, aucune véritable résolution de son problème n'a pu avoir lieu. Pour que cette résolution ait lieu, il lui faudrait exprimer son sentiment d'abandon dès la deuxième ligne, du temps où elle était cette enfant de 7 ans lorsque son père a quitté sa mère.
Le temps est nécessaire pour ‘revenir’ à la source de la blessure, simplement parce que notre système neurovégétatif a mis en place des barrages, des mécanismes de défense pour nous protéger de ces sentiments ‘inconfortables’. D'où la nécessité de prendre conscience de ces mécanismes afin de ‘débloquer’ un à un ces barrages. Courage et détermination sont nécessaires.
Alan est venu me voir il n'y a pas longtemps. Alan était un bébé prématuré de 7 mois qui souffrait beaucoup de ne pas être la fille que ses parents voulaient. Il souffrait également d’une constante humiliation paternelle ainsi que d'une mère négligente. L'anxiété, l'inquiétude constante, la peur et la dépression étaient ses compagnons quotidiens depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Pour survivre et contrebalancer son cœur endolori, il s'est déconnecté de ses sentiments, de son corps pour se réfugier dans le mental, dans l’intellect.
De ce fait, il sera difficile pour Alan de bénéficier pleinement d’une approche axée sur le mental, sur l’intellect. Il gagnera beaucoup plus s'il commence son voyage en utilisant une approche axée sur un travail corporel. Ce faisant, il déjouera plus facilement les résistances que son mental a mises en place. ‘Le corps sait mieux que la tête’ est un adage bien connu et une réalité dont on peut faire l’expérience. C'est pourquoi, dans les séances individuelles que je donne, j'encourage la personne à ressentir ce qui se passe dans son corps et à laisser le corps ‘parler’, à le laisser exprimer ce qui lui semble juste d'exprimer.
Sachez que ce n'est pas le privilège de notre intellect que d’engranger des souvenirs. Tout comme le cortex cérébral est le siège de notre faculté à penser, nous avons également un deuxième cerveau, dit ‘émotionnel’ situé dans le ventre et plus précisément dans la texture des parois de nos intestins. C'est la compréhension de l’importance de ce cerveau émotionnel que la bioénergie utilise pour libérer les sentiments traumatisants accumulés dans le corps. La bioénergie permet ainsi à un flux plus naturel et sain de se rétablir dans le corps.
En découvrant la mémoire cellulaire, la science a mis à jour le fait que nos cellules portent en elles le souvenir de sentiments heureux et douloureux. Tout comme le disque dur de l'ordinateur stocke des informations, nos cellules stockent elles aussi des informations, elles enregistrent systématiquement les souvenirs, et ce, depuis la première cellule créée dans le ventre de la mère après la fécondation de l'ovule jusqu'à la disparition du corps.
Cette compréhension a une implication importante, car non seulement nos cellules engrangent le souvenir de nos sentiments personnels, mais elles engrangent également les sentiments de notre mère durant les 9 mois que nous passons dans son ventre. Et a une influence sur notre système de croyances et plus tard sur nos modes de comportements.
Malheureusement et contrairement à un ordinateur, nous n'avons pas à notre disposition de bouton ‘effacer’ pour vider nos cellules de leur mémoire. La seule chose qu'il nous est possible de faire est de permettre à une connexion bienveillante de s’établir avec nos sentiments, avec notre corps. Il nous appartient de consciemment et authentiquement faire face à ces mémoires ‘douloureuses’ pour qu'une transformation puisse s’opérer d'elle-même. D'où l'importance de laisser notre bavardage mental et nos jugements devenir de plus en plus silencieux pour pouvoir retrouver notre capacité à laisser parler le corps, à laisser notre corps ouvrir la voie vers ces souvenirs qui maintiennent nos cœurs dans une douloureuse constriction.
Il s'agit d'être avec ce qui est et non avec ce que nous chérissons ou aimerions. Il s'agit de dire oui à ce qui est, il s’agit d’être dans un non-savoir, un non-faire et de laisser la vie couler en nous comme elle le veut, sans interférer, confiant que nous ne pouvons que tirer profit d’un lâcher-prise. Cela demande du courage, de la persévérance et surtout une attitude de non-jugement envers soi-même.
J'aimerais terminer cet exposé en répondant ce qui suit à notre interlocuteur. « De nombreuses personnes vivent leur vie avec le sentiment de culpabilité de ne pas être assez bien, de ne pas être assez compétent, de ne pas être dignes d'être aimés. Mais ce ne sont là que des croyances assimilées, elles n'ont aucune vérité tangible.
Nous naissons tous avec cette capacité d’être aimé puisque qu’au plus profond de nous, nous sommes ‘Amour’ et en tant que tels, nous avons tous cette capacité inhérente à nous guérir par nous-mêmes. Cela dépend uniquement de là où nous portons notre attention.
Merci pour votre écoute attentive. Nous allons maintenant faire une pause avant de répondre à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_Novembre 2019
Le texte qui suit est la transcription intégrale d'une conférence audio donnée sur la plateforme WeChat sur la relation entre Responsabilité et Liberté.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à cette conférence qui a pour thème : « La relation entre Responsabilité et Liberté et comment cette relation influence notre quotidien. »
Voyons d'abord ce que l'on entend habituellement par responsabilité et être responsable.
Souvent, lorsque l’on parle de responsabilité, l’on fait référence à des façons de se comporter selon les usages ou les conventions imposées par notre environnement social. Par exemple : les règles de la circulation, la loi interdisant de voler ou de commettre un crime ou d'abuser d'autrui en quelque manière que ce soit.
Nous considérons qu'il est de notre responsabilité d’être attentif et prudent en conduisant, qu'il est de notre responsabilité de ne pas nuire à autrui, de notre responsabilité de suivre les règles et les lois de la société dans laquelle nous vivons. Si nous manquons à ces responsabilités, nous pouvons nous sentir coupables, être blâmés, traduits en justice pour être condamnés à une amende ou même emprisonnés.
Chaque communauté, chaque société, chaque pays a un vaste éventail d'usages, de règles et de lois pour assurer le bien-être social de ses citoyens et il est entendu que chacun doit se conformer à ces usages, règles et lois. En d'autres termes, chacun doit en être responsable ou en payer le coût.
En outre, il existe également des attitudes tacites communément acceptées, concernant l'éducation des enfants ou le soutien aux aînés. Nous appelons généralement cela des responsabilités. Même pour les enfants, que ce soit à l'école ou à la maison, leurs aînés leur demandent d'être responsables et de se comporter en accord avec certaines règles sociales sous le couvert ‘d'éducation’.
Il est certain que toutes ces attitudes, règles et lois communément admises sont nécessaires pour assurer une vie harmonieuse et adaptée entre les personnes. Pourtant, ce qu'on ne voit pas, c'est que toutes ces attitudes dites ‘responsables’ sont dictées par des règles sociales et qu'elles ne font donc pas vraiment naître un sens des responsabilités. Elles sont plus conformes à une obligation, au devoir et à une contrainte puisque le non-respect de ces règles peut devenir une offense faite à l'autre ou un acte illégal qui peut générer de la culpabilité, de la honte ou même une punition pour la personne ‘irresponsable’.
Bien que celles-ci soient communément appelées responsabilités, je les appellerais plutôt ‘responsabilités extérieures’ car elles sont dictées par l'usage, par la loi ou par les normes sociales. Et comme elles ne sont pas issues de notre propre compréhension, elles tendent à nous asservir en générant une obligation de se conformer aux usages, aux règles ou aux lois imposés. Nous devenons des êtres obéissants plutôt que des individus véritablement responsables.
Compte tenu de ce que j'ai mentionné ci-dessus, que serait alors une ‘véritable’ responsabilité et qu'implique le fait d'être responsable ?
La responsabilité est une capacité à répondre. C'est une ‘capacité de réponse’.
Et pour être en mesure de répondre à une situation qui se présente, la liberté intérieure est nécessaire. Responsabilité et liberté sont les deux faces d'une même pièce de monnaie. Il ne peut pas y avoir de responsabilité sans liberté intérieure, de même qu’il ne peut pas y avoir de liberté intérieure sans un véritable sens de responsabilité.
Comme vous le savez tous, et en avez très certainement fait l'expérience, nous sommes souvent gouvernés par toutes sortes de croyances, de conditionnements et de comportements. Ces croyances, ces conditionnements ou comportements agissent comme un voile sur notre énergie et sur notre capacité à réagir dans la vie. Ils nous emprisonnent plutôt que de nous rendre libres.
Nous aimons penser que nous sommes libres de penser ou de faire ce que nous voulons, mais il n’en va pas ainsi.
Notre soi-disant liberté est superficielle et si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes nous pouvons reconnaître qu'en réalité nous ne sommes pas libres, mais gouvernés par toutes sortes d'idées et de croyances liées à la personnalité que nous sommes. Et à moins que nous ne commencions à nous libérer des croyances et des idées qu’inconsciemment ou consciemment nous portons, il n'est pas possible d'être responsable, d'agir de manière responsable.
Une autre façon insidieuse d'agir sur ce que j'appelle la ‘responsabilité extérieure’ est l'exemple suivant d'Eve.
Eve est une jeune femme qui, dans sa petite enfance, a dû supporter le divorce de ses parents avec sa maman quittant le cocon familial pour commencer une nouvelle vie avec un autre homme. Eve croyait que c'était à cause d'elle que sa mère avait quitté la famille. Elle croyait que c'était sa faute et se sentait par conséquent coupable que sa mère l'ait abandonnée, elle et son père.
À partir de ce jour-là, non seulement elle a assumé la responsabilité d'être la mère de son propre père en remplacement de l'épouse qu'il a perdue, mais chaque fois que sa mère a eu des ennuis en ne se comportant pas conformément à la loi, Eve a estimé qu’il allait de sa responsabilité de venir à son secours, que c’était sa responsabilité d'aider sa mère à sortir de ces situations. Et les membres de sa famille, ses amis la poussaient également à prendre ces responsabilités avec des paroles comme : ‘C'est ta mère, tu dois l'aider, c'est ton devoir filial, tu es responsable’.
Les membres de sa famille et ses amis étaient motivés par un accord social et ne considéraient pas Eve du tout en tant que personne. Ils se concentraient uniquement sur la ‘responsabilité extérieure’. Et parce qu'Eve avait ce problème d'abandon et croyait que c'était de sa faute si sa mère avait divorcé, elle internalisa sa croyance et calqua son attitude sur sa croyance. Elle devait être responsable de sa mère. À bien des égards, cela a rendu la vie d'Eve compliquée et pleine de drames.
Le cas d'Eve est assez intéressant, car non seulement elle a endossé ces responsabilités alors qu'elle n'y était pas obligée, ce qui a été une grande source d’ennuis pour elle. Son attitude a également fait que les autres membres de sa famille n’ont pas pris leur propre responsabilité. Curieusement et jusqu'à présent, ses différents petits amis étaient tous des hommes qui ne pouvaient pas se prendre en charge.
En tant qu'êtres humains, nous sommes une manifestation de la vie et nous naissons libres d'idées et de conditionnements. Nous ne les acquérons qu'en grandissant, ce qui implique que nous pouvons nous en libérer et ainsi retrouver notre liberté originale.
Et c'est là qu’être responsable commence. Cela commence dès l’instant où nous nous efforçons de nous libérer de toutes ces idées et conditionnements que nous portons parfois consciemment, mais le plus souvent inconsciemment.
Je dirais que c'est notre responsabilité fondamentale.
Si nous voulons être des êtres responsables, le premier pas est de se libérer des croyances, des conditionnements, des projections et des comportements que l’on porte. À ce stade, je voudrais souligner qu'être libre de nos croyances, de nos projections et de nos conditionnements ne veut pas dire les troquer pour des croyances différentes ou meilleures. Cela veut dire ne pas être identifié avec elles.
Soyons clairs, c'est l'identification qui pose problème et non les croyances ou les conditionnements.
Dans l'exemple d'Eve mentionné précédemment, c'est lorsqu'Eve a pris conscience de son comportement et a exprimé ce qu'elle voulait vraiment exprimer, la douleur et la rage d'avoir été abandonnée, qu'elle s'est rendu compte que sa compréhension de la responsabilité venait en fait de son désir que sa mère reste avec elle. Ainsi, sa responsabilité n'était pas une responsabilité authentique et sincère, mais seulement une réponse déformée à un fort désir inconscient en elle.
En exprimant ce qui était vraiment là pour elle, elle s’est prise en main et est devenue responsable d'elle-même. Elle a ainsi gagné en détente et en liberté et est maintenant capable de voir clairement que la responsabilité qu'elle avait prise était en fait la face cachée de son désir de ne pas être abandonné.
Lorsque nous nous désidentifions des croyances, des projections ou des conditionnements, nous acquérons une liberté intérieure et ce faisant, un authentique sens des responsabilités émerge. Un sens des responsabilités qui n'a rien à voir avec les usages, les règles ou les lois. Ce sera un sens des responsabilités animé par un cœur libre et non par un mental pensant.
Ce ne sera pas une ‘responsabilité extérieure’, une responsabilité imposée de l'extérieur, mais un sens de la responsabilité qui surgira du cœur de notre être et pour faire une distinction, je l'appelle ‘responsabilité intérieure’.
Et c'est ce que génère la liberté intérieure. Elle génère un sentiment de ‘responsabilité intérieure’ que nous pourrions appeler une responsabilité sincère, authentique.
Nous devenons à même de répondre avec sagesse à toute situation qui se présente à nous parce que nous ne sommes plus identifiés aux croyances, aux conditionnements et aux comportements qui composent notre personnalité.
Notre réponse aux situations peut ne pas être conforme aux usages et aux règles extérieures, mais elle sera conforme à nos cœurs, conforme à la prévenance pour les autres, conforme à l'Amour. Et c'est là que la responsabilité authentique prend vie, lorsque nous agissons en accord avec nos cœurs, avec Amour, lorsque nous sommes en harmonie avec l'Amour.
L'impact sur notre quotidien
Lorsque, dans notre vie quotidienne, nous fonctionnons sur la base de la ‘responsabilité extérieure’, nos relations sont quelque peu altérées parce que la responsabilité extérieure n'inclut pas l'amour, mais seulement l'utilité, l'efficacité. Nous avons tendance à faire et à ne pas faire dans la vie, à envahir, à imposer aux autres plutôt qu'à être prévenants et respectueux. À bien des égards, notre communication avec les autres est souvent agressive, violente et irrespectueuse. Principalement parce qu'elle est basée sur les besoins, les envies et les projections.
Vérifiez par vous-même comment vous communiquez avec votre conjoint, vos enfants, vos aînés et vos amis et comment ils communiquent avec vous.
De plus, et principalement en raison des désirs, des besoins et des projections, la plupart des gens évoluent dans la vie dans un état de dépendance vis-à-vis des autres. La plupart des relations, qu'il s'agisse de relations de couple, de relations parents-enfants ou adultes-aînés, sont des relations de codépendance.
Si votre relation avec votre conjoint ou votre enfant est une relation de codépendance, elle n’apportera que de la peine à chacun de vous et les réponses que vous pourrez apporter aux situations qui se présenteront ne proviendront que d'une compréhension de la responsabilité extérieure.
Je vous invite à vérifier par vous-même le bien-fondé de ce que j’avance en reconnaissant comment vous agissez et quelle est votre part de responsabilité dans les différentes relations dans lesquelles vous pouvez être impliqué.
Vous pourriez argumenter que nous sommes tous interdépendants, ce qui est vrai à un certain niveau. L'homme ne peut subsister par lui-même, il a besoin des autres pour pouvoir vivre dans ce monde.
Si je veux manger, je dois trouver quelqu'un qui puisse me procurer de la nourriture, si je veux avoir un toit au-dessus de ma tête, j'ai besoin de quelqu'un qui me construise une maison. Nous faisons tous partie d'une chaîne de vie fascinante sur cette planète où la nature, les plantes, les arbres, les animaux et les humains sont tous interdépendants. Cette interdépendance fait partie de la nature de la vie, c'est l'essence de la vie.
Cette interdépendance n'a rien à voir avec la codépendance. La codépendance est consécutive de l'immaturité. L'immaturité, c'est lorsque nous n'avons pas grandi émotionnellement, lorsque nous vivons notre vie à partir de nos émotions, lorsque en tant qu'adultes nous nous comportons comme un enfant de 5 ou 6 ans, ayant peur d'être abandonné, rejeté, blessé et surtout désireux d'être aimé.
Ce que nous n'avons pas pu obtenir de nos parents, nous essayons de l'obtenir de notre conjoint ou de nos enfants. Nous recherchons une ‘âme sœur’, un ‘prince charmant’ ou ‘l'amant parfait’ qui, nous l'espérons, nous procurera tout ce que nous désirons. Il comblera nos besoins et surtout nous aimera inconditionnellement. Le problème est qu'une telle personne n'existe pas, nous nous retrouvons donc avec un partenaire enfermé dans les mêmes besoins et désirs que nous.
Comme nous n'avons pas ce partenaire idéal, il est assez fréquent de projeter nos désirs et nos besoins non satisfaits sur nos enfants, les emprisonnant ainsi dans des responsabilités qui ne sont pas les leurs.
Nous devenons codépendants parce que nous ne sommes pas émotionnellement libres. Tant que nous sommes codépendants, nous ne pouvons pas être véritablement responsables. Nous ne pouvons fonctionner que sur la base de la ‘ responsabilité extérieure’.
Au contraire, lorsque nous sommes libérés de notre conditionnement émotionnel et connectés à notre ‘responsabilité intérieure’, nous apportons honnêteté et gentillesse dans toutes nos relations. Nos relations deviennent harmonieuses, chaleureuses. Elles sont basées sur des échanges honnêtes et équitables.
Il nous appartient de nous libérer de notre conditionnement émotionnel, de nos projections et de nos besoins non assouvis pour vivre notre la vie à partir d'un état de ‘responsabilité intérieure’ plutôt que de suivre aveuglément des ‘responsabilités extérieures’. Le résultat sera peut-être le même. Nous suivrons les usages ou les règles de notre société comme il convient, non pas parce que nous obéissons diligemment, mais parce que cela nous semble approprié de suivre ces usages ou conventions.
Un maître zen avait ces mots pour définir la liberté. « La liberté, c'est la capacité à s'arrêter à un feu rouge ».
Ce qu'il voulait dire, c'est que c'est l'attitude intérieure de la personne qui fait la différence et non pas l'attitude extérieure.
Lorsque nous vivons à partir d'un cœur et d'un mental libres, nous apportons honnêteté et sincérité à toutes nos relations. Notre capacité à réponse est en accord avec notre sagesse intérieure et non pas régie par des conceptions intellectuelles. Notre capacité à réponse apporte conscience et amour à notre environnement.
J'aimerais terminer cette conférence en mentionnant que le choix de retrouver notre liberté intérieure et de devenir de vrais adultes nous appartient toujours. Il s'agit seulement d'établir des priorités et d'être attentionné envers cet être unique que nous sommes.
Merci pour votre écoute attentive. Nous allons maintenant faire une pause avant de répondre à vos questions.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou_27 Septembre 2019
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence audio sur la plateforme WeChat sur L’influence des types de personnalité dans notre quotidien.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à cette soirée qui a pour thème « L’influence des types de personnalité dans notre quotidien. »
Avant de voir comment les différents types de personnalité influencent notre quotidien, il est nécessaire de comprendre ce qu’est un type de personnalité et comment il se met en place.
Tous les types de personnalité débutent leur existence dans l’enfance en tant que réponse à notre environnement psychique et émotionnel. Ils sont une tentative de pourvoir à nos besoins les plus fondamentaux et en ce sens ils ne sont pas illégitimes.
Comme vous le savez par vous-même, en tant qu’enfants nous avons des besoins basiques tels : être vu pour qui nous sommes, être soutenu dans nos élans et projets, être respecté et surtout être accompagné. En un mot : être aimé.
Lorsque ces besoins ne sont pas satisfaits, cela crée en nous un cœur douloureux et avec ce cœur douloureux viennent les sentiments d’Espoir et de Désespoir.
Du fait que ce besoin d’être aimé est si fortement enraciné en nous, si fondamental à notre survie, ce besoin agit comme un voile sur la réalité de notre environnement immédiat. En tant qu’enfant, nous ne sommes pas en mesure de voir la réalité pour ce qu’elle est et au lieu de cela nous continuons à désirer la satisfaction de nos besoins ce qui fait de nous l’esclave de l’espoir et du désespoir.
Espérant que si je me comporte de la façon dont je pense que mes parents aimeraient que je me comporte, mes besoins seront reconnus et satisfaits. Et pour parvenir à cela, nous développons des types de personnalité ou schémas de comportement.
Comprenez bien que ce développement se passe dans une partie inconsciente de notre psyché, ce n’est pas que l’enfant se dise en lui-même : « je vais me comporter ainsi pour que mes besoins soient satisfaits. » Non, il n’en est pas ainsi. Ce développement est une réponse naturelle, automatique de notre système nerveux qui est toujours orienté vers la survie.
Ainsi nous pouvons dire que nos types de personnalité ou schémas de comportement sont en fait, et par essence, un mécanisme de survie organisé autour de l’environnement psychique et émotionnel au sein duquel nous vivons.
Par exemple, si l’environnement psychologique et émotionnel dans lequel nous vivons est basé sur la peur, nous aurons tendance à développer une personnalité de type Victime ou de type Flatteur.
Si notre environnement émotionnel est basé sur la colère ou la violence, nous aurons tendance à développer une personnalité de type Rebelle ou de type Combative.
Comprenez bien que ce que je décris ici est une tendance et non une loi et comme chaque individu est unique, il existe beaucoup d’exceptions.
Comme le montrent les visuels ci-dessous, l’on trouve de nombreux types de personnalité qui peuvent être classés selon la façon dont, enfants, nous avons réagi émotionnellement à notre environnement. Cette liste n’est bien sûr ni exhaustive ni normative.
Toutefois, bien que les types de personnalité soient une tentative pour satisfaire nos besoins, ils n’y parviennent que rarement, comme vous l’avez peut-être vous-même constaté.
Pourquoi n’y parviennent-ils pas ; pourquoi en est-il ainsi ?
Ils n’y parviennent pas tout simplement parce que ce ne sont pas des demandes franches, directes. Ce sont des demandes détournées basées sur l’espoir. Qui plus est, les types de personnalité portent en eux une énergie de ressentiment ; parfois d’une manière ouverte comme lorsque nous sommes en colère ou agissons en rebelle ou insidieuse comme avec l’orgueil ou le mépris. Ce ressentiment reste cependant le plus souvent tapi dans une zone non consciente de notre psyché, il est notre part d’ombre.
Souvenez-vous, c’est l’espoir que notre besoin sera satisfait qui crée un type de personnalité ou schéma de comportement, rien d’autre. Aussi l’on peut dire que les types de personnalité sont comme des bulles de savon, faites de vide. Ils n’ont aucune réalité, ils sont uniquement un moyen conduisant à l’espoir que nos besoins seront satisfaits, ce qu’ils n’arrivent jamais vraiment à faire.
Le problème est qu’avec le temps nous avons tendance à nous identifier à ces types de personnalité et à oublier ce que nous voulons vraiment. Nous devenons une Victime, un Tyran, un Flatteur ou un Sauveur, sans nous rendre compte que nous avons endossé ce rôle afin de couvrir notre cœur blessé et douloureux. Non seulement ces rôles ne nous apportent pas ce que nous désirons ardemment, mais ils agissent aussi comme un voile sur notre énergie de vie et notre véritable personnalité. En tant que tels, ils ont un fort impact dans notre vie, car ils nous empêchent de vivre innocemment, avec un cœur ouvert. Ils nous forcent à vivre une vie restreinte et contrôlée ; une vie de survie.
Comme mentionné précédemment, tous les types de personnalité forment un voile sur notre énergie de vie, sur nos forces vitales afin de nous préserver de ressentir notre cœur douloureux. Il est cependant important, si nous souhaitons nous défaire de ces types de personnalité, de reconnaître et de comprendre comment ils régissent notre vie.
Comment mettons-nous en scène notre désir d’être aimé ?
La plupart du temps nous ne mettons pas en scène un seul type de personnalité, mais la combinaison de deux ou trois.
Par exemple, quelqu’un qui endosse le rôle de victime parce qu’il n’a pas reçu l’attention qu’il était en droit d’attendre aura ce genre de pensées et de récriminations : « Ce n’est pas juste, le monde entier est contre moi, personne ne m’aime, qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela, je me sens si blessé, si seul, personne ne se soucie de moi ; tout ça est de leur faute. »
Et cette personne passera un grand nombre d’heures à gémir, à pleurer dans l’espoir d’attirer l’attention, « Regardez comme je suis malheureuse ! »
Sous cette attitude de victime se cache en fait un tyran, car le ressentiment et la colère ne sont pas loin. Avec ses lamentations et récriminations sans fin, la personnalité de victime essaie de forcer l’attention. Qui plus est, elle est dans un ‘non’ très fort. « Non cela ne doit pas être ainsi, vous devez me donner ce que je désire, c’est de votre faute si je suis malheureuse. »
D’un côté, pleurant et gémissant et de l’autre blâmant et exigeant que ses besoins soient satisfaits
Ces deux attitudes auront pour effet de faire fuir ses proches et pour elle, de se sentir rejetée. L’exact opposé de ce que la personnalité de victime désire tant. Qui veut endurer les constantes lamentations et récriminations de cette personnalité de victime ? Qui veut endurer la constante attitude condamnatrice d’un tyran ? Personne excepté peut-être le Sauveur/Secoureur, autre type courant de personnalité basée sur la peur.
Le Sauveur ou Secoureur fera tout son possible pour arriver à ses fins, qui ne sont autres que d’être aimé, tout comme la victime.
Il veut tellement être aimé, apprécié et reconnu pour sa valeur qu’il est prêt à se sacrifier lui-même et même parfois à mettre sa vie en danger pour obtenir cela. Son mode de fonctionnement principal est de faire plaisir, de dire oui. Faire plaisir est l’autre face du secoureur ; il ne sait pas dire ‘non’, il est comme un paillasson, vous pouvez essuyer vos pieds sur lui, il vous dira merci de vous être utile.
Le sauveur ne peut pas supporter de voir quelqu’un malheureux parce que cela reflète sa propre misère. C’est un Flatteur déguisé ! Tout comme le flatteur est un sauveur déguisé. Il flatte pour être reconnu, pour être apprécié, mais également dans le but de sauver ‘ces malheureux, ces pauvres hères’. Il y a un élément de supériorité dans ces deux types de personnalité que sont le flatteur et le sauveur. En agissant comme ils le font, ils véhiculent une attitude dédaigneuse, celle d’être ‘mieux que vous’.
Sans doute avez-vous observé que les relations de couple au sein de votre propre famille ou de vos amis sont souvent régies par ces types de personnalité. Cela conduit à des malentendus, de la confusion et même de la haine entre époux, entre enfants et parents ou même entre enfants eux-mêmes.
Lorsque nous sommes pris ou investis dans un type de personnalité et entièrement identifiés à lui, cela voile notre jugement, notre discernement, notre faculté à voir la réalité telle qu’elle est. D’où la nécessité de reconnaître et de comprendre comment nous fonctionnons, quels types de personnalité avons-nous endossés afin de reconnaître le besoin et la blessure que cache notre type de personnalité. Et en prenant soin de notre besoin [Reconnaître, Accepter et Exprimer] et de notre cœur douloureux, le type de personnalité que nous avons endossé bien malgré nous s’estompera puis disparaîtra puisqu’il n’aura plus de raison d’être.
C’est aussi simple que cela!
J’aimerais conclure cet exposé avec ces mots « Ce n’est pas qui vous paraissez être qui est important, ce qui est important et peut donner un sens à votre vie est de devenir celui que vous êtes vraiment. »
Merci pour votre attentive et patiente écoute. Nous allons maintenant faire une pause avant de répondre aux questions que vous avez envoyées.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou, Juillet 2019
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence audio sur la plateforme WeChat sur Le Chemin vers la Connaissance de Soi.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à cette soirée,
Ce soir l’on m’a demandé de parler du « Chemin vers la connaissance de Soi » et d’apporter des réponses à ces questions « Qu’est-ce que l’éveil ? » et « Pourquoi le travail sur la personnalité est-il important pour connaître la vérité de ce que l’on est ? »
C’est là un vaste sujet, toutefois je vais m’efforcer d’être aussi clair et précis que possible.
La première chose à comprendre, c'est comment notre personnalité et ce que l’on nomme le Soi ou notre Vraie Nature sont interconnectés. D’une certaine manière nous pouvons comparer notre personnalité à un iceberg flottant à la surface de l’océan de notre Essence ou Vraie Nature. La partie visible de cet iceberg représente la partie consciente de notre personnalité avec ses modes de comportements (comment nos agissons et réagissons dans la vie), notre monde émotionnel ainsi que notre faculté à penser.
Sous cette partie visible, l’on trouve le niveau subconscient où sont emmagasinés les idées et croyances que nous avons sur nous-mêmes et sur le monde autour de nous ainsi que les sentiments refoulés dont nous avons comme perdu la trace.
Sous ces deux niveaux l’on trouve l’inconscient qui lui aussi se décline en plusieurs niveaux et c’est dans sa partie supérieure que sont logées les causes racines de tous nos sentiments, idées et croyances.
Tous ces niveaux constituent notre personnalité.
Notre inconscient ne se limite cependant pas à cette couche supérieure ; c’est dans ses couches les plus profondes que siègent nos fonctions vitales (la croissance de nos os, la respiration, les pulsations cardiaques, la circulation des fluides, etc.) qui, bien que hors de portée de notre moi conscient peuvent néanmoins être affectées par les divers traumas rencontrés au cours de notre vie.
Ces couches inférieures ne font toutefois pas partie de notre personnalité, mais de notre nature en tant qu’être humain. Au plus profond de ce niveau inconscient et imprégnant tous les niveaux précédents, l’on trouve l’Essence, l’océan sur lequel flotte cet iceberg et dont il est constitué.
En comprenant cette analogie, vous pouvez reconnaître qu’en fait notre personnalité est comme une vague à la surface de l’océan. Elle est faite de la même eau que l’océan, elle n’est pas différente de l’océan, elle est l’océan sous une forme différente, dans une organisation différente.
Le problème surgit lorsque cette vague (notre personnalité) se pense séparée de l’océan et commence à s’identifier à elle-même. C’est ‘moi’; je suis la vague et l’océan est autre que moi.
Ce processus de séparation et d’identification se produit de façon autonome vers l'âge de 2 ou 3 ans lorsque l’enfant commence à reconnaître qu’il est, lui, une entité différente de papa ou de maman. Et cette reconnaissance est grandement amplifiée par son environnement immédiat. Tout devient duel, il y a ‘moi et maman’, ‘moi et papa’, ‘moi et le monde autour de moi’. Et peu à peu, ce ‘moi’ devient le centre autour duquel tout ce qui est ‘autre que moi’ tourne et se manifeste.
Voyez par vous-même; n’est pas votre expérience ?
Reconnaître cela pleinement est déjà un énorme pas vers l’éveil.
Ce phénomène s’appelle ‘l’identification’ et l’éveil est le démantèlement de cette identification.
Du fait que cette identification se produit en même temps que la construction de la personnalité, il importe de travailler à ce niveau afin de se dé-identifier des idées, croyances et formes de pensées sur lesquelles la personnalité s’est construite. Qui plus est, au sein même de cette personnalité, diverses situations traumatisantes ont été vécues et ces situations traumatisantes ont influencé la construction de cette personnalité, c’est pourquoi il est nécessaire de prendre en compte ces traumatismes afin de les guérir. Et puisque la plupart du temps ces traumatismes et ces croyances auxquelles nous adhérons se sont formés dans l’enfance, un travail sur le concept de l’Enfant Intérieur devient un pas nécessaire vers cette dé-identification.
Le travail avec l’Enfant Intérieur viendra aider au démantèlement d’une partie de nos idées et croyances, ce qui aura pour effet d’apaiser notre cœur et lorsque notre cœur est apaisé, notre mental l’est aussi. Un cœur et un mental apaisé sont un prérequis nécessaire pour ceux qui ont le désir de se connaître plus profondément.
C’est pour cette raison que je recommande fortement ce travail préalable sur l’Enfant Intérieur à ceux qui souhaitent se connaitre et s’éveiller à leur vraie nature. C’est un prérequis incontournable lorsque l’on souhaite aller vers l’éveil à sa vraie nature.
Si vous comprenez de manière juste ce que j’ai dit jusqu’ici, vous reconnaîtrez combien ce travail sur L’Enfant Intérieur et sur la personnalité est important
Il est également important de comprendre qu’au niveau de la personnalité nous vivons dans l’univers des pensées, notre mental (intellect) est très actif et l’éveil n’a rien à voir avec ce que l’on pense, avec les idées ou les croyances, mais avec s’expérimenter, expérimenter directement qui nous sommes.
Pour diverses raisons et principalement pour éviter de faire face à notre cœur douloureux, nous avons tendance à éviter de ressentir nos sentiments et nos émotions et la conséquence directe de cela est que nous vivons dans notre tête, via notre mental. Notre mental agit comme un contrôleur nous empêchant de ressentir ce qui pour lui semble menacer notre bien-être. Notre mental nous aide à nous maintenir dans une zone de confort ; nous ne sommes pas vraiment heureux sans être vraiment malheureux et nous avons tendance à nous maintenir dans cette platitude grisâtre.
Ainsi, le travail consiste avant tout à se défaire de notre mental et de ses idées et croyances reçues pour entrer dans le ressenti physique et émotionnel de ce qui se passe en nous. Et pour entrer dans le ressenti, nous avons besoin de porter une attention consciente à ce qui est. Cultiver l’attention consciente à ce qui est une étape essentielle vers l’éveil.
L’attention consciente permet d’amener ce qui n’est que semi-conscient à un niveau de conscience lucide afin que cela puisse être reconnu, accepté et exprimé pour ce que c’est et ainsi se dissoudre. Une fois que nous nous sommes familiarisés avec notre espace intérieur, nous serons à même de remarquer qu’au-delà de l’activité mentale, qu’au-delà de l’activité émotionnelle, qu’au-delà des sensations il existe quelque chose que l’on peut nommer silence ou le calme intérieur. Et lorsque l’on s’ancre plus profondément dans la conscience lucide, l’on peut reconnaître qu’en fait le silence ou le calme intérieur est toujours là, sous-jacent à la perception des sensations corporelles, sous-jacent aux sentiments et à l’activité mentale.
Ce silence ou calme intérieur est notre vraie nature, c’est la matière même de ce qui nous compose, de ce que nous sommes et que c’est toujours là, quelle que soit l’action en cours. Cette reconnaissance doit être faite à un niveau expérimental, elle doit être votre expérience et pas seulement une compréhension intellectuelle comme cela peut être le cas en ce moment à l’écoute de mes paroles.
Une fois que cette compréhension expérimentale s’est produite, que c’est le silence ou le calme intérieur qui souligne toute action, le pas suivant est de permettre la fusion avec ce silence ou ce calme intérieur, en d’autres termes de devenir ce silence ou ce calme intérieur. Et pour ce faire, notre attention doit se déplacer légèrement vers la conscience lucide elle-même avec cette reconnaissance que 'je suis cette conscience lucide'.
S’il vous plait, comprenez bien la différence entre : ‘je suis conscient de quelque chose’ et ‘je suis cette conscience lucide’. Nous sommes constamment conscients de quelque chose, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de nous, toutefois cette compréhension ne va pas de soi et il importe d’être aussi clair que le son d’une cloche que ‘je suis conscient d’être conscient’ et plus encore que ‘je suis cette conscience lucide’.
Transcrit sur un plan expérimental nous pouvons reconnaître que je ne suis pas celui qui voit, mais que le processus de voir se fait, je ne suis pas celui qui entend ou qui parle, mais que le processus d’entendre ou de parler se fait. Cela ne peut avoir lieu que lorsque le sens du ‘je’ n’a plus cours, lorsque l’identification avec un ‘moi’ a disparu. Celui qui fait, qui agit, qui est conscient, doit disparaitre pour que 'l’éveil' puisse prendre place. Le hic c’est que nous ne pouvons pas le faire, l’on ne peut pas forcer l’éveil à se réaliser. Il se produit mais sans aucune intervention de notre part, l’interventionniste que nous sommes la plupart du temps doit disparaitre. C’est pourquoi certaines écoles spirituelles prônent la dévotion ou le renoncement comme élément principal de leur enseignement.
Pour résumer, l’éveil fait référence à ce moment où vous comprenez expérimentalement que vous êtes ‘conscience lucide’. Comprenez également que ce n’est pas la fin, que l’éveil n’est pas la dernière étape.
Désolé de vous décevoir !
Une fois que vous vous êtes éveillé à la Réalité ou à votre Vraie Nature, quel que soit le nom que l’on veuille lui donner, il vous faudra cultiver cet éveil, c’est-à-dire renforcer votre union ou fusion avec ce vide, ce rien. Et cela n’a pas de fin.
Toutefois, avant que l’éveil puisse se faire, un travail sur la personnalité est nécessaire. C’est pourquoi je vous engage vivement à participer non seulement aux ateliers orientés vers une clarification de la personnalité mais également aux séminaires intensifs d’éveil où vous pouvez plus directement accéder à ces niveaux de silence et de calme intérieur par la pratique de l’auto-investigation au sein d’un environnement propice à cela.
Merci pour votre attentive et patiente écoute, place maintenant aux questions que vous avez envoyées.
En partage,
Rakendra
Hangzhou, Mars 2019
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence audio sur la plateforme WeChat sur La Personnalité et le travail avec l’Enfant Intérieur.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à cette soirée,
Ce soir, dans le contexte de la série audio sur l’Enfant Intérieur, l’on m’a demandé d’apporter une réponse à cette question « Pourquoi le travail avec l’Enfant Intérieur est-il important pour acquérir une personnalité saine et pleinement développée ? »
La première chose à comprendre est ce qu’est la personnalité et pourquoi elle porte en elle toutes sortes de difficultés et de conflits qui ne lui permette pas d’atteindre une pleine maturité.
Notre personnalité peut être comparée au tissage d’une étoffe qui ne serait pas faite d’un seul fil, mais de centaines de fils et dont le tissage commence dès la petite enfance. Ainsi non seulement ce tissu que compose la personnalité a été tissé avec de nombreux fils, mais il comporte également de nombreux nœuds et déchirures qui ont donné naissance à un cœur lourd, des sentiments instables, des tensions corporelles et par voie de conséquence un profond désarroi doublé d’une insatisfaction constante.
Le chemin pour retrouver un cœur sain et joyeux tout autant qu’une tranquillité d’esprit est de comprendre comment ce tissage s’est élaboré de façon à ce que les nœuds puissent se défaire, les déchirures se raccommoder et qu’émerge une personnalité saine et pleinement mature. Et pour apporter cette paix du cœur, travailler avec le concept de l’enfant intérieur est d’une aide précieuse.
Vous pouvez vous demander, et c’est la question posée ce soir, en quoi le fait de travailler avec le concept de l’enfant intérieur est-il d’une aide précieuse ?
N’y a-t-il pas d’autres possibilités ?
Il est difficile de trouver une autre voie parce qu’un cœur lourd et en conséquence une personnalité non équilibrée sont le résultat de la façon dont nous avons vécu notre enfance, aussi le travail avec le concept de l’Enfant Intérieur est utile pour prendre en compte et comprendre notre personnalité, nos manières de fonctionner dans la vie et ce travail permet aussi de retrouver un flux émotionnel naturel et sain.
Le travail avec le concept de l’enfant intérieur est efficace pour regagner une personnalité saine et mature, car il prend en compte et aide à reconnecter les différents aspects de notre monde émotionnel qui sont le fondement de notre personnalité.
Cependant, lorsque nous parlons de la personnalité, à quoi faisons-nous exactement référence ?
Nous faisons référence à un ensemble multicouche et interrelationnel, composé de traits de caractère, de comportements, d’idées, de croyances et de sentiments et d’émotions dont nous sommes conscients dans leur manifestation visible, mais qui reste principalement actif à un niveau inconscient.
D’une certaine manière, nous pouvons comparer notre personnalité à un iceberg flottant à la surface de l’océan. La partie visible de cet iceberg représente la partie consciente de notre personnalité avec ses modes de comportements (comment nos agissons et réagissons dans la vie), notre monde émotionnel ainsi que notre faculté à penser.
Sous cette partie visible, l’on trouve le niveau subconscient où sont emmagasinés les idées et croyances que nous avons sur nous-mêmes et sur le monde autour de nous ainsi que les sentiments refoulés dont nous avons comme perdu la trace.
Sous ces deux niveaux se trouve l’inconscient qui lui aussi se décline en plusieurs niveaux et c’est dans sa partie supérieure que sont logées les causes racines de tous nos sentiments, idées et croyances.
Tous ces niveaux constituent notre personnalité.
Notre inconscient ne se limite cependant pas à cette couche supérieure ; c’est dans ses couches les plus profondes que siègent nos fonctions vitales (la croissance de nos os, la respiration, les pulsations cardiaques, la circulation des fluides, etc.) qui, bien que hors de portée de notre moi conscient peuvent néanmoins être affectées par les divers traumas rencontrés au cours de notre vie.
Ces couches inférieures ne font toutefois pas partie de notre personnalité, mais de notre nature en tant qu’être humain. Au plus profond de ce niveau inconscient et imprégnant tous les niveaux précédents, l’on trouve l’Essence, l’océan sur lequel flotte cet iceberg et dont il est constitué.
En comprenant cette analogie, vous pouvez reconnaître qu’en fait notre personnalité n’est pas simple et directe, mais qu’elle est complexe et comporte de multiples facettes et de ce fait porte en elle de nombreuses dissonances ou, pour être plus juste, de nombreux conflits non résolus. Tout comme avec un puzzle, pour parvenir à l’image finale, nous avons besoin d’identifier les différentes parties, voir comment elles s’imbriquent les unes aux autres pour petit à petit former l’image finale. C’est ce que le travail avec le concept de l’Enfant Intérieur propose ; un processus d’identification (reconnaissance), d’acceptation et d’expression afin de permettre une de-identification (un lâcher-prise) des schémas de pensée et des comportements non sains et contre-productifs.
Les traits de caractère qui sont la partie visible de notre personnalité sont la manifestation ou la résultante de la façon dont nous avons été éduquées ; ils sont consécutifs à la façon dont nous avons été en relation avec nos parents ou ceux qui ont pris soin de nous durant l’enfance et ces traits de caractère sont fortifiés par notre monde émotionnel, par les idées et croyances sur nous-mêmes ou le monde auxquelles nous donnons foi (adhérons).
Le travail avec l’Enfant Intérieur aide à identifier, reconnecter et exprimer ces conflits intérieurs en amenant leur cause mère (racine) à un niveau conscient, afin qu’ils soient vus et acceptés pour ce qu’ils sont ; il devient un moyen efficace pour retrouver une personnalité saine et pleinement développée.
Prenons un exemple.
Vous êtes dans une relation de couple et votre partenaire ne vous donne pas toute l’attention que vous souhaiteriez ou aimeriez de sa part ; la frustration s’installe en vous suivit de près par la colère et le blâme. Vous vous querellez et insistez pour qu’il vous donne l’attention que vous pensez mériter.
Si vous regardez attentivement cette situation, vous constaterez que le point essentiel n’est pas que votre partenaire vous donne ce que vous pensez être votre dû, mais que vous avez une attente et que cette attente est basée sur un besoin non satisfait. Le besoin d’être reconnu, accompagné, que l’on prenne soin de vous.
Ce besoin a ses racines dans l’enfance. Pour diverses raisons, vos parents ne vous ont pas donné l’attention ou pris soin de vous comme vous l’auriez aimé et dont vous aviez besoin à l’époque. Ils étaient occupés, pris par leur travail et ne vous accordaient que peu d’attention. Cela vous a rendu fragile, aigri de ne pas vous sentir choyé, aimé.
De fait, ce besoin d’être pris en compte, choyé et aimé est toujours présent en vous, l’adulte que vous êtes maintenant et à la moindre occasion ce besoin refait surface. Il ne fera pas surface de manière ouverte et directe, mais plutôt d’une façon détournée parce que vous vous êtes déconnecté de la blessure originelle que ce besoin non satisfait a crée.
Cette blessure est toujours à vif en vous, mais vous avez dû grandir et passer à autre chose, et vous, ou plutôt votre système nerveux a trouvé le moyen de reléguer cette blessure dans l’inconscient pour mettre en place un mode de comportement, un trait de caractère qui tentait de pourvoir à ce besoin. Vous êtes devenu une personne en manque d’affection, malheureuse, dépendante ou complaisante. Toutefois et peut-être l’avez-vous expérimenté vous-même, ce comportement permet rarement de satisfaire le besoin en question et il ne fonctionne pas parce que votre partenaire est lui aussi dans un comportement similaire et surtout, votre comportement est déconnecté du besoin originel.
Le travail avec l’Enfant Intérieur vous aidera à reconnaître le ou les besoins qui sont actifs en vous, il vous aidera à vous reconnectez et à exprimer les sentiments et émotions liés à ce besoin de façon à ce qu’un ‘moi’ plus sain, un ‘moi’ plus en paix puisse voir le jour.
Par voie de conséquence votre personnalité changera et deviendra plus mûre, plus mature parce qu’elle ne sera plus basée sur des besoins ou des désirs non contentés, mais au contraire basée sur une compréhension plus accueillante et aimante de vous-même.
L’efficacité de ce travail avec l’Enfant Intérieur tient au fait que la cause racine du comportement est vue et reconnue pour ce qu’elle est et que les sentiments et émotions qui accompagnent ce comportement, tout autant que le besoin originel, sont exprimés.
Lorsque quelque chose est exprimé dans sa totalité et en résonance avec ce qui est vrai pour la personne, il fond et disparaît pour laisser place à la détente, à la paix et à la maturité.
Comme je l’ai indiqué dans différentes conférences, les trois ingrédients nécessaires pour parvenir à une maturité sont :
• Reconnaître
• Accepter
• Exprimer
J’ai mentionné au début de cette conférence que toutes nos attitudes ou comportement en tant qu’adulte sont la résultante de la façon dont nous avons été en relation avec nos parents ou ceux qui ont pris soin de nous dans l’enfance. C’est pourquoi il est important, si nous voulons vivre avec une personnalité plus saine et plus mûre, de prendre en compte et prendre soin de ces conflits non résolus qui ont eu lieu dans l’enfance et l’adolescence.
L’aboutissement du travail avec l’Enfant Intérieur sera une personnalité qui n’est plus basée sur des besoins ou désirs non satisfaits, mais sur la réalité de ce qui est. Vous serez l’acteur de votre vie au lieu d’être une marionnette réagissant aux situations que la vie apporte. Cela ne veut pas dire que vous n’aurez plus de sentiments, ni d’émotions, ni de besoins ou désirs ; vous en aurez parce que c’est de l’ordre de la nature humaine d’en avoir, mais ces sentiments, émotions, besoins ou désirs ne seront plus basés sur des conflits non résolus.
En conclusion et pour répondre à la question posée « Pourquoi le travail avec l’Enfant Intérieur est-il important pour acquérir une personnalité saine et pleinement développée ? », je voudrais citer le docteur Arthur Janov qui fut un pionnier dans ce travail avec l’Enfant Intérieur.
« Travailler avec l’Enfant Intérieur nous aide à pleurer les pleurs que nous n’avons pas pu pleurer de façon à rires les rires que nous n’avons pas pu rire. »
Merci pour votre attentive et patiente écoute, place maintenant aux questions que vous avez envoyées.
En partage,
Rakendra
Hangzhou, Octobre 2018
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence publique sur la Communication.
Chers Amis sur Chemin,
Bienvenue à cette soirée,
Ce soir l’on m’a demandé de parler de La Communication et comment celle-ci fonctionne.
Chaque jour de notre vie, nous sommes en relation avec les personnes qui nous entourent, essayant de faire notre mieux pour communiquer nos pensées, nos sentiments ou nos émotions ainsi que nos besoins et le faisons avec une intention inconsciente, mais cependant cruciale, d'être compris.
Il apparaît que le seul but de communiquer avec les autres a pour finalité d'être compris. Et cela est très vrai parce que nous avons besoin d’être compris. Nous avons besoin d’être compris dans nos besoins, dans nos désirs, mais surtout pour qui nous sommes. Nous voulons être compris pour qui nous sommes et pour ce que nous sommes et derrière ce désir d’être compris se profile le désir d’être reconnu et approuvé sans être jugé. Et lorsque nous sommes compris, quelque chose de magique produit, nous nous sentons joyeux et satisfaits.
N'est-ce pas votre expérience?
Pourtant, est-ce toujours le cas? Le plus souvent la réponse est non. Le plus souvent le résultat de notre communication avec les autres est l'insatisfaction, la frustration avec, dans son sillage, le blâme et le ressentiment. Ce qui peut aussi provoquer un profond sentiment de tristesse avec cette pensée : «Je ne serai jamais compris», pensée qui peut éventuellement se transformer en croyance.
N'est-ce pas là aussi votre expérience ?
Pour sortir de cette difficulté, nous pouvons chercher des moyens pour nous aider à mieux communiquer et choisir parmi les différentes techniques de communication disponibles sur le marché afin d’être plus performants dans notre façon de communiquer. Cela peut pourtant nous faire dévier d’une communication vraie tant la plupart de ces techniques de communication sont axées sur l’hypocrisie, la duperie et la mystification. Ces techniques ne considèrent pas vraiment la personne puisque leur but est plus de prouver un point de vue ou de vendre un produit.
La communication doit être abordée depuis une perspective différente, une perspective de respect mutuel. Une communication implique toujours un minimum de deux personnes et forme une boucle, où celui qui communique s'exprime à un autre pour que son besoin soit reconnu et si possible satisfait, quel que soit ce besoin. Cela peut être le besoin d'exprimer une idée, le besoin d'obtenir quelque chose de matériel ou d'immatériel comme le respect ou la reconnaissance.
Le besoin n'est pas ce qui importe le plus, ce qui importe le plus au bout du compte c'est le contentement qui se fait jour après avoir exprimé pleinement ce que nous avons voulu exprimer et le fait d’être reçu et compris dans notre expression.
L'implication de cette déclaration est que les deux parties en présence ont une responsabilité dans ce cycle de communication. L'un a la responsabilité d'exprimer aussi honnêtement et aussi clairement que possible et l'autre d'écouter et de comprendre ce qui est communiqué. Être ouvert est le facteur clé d'une communication fructueuse.
Un cycle de communication se produit lorsque 'A' est à même de reconnaître et d'exprimer ce qu'il veut à 'B', et lorsque 'B' est à même de recevoir et de comprendre ce que 'A' veut. 'A' reconnaît alors et ressent qu'il a été compris; le cycle de communication est alors complet.
Pour récapituler, les composants nécessaires pour qu’un cycle de communication porte ses fruits sont les suivants:
→ Identification
→ Expression
→ Acceptation
→ Ouverture
→ Compréhension
→ Contentement
Ce dessin vous permettra de comprendre plus facilement ce qu’est un cycle de communication sain.
1 → Prendre conscience que quelque chose en nous a besoin d’être communiqué (Identification)
2 → L’exprimer tel qu’il a été identifié (Expression)
3 → Cette communication est reçue et acceptée par un autre (Ouverture)
4 → Elle est comprise par un autre (Compréhension)
5 → Elle est reconnue par l'autre pour ce qu'elle est (Réponse)
6 → Prise de conscience d’avoir été pleinement reçu et compris par un autre (Contentement)
Le contentement provient plus de la prise de conscience que ce qui demandait à être exprimé l’a été de manière satisfaisante puis reçu, compris et accepté par un autre, que du fait que le besoin ait été satisfait (obtenir la pomme dans notre exemple).
Cette façon de communiquer est celle qui est employée dans les Intensifs d’éveil, c'est pourquoi ils permettent de réelles transformations.
Malheureusement, une communication aussi claire et saine voit rarement le jour, car la plupart des gens ont des filtres de conditionnement qui opèrent consciemment ou inconsciemment. La plupart du temps un cycle de communication ressemble plus à celui-ci:
Dans cet exemple de cycle de communication, je suis quelque peu incertain sur ce que je veux vraiment, qui est d’être aimé. Mais je ne suis pas vraiment conscient de cela parce que ce que je veux est filtré par mon mental conditionné, aussi pense que ce que je veux c’est faire l’amour, mais comme je ne suis pas capable d’exprimer cela ouvertement à cause de mes conditionnements, je demande un câlin à la place, avec l’espoir que cela se transformera en faire l’amour.
Et comme mon partenaire a lui aussi ses propres filtres de conditionnement, il ne comprendra pas véritablement ma demande, ce qui ajoutera au flou de ce cycle de communication. Il répondra en fonction de ses filtres de conditionnement. Il entendra « une accolade » au lieu « d'un câlin» et du fait de ses propres conditionnements, il ne sera pas en mesure de passer à l’acte et me donnera un grand sourire.
Tous ces filtres se lient les uns aux autres pour aboutir à une communication déformée, qui a perdu son sens et génère de la frustration plutôt que du contentement. Certes, d'une certaine manière, une communication s’est produite, quelque chose a été accompli, un cycle de communication a eu lieu, mais le résultat est loin d'être satisfaisant.
Malheureusement, c'est ainsi que se passent la plupart de nos cycles de communication dans la vie. Générant des malentendus, de la tristesse, de la frustration, du ressentiment, de la jalousie voire de la vengeance. Nous pouvons observer cela dans les relations de couple, dans les relations de travail tout autant que dans les relations sociales.
N'est-ce pas là aussi votre expérience ?
Nous avons tous fait l'expérience de ces communications déformées à un moment ou un autre dans nos vies avec la frustration que génère leur répétition. Une frustration qui peut s'accumuler au point que nous en venons à croire : « Je ne serai jamais compris » ou « personne ne me comprend! »
De même qu’un cycle de communication sain laisse la personne dans un contentement et une joie, un cycle de communication manqué laisse aussi sa trace émotionnelle. Les communications manquées sont la principale source de colère et de ressentiment chez les gens.
Ceci étant reconnu, comment pouvons-nous sortir de ce cycle malsain?
Comment pouvons-nous améliorer notre façon de communiquer afin qu'un développement bénéfique en découle, afin que satisfaction et contentement en deviennent l’aboutissement plutôt que la frustration et le ressentiment?
Nous pouvons améliorer notre communication en devenant plus conscients, plus conscients de ce que nous voulons communiquer, de comment nous le communiquons et avec qui nous communiquons. La plupart du temps, nous ne communiquons pas vraiment, mais nous avons ce que j'appellerais une diarrhée verbale; une conversation non-stop. Notre mental suit simplement une impulsion et se répand en mots. De plus, nous ne communiquons pas vraiment à quelqu'un ni même avec quelqu'un, nous vagabondons mentalement comme si nous parlions à nous-mêmes et utilisions simplement l'autre personne comme support de projection de notre activité mentale.
Si nous réalisons cela, nous pouvons faire une courte pause dans notre communication et ainsi créer une pause dans notre activité mentale et avec cette pause, nous pouvons alors laisser venir cette question : « Mais qu'est-ce que j'essaie de dire? Qu'est-ce que je veux vraiment communiquer? »
Cette question est importante, car elle nous oblige à prendre en compte les filtres qui opèrent en nous. Cette question nous fait sortir d'une conversation inconsciente pour entrer dans une communication consciente.
Et c'est là le point clé ; communiquer consciemment, être conscient de ce que je veux vraiment communiquer et être conscient que je communique avec un autre être humain et non avec un robot.
Qu'est-ce que je veux vraiment dire?
Cette question nous amènera à la première étape d'une communication saine, l'identification. Savoir ce que je veux vraiment communiquer est une étape cruciale. Dans l'exemple mentionné tout à l’heure c’est : vouloir être aimé.
Être sincère dans notre expression et communiquer honnêtement comment nous sommes et ce que nous ressentons va générer une ouverture chez l'autre personne. Lorsque nous cessons de faire semblant d'être différents de ce que nous sommes, immédiatement un voile énergique se lève et une compréhension trouve sa place. Il est clair que nous ne pouvons pas demander à l’autre personne d'être un auditeur idéal, mais lorsque nous communiquons sincèrement et honnêtement, cela a un impact sur l'autre personne. Une ouverture est créée et avec cette ouverture, la compréhension suit.
Pour qu’une compréhension par l’expérience s’établisse, des exercices pratiques de communication sont proposés à ce stade aux participants avec l’utilisation de dyades relationnelles.
Votre propre expérience avec ces exercices vous a certainement conduit à vérifier que la sincérité et l'authenticité sont les éléments principaux lorsque nous communiquons et lorsque l'ouverture et l'acceptation de ce qui est sont inclus, un cycle sain de communication se déroule pour le bénéfice des deux personnes.
Un point est cependant à saisir, c’est que le contentement ne dépend pas de la satisfaction du besoin ou du désir. Comme je l’ai mentionné précédemment, ce contentement vient de la prise de conscience que ce qui voulait être exprimé a été pleinement exprimé, compris, reçu et accepté par l'autre.
La raison en est simple, lorsque nous avons un besoin ou désirons quelque chose, une tension énergétique se crée autour de ce besoin non satisfait et lorsque nous sommes capables de compléter un cycle de communication, cette tension énergétique nous quitte. Le besoin a été exprimé et reçu, une compréhension a eu lieu et nous savons que nous avons clairement communiqué ce que nous voulions communiquer.
Pour récapituler, les étapes :
→ Je sais ce que je veux communiquer (Identification)
→ Je communique clairement et sincèrement ce que je veux communiquer (Expression)
→ L'autre reçoit et comprend ma communication (Ouverture et Compréhension)
→ Je me sens compris, le contentement surgit naturellement (Contentement)
Il peut arriver que pour certaines raisons, l'autre personne ne comprenne pas ou ne puisse pas entendre ce que nous essayons de partager. Si nous sommes ouverts, il est possible d'accepter que tel est le cas et dans cette acceptation le cycle de communication se complète.
Chaque fois que nous communiquons avec quelqu'un, notre objectif devrait être de passer consciemment par ces étapes. Un peu de pratique est nécessaire pour prendre cela en main, c'est pourquoi je vous encourage à pratiquer ces exercices simples de communication que nous venons de faire pour mieux vous familiariser avec les cycles de communication sains.
Une fois que vous vous êtes familiarisé avec ces cycles sains de communication, il est possible d'aller plus loin avec d'autres exercices de communication plus spécifiquement orientés.
Apporter de la conscience à votre façon de communiquer ne vous apportera pas seulement de la satisfaction, cela aidera aussi à compléter les communications qui n'ont pas été complétées par le passé, ces communications défaillantes qui ont laissé des tensions dans le psychisme et le corps. Il est important de compléter ces cycles de communication inachevés parce que nous agissons ainsi sur l’accomplissement des désirs. L’on pourrait dire qu’un cycle de communication sain est équivalent à l'extinction d'un désir.
Merci à tous pour votre patiente et attentive écoute.
En partage,
Rakendra
Hangzhou, Juillet 2018
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence publique sur la transformation des schémas de comportement et des croyances.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue à cette soirée,
Ce soir, l’on m’a demandé d’apporter des réponses à la question suivante, « Comment transformer nos schémas de comportement inappropriés et nos croyances ? »
Sur un chemin de développement personnel ou spirituel, la première chose à comprendre est que la transformation se fait d'elle-même; nous ne pouvons pas ‘faire’ la transformation; la transformation n'est pas entre nos mains, en notre pouvoir. Pourtant, nous pouvons faire beaucoup pour que la transformation se produise. Et c'est ce que nous allons voir et expérimenter ce soir. Comment faire en sorte qu’une transformation se mette en place.
Peut-être que la première chose à comprendre est que croyances et schémas de comportements vont de pair.
Derrière chaque schéma de comportement se trouve une croyance. Une croyance est une idée ou une forme de pensée qui est considérée et acceptée comme étant vraie. Quelque chose à quoi nous donnons crédit sans savoir si elle a une réalité ou non. Lorsque nous croyons, nous avons la conviction que ce en quoi nous croyons est la vérité.
Un schéma de comportement est un fonctionnement, ou une façon de se comporter au sein de notre environnement. C'est la mise en place d’une attitude visant à gérer nos actes, nos actions basées principalement sur des expériences passées. Nous n’agissons que très rarement, la plupart du temps nous ne faisons que réagir et nos réactions sont issues de nos croyances, elles en sont la mise en action ; que ces croyances soient conscientes ou non. Cela implique qu'il existe une association, un lien direct entre les schémas de comportements et les croyances.
Nos modes de comportement ne sont pas mauvais en eux-mêmes; ils sont simplement le résultat d'une forme-pensée, d'une croyance que nous avons. Nous constatons cependant très souvent que ces modes de comportements sont inadéquats et qu'ils nous desservent plutôt que de nous servir. D'où ce désir naturel de vouloir les changer ou de les transformer pour qu'ils ne nous gênent plus. Et peut-être avez-vous déjà essayé de changer certains de vos schémas de comportements et fait des efforts en ce sens. Mais cela a-t-il vraiment porté ses fruits ?
Sans doute que oui pour un temps, mais il est fort probable que vos vielles habitudes aient vite repris le dessus et vous vous demandez pourquoi.
La raison est simple et je l'ai mentionné il y a quelques instants, nos schémas de comportements sont induits par nos croyances. Et plutôt que d’essayer de changer nos schémas de comportements, il est préférable de s’occuper des croyances qui alimentent ces schémas de comportements.
Ce ne sont là que quelques exemples bien généraux et je voudrais vous inviter à participer à un petit exercice pour comprendre par expérience, plutôt que de tenir pour acquis ce que je dis, comment il est possible d’inviter la transformation à se mettre en place.
Nous allons voir et accomplir ensemble les différentes étapes conduisant à la transformation des croyances et des schémas de comportements.
Prenez un moment pour reconnaître les croyances qui sont les vôtres ; les plus évidentes pour l'instant trois ou quatre des plus évidentes suffiront et listez-les.
Maintenant, sur cette courte liste de vos croyances, choisissez celle qui est la plus forte, la plus significative pour vous.
Une fois que vous avez fait cela, faites une pause et contemplez cette croyance.
« Je crois que… »
Et tout en continuant de contempler cette croyance, prenez conscience de toutes les pensées qui vous viennent à l'esprit en association avec cette croyance.
Écrivez-les
Une fois que vous avez fait cela, posez-vous la question : « Comment ce que je crois me fait-il agir dans mon quotidien ? »
Cette première étape vous permettra de devenir plus conscient de quelles sont vos croyances et comment elles jouent un rôle dans votre vie. Nous ne pouvons pas transformer ce dont nous n'avons pas conscience et devenir conscient ou plus lucide est une étape nécessaire.
La deuxième étape consiste à comprendre d'où vient cette croyance. Où ai-je pris cette croyance? Très souvent, si ce n’est la plupart du temps, nous tirons nos croyances de celles des autres, les parents, les amis, les enseignants ou les prêtres parce que nous supposons (ce qui est une autre croyance) qu'ils doivent avoir raison puisqu'ils sont plus âgés ou ont une position dans la vie.
Qu'est-ce qui m'a fait croire ce que je crois?
Restez avec votre croyance spécifique et essayez de vous souvenir comment vous avez engrangé cette croyance.
Cette croyance vient-elle d'une autre personne ou est-ce une situation spécifique qui a donné naissance à cette croyance?
Encore une fois, plus vous gagnerez en clarté sur l'origine de votre croyance, plus il sera possible à une transformation de s’opérer.
Si cette croyance provient d’un autre personne, qui que ce soit, il est devient évident que ce n'est pas vôtre croyance, mais seulement une forme de pensée que vous avez adoptée. Et la question que vous pouvez maintenant vous poser est la suivante : « Pourquoi ai-je adopté cette croyance? Quelles étaient mes motivations pour engranger cette croyance ? »
Et vous serez surpris, peut-être vouliez-vous faire plaisir à quelqu'un, obtenir son approbation ou être accepté par cette personne ou encore être inclus dans un groupe, quel que soit ce groupe, famille, école ou communauté.
Découvrir votre motivation permettra de doucement faire fondre votre croyance.
Par exemple:
→ En prenant en compte la croyance de mon père sur les femmes, j’espérais obtenir sa reconnaissance, son approbation, ce qui me plaçais dans son camp et me donnait un sentiment de sécurité.
Ou encore,
→ Maman s'inquiétait constamment de l'argent du ménage et maudissait l'existence de ne pas lui avoir donné l'homme qu'elle pensait mériter et qui pourrait apporter un bon revenu dans ce ménage. Et comme vous vouliez l'attention, l'amour et la bienveillance de maman vous avez abondé en son sens sur la malchance et la fatalité.
D'un autre côté, si votre croyance provient d'une situation que vous avez vécue; par exemple lorsque vous étiez enfant, vous exprimiez souvent vos sentiments ou vos désirs, mais chaque fois que vous le faisiez l’on vous blâmait ou rendait honteux.
Votre conviction pourrait alors être qu'exprimer ses sentiments et ses désirs est inapproprié et honteux et peut-être même en venir à cette croyance : « Je suis honteux d'avoir des sentiments ou des désirs. »
Dans ce cas, votre croyance ne vient pas de votre besoin d'attention ou d'amour, mais de votre expérience de ne pas être entendu, compris et respecté dans vos besoins par votre entourage.
Et pour sortir de cette croyance, il vous faudra permettre une expression consciente de vos sentiments, besoins et désirs. Ce qui ne peut être réalisé que dans un environnement où vous vous sentirez en sécurité, où vous ne serez pas jugé, condamné, ni rendu honteux.
Avec ce qui a été dit et à la suite de votre propre expérience avec ce petit exercice de repérage des origines de votre croyance, vous pouvez reconnaître que le problème ne vient pas de la croyance en elle-même, mais bien plus des motivations et/ou des expériences qui vous ont fait adopter cette croyance. Ce qui implique que pour qu’une transformation ait lieu, l'accent ne doit pas être mis sur la croyance elle-même, mais sur ‘vous’.
Vous vouliez être aimé, approuvé et respecté et pour obtenir cela vous avez adopté une croyance ainsi que le schéma de comportement qui la renforce.
Cette reconnaissance, lorsqu’elle se produit, a pour effet d’éradiquer complètement la croyance de votre mental parce que vous avez reconnu et accepter l’origine, la cause profonde de votre croyance et le schéma de comportement qui lui est lié s’effacera lui aussi de lui-même.
C'est comme cela que la transformation se met en place, lorsque nous apportons notre conscience, notre lucidité à la racine d’un phénomène et donnons notre attention, notre soutien à ce qui demande à être pris en charge.
Ce sont nos croyances qui sont les moteurs de nos schémas de comportement, de nos modes de fonctionnement ; aussi, tenter d’agir directement sur ces schémas de comportement n'aura pas grand effet. Quelques changements prendront peut-être place, mais tant que la cause racine restera inconsciente, ces schémas de comportements continueront à avoir une emprise sur notre façon d’être dans la vie.
Souvenez-vous que dans la majorité des cas, les croyances que vous portez ne proviennent pas de votre propre expérience de la réalité; elles vous ont été transmises par l'extérieur. C'est pourquoi il devient relativement aisé de mettre en œuvre une transformation.
Rappelez-vous ces étapes:
→ Quelle est ma croyance?
→ Quelles sont les formes de pensée associées à cette croyance?
→ Comment le fait de croire ce que je crois me fait-il agir dans mon quotidien?
→ Comment ai-je adopté cette croyance et quelles étaient mes motivations pour faire cela ?
Le faux se dissout toujours face à la conscience, à la lucidité. Devenir conscient des croyances, des formes pensées que nous portons permet à une transformation de s'installer sans effort.
Cela étant, je dois ajouter qu'il existe deux modes d’existences pour les croyances. Le mode conscient, ces croyances dont nous sommes conscients et un mode inconscient où les croyances fonctionnent à un niveau subconscient et parfois même à un niveau complètement inconscient. Et bien sûr, ces croyances inconscientes sont bien sûr plus difficiles à repérer et à dissoudre.
Pour vous aider à comprendre ce qu'est une croyance inconsciente, je vais vous donner un exemple personnel.
Quand j'avais 9 ans j’ai été atteint d’ostéomyélite, un virus qui s’attaque à la structure osseuse de la jambe. Ma jambe gauche était infectée au point que les médecins parlaient de la couper au niveau du genou pour empêcher la propagation de l'infection. La douleur était si intense que la plupart du temps j'étais dans une sorte de coma fiévreux, je pouvais cependant entendre tout ce qui se disait autour de moi et j'entendais les médecins parler avec mes parents de cette éventualité de me couper la jambe.
Au bout d’une dizaine de jours, l’on m'a emmené à l'hôpital pour une intervention chirurgicale et malheureusement pour moi, je me suis réveillé sur la table d'opération, en état de choc, dans une peur panique de ne savoir ce qui se passait et surtout, comme je ne sentais plus ma jambe gauche, dans une peur panique que les médecins soient en train de la couper. Comme je gesticulais et criais, l’on m’a injecté une autre dose de tranquillisant pour me calmer et me garder inconscient.
Lorsque je me suis réveillé un peu plus tard, je ne pouvais pas me rendre compte si ma jambe avait été coupée ou non, car toute la jambe était plâtrée et que je n'avais aucune sensation de la jambe.
Mes parents m’affirmèrent que les médecins ne m’avaient pas coupé la jambe, mais je ne pouvais pas vraiment les croire. C'est seulement lorsqu’une sensation est revenue dans ma jambe et que j'ai pu voir de mes propres yeux que ma jambe était toujours là que je savais qu'ils ne l'avaient pas coupée.
Du fait de cette croyance, tout mon côté gauche s’était rétracté dans un 'non', dans un refus que ma jambe soit coupée. Il m'a fallu plus de sept mois pour récupérer l’usage de ma jambe et marcher de nouveau normalement sans pour autant m’apercevoir que la rétractation du côté gauche opérait à mon insu. À un niveau conscient, je savais que mes deux jambes étaient là. Pourtant, inconsciemment, et je ne l'ai découvert que bien des années plus tard, j'étais toujours persuadé que l’on allait me couper la jambe. Bien que je puisse voir et sentir cette évidence que ma jambe n’avait pas été coupée et qu’elle fonctionnait normalement, la croyance inconsciente « ils vont me couper la jambe » restait active en arrière-plan et créait des tensions corporelles importantes.
Ce n’est qu’après un long travail psychologique et corporel que j’ai pu accéder à cette croyance refoulée dans l’inconscient, notamment à cause de la terreur et de la panique qui lui étaient associées. Lorsque j'ai découvert que je portais encore cette croyance et qu'elle était toujours active en moi depuis tant d’années, cela a été à la fois un choc de réaliser que j'avais porté cette croyance si longtemps et en même temps un soulagement parce qu'une compréhension profonde avait eu lieu. Non seulement la croyance était vue, mais également sa cause profonde et la tension maintenue dans le corps pouvait maintenant se relâcher.
Je relate cet exemple parce que je sais par expérience qu'il est gratifiant de prendre soin des croyances conscientes que nous portons lorsque nous voulons vivre une vie plus saine et plus naturelle et il est payant d'aller un peu plus loin et de prendre également soin des croyances qui habitent notre inconscient.
Travailler avec les gens en développement personnel m'a fait comprendre que c'est là une stratégie commune à tout psychisme humain que d'enterrer les croyances indésirables ou insupportables dans un recoin de l’inconscient jusqu'à ce qu'une possibilité d’assimilation, de transformation se présente. La vie ou l'existence est toujours axée sur le bien-être, la recherche de l’harmonie, de la maturité, même si cela prend des années pour que se faire.
J’aimerais conclure cette conférence en encourageant chacun d'entre vous à remettre en question chacune des croyances que vous portez, une par une, en utilisant les étapes décrites ce soir de sorte que votre vie puisse s’enrichir et évoluer vers plus d’harmonie, de joie de vivre et surtout plus de possibilités. De sorte que vous deveniez le maître de votre propre destinée et non le serviteur de croyances qui en réalité ne vous appartiennent pas.
Merci à tous pour votre patiente et attentive écoute.
En partage,
Rakendra
Hangzhou, Mars 2018
Le texte qui suit est la transcription abrégée du dernier exposé présenté lors la série audio sur l’enfant intérieur.
Chers Amis,
Je voudrais clarifier un possible malentendu entre le travail avec l’enfant Intérieur et la notion de ‘Vraie Nature’. Lorsque l’on travaille avec le concept de l’enfant intérieur, l’on travaille au niveau de la personnalité, celui de l’ego, et ce travail est principalement accès sur les points suivants :
→ Mettre en lumière les différents éléments qui composent notre personnalité
→ Apporter plus de compréhension sur la façon dont nous fonctionnons dans la vie
→ Sortir des jugements de valeur et des comportements obsolètes
→ Apporter une attention bienveillante à ces parties blessées de nous-mêmes
Tout cela en vue de restaurer la vitalité, la spontanéité et la créativité qui ont été voilées durant l’enfance. Ce travail avec l’enfant intérieur nous permet de vivre une vie plus en accord avec nos véritables aspirations en redonnant à notre élan vital la possibilité de s’épanouir. Ce travail nous aide également à développer une attitude bienveillante envers nous-mêmes et par conséquent envers les autres. Il nous rend aussi perméables à une autre dimension, une dimension qui va bien au-delà de ce que nous nous imaginons habituellement être, celle de notre Vraie Nature.
Ce que l’on appelle la personnalité est, de fait, centré sur un seul et unique paramètre et ce paramètre est: ‘moi’. Tout est centré sur, ou tourne autour de ce ‘moi’, d'où le terme latin ‘ego’.
→ Moi et mes pensées
→ Moi et mes sentiments
→ Moi et mes sensations corporelles et ses limitations
→ Moi et mes idées, mes jugements, mes croyances et attentes sur moi et les autres
→ Moi et mes biens, mes possessions (ma maison, ma voiture, ma femme, mon mari, mes enfants, etc.)
Ce sens du ‘moi’ est rendu encore plus fort lorsque nous commençons à être dans cette réalité existentielle 'j’existe, je suis ici, c'est moi'. Non pas de manière égocentrique ou égoïste, mais plutôt au niveau expérientiel de l’affirmation de soi. Un niveau tout ce qu’il y a de plus ordinaire d’être debout sur ses deux jambes avec un sentiment de plénitude, de force et d'ouverture à la vie qui s’accompagne de la joie d'être simplement vivant, d’être là, d’exister. Et c'est ce que le travail avec l'Enfant Intérieur peut amener à vivre, ce sentiment d’exister, d’être soi-même.
Lorsque nous atteignons ce niveau de compréhension et d'expérience de notre personnalité, nous pouvons entrevoir qu'il y a quelque chose d’autre, quelque chose de plus grand que ce domaine de la personnalité. Et le questionnement qui peut se faire jour est que : « peut-être que ce domaine de la personnalité n'est pas l’essentiel de ce qu’est la vie, peut-être y-a-t-il quelque chose de plus vaste et si c’est le cas, qu'est-ce alors que ce moi ? Ou encore ‘Qui suis-je?’
Ce questionnement peut également se développer à partir d’un sentiment d’incomplétude ou de manque.
Lorsqu’une telle question voit le jour naturellement, et non pas parce que l'on suit un idéal ou que l'on croit qu'il convient de s'intéresser à de telles questions, l’on entre alors dans un autre domaine, celui de la ‘Spiritualité’, qui n’est autre que la quête de notre vraie nature, de notre essence.
Lors du premier exposé audio sur l’Enfant Intérieur ainsi que pendant les stages sur ce thème, je dis quelques mots à propos de notre Essence.
Je mentionne que « lorsqu’un enfant naît, il n’a bien sûr aucune notion de personnalité, il est pure absence au sein d’une extraordinaire présence. Cette nouvelle vie est l’acceptation incarnée, cette nouvelle vie est l’immobilité dans le mouvement, le silence qui sous-tend les gazouillis. Cette nouvelle vie est ce que l'on désigne comme la Nature de Bouddha ou Vraie Nature. La vitalité, la joie, l'acceptation, l'ouverture et le silence en sont les qualités principales. Cette Essence ou Vraie Nature est le substrat à partir duquel et sur lequel toutes les couches suivantes viendront se déposer.»
Ce contact avec notre essence est ce vers quoi tend la spiritualité et être sur un chemin spirituel c’est mettre en œuvre ce qui est nécessaire pour retrouver ou renouer ce contact avec notre essence et vivre à partir de cette essence et non plus à partir d’un sens du moi. Sur un chemin spirituel, l’on ne cherche pas quelque chose qui serait en dehors de nous, ni même à l'intérieur de nous, mais bien plus à regagner cette capacité à vivre en union avec notre Essence.
Lorsque l’on travaille avec le concept de l’enfant intérieur, l’on cherche à retrouver la vitalité, la joie, la spontanéité et la vivacité de ce «je suis» que nous étions enfant afin que nos vies puissent être vécues dans l'ouverture et de manière créative. Et pour retrouver ce sens vrai du «moi», nous devons reconnaître et lâcher ce que nous ne sommes pas, les jugements qui ont été portés sur nous, les idées et les croyances que nous avons endossées ainsi que les comportements que nous avons adoptés pour couvrir nos blessures.
De la même façon, le travail sur un chemin vers notre Vraie Nature ou vers le Soi comme cela est parfois formulé consiste aussi à reconnaître et à lâcher ce que nous ne sommes pas pour que vivre à partir de notre essence et non à partir d’une idée d’un ‘moi’ puisse devenir une expérience vécue.
La remise en question de ce sens du ‘moi’ est le fondement de tout enseignement spirituel et pour ce faire, au cours des siècles, différentes méthodes ont été développées dont l’auto-investigation.
L'auto-investigation consiste simplement à s'interroger sur l'authenticité de ce que nous appelons ‘je’, le moi ou l’ego.
Aussi, s'il vous plaît, n’associez pas le travail sur l'Enfant Intérieur avec la recherche de cette capacité à vivre en relation avec notre Essence ou notre Vraie Nature. Travailler avec le concept de l'Enfant Intérieur et la recherche du Soi fait référence à deux domaines différents de cet être humain que nous sommes. D’un côté le domaine de la personnalité et de notre incarnation et de l’autre ce domaine transpersonnel de notre vraie nature. Toutefois, bien que ces deux domaines soient très dissemblables, ils restent néanmoins indissociables et forment une unité indivisible souvent appelée état d’Union ou encore Vraie Nature.
Et tout comme vous avez eu besoin de courage et d'intégrité pour entreprendre ce travail sur l’enfant intérieur pour faire face et guérir ces blessures accumulées pendant l'enfance, de même, la recherche du Soi exigera de vous courage et intégrité, avec une soif insatiable de vérité pour laisser émerger cet état d’Union, le Soi ou la Vraie Nature.
La quête de cet état d’Union, du Soi ou de notre Vraie Nature est d’une certaine façon la continuation naturelle du travail avec l'enfant intérieur; certains vont même jusqu’à dire que le travail avec l'enfant intérieur est le pont nécessaire vers cette Vraie Nature.
La question qui peut se poser pour vous maintenant c'est « Qu'est-ce que l’auto-investigation et comment l’utiliser pour parvenir à cet état d’Union ? »
Comme je l’ai mentionné plus tôt, l'auto-investigation est une méthode qui consiste à s'interroger sur l'authenticité de ce que nous appelons 'le moi' ou 'je' et ainsi en révéler la véritable nature. Une autre façon de dire cela serait : 'Est-ce vrai ? Qu’est-ce que ce ‘je’ ? Est-il une réalité tangible?'
C'est cela l'auto-investigation, une quête de la vérité et cette quête exige une plongée dans la réalité de ce qui est pour laisser de côté ce que nous rêvons ou imaginons être la réalité.
L’on tend naturellement à s’accrocher à ce ‘moi’ parce qu’il est la seule chose que nous connaissons, que nous ayons, mais surtout à cause de cette peur intrinsèque de ne pas être. 'Qui serais-je sans ce moi ? Qui serais-je sans mon histoire ?'
Nous vivons continuellement avec ce ‘moi’, nous vivons à partir de ce 'moi' depuis aussi longtemps que nous pouvons nous en souvenir. Nous avons pris ce ‘moi’ pour acquis sans jamais en questionner sa réalité et sans jamais réaliser qu'en fait ce sens du moi génère une séparation, une dualité et que cette séparation ou dualité est la cause première de toutes nos souffrances.
N'avez-vous pas remarqué qu'il y a toujours ‘moi’ et ‘autre chose que moi’ ?
→ ‘Moi et toi’
→ ‘Moi’ et ‘mon corps’
→ ‘Moi’ et ‘mon esprit, mes idées, mes croyances’
→ ‘Moi’ et ‘mes sentiments, mes émotions’.
→ ‘Moi’ et ‘mon histoire’, l’histoire de ce ‘moi’.
→ Et pour les plus spirituellement avancés : ‘moi’ et ‘ma vraie nature’.
Comprendre que cette dualité est constamment à l’œuvre est la première étape sur le chemin de la recherche du Soi et le tour de main à prendre lorsque l’on utilise l'auto-investigation consiste à mettre l'accent non pas sur ce qui est ‘autre que moi’ comme nous le faisons habituellement, mais sur ‘moi’ et sur la nature de ce ‘moi’.
L'auto-investigation consiste à rejeter ce qui n'est pas ‘moi’, c’est comme éplucher un oignon, pas ceci, pas ceci, pas ceci, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à rejeter et c'est à ce moment-là que l'état d’Union ou Vraie Nature se révèle.
C'est un voyage fait de multiples récompenses, un voyage qui vaut la peine d'être entrepris et c'est cette invitation que je vous lance maintenant que vous avez retrouvé un sentiment de force et d'ouverture à la vie en général après ce cycle de travail sur l’Enfant Intérieur. Je vous invite à poursuivre votre voyage vers vous-même avec les séminaires intensifs d’éveil.
Dans ces séminaires, nous utilisons une méthode spécifique d'auto-investigation issue de la tradition Zen japonaise, une méthode conçue pour amener le participant à s’expérimenter directement dans l’instant, à être sa vraie nature.
Voyez simplement ce qui vous convient le mieux, sachant que lorsque vous laissez votre cœur guider vos pas, vous ne vous tromperez jamais et ne serez jamais déçu.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou, Novembre 2017
Un des avantages notoires à la participation à un intensif de longue durée est que certaines croyances ou idées préconçues que nous véhiculons sont secouées dans leur fondement et peuvent même être déracinées pour de bon. En ce qui concerne la Vérité, la question avec lequel l'on travaille importe peu, ce qui importe vraiment est de garder le cap proposé par la technique jour après jour.
Avant de participer à cet intensif de deux semaines, j'avais cette conviction que lorsque je ferai l'expérience de la ‘vérité ultime’, cette expérience même me délivrerai,t me libérerai de tous les conditionnements mentaux. Mais il me fallait d'abord parvenir à ce stade ‘d'être la vérité’.
Il y a quelques années de cela, au court d'un intensif de trois jours, je me suis éprouvé comme ‘étant la vérité’ ; cette expérience ne m'a pas libéré pour autant. Tout au plus m'a-t-elle donné cette confiance et la certitude que ce que je suis est la vérité, de même que la capacité de reconnaître cela en moi et chez les autres lorsque cette vérité est manifestée. J'ai compris que la vérité émerge chez une personne lorsqu'il y a adéquation entre ce qui est et ce qui est exprimé. En d'autres termes, lorsque l'on est ce que l'on exprime.
Pourtant, j'étais toujours dans la croyance qu'il me fallait d'abord faire l'expérience de la vérité dans son sens ultime pour être libéré.
Eh bien, cette forme pensée s'est révélée être une ‘authentique’ idée préconçue…
Tandis que je cheminais dans cet intensif, exprimant chaque vérité du moment alors qu'elle se présentait à ma conscience en résultat de mon intention d'avoir une expérience directe de ‘qui je suis’ puisque je travaillais avec la question ‘Qui suis-je ?’, j'ai eu brusquement conscience de cette énonciation ‘La Vérité Libère’ et dans le même temps j'ai réalisé que je me libérais au fur et à mesure que la vérité était dite, instant après instant, petite vérité après petite vérité.
Dans cet éclair de compréhension, tout a basculé, un éclat de rire a fusé ; je prenais conscience de l'erreur commise. J'avais tourné la vérité en un objet, un but, un objectif qui devait être atteint avant qu'une libération puisse se faire.
Cette prise de conscience s'est avérée être un soulagement de deux façons. Il n'y a aucune ‘vérité’ à l'extérieur qu'il faille atteindre en tant que condition préalable à une libération et qu'en réalité je me libérais ici et maintenant, d'instant en instant du fait même que j'exprimais la vérité de ce que j'étais dans l'instant.
Dans un éclat de rire, je me suis rendu compte que j'étais l'artisan de ma propre libération.
Quelle joie et quel soulagement cette prise de conscience a été ! Cette compréhension a certainement renforcé, outre la force nécessaire pour dégager des couches plus profondes de ma psyché, une confiance en moi, la confiance que tout est juste et parfait tel que c'est.
Elle m'a également permis de comprendre plus clairement ce qui est signifié par ‘regarder le chemin plutôt que le but’ ou ‘la voie est le but’.
Gratitude & Namaste à tous
Rakendra
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence audio sur la plateforme WeChat sur la problématique de l’asservissement émotionnel.
Chers amis sur le chemin,
Bienvenue dans ce salon WeChat,
Ce soir, dans le cadre de la série d'ateliers Embrasser notre Enfant Intérieur, l’on m'a demandé de clarifier cette problématique « Qu’est-ce qui fait que nous nous retrouvons souvent asservis à nos émotions ? »
Je suis sûr que c'est une expérience bien connue de vous tous où vous vous êtes retrouvé empêtré dans une émotion qui semblait ne pas vouloir vous lâcher. Quelles que soient les situations que la vie vous apporte, la colère rôde en vous et vous vous retrouvez en colère ou plein de ressentiment sans pouvoir maitriser ce phénomène. Ou c’est la tristesse qui semble être votre compagnon de vie. Il peut aussi s'agir de peur, de honte ou de culpabilité et vous avez l’impression de connaitre cette émotion particulière depuis bien longtemps, comme si vous étiez né avec.
Ce n'est pas vraiment l'émotion, mais plutôt le sentiment qui sous-tend l'émotion qui est à l’origine de cette sensation d’être prisonnier d’une émotion et cela peut ressembler à un voile ou un filet invisible dans lequel nous sommes empêtrés.
Pour mémoire, l’émotion n'est que la décharge d'un sentiment; c'est un sentiment en mouvement, la partie visible d'un sentiment. Vous pourriez comparer cela à la partie visible d'un iceberg. Et bien que ce soit cette partie visible qui provoque des problèmes relationnels; elle n'est pas la source. La source se trouve dans le sentiment. Ce qui implique qu'agir sur l'émotion pour la réduire ou la dissiper n’aura qu’un effet temporaire, de surface et ne résoudra rien sur le fond.
Nombre d'entre vous ont certainement essayé de modifier des comportements liés à une émotion posant problème ou pour le moins essayé de les réguler du mieux possible tout en faisant ce constat que, quel que soit l’effort investi pour contrôler ce lien émotionnel, il reste toujours actif en vous et chaque fois qu'un certain bouton est poussé, ce sentiment et son émotion vous en emporte et vous vous sentez pris au piège, impuissant devant ce déferlement émotionnel qui vous laisse impuissant et désemparé.
Et la question qui vient naturellement à l’esprit est « Comment cela se fait-il ? Pourquoi suis-je pris au piège comme cela ? Pourquoi est-ce que je reste asservi à cette émotion ? »
Nous restons pris au piège ou asservis par cette émotion parce que nous ne la regardons pas directement. Généralement nous essayons de la contrôler pour qu'elle ne nous dérange pas trop. Nous prenons rarement le temps de questionner cette émotion et le sentiment qui lui est lié; savoir d'où il vient, comprendre quelle est sa cause profonde.
Nous restons pris au piège ou asservis par cette émotion parce que nous ne pouvons pas lui faire directement face. En apparence, il peut sembler que nous ne voulions pas faire face à cette émotion ou à ce sentiment, mais en réalité, cela fait partie d'un mécanisme interne et automatique de mise de côté, ce qui peut être ressenti comme une menace pour notre survie. Nous n'avons aucune emprise sur ce mécanisme autorégulateur, il fait partie du fonctionnement de notre système nerveux autonome, tout comme la respiration, tout comme le vieillissement.
Tout en nous est orienté vers la survie, ce qui fait que chaque fois qu'une situation est reconnue comme potentiellement menaçante pour notre survie par notre système nerveux, elle est mise de côté afin de nous permettre de fonctionner de la meilleure façon possible. C’est une adaptation en quelque sorte. Nous nous adaptons et ceci n'est pas spécifique à l'être humain; tout dans la nature est lié à cette loi. Les plantes, les animaux, tous sont liés à cette loi d'adaptation pour survivre, afin de perpétuer l'espèce.
Je mentionne ceci parce que très souvent, en tant qu'être humain, nous développons cette idée, qui se meut bien souvent en croyance, que nous ne sommes pas assez bons, pas assez performant ; que nous devrions être différents, que nous devons travailler dur pour nous améliorer et cette croyance nous laisse avec un sentiment de culpabilité ou de honte. Tout cela est véritablement hors de notre contrôle, hors de notre volonté. Cependant, étant donné que nous avons également un système régulateur de notre énergie saine de vie, la possibilité d’une transformation existe.
Ainsi, la cause profonde de ce sentiment est mise de côté dans une partie inconsciente de notre psyché, où elle reste dormante dans l’attendant d'être digérée. Toutefois, pour être digéré, ce sentiment doit remonter à la surface de la conscience où il peut être reconnu et ressenti consciemment pour ce qu'il est et ainsi se dissoudre. L'existence nous offre continuellement des occasions pour résoudre ce lien de dépendance, mais il est rare que nous saisissions ces opportunités, car la plupart du temps nous les ressentons comme des entraves à notre liberté.
Le sentiment en lui-même ne pose pas de problème puisque le sentiment n’est que la manifestation intérieure d'une situation éprouvée comme douloureuse ; aussi, essayer de le remanier ne portera pas de fruits. Ce qui portera fruit, c’est une acceptation consciente de la situation, un oui à cette situation. Et cela est bien souvent difficile, car la situation originelle s’est bien souvent repliée dans les tréfonds de notre inconscient et le système régulateur de notre énergie saine de vie peut s’en trouver bloqué à un point tel qu’il devient incapable de fonctionner comme il le devrait. Ce qui fait que nous restons avec l’impression d'être asservi à ce sentiment, avec apparemment pas d'autre choix que de le combattre ou de le souffrir.
C'est la peur et l'attachement qui nous maintiennent dans cette dynamique malsaine.
Comprendre ce mécanisme, comprendre que ce n'est pas du ressort de notre volonté que d’être asservi par un sentiment peut nous aider à lâcher tout sentiment de culpabilité et nous inciter à regarder comment prendre soin de ce sentiment qui crée un problème pour moi. C'est ce changement radical d'attitude, ne plus vouloir se débarrasser de ce sentiment gênant, mais au contraire de l'accepter et le laisser nous apprendre ce qu'il retient en lui et cela permettra à notre système régulateur de notre énergie saine de vie de se mettre en mouvement. D’une certaine façon, nous n'avons pas grand-chose à faire, simplement être avec, c’est-à-dire laisser faire, mais cela semble être la chose la plus difficile à réaliser, au moins au début. Une fois que nous avons ce désir de comprendre ce qui est en jeu dans notre psyché, de regarder ouvertement ce qui motive nos actes, une gestalt différente se met en place. Peu à peu, le contrôle s’estompe et l'amour s'installe.
Cela peut prendre un certain temps pour parvenir à la cause originelle de ce sentiment et avancer vers la libération de cet asservissement émotionnel, mais cette nouvelle gestalt enclenche néanmoins un processus de guérison et la transformation avec, dans son sillage, la maturité. Une personne plus mûre en sortira.
La personne qui a posé cette question: « Qu’est-ce qui fait que nous nous retrouvons prisonniers de nos émotions ? » avait probablement en tête une deuxième question, peut-être quelque chose comme « Comment puis-je me libérer de cet asservissement émotionnel dans lequel je me sens prisonnier ? »
J'ai mentionné plus tôt la direction générale à prendre qui est de sortir du désir de se débarrasser de ce sentiment gênant et d'accepter qu’il ait sa place et suive son cours. C'est le changement nécessaire et un changement majeur parce que vous enrayez le fait de vous juger pour être soumis à cet asservissement émotionnel et cela vous engage dans une relation plus bienveillante envers vous-même.
Pour ce faire vous devrez pratiquer ce que j'appelle « la trilogie transformatrice », à savoir :
→ Reconnaître (ce qui est)
→ Accepter (que cela soit, qu’il en soit ainsi)
→ Exprimer (ce qui demande à être exprimé)
• Reconnaître vient en premier parce qu'il n'est pas possible de faire face à quelque chose dont nous n'avons pas conscience.
• Accepter ensuite qu’il en soit ainsi ouvre la porte à comprendre ce que ce sentiment veut nous dire.
• Enfin, l'expression aide à créer une décharge de l'énergie bloquée et cette expression peut prendre différentes formes et pas uniquement celle d’une libération émotionnelle comme beaucoup le pensent. Le partage verbal, l'écriture, la peinture tout autant que la danse peuvent être utilisés, de même que différentes techniques corporelles.
Cheminer seul sur cette voie de transformation n’est pas facile, une aide extérieure est nécessaire et cette aide peut prendre diverses formes. Participer à un stage de développement personnel ou prendre des séances individuelles sont certainement les meilleurs appuis que vous puissiez vous donner. Cette aide extérieure est nécessaire, car notre mental peut facilement nous induire en erreur et le soutien bienveillant de quelqu'un qui a déjà parcouru ce chemin agit comme un encouragement, comme une incitation à abandonner nos peurs et à rassembler le courage nécessaire pour nous faire confiance, pour faire confiance à la vie, à l’existence. Au bout du compte il n'y a que la confiance, seule la confiance est.
L'acceptation est confiance et la confiance est acceptation, deux mots pour désigner une seule et même réalité.
Merci pour votre patiente et attentive écoute.
En partage,
Rakendra
Hangzhou, Octobre 2017
Ce fait d'être humain est comme une auberge.
Chaque matin, une nouvelle arrivée.
Une joie, une déprime, une rancœur,
ou une prise de conscience momentanée.
Toutes se présentent tel un visiteur inattendu.
Accueille et reçois-les toutes,
même si c'est une cohorte de chagrins
qui vident violemment ta maison
de tout son ameublement.
Traite chacun de tes hôtes honorablement.
Il se pourrait qu'ils fassent place à quelque nouvelle joie.
La sombre pensée, la honte, la malice,
ouvre-leur ta porte en riant
et invite-les à entrer.
Sois reconnaissant à tous ceux qui viennent.
Car chacun t'a été envoyé
comme un guide de l'au-delà.
Rumi, extrait de : La religion de l'amour, textes présentés par Leïli Anvar
Le texte qui suit est la transcription intégrale d’une conférence audio donnée sur la plateforme WeChat sur La Psychologie Occidentale et Méditation Orientale.
Chers Amis sur le Chemin,
Bienvenue dans ce salon WeChat, ce soir l’on m'a demandé d’éclaircir cette question. « Comment associer Psychologie Occidentale et Méditation Orientale afin de revenir à notre Vraie Nature ? »
Certains d'entre vous se souviendront peut-être de ce que j'ai dit sur ce sujet lors d'un précédent Salon à Hangzhou, toutefois il sera utile de rappeler les points principaux pour ceux d'entre vous qui n'étaient pas présents et d’aller plus avant sur ce sujet.
Comme vous vous en souvenez probablement, lors de mon intervention dans le dernier salon WeChat, j'ai clarifié la différence entre méditation et techniques de méditation.
En résumé, je disais que toutes les techniques de méditation étaient conçues pour accéder à un état d'union intérieure ou de plénitude qui peut être appelé ‘Méditation’, ‘Vraie Nature’, ‘Nature de Bouddha’, ‘le Divin’, ‘Le Soi’ ou encore ‘Présence silencieuse’. Des appellations différentes pour une seule et même ‘expérience’.
Qui plus est, dans cette approche et avec ces techniques, très peu d'importance est donnée à ce que nous appelons la personnalité, tout simplement parce que notre Vraie Nature n'a aucun point commun avec la personnalité.
L'approche orientale considère ce que nous appelons la personnalité comme une illusion que nous devons transcender. Ou, plus justement dit, elle considère l'identification avec la personnalité comme une illusion.
L'approche occidentale moderne quant à elle donne beaucoup d'importance à la personnalité. Je dis l'approche occidentale moderne parce que dans le passé (10-13ème siècles et avant) l'accent en Occident était lui aussi sur la méditation et pas tellement sur la personnalité.
C'est avec l’arrivée de l'âge moderne (à partir du 17ème siècle) et le développement de la connaissance et de la technologie qu'un changement s'est produit. L'accent a ensuite été mis davantage sur l'individu et comment cet individu peut vivre et mener une vie meilleure, d'abord matériellement puis psychologiquement.
Lorsque les besoins matériels élémentaires de nourriture, d’habillement et d'hébergement ont été satisfaits, la préoccupation s'est déplacée vers l'accomplissement de besoins plus complexes comme les besoins psychologiques. Besoins qui, à leur tour, ont conduit au développement du mouvement psychanalytique.
La psychologie traite du bien-être mental de l'être humain, de ses sentiments, de ses émotions et de ses comportements. Pour ce faire, elle s’organise en idées et en concepts qui deviennent très vite des croyances. L'approche orientale ne s’embarrasse pas de concepts, elle se concentre uniquement sur l’expérience du Soi ou la Vraie Nature. Ce que l'approche occidentale tient pour acquis et pour réalité, l'approche orientale y prête peu d'attention ou même le nie.
Avec ces quelques notions, vous pouvez commencer à entrevoir la différence entre de ces deux approches.
→ Méditation Orientale
→ Psychologie Occidentale
En résumé et de manière générale, l'approche orientale déclare que nous ne sommes pas le corps, que nous ne sommes pas ces sentiments et que nous ne sommes pas le mental. Nous sommes autres que cela ; nous sommes pure Conscience. Notre Vraie Nature est la Conscience. Elle déclare que la séparation qui se crée lorsque nous nous identifions à notre système corps-mental est simplement une illusion et que nous devons voir à travers cette illusion pour être réellement ce que nous sommes.
L'approche occidentale de son côté avance que la seule réalité est ce système corps-mental et que si nous voulons vivre heureux, nous devons en prendre soin physiquement et psychologiquement.
De fait, la psychologie occidentale est utile pour résoudre certains problèmes de souffrance de base et cela est déjà très utile; cependant, pour quelqu'un en recherche de sa Vraie Nature, la psychologie occidentale ne suffira pas, elle devra être couplée avec autre chose, soit une méthode d'auto-investigation, soit des techniques de méditation afin de faciliter le chemin de cette ouverture vers le réel.
Ces deux démarches sont radicalement différentes dans leur approche et peuvent même sembler antagonistes, tout comme le jour et la nuit ou le noir et blanc. Ce n’est toutefois pas le cas et pour vous permettre de comprendre plus aisément cette apparente dichotomie, prenez l'exemple du symbole du Tao, ce cercle fait de noir et de blanc avec un point de couleur opposée dans chaque segment.
Ces deux segments semblent être opposés parce que notre perception de 'la réalité' est quelque peu déformée et se concentre sur ce côté-ci ou sur ce côté-là, ce faisant, nous nous maintenons dans une perspective dualiste et nous passons à côté du fait que ces deux opposés sont unis dans un même cercle. La clé est le cercle et non un côté ou l'autre. De la même façon, l’approche que nous pouvons avoir sur ce que nous sommes doit inclure à la fois cette incarnation que nous sommes et l'aspect non manifesté.
D’un certain point de vue, nous sommes ce système corps-mental qui semble être une entité distincte, indépendante, différente des 'autres'.
D’un autre point de vue, nous sommes l'absolu, le non manifesté (notre Vraie Nature) qui n'exclut rien, qui est tout inclusif.
Chaque être humain est une incarnation qui sort du 'rien', de l'absolu et disparaît dans ce 'rien'. Avant d’être né, vous n'existiez pas en tant qu'entité physique, après votre décès le corps se désintègre et retourne à ce 'rien'. Ce temps entre naissance et mort n’est autre que la manifestation de ce 'rien'. Tout comme la vague est la manifestation de l'océan d’où elle est issue. Et pour nous, êtres humains, cette incarnation implique trois caractéristiques essentielles dans une même entité.
→ Un corps et des sensations
→ Des sentiments et des émotions
→ La faculté de penser
De plus, et c'est ce que je soulignais par ‘une même entité’, la perception ou la conscience de ces trois aspects. C'est le cercle auquel je faisais référence avec le symbole du Tao où les deux demi-sphères sont unies dans un cercle. En tant qu'êtres humains, nous sommes tous ces aspects. La conscience, le corps, les sentiments et la faculté de penser.
L'état de ‘méditation’ inclut tous ces aspects. C'est pourquoi il est important, lorsque nous sommes en quête de l’expérience de notre Vraie Nature, de n’exclure aucun de ces aspects. Nous sommes multidimensionnel et chaque aspect a non seulement sa place et sa fonction, mais est également indissociable de l'autre.
Ce qui implique que s'identifier à un aspect, quel qu’il soit, est le plus sûr moyen de manquer cette unité de l’ensemble. Tout comme en exclure un des aspects conduira à une incompréhension de ce qu’est la réalité.
Mais qu’est-ce que ‘la réalité’?
La réalité c’est l'unité, la non-séparation, la non-dualité pour reprendre un terme connu. Dit autrement, la réalité c’est l'inclusion de tout ce qui existe, y compris l’apparente séparation, y compris l'identification apparente avec une entité que nous définissons comme ‘moi’.
Comprendre ceci intellectuellement est assez simple, ce qui l’est moins c’est de parvenir à une réalisation expérientielle de cette unité et pour ce faire le plus simple est de commencer par ce qui est directement à notre portée, c’est-à-dire notre système corps-mental. Ce corps, ces sentiments et ce mental nous sont directement accessibles, même si nous devons en fin de compte les transcender pour être dans l’expérience de notre Vraie Nature.
L'approche occidentale versée sur l’aspect psychologique peut être d'une grande aide sur ce chemin vers notre Vraie Nature parce qu'elle nous permet de comprendre nos mécanismes de fonctionnement ainsi que les blocages psychologiques qui lui sont liés et cela nous aide à comprendre la cause de notre souffrance.
C'est pourquoi travailler sur la détente corporelle, travailler avec les sentiments et leur expression tout en utilisant le discernement qu’apporte le mental aide à ouvrir et à élargir notre compréhension de ce qu'est la vie, de ce que la vie est. Nous sommes le mouvement de la vie, nous sommes la vie en mouvement, mais nous sommes rarement conscients de cette incontestable réalité.
En travaillant avec ces trois domaines que sont le corps, les sentiments et le mental, peu à peu la relation entre pensées, sentiments et sensations sera vue et avec cette observation un désengagement se mettra doucement en place, désengagement qui à son tour créera une ouverture pour permettre à quelque chose de plus vaste de se manifester.
Lorsque nous nous désengagerons de notre identification avec les idées et les croyances que nous portons, cela ouvre automatiquement la voie à l'expérience d’être Conscience, simplement parce que ce que l’on nomme Conscience est notre Vraie Nature. Deux termes différents pour une seule et même réalité, cette réalité que nous sommes.
Si nous commençons par l'autre dimension, celle de la ‘spiritualité’, le risque est grand de se retrouver dans une sphère de rêves faite de spéculations, d’attentes et de convoitises, dans une sphère désincarnée, irréelle. C’est un peu comme se réfugier au sommet d’une montagne, totalement coupé de la réalité du monde, c’est entrer dans une sorte de « schizophrénie spirituelle ». Cela peut également être ressenti comme une impression d’avancer vers des sphères qui semblent inatteignables ou comme parler de nourriture alors que vous mourrez de faim, parler de nourriture ne satisfera pas votre faim, il vous faudra des aliments solides pour satisfaire votre faim, et ce n’est qu’ensuite, lorsque vous êtes suffisamment rassasié que vous devenez disponible pour une nourriture plus subtile. Tout comme il n’est pas possible d’écrire un livre avant d'avoir appris l'alphabet et avant de savoir comment assembler les lettres pour former un mot puis une phrase.
C'est pourquoi je préconise le travail sur la personnalité comme porte d’accès vers la méditation, vers notre Vraie Nature.
Comme la plupart des gens sont empêtrés dans des nœuds émotionnels et mentaux qui proviennent d’expériences négatives dans l'enfance, le travail sur la personnalité devient nécessaire pour nettoyer ces nœuds et créer de l'espace afin qu’autre chose puisse se révéler. Les différentes techniques de méditation active que j'utilise, et en particulier la méditation dynamique, sont toutes orientées vers cette création d’espace pour ainsi ouvrir la voie à un état de méditation.
La plupart d'entre vous ont voyagé en avion et vous avez sans doute tous remarqué qu'après le décollage, l'avion doit traverser une couche de nuages avant d'atteindre l’infini ciel bleu.
Vous êtes ce ciel bleu, chacun d’entre nous est cet espace limpide et immaculé, tout comme chacun d'entre nous est également empêtré dans une couche de nuages plus ou moins denses, plus ou moins sombres ou orageux. Mais ce ne sont que des nuages, l'essentiel, c’est-à-dire vous, est ce ciel bleu.
Toutefois, avant de réaliser cela, un petit travail de nettoyage est nécessaire.
Mais revenons à la question posée, « Comment associer Psychologie Occidentale et Méditation Orientale afin de revenir à notre Vraie Nature ? »
Dans un précédent salon WeChat, en parlant du travail que je propose, j'ai mentionné ce qui suit, 'Étant donné que nous sommes des êtres humains incarnés aussi bien que des êtres ‘spirituels’, il est nécessaire de travailler sur ces deux aspects.'
Et la forme que j'ai donnée à mes différents ateliers correspond aux différentes phases que nous traversons dans la vie. Etant donné que la plupart de nos comportements inadaptés d’adulte proviennent de traumatismes de l'enfance, travailler sur les conditionnements de l'enfance avec la série d'ateliers « Embrasser notre Enfant Intérieur » est une étape nécessaire.
Comme mentionné précédemment, nous sommes des êtres humains incarnés et du fait que la répression a joué un rôle majeur dans la vie de beaucoup, j’associe, dans ces ateliers, un travail avec le corps avec un travail sur les sentiments et leur expression. Le mental est lui aussi engagé dans ce travail, pas seulement pour comprendre intellectuellement ce qui se passe, mais aussi pour apporter une lucidité à ce qui est vécu.
Et puisque nous sommes également des êtres ‘spirituels’, j'inclus une méditation dite ‘active’, la méditation dynamique à tous mes ateliers. La méditation dynamique est une technique de méditation idéale dans cette approche, car elle inclut lors des trois premières étapes le plan physique et celui de la personnalité. Ce qui permet durant les deux étapes suivantes de contacter la dimension spirituelle.
Dès lors qu’une clarification de la personnalité s’est opérée, même partiellement, l’on peut passer à une approche plus intense avec les séminaires intensifs d’éveil.
Lorsque nous travaillons sur la personnalité, nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas ‘juste cela’. De même, lorsque nous travaillons avec la dimension spirituelle, nous ne devons pas non plus oublier que nous sommes aussi des êtres incarnés. Nous sommes un tout interconnecté, il n'y a vraiment aucune séparation entre le physique, le personnel et le spirituel; tout est un.
Cet agencement est important pour soutenir un changement durable, une transformation durable et les deux principaux ingrédients de cet agencement sont : l'engagement et l'acceptation.
→ L'engagement vous permet de rester en phase avec la tâche à accomplir, il crée une liberté.
« Lorsque vous vous engagez sur votre chemin, lorsque vous vous abandonnez à votre chemin de croissance, quelque chose de magique se produit... les obstacles se liquéfient, les montagnes s’aplanissent devant vous, le ciel s'ouvre au-dessus de vous et vous vous retrouvez transformé. » (Aziza Sa'id)
→ L'acceptation crée pour sa part un environnement de soutien, propice à la transformation.
Participer à ces ateliers peut devenir une opportunité pour apprendre, à un niveau concret, à un niveau expérientiel, comment combiner psychologie occidentale et méditation orientale afin de revenir à ce que nous sommes vraiment, afin de revenir à notre Vraie Nature. Dans ces ateliers nous travaillons sur le spectre complet de ce qui compose un être humain; la ‘personne-essence’.
Pour conclure, j'aimerais encourager chacun d'entre vous souhaitant générer pour lui-même une transformation durable de prendre courage et de venir participer à ces ateliers ou encore, bénéficier d’un soutien plus personnel par le biais de séances individuelles.
Revenir à sa Vraie Nature devrait être l’objectif principal de toute démarche intérieure et non pas le simple désir de résoudre un problème que l’on rencontre dans sa vie.
Merci pour votre patiente et attentive écoute.
En Partage,
Rakendra
Hangzhou, Juillet-2016
Le refoulement produit deux « moi » en guerre l’un contre l’autre : le moi réel avec tout son fardeau de besoins et de douleurs, et le moi factice qui a pour fonction d’empêcher le véritable moi de se montrer, et dont le rôle est d’assurer le fonctionnement du corps malgré la tempête qui fait rage par-dessous. Et le moi factice y parviendra d’autant mieux qu’il ignorera sa propre histoire. C’est pourquoi les névrosés sont des êtres floués de leur histoire ; leur passé leur a été confisqué par la souffrance. Le moi factice va chercher ensuite l’assouvissement des besoins par des moyens symboliques. D’anciennes souffrances refoulées sont ensuite extériorisées dans des comportements irréels et purement symboliques.
Le revécu des souffrances précoces permet, en atténuant le refoulement, de recouvrer la capacité de ressentir. Et de refaire l’unité du moi divisé. Pourquoi est-il si important d’expérimenter ses sentiments ? d’une part cela fait cesser les symptômes pathologiques, mais cela met également un terme à la quête d’un assouvissement symbolique. Lorsque le moi véritable a émergé, on n’a plus à se chercher. C’est au cœur de la souffrance qu’on découvre le moi réel. Le problème de notre époque, c’est le mal-ressentir (au sens de ressentir le contenu sensoriel et émotionnel de son vécu).
Pourquoi le névrosé travaille et s’active t-il tant ? c’est pour empêcher son passé de refaire surface dans le présent. Pour être en bonne santé, il faut se plonger dans son histoire au lieu de la fuir, remonter à la source des problèmes au lieu de passer sa vie à leur chercher des palliatifs.
1ère Partie : Pourquoi tombe t-on malade ?
♦ Les besoins fondamentaux de l’être humain :
L’enfant va vite apprendre à renoncer à l’amour physique au profit de l’approbation de ses parents. Il va apprendre qu’il ne peut pas recevoir de l’amour quand il le voudrait, mais seulement quand ses parents auront décidé de lui en dispenser. L’absence d’amour est le principal facteur de développement de la névrose. Ressentir, c’est retourner en arrière et sentir les besoins du tout-petit et de l’enfant qu’on a été. Sentir l’envie douloureuse d’être pris dans les bras d’un de ses parents, comme si on y était. Ressentir la frustration due à la souffrance initiale.
On ne guérit pas d’une piètre opinion de soi en essayant de se prouver sa propre valeur ou en agissant de manière à flatter son ego. Au contraire, le traitement consiste à s’autoriser à ressentir ce sentiment de n’avoir pas été désiré ou voulu. Ce qui permettra de s’apercevoir que la carence d’amour n’était pas due à quelque tare inhérente à soi-même mais qu’elle venait d’une incapacité des parents à aimer. Mais une telle prise de conscience n’est possible que lorsqu’on cesse de lutter contre son besoin d’être constamment rassuré, et qu’on ressent à fond le manque d’amour dont on souffre.
♦ La souffrance primale : le grand secret occulté :
Le refoulement chez l’enfant est une réponse automatique à la souffrance occasionnée par la frustration du besoin affectif. La souffrance primale, c’est une souffrance tellement forte qu’on ne la sent plus, et qu’elle peut donc continuer indéfiniment. Les souffrances précoces sont les plus catastrophiques dans la mesure où elles constituent une menace pour la survie de l’individu. Ainsi le fait d’avoir frôlé la mort à la naissance ou le désespoir du tout-petit qui sent qu’il ne sera jamais aimé. L’organisme n’est pas fait pour tolérer des souffrances d’une telle intensité. Le degré de refoulement dépendra du niveau d’intensité de la souffrance. Quand un membre gèle, au début, on a mal. Et puis quand la douleur devient trop forte, on s’engourdit et on ne sent plus rien. Mais quand la chair « dégèle », la sensibilité revient et on recommence à avoir mal. C’est pareil avec les blessures émotionnelles. La souffrance affective est refoulée et oubliée. Il s’ensuit un engourdissement des émotions, une incapacité à ressentir. Mais lorsque plus tard, on se remémore cette souffrance, on recommence à avoir mal.
Comment se peut-il qu’une souffrance aussi colossale puisse rester comprimée à l’intérieur de notre corps sans qu’on s’en rende compte ? c’est au refoulement qu’on doit un tel prodige. En effet il diffuse l’énergie de la souffrance qui se retrouve alors dans l’hypertension artérielle, dans une sexualité compulsive, dans l’asthme et dans la colite, dans les pensées vagabondes et dans les maux de tête. Ainsi les patients souffrant d’hypertension voient leur tension baisser de 2,4 points en moyenne après avoir suivi une thérapie primale.
La souffrance affective est-elle un sentiment ? non, c’est plutôt ce qui arrive aux sentiments lorsqu’ils ne peuvent pas suivre leur cours naturel. Et c’est pourquoi on peut mettre un terme à la souffrance en ressentant ses sentiments. Le mécanisme de la souffrance emprunte des trajets nerveux de formation récente. Il s’agit d’un mécanisme qui nous indique ce qui nous fait mal, mais aussi, assez souvent aussi, pourquoi on a mal. Se sentir déprimé et désespéré, c’est souffrir. Ressentir une absence totale d’espoir due au fait qu’on a jamais été aimé par sa mère, c’est éprouver un sentiment « connecté ». la connexion dissout la souffrance, l’absence de connexion l’entretient. Dans notre enfance, le système limbique a absorbé les affronts, les uns après les autres, et la souffrance s’est accumulée au point que nous sommes devenus vulnérables au moindre petit stimulus. C’est ainsi qu’une simple frustration peut suffire à nous mettre dans des rages folles.
Il est possible d’émousser la souffrance primale, de la rediriger et de la détourner, mais pas de l’effacer. Toute marque gravée dans le système est indélébile. Quand on s’est senti mal aimé dans sa petite enfance, c’est un sentiment qui ne vous quittera plus jamais. Il va rester aussi fort qu’à l’origine, quelle que soit la qualité du vécu qu’on aura par la suite et même si on jouit de l’adoration de centaines de gens. Le stress du bébé peut être le fait d’un traumatisme affectif. Un patient qui revit une expérience d’étouffement et de suffocation due à un manque d’oxygène à la naissance ne joue pas la comédie. C’est la mémoire limbique qui est à l’œuvre. Il est clair que le nourrisson perçoit ses expériences et qu’elles ont un très fort impact sur lui. La fenêtre sensorielle du nouveau-né est large ouverte et elle le rend plus sensible qu’il ne le sera jamais par la suite. Il ressent « plus » parcequ’il n’a pas encore de cortex pleinement développé ou de cerveau pensant pour diluer ses expériences. L’idée d’une mémoire occulte de la souffrance est difficile à accepter, d’abord parce qu’il n’est guère agréable de se rappeler ce qui fait mal, et ensuite parce qu’elle est cachée. Janov parle de « souffrance primale » : c’est comme la force de gravité : une influence qui se fait sentir en permanence mais dont on est totalement inconscient. La souffrance primale est le grand secret occulté de notre époque.
♦ Le refoulement : les verrous du cerveau et la perte de la sensibilité
Le principal mécanisme du refoulement de la souffrance s’appelle le « verrouillage ». le verrouillage est un processus qui bloque la perception de la souffrance et non la souffrance elle-même, en empêchant la masse d’impulsions électriques qui constituent la douleur d’atteindre les zones supérieures du cerveau. Par un heureux hasard – mais lourd de conséquences – le sentiment de grande souffrance ressenti précocément dans la vie se transforme en son contraire : une absence de sensibilité. Le verrouillage de la souffrance affective fonctionne dans deux cas de figure : lorsque l’intensité de la douleur dépasse un certain seuil ou lorsque ce même seuil est atteint par effet cumulatif. Toute souffrance qui dépasse le seuil de tolérance déclenche un mécanisme antidouleur intégré, qui veille à ce que nous ne souffrions pas démesurément. Les traumatismes graves subis précocément noient le système cérébral sous un flot d’impulsions électriques qui le font disjoncter. Lorsque le traumatisme est suffisamment fort, comme dans l’inceste, les verrous se ferment. Mais en se refermant pour exclure la douleur, les verrous du cerveau évacuent également notre histoire. Nous ne nous souvenons plus du traumatisme, ou des besoins et des sentiments qui l’accompagnaient. Nous sommes floués du souvenir dont, précisément, nous aurions besoin pour guérir des effets de ces traumatismes du passé. On ne refoule jamais impunément. Il y a toujours un prix à payer. La force avec laquelle s’applique le verrouillage ou le refoulement est proportionnelle à celle de la douleur. Une énorme souffrance subie pendant la naissance entraînera l’investissement d’une très grande quantité d’énergie par la suite pour continuer à occulter une telle souffrance, et ce de manière continuelle, car l’empreinte du traumatisme sera indélébile. Le système de verrouillage est ce qui nous permet de sentir d’une manière tout en agissant d’une autre. Un système sans lequel on ne pourrait pas vivre car on souffrirait le martyre à chaque instant. C’est ce verrouillage qui permet qu’une patiente vienne nous voir en se plaignant de migraines, tout en nous assurant qu’elle a eu une enfance heureuse, pour s’apercevoir un an et une centaine de primals plus tard qu’il n’en était rien. Ainsi chaque souffrance possède son propre mécanisme d’inversion : le refoulement qui est un camouflage émotionnel. Les verrous préservent notre réalité intérieure dans sa forme la plus pure. Ce sont des pare-chocs qui protègent nos sentiments ; ils sont donc censés nous vouloir du bien. Mais celui qui s’est protégé à coups de verrous très forts, qui a refoulé beaucoup de choses, risque de souffrir de maladies du système auto-immunitaire, comme l’arthrite par ex., dans laquelle la personne réelle est attaquée dans ses cellules et ses tisus, assaillie comme si elle n’était qu’un vulgaire corps étranger. On est devenu allergique à soi-même ! le système de verrouillage fonctionne bien chez les patients qui ne sentent rien et qui se plaignent que la vie ne leur apporte pas grand-chose.
Rien n’active le cerveau – et son système de verrouillage – autant que la souffrance. Il y a fondamentalement un seul mode de défense – le refoulement – qui produit une multitude de symptomes. Les processus du refoulement sont tels qu’ils repoussent toute souffrance quelle que soit son origine. Cependant le plus souvent, le refoulement est partiel, présentant des fuites qui laissent remonter le sentiment vers la conscience. Le sujet aura alors tendance à colmater ces fuites à l’aide de défenses secondaires qui correspondent à ce que les freudiens appellent les mécanismes de défense primaires : déni, projection, formations réactionnelles … les défenses secondaires ont pour fonction de prendre le relais du refoulement quand celui-ci faiblit. Nous avons donc un système de défense unique, le refoulement, accompagné de défenses secondaires qui correspondent aux moyens que chacun de nous s’invente pour éviter de souffrir et pour satisfaire ses besoins inassouvis, tout en bridant ou en évacuant l’énergie associée au sentiment. La névrose correspond en réalité à une tentative de dépassement de la souffrance et à la recherche de moyens de se procurer quelque chose qui ressemble à de l’amour. Ce n’est pas parce que nous cachons notre souffrance qu’elle n’existe pas ; quel paradoxe que d’éluder ainsi constamment la seule chose susceptible de nous libérer ! la souffrance est une bénédiction car, une fois ressentie, elle déclenche les forces de la guérison.
Les endorphines sont les clés et les serrures du système de verrouillage de la souffrance. C’est grâce à elles que nous ne nous rendons pas compte que nous souffrons. Ce qui est intéressant avec le refoulement, c’est que c’est lui qui fixe les limites de la sensibilité. Tout le monde se croit « sensible » jusqu’à un certain point, jusqu’aux bornes fixées par le refoulement. Il faut qu’un grand pan du refoulement se soit écroulé pour qu’on s’aperçoive qu’on ne ressentait pas pleinement tout ce qui était en soi. Il faut avoir ressenti toute sa souffrance pour que l’échelle de la sensibilité se révèle dans toute son étendue. Sans le refoulement, il est probable que la plupart des êtres humains auraient trop souffert pour que la civilisation ait pu progresser. Le refoulement nous permet de continuer à travailler et à produire même lorsqu’on souffre terriblement. La souffrance active augmente les chances de survie tandis que le refoulement les diminue. Souffrance + refoulement = maladie. Souffrance + douleur = survie. Contrairement aux idées reçues, le fait d’éprouver sa souffrance va dans le sens de l’adaptation à long terme. Ne pas la ressentir, c’est avoir un comportement anti-adaptatif, sauf chez l’enfant, chez qui c’est justement une conduite favorisant l’adaptation, et c’est avec le temps que l’effet s’inverse. Dialectique implacable : ce qui nous a sauvé la vie au départ – le refoulement – est aussi ce qui finira par avoir notre peau.
♦ Niveaux de conscience et nature de l’esprit
La souffrance engrammée et son souvenir en première ligne sont les moins accessibles. Aucun langage ne pourra en faciliter la compréhension. Au contraire, cela ne fera que compliquer le problème. C’est la souffrance verrouillée et refoulée qui est à la base de la mauvaise communication entre les niveaux de conscience. C’est elle qui est responsable de l’espèce de fragmentation et de disjonction qui se produit. Les fonctions des différents niveaux de conscience ne sont pas interchangeables. Toute la compréhension intellectuelle du monde ne pourra rien changer au souvenir engrammé d’un accouchement par le siège. Chaque niveau de conscience ayant sa mémoire propre, on ne peut essayer de se rappeler un sentiment. Il faut le ressentir selon le mode qui lui est spécifique. C’est la conscience – le fait d’avoir revécu des événements précoces bouleversants – qui modifie le mode de fonctionnement du cerveau. Ce n’est pas en comprenant vos rêves que l’on peut changer sa vie. Inutile de s’imaginer qu’on peut changer en « comprenant » ses sentiments. Car la seule chose qui importe, c’est de les ressentir.
♦ Comment se forme l’empreinte des expériences précoces
La nature du rapport entre le système limbique et le cortex explique qu’on puisse avoir une connaissance uniquement « cérébrale » de soi et de son comportement, et qu’on puisse même se rappeler son enfance dans le détail, tout en étant coupé des sentiments qui sont les « tripes » des souvenirs. Le souvenir cortical peut être détaillé et complexe bien que détaché de sa composante douloureuse – une souffrance presque indescriptible et qui n’a rien à voir avec quelques larmes. Le souvenir est « déconnecté ». si on ne rétablit pas la connexion entre la pensée et le souvenir affectif, la composante douloureuse et pénible du souvenir va rester sous la forme d’une énergie verrouillée circulant dans le système. La thérapie primale permet de rappeler à petites doses cette composante douloureuse et de l’intégrer à la personnalité jusqu’à ce qu’il ne reste que peu d’inconscient. Car l’inconscient n’est en grande partie que de la souffrance qui n’a pas été intégrée. Nos besoins et nos sentiments étant verrouillés avant d’arriver à la conscience, cela nous permet de les « déjouer » symboliquement, d’imaginer des dérivatifs qui n’ont plus de connexion directe avec ces sentiments. On agit alors de manière indirecte. On travaille dur ou on fait le malin dans l’espoir de se sentir aimé, pour ne pas se laisser aller à désespérer de jamais être aimé. Pour le névrosé, être irréel c’est survivre. Il lui faut de l’espoir, aussi irréel soit-il. Tant qu’on sera habité par le sentiment qu’il n’y a rien à espérer, l’espoir continuera à jaillir, mais c’est quand même la désespérance qui façonnera notre vision du monde. Celui qui fait figure de perpétuel optimiste n’a peut-être pas le choix, sinon il risquerait de sombrer dans des abîmes de pessimisme et de désespoir. Il arrive que l’optimisme, qui passe pour une qualité, ne soit qu’une bonne défense qui nous empêche de voir la futilité d’un programme, d’un projet ou d’un effort donnés.
Le souvenir ancien cherche toujours à s’affirmer dans sa forme exacte, avec ses composantes physiologiques particulières. Ainsi certains sujets sont-ils sujets à de fréquentes crises d’hyperventilation inexplicables, parce que leur souvenir précoce de suffocation est toujours présent et qu’il est en train de remonter vers la conscience. Le souvenir ancien cherche toujours à s’affirmer dans sa forme exacte, avec ses composantes physiologiques particulières : ainsi celui qui a été privé d’amour au début de sa vie et dont le système continue à souffrir d’un manque d’amour à l’âge adulte, même s’il en reçoit beaucoup. Parce qu’il n’arrive pas à le ressentir ou à l’accepter. L’empreinte du souvenir annule la possibilité de trouver une satisfaction extérieure, parce que ce n’est pas d’une satisfaction d’adulte que le corps a besoin. Comme le système a besoin d’assouvissement mais qu’il le nie, c’est par le biais du déjouement qu’on va tendre à la satisfaction. Le corps sait bien que la guérison ne pourra se faire que dans le contexte original de la blessure et il s’efforce constamment de le reproduire. Pour guérir, il faut soigner ses plaies là où elles se trouvent ; si c’est à un niveau de conscience inférieur qu’on a subi des chocs précoces, il n’y a qu’à ce niveau-là que la guérison pourra se faire.
Si la psychologie pouvait comprendre et accepter l’idée que la guérison ne peut se faire que dans le contexte originel de la maladie … dans l’ensemble, le névrosé aura tendance à reproduire son environnement intérieur et ses réactions à l’événement qui l’a blessé initialement. Même lorsqu’on se rend compte de la présence d’une souffrance en soi, il est presque impossible d’en comprendre l’origine car le refoulement ne le permet pas. Le refoulement a pour fonction de nous maintenir en partie inconscients et de nous empêcher de guérir. Le système humain vit dans le passé, littéralement, et ce de toutes les façons possibles. C’est pourquoi le souvenir du passé prend le pas sur la réalité actuelle ; on réagit en premier lieu au souvenir, venu de l’intérieur, et seulement ensuite à la réalité, extérieure à soi.
Pour celui qui a été critiqué sans merci dans son enfance, une seule parole de critique peut suffire à produire un effet désastreux, même si elle s’accompagne d’une profusion de louanges. Parce que cette critique a ressuscité un ancien sentiment : celui de n’avoir aucune valeur. On ignore les compliments puisque l’unique critique est entrée en résonance avec le passé. Plus on a un passé douloureux, et plus on risque d’être facilement contrarié. Celui qui a beaucoup de colère en lui, par ex., sera constamment irritable, et le moindre obstacle suffira à déclencher son irritation de vieille date. Plus on souffre et plus la souffrance prend de la place dans le cerveau. Toutes les expériences présentes vont désormais passer par le filtre des empreintes, et les événements les plus neutres prendront une coloration douloureuse. Les événements les plus critiques sont généralement ceux qui surviennent durant la gestation, ainsi que pendant la naissance et directement après. La terrible solitude qu’un bébé peut éprouver après la naissance peut produire chez lui une hantise de la solitude et un besoin d’avoir constamment de la compagnie pour le restant de ses jours. Le seul moyen de libérer le système de l’empreinte et de son influence, c’est de regarder l’empreinte en face, au niveau de conscience auquel elle s’est gravée. Lorsqu’elle est ressentie consciemment, son énergie bioélectrique est enfin libérée et connectée à la conscience. L’empreinte rejoint alors les rangs des simples souvenirs. L’empreinte est la principale réalité qui se cache derrière de nombreuses maladies.
♦ Le comportement du névrosé : le déjouement symbolique
Le névrosé vit le présent comme si c’était le passé. Son comportement est une tentative de résolution symbolique de ses besoins et de ses traumatismes passés. Le « déjouement symbolique » signifie agir dans le présent tout en étant mû par la force d’un ancien besoin inconscient. Le moi irréel poursuit toutes sortes de projets fumeux et d’abstractions car il doit rester dans le flou pour ne pas ressentir la souffrance. Un adulte coupé de la perception de ses propres besoins ne sera pas capable de satisfaire ceux de son enfant. Pour l’adulte qui n’a pas pu satisfaire ses besoins d’enfant, le monde devient un substitut de ses parents et de ce qu’ils auraient dû faire pour lui. Prenons l’exemple d’un homme timide ; ce n’est pas normal d’être timide. Cet homme a toujours tout intériorisé car il s’est rendu compte très tôt qu’il ne pouvait pas parler de lui à ses parents, trop occupés à satisfaire leurs propres besoins. Cet homme se marie mais va rapidement connaître des problèmes conjugaux ; cet homme peut changer, mais pas du fait des autres qui le feraient « sortir de sa coquille » ; il changera s’il arrive à ressentir son besoin initial : le besoin de voir ses parents s’intéresser à lui. Or ressentir un tel besoin c’est connaître le désespoir. Et le désespoir est la clé du changement. En s’autorisant à ressentir son besoin d’être apprécié par les autres, cet homme-là redécouvrira en effet le peu de cas que ses parents faisaient de lui. Alors qu’en gardant tout en lui, il maintenait la souffrance à distance. Le déjouement cache presque toujours une désespérance.
Le transfert freudien n’est qu’une forme de déjouement symbolique dans lequel d’anciens sentiments portés aux parents se reportent sur le thérapeute. Cela ne sert à rien d’analyser ce transfert et de comprendre le déjouement qui s’effectue vis-à-vis du thérapeute ; mieux vaut en ressentir la source, après quoi le symbole disparaîtra de lui-même.
♦ Le traumatisme de la naissance : marqués à vie par les séquelles de la naissance
Le névrosé est un être altéré, non seulement dans son corps mais aussi dans son cerveau. Tout traitement de la névrose doit tenir compte de ces modifications cérébrales. L’amour, la bienveillance et la tolérance ne suffisent pas, en psychothérapie. Ce n’est pas avec de l’amour qu’on arrive à se débarrasser de la névrose. Le souvenir n’est pas seulement quelquechose qui appartient à l’intellect. C’est chaque cellule de notre corps qui mémorise des souvenirs. C’est pourquoi il ne faut jamais négliger les traumatismes natals ou prénatals lorsqu’on étudie la fonction immunitaire ou les maladies chroniques graves. Le fœtus : 9 mois d’existence d’une importance cruciale, au cours desquels tout événement laisse sa marque indélébile ; 9 mois au cours desquels s’installe le substrat de la névrose. Les distorsions du fœtus produites par les traumatismes maternels ont tendance à se fixer, devenant des déformations prototypiques. La notion de « comportement prototypique » signifie qu’un traumatisme donné, engrammé dans le cerveau en développement d’un individu, et dans sa physiologie, va engendrer un type de réaction à la souffrance qui restera à jamais gravé sous forme de tendance ou de schéma. Le « comportement prototypique » est la mémoire des débuts de la névrose. Toute la superstructure de la personnalité repose en effet sur un prototype ; c’est lui qui détermine la personnalité et non l’inverse. A savoir qu’on aura beau modifier son attitude, ses symptômes ou son comportement, ça ne changera jamais rien au prototype. Car il s’agit d’une donnée physiologique et non d’une construction théorique.
2ème Partie : Les Formes de la Névrose
♦ Le stress, l’angoisse et la tension : symptômes de la maladie
Il existe un aspect du stress qui est rarement évoqué et assez mal compris ; il s’agit du stress primaire intérieur, présent en permanence dans le système, le stress que produit durablement la souffrance engrammée. L’empreinte de la souffrance peut suffire à maintenir le corps en état d’alerte, même en l’absence de toute menace extérieure. Le stress engrammé est la forme la plus insidieuse du stress parce qu’il est intangible. Il ne se voit et ne se sent pas. Il vit en nous, bien tranquillement, et nous ronge insidieusement.
L’angoisse est un signal de danger. Elle n’est donc pas névrotique en soi. Ce n’est qu’une peur justifiée mariée à un souvenir. En fait, l’angoisse est le contraire de la névrose car c’est un sentiment : la terreur qu’on ressent est réelle, même si elle est hors contexte. C’est pourquoi le fait de replacer l’angoisse dans son contexte initial permet de la résoudre. L’anxieux n’a pas besoin qu’on lui ouvre les yeux sur sa peur, elle fait déjà irruption dans sa conscience à tout bout de champ.
Croire qu’il suffit de « lâcher le morceau » pour s’affranchir d’un inceste ou de tout autre problème qui vous dérange, c’est supposer que la personne concernée sait ce qui est enfoui au plus profond d’elle-même. Or ce n’est pas par un effort conscient de notre part que les souffrances les plus critiques se révèlent, mais à la faveur du revécu d’anciennes expériences, en redescendant à des niveaux de conscience inférieurs dont on avait jusque là totalement ignoré l’existence.
La meilleure chose qui puisse arriver à un adulte, en dehors de l’élimination de la souffrance, c’est d’essayer de satisfaire les besoins éprouvés dans son enfance, et de fréquenter un « groupe de soutien » composé d’individus compréhensifs et tolérants, une sorte de famille de substitution qui va lui permettre d’adopter de nouvelles croyances, un nouveau système de valeurs. Ces croyances doivent s’opposer à la souffrance inconsciente qui nous conduit à penser qu’on est tout seul, que personne ne nous aime, qu’on n’a jamais eu et qu’on n’a toujours personne pour vous aider et vous guider.
L’individu tendu est « coincé » ; entièrement replié sur lui-même, il se maîtrise trop. L’anxieux est beaucoup plus vulnérable et dépendant, dans la mesure où l’empreinte génératrice de son angoisse date du tout début de la vie. Il existe un antidote simple à l’angoisse : ressentir la souffrance et la terreur qu’on a éprouvées au début de sa vie. Rappelons nous que le souvenir qu’on affronte dans l’angoisse est un souvenir de survie, ce qui explique pourquoi il est si durable, et pourquoi il doit le demeurer. C’est la mémoire d’un danger que nous trimbalons avec nous, presque à chaque instant de notre vie d’adultes. En même temps, malheureusement, ce réflexe qui nous avait sauvé la vie est aussi ce qui la met en danger, maintenant.
♦ Le désespoir malin : le refoulement et le système immunitaire
Le refoulement est un processus actif et gros consommateur d’énergie. Il ne s’arrête jamais parce que la souffrance non plus ne cesse jamais. C’est le refoulement qui a mené notre espèce là où elle en est aujourd’hui. L’age n’existe pas pour le refoulement. Il ne sait pas qu’il vieillit et que l’individu qu’il protège est devenu adulte et a suffisamment de maturité pour assumer ses souffrances. Le refoulement vit dans le passé, il fonctionne comme si la personne était toujours un bébé qu’il fallait protéger à tout prix. Et effectivement il protège notre moi infantile.
Qui dit connexion dit grande souffrance, naturellement, mais suivie de la guérison. La voie de la guérison passe par la souffrance et tout le monde ne veut ou ne peut en passer par là. Il peut être utile d’exprimer sa rage en thérapie, mais encore faut-il le faire dans le contexte propre à cette rage, en tenant compte de l’empreinte sinon ça n’aura pas d’effet curatif. Le refoulement a pour effet de diviser la personne en deux littéralement. Malheureusement ceux qui sont chargés de soigner les patients entretiennent ce clivage et le traitent comme un état de chose normal. Les humains souvent sont désespérés et tombent malades mais ils ne voient souvent pas le rapport. Ils sont le plus souvent inconscients de leur désespoir. Lorsque le traumatisme initial est insurmontable, le désespoir s’inscrit dans le système humain et y grave une empreinte. Il arrive parfois que l’enfant garde le souvenir d’une scène qui cristallise tout son désespoir, mais en général, tout cela est refoulé. Au niveau le plus superficiel, l’enfant n’est pas conscient de son désespoir et n’ose pas dire qu’il est désespéré, il ne se l’avoue pas à lui-même. Mais à un autre niveau, ce désespoir est bien là, sans paroles, et il va poursuivre son œuvre maléfique jusqu’à ce que, plusieurs dizaines d’années plus tard, peut-être, apparaisse une malignité ou une maladie mentale grave. Et c’est là tout le problème : la distance qui sépare l’empreinte initiale de la maladie qui en découle est si grande qu’il est presqu’impossible de faire le rapport entre les deux.
Les caresses et les contacts physiques affectueux améliorent la fonction immunitaire des animaux et des humains, c’est hors de doute. D’après certaines études, les cancéreux seraient en général des gens assez froids et rigides, avec de très gros besoins d’affection qu’ils tendent à dissimuler. Ces malades ont souvent eu des parents renfrognés, sévères et avares d’affection. Il est important de comprendre le rapport entre les états psychologiques et le système immunitaire. Se contenter de dire que le cancer peut venir d’une défaillance des cellules tueuses, c’est négliger un aspect capital du problème, à savoir que cette baisse d’activité reflète le refoulement précoce d’une souffrance importante. L’individu le plus prédisposé au cancer est celui qui a subi une naissance traumatique, généralement avec prédominance du mode parasympathique, suivie d’un profond refoulement, et aggravée par une enfance sans amour. On est un candidat tout désigné à la maladie quand on est fortement refoulé, qu’on intériorise tout, qu’on ne se ménage aucune alternative dans sa façon d’agir, et qu’on a des idées bien arrêtées et des valeurs morales rigides. Le refoulement est cancérigène, c’est clair. Mais ce n’est pas la solitude qu’on éprouve à 30 ou 40 ans, quand un être aimé vous manque, qui fait le plus de ravages ; c’est l’épouvantable solitude dont on souffre aux premières heures de la vie et qui grave son empreinte en nous.
La pensée positive prétend que l’on peut décider d’avoir des émotions positives ou négatives. Mais l’auteur ne croit pas qu’on puisse mobiliser dans le présent une force suffisamment puissante pour neutraliser notre histoire passée. Les symptomes sont l’inévitable résultat d’un conflit intérieur. Toutes les méthodes qui se contentent de manipuler le présent négligent les années d’expériences négatives qui ont contribué à engendrer la maladie. Des symptomes comme l’angoisse, la phobie, les obsessions, l’hypertension … sont des sonnettes d’alarme. Elles nous signalent qu’il y a des problèmes à régler, en rapport avec des besoins inassouvis et des blessures secrètes. Le stress, le désespoir, la solitude ne sont pas toujours visibles pour un observateur extérieur. Certains vivent dans une inconscience si totale qu’ils dissimulent de tels sentiments. Tout le monde est stressé, et pourtant le stress est comme un grand secret inavouable. On a beau crouler sous le fardeau du stress, on ne voit rien. Avant de venir nous voir, nos patients sont souvent déjà allés consulter des quantités de spécialistes pour toutes sortes de maladies. Chaque médecin s’est borné à traiter un de leurs symptomes comme s’il s’agissait d’une maladie spécifique, et tous sont passés à côté de la cause sous-jacente du problème, qui était le même pour tous les troubles. En réalité, ils couraient tous après l’empreinte.
♦ La maladie est un cri silencieux
Pourquoi tombons nous malades ? parce que nous le sommes déjà sans le savoir. Pour compliquer l’affaire, non seulement le sujet ne se rend pas compte qu’il en est atteint, mais confronté à l’éventualité de l’être, il la niera farouchement. Une fois la névrose installée, c’est juste une affaire de temps pour que ses symptomes apparaissent, qu’ils soient physiques ou mentaux. Mieux la maladie est dissimulée, et plus elle fait des ravages. Ce sont les événements les plus mystérieux, comme ce qui se passe dans l’utérus ou autour de la naissance, qui font généralement le plus de dégâts, parce qu’ils frappent un cerveau naïf et vulnérable. C’est souvent ce type d’événement qui est responsable de nombreuses maladies désastreuses, comme le cancer, même si la distance qui sépare le cancer du traumatisme initial a de quoi défier l’entendement. Les choses qui nous font le plus souffrir sont aussi les plus difficiles à débusquer. La vérité sur notre mal cherche constamment à s’exprimer chez nous tous, mais elle se fait brutalement repousser par la lourde poigne du refoulement. Bien sûr que les symptomes ont leur réalité propre et qu’il convient de les soigner. Mais l’ennui est que les spécialistes ont savent de plus en plus sur les symptômes et de moins en moins sur les origines de ces symptômes, et sur les êtres humains chez qui ils se manifestent. Le médecin a un sacré handicap : il peut certes constater l’hypertension qu’il observe de ses propres yeux, mais ce qu’il ne peut pas voir, c’est le bébé de 6 mois qui pleure dans son berceau, tout seul, terrorisé, ou l’enfant de 5 ans excessivement brimé par des parents excessivement critiques et tyranniques. En admettant même que ces traumatismes précoces soient reconnus et compris, un spécialiste aurait du mal à saisir qu’ils aient pu rester dans le système pendant des décennies, entièrement inchangés.
Le névrosé vit en état de siège, en butte aux attaques d’un souvenir douloureux qui lui est étranger, mais qui essaie de s’insinuer dans sa conscience. Le névrosé passe tout son temps à essayer de rester inconscient, même s’il s’efforce par ailleurs d’étendre le champ de ses connaissances. C’est souvent parmi les gens les plus cultivés qu’on trouve les plus inconscients, car leurs vastes connaissances sont au service du refoulement. C’est pourquoi la conscience est le remède spécifique qui convient à une large gamme de maladies, l’inconscience étant le facteur essentiel de ces troubles. On prend du lithium comme si c’était une panacée pour la dépression, sans même se demander pourquoi on est déprimé. La réponse est enfouie si loin en nous que du reste, la plupart des gens préfèrent ne même pas se poser la question. C’est notre désespérance profonde et essentielle qui entretient la flamme d’un éternel espoir et nous force à croire en quelque chose, régime macrobiotique ou gourou.
La thérapie primale est un moyen de recouvrer ses sentiments. Si on a dû inventer des techniques pour remonter jusqu’à la racine des sentiments, c’est uniquement parce que les systèmes de défense de nos contemporains étaient devenus trop complexes. Le système de refoulement est un système auxiliaire qui prend les commandes lorsqu’on n’est plus capables de réagir de façon naturelle. Il est chargé de retenir nos sentiments naturels. Ainsi il n’y a pas que dans nos réactions que nous ne sommes pas naturel.
Pour en savoir plus, rendez vous sur le site de L’Association Française de Thérapie Primale
En vérité, je ne suis rien. Je crois être, mon ego se dit le roi, l'empereur; il règne sur un royaume de nuages, d'inconsistances, d'illusions. Je ne suis rien et mon ego veut être quelque chose, quelqu'un, il veut exister.
Mais je sais que je ne suis rien, je sais que c'est l'existence qui est, qui me donne asile pour un temps, pour une vie. Je sais que je ne suis rien et qu'elle seule est.
Et cette reconnaissance m'enrichit, me met dans la joie. Je prends enfin ma place, j'ai retrouvé ma juste place, l'harmonie du monde est de nouveau là, je ne la dérange plus.
Ainsi prennent fin plusieurs générations d'outrecuidance, de blasphème, de mensonge; l'humilité est de retour. Que la fête commence !
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Sourate du vide
Désapprendre. Déconditionner sa naissance.
Oublier son nom. Être nu.
Dépouiller ses défroques. Dévêtir sa mémoire.
Démodeler ses masques.
Déchirer ses devoirs. Défaire ses certitudes.
Désengranger ses doutes. Désemparer son être.
Débaptiser sa source. Dérouter ses chemins.
Défeuiller ses désirs. Décharner ses passions.
Désacraliser les prophètes. Démonétiser l'avenir.
Déconcerter l'antan. Décourager le Temps.
Déjouer la déraison. Déflorer le délire.
Défroquer le sacré. Dégriser le vertige.
Défigurer Narcisse. Délivrer Galaad.
Découronner Moloch. Détrôner Léviathan.
Démystifier le sang. Désosser le singe. Déshériter
l'ancêtre.
Désencombrez votre âme. Déséchouez vos échecs.
Désenchantez le désespoir. Désenchaînez l'espoir.
Délivrez la folie. Désamorcez vos peurs.
Désarrimez vos cœurs. Désespérez la Mort.
Dénaturez l'inné. Désincrustez l'acquis.
Désapprenez-vous.
Soyez nu.
Pendant mon séjour à Taiwan j'ai eu ce désir d'en apprendre plus au sujet des différents thés, de leur cheminement de la cueillette à la tasse. Une amie m'a donc amené dans une "échoppe à thé" où j'ai pu poser mes questions et goûter différents thés. Nous dégustions des 'thés blancs', des 'thés verts', des 'thés Puer' et des thés plus fermentés comme les 'Oolong' tout en apprenant comment ces thés prennent naissance ainsi que l'art de les servir.
Notre 'maître de thé' nous montrait chaque thé, le préparait, nous le faisait humer puis nous le servait en nous donnant quelques indications sur sa provenance. Nous le savourions ensuite lentement ensemble. De fait, une expérience similaire à une dégustation de vin. Observer notre 'maître de thé' œuvrer était également une expérience en soi.
Les instruments qu'elle utilisait, les récipients, sa gestuelle, tout concourait à faire de cette expérience un moment de méditation.
Verser la bonne quantité de thé, refroidir l'eau dans un petit récipient en verre après qu'elle ait bouilli de sorte que le thé ne subisse pas de choc thermique, verser doucement cette eau légèrement refroidie sur le thé pour le réveiller, la jeter ensuite, verser une eau neuve pour que le thé puisse diffuser sa saveur. Sentir le couvercle de la théière de temps à autre pour vérifier le 'juste moment'. Tout un rituel donc avant qu'elle ne verse le thé dans de minuscules tasses, pour le regarder, le humer et le boire doucement.
Nous sommes ainsi passés des thés blancs aux thés verts puis aux thés fermentés, comme l'Oolong jusqu'à ce qu'elle nous demande si nous aimerions goûter un thé de plus de 80 ans.
Un thé de 80 ans… ?
Je m'étonne, parlons-nous de thés ou de cognac ?
Bon d'accord, essayons…
La première gorgée avait un peu le 'goût du bois' et ne me plaisait pas trop en fait, peut être du fait de tous ces autres thés que nous avions bus avant cela, peut être aussi parce que c'était la 'première mouture'.
Notre 'maître de thé' nous prépare et verse une deuxième tasse, plus soutenue en couleurs, presque de l'ambre. Je prends un moment pour le humer, le regarder, puis commence à le boire doucement.
Soudain, tous mes sens sont en alerte, quelque chose est en train de se passer ici. Une rencontre se produit, c'est comme si le thé me parlait, comme si le thé avait une âme. Ce n'est plus du thé, une boisson attrayante, c'est comme un ami qui vient me rendre visite, une communion s'opère.
Je ne bois pas le thé, le thé n'est pas bu non plus, il n'y a ni 'moi' ni 'thé', mais seulement une union, une unité.
Heureux moment, moment béni, moment divin, moment silencieux !
Tout que je peux articuler c'est ‘ce thé a une âme’.
Ce thé a touché mon cœur, je me sens reconnaissant envers ce thé pour m'offrir une telle occasion, un si divin moment.
Quelle expérience cela a été ! La transcrire en mots n'est pas facile, surtout après quelques jours. N'importe quel thé ou boisson peut-il concourir à une telle expérience ? Cela dépend sans doute plus probablement de combien je suis ouvert à 'ce moment', 'cet instant-ci'. Les thés précédents, l'ambiance, l'état de détente ont sans aucun doute ouvert la voie à cette expérience. Ce 'vieil ami' porte néanmoins en lui 'quelque chose' et c'aurait été dommage de passer à côté.
Namaste 'vieil ami'. Je me prosterne devant toi 'vieil ami', saluant le Bouddha en toi.
En gratitude
Rakendra,
Taichung, Taiwan Septembre 2007
Dans la tradition du Zen, et plus particulièrement dans celle de l’école Rinzaï au Japon, des questions-rébus appelées ‘koans’ sont utilisées pour provoquer le pratiquant à trouver la vérité en lui-même. Un koan ne peut pas être résolu par une réponse logique, la réponse ne peut être qu'expérimentale et non mentale. Lorsque le mental est épuisé d'essayer et d'essayer de répondre et de comprendre, il lâche et vous êtes alors disponible pour éprouver la vérité existentielle de la réponse.
Pareillement, les intensifs d’éveil, utilisent les questions traditionnelles comme « Qui suis-je ? » ou « Que suis-je ? » pour pointer vers une expérience d’être. Des questions plus spécifiquement orientées comme : « Qu’est-ce que l’amour ? » sont également utilisées pour permettre l’expérience d’une qualité, d’un aspect de notre essence.
S’auto-interroger avec ces questions-koans permet également au participant de prendre conscience de ses croyances, de ses idées préconçues et de ses conditionnements en regard d’un aspect de lui-même. C’est lorsqu’il communique dans sa totalité ce dont il a pris conscience lors de son intention de faire l’expérience directe de sa question qu’une clarification s’opère, avec, dans son sillage, un lâcher-prise.
Les Questions-Koans utilisées durant les intensifs de trois jours
Qui vit en toi ? → Dis-moi qui vit en toi
Qui suis-je ? → Dis-moi qui tu es
Que suis-je ? → Dis-moi ce que tu es
La Vie → Dis-moi ce qu’est la vie
Un Autre → Dis-moi ce qu’est un autre
Questions-Koans utilisées durant les intensifs plus longs
Les mêmes que ci-dessus plus :
La Relaxation → Dis-moi ce qu’est la relaxation
La Confiance → Dis-moi ce qu’est la confiance
La Sexualité → Dis-moi ce qu’est la sexualité
La Beauté → Dis-moi ce qu’est la beauté
L’Amour → Dis-moi ce qu’est l’amour
La Vérité → Dis-moi ce qu’est la vérité
La Liberté → Dis-moi ce qu’est la liberté
Seul → Dis-moi comment tu es lorsque tu es complètement seul
La Conscience → Dis-moi ce qu’est la conscience
Mῡ → Dis-moi ce qu’est mῡ
Vraie Nature → Dis-moi ta vraie nature
« Il s’agit seulement de se départir, pas ceci, pas cela et, lorsqu’il ne reste plus rien à lâcher, alors l’explosion. Ne t’accroche à rien, à aucune pensée. Continue, continue jusqu'au vide. »
♦ Une histoire Zen….
« J'ai entendu parler d'un petit garçon, Toyo et de ses méditations.
Il avait à peine douze ans lorsqu'il estima avoir besoin de quelque chose qui l'aiderait à méditer. Aussi, un soir, il alla voir le maître zen Mokurai. Il heurta doucement le gong pour annoncer sa venue et s'assit devant le maître, dans un silence respectueux.
Le maître dit : « Toyo, fais-moi entendre le son que produit le battement de deux mains. »
Toyo frappa dans ses mains.
« Bien, dit le maître. À présent, fais-moi entendre le son que produit le battement d'une seule main. »
Toyo resta muet et immobile.
Au bout de quelques instants, il s'inclina et partit pour réfléchir sur le problème. Le soir suivant, il revint et frappa le gong d'une main.
« Non, dit le maître, ce n'est pas cela. »
Le lendemain, Toyo joua d'un instrument de musique en n'utilisant qu'une seule main.
« Non, dit le maître, ce n'est pas cela. »
Inlassablement Toyo revint chaque soir avec une nouvelle réponse et le maître répondait invariablement : « ce n'est pas cela. »
Toyo passa ses jours et ses nuits à chercher des sons inédits, mais ils étaient tous rejetés. La question était tellement absurde qu'aucune réponse ne pouvait être exacte. Et lorsqu’au onzième soir Toyo se présenta devant le maître, avant même qu'il n'ait dit quoi que ce soit, le maître lui dit : « Non, ce n’est toujours pas cela ! »
Toyo renonça alors à venir voir Mokurai.
Pendant un an, il chercha chaque son possible et les élimina les uns après les autres et lorsqu’il n’y eu plus rien à éliminer l'éveil se produisit. Lorsqu’il eu cessé d’être, il retourna auprès du maître, entra sans toucher au gong, s'assit et s'inclina. Il ne disait rien, seul le silence était là.
Alors le maître dit : « Ainsi donc, tu as entendu le son qui n’a pas de son ! »
Osho, extrait de : Une tasse de Thé
Lettre 215
L’emploi du temps d’un intensif d’éveil laisse émerger, par son exigence et sa régularité, un environnement sécurisant et porteur au sein duquel les participants sont à même de laisser de côté toutes autres préoccupations pour engager leur entière attention au service de leur quête.
La journée commence tôt et finit tard. Il y a jusqu’à dix exercices de communication (Dyades) par jour. Elles sont entrelacées avec d’autres activités méditatives comme les méditations actives, les marches en silence, le travail, les repas ou le repos. De cette façon, la journée devient une une auto-interrogation continue.
Première Soirée
20:00 - 21:00 → Introduction et exposé de la méthode
21:00 - 21:40 → Dyade 1
21:45 - 22:00 → Snack + 15 min pour se préparer au repos de nuit
22:00 - 06:00 → Repos de nuit [8h00]
Chaque Jour
06:00 - 06:15 → Réveil
06:20 - 07:00 → Dyade 1
07:00 - 08:10 → Méditation Dynamique [70min explications uncluses]
08:10 - 08:50 → Dyade 2
08:50 - 09:30 → Petit déjeuner, douche [40min – Gong à 9h25]
09:30 - 10:15 → Travail en tant que méditation [40min – Gong à 10h10]
10:15 - 10:55 → Dyade 3
11:00 - 11:40 → Dyade 4
11:45 - 12:55 → Méditation Active ou marche contemplative [70min explications incluses]
13:00 - 13:40 → Dyade 5
13:40 - 15:00 → Déjeuner et Repos [1h20 – Gong à 14h55]
15:00 - 15:40 → Entretien et questions/réponses
15:45 - 16:05 → Assise en silence
16:10 - 16:50 → Dyade 6
16:55 - 17:35 → Dyade 7
17:40 - 18:20 → Méditation Active ou marche contemplative [70min explications incluses]
18:20 - 19:30 → Diner and Repos [1h10 - Gong à 19h25]
19:30 - 20:10 → Dyade 8
20:15 - 20:55 → Dyade 9
21:00 - 21:15 → Exercices de respiration ou activité physique pendant 15min
21:20 - 22:00 → Dyade 10
22:00 - 22:15 → Snack + 15 min pour se préparer au repos de nuit
22:15 - 06:00 → Repos de nuit [7.45]
Après-midi du dernier jour
13:40 - 15:00 → Déjeuner et Repos [1h20 – Gong à 14h55]
15:00 - 15:40 → Dyade 6
15:45 - 16:25 → Assise en silence
16:25 - 17:10 → Dyade 7
17:15 - 17:35 → Dyade d’intégration
17:35 - 18:00 → Entretien & Conclusion
♦ Deux histoires intemporelles
« La nuit où le bouddha atteint l’éveil, il s’assit sous un arbre et dit : je ne me lèverai pas d’ici de toute ma vie si je n’atteins pas l’éveil. C’est fini, c’en est fini avec faire tout ce que je peux pour cela. Je vais rester assis ici, cet arbre deviendra ma tombe. » Une décision totale ; à ce moment-là il a lâché complètement toute peur de prendre une décision. Une décision totale. Méditez là-dessus !
Et cette nuit-là, au matin, il s’est éveillé à sa vraie nature.»
« J’ai entendu une histoire à propos du mystique soufi Baba Shaikh Farid
Farid était en train de prendre son bain dans le Gange, un jeune homme approcha de Farid et lui demanda comment il pourrait trouver dieu. Baba Shaikh Farid prit l’homme à bras le corps et l’entraina dans la rivière. Lorsqu’ils eurent assez de profondeur, il força l’homme sous l’eau. Je jeune homme se noya presque avant que le saint ne le relâche.
« Pourquoi avez-vous fait cela ? » suffoqua-t-il d'un ton incrédule.
« Lorsque tu désireras Dieu autant que tu désirais de l’air quand tu étais sous l’eau, tu le trouveras, répondit Farid.»
« Le désir doit devenir si intense que vous risquez tout ce que vous avez. La passion pour la quête doit devenir si totale que pas un seul doute ne peut vous faire hésiter. L’intensité même apportera la vérité. Cela peut se produire en un instant ! Il vous suffit de devenir un feu intérieur intense. La décision doit être totale. C’est difficile bien-sûr mais tout le monde doit passer par cette difficulté au moins une fois. La vérité est à ce prix et il n’y a pas d’autre façon de la payer. Il vous faut mettre votre être tout entier sur l’hôtel. C’est le seul sacrifice nécessaire. »
Osho, extrait de : The Search
Entretien 6 - Taming the Bull
Lors d’un intensif d'éveil, quelle qu’en soit la durée, les participants sont invités à observer un ensemble de conventions dont le seul but est de faciliter le bon déroulement du séminaire tout autant que le processus de chacun.
Ces conventions portent essentiellement sur le fait de rester en silence durant tout le temps de l’intensif et sur le retrait de toutes les distractions périphériques afin de permettre à chacun de consacrer sa totale attention et son énergie à sa recherche intérieure.
En dernier lieu, mais tout aussi important, cet engagement a également pour finalité de faciliter la création d’un environnent sans jugement de valeur afin de permettre à chacun de s’ouvrir en confiance a lui-même et aux autres.
Les Conventions et l’Engagement demandé
Nous demandons à chacun d’entre vous d’observer les conventions qui suivent dans le but de faciliter votre propre processus tout autant que celui des autres participants.
Pour la durée de cet intensif d’éveil, vous serez dans le silence et dans l’isolement.
Ce qui veut dire :
Pour la durée de cet intensif d’éveil
Confidentialité
Au cours des exercices de communication, abstenez-vous de commenter sur ce que votre partenaire a dit ou de passer des jugements de quelque manière que ce soit, verbalement ou non verbalement.
En dehors de l’intensif, abstenez-vous de dire quoi que ce soit sur le processus d’un autre participant.
Levez la main en signe d’acquiescement et d’engagement à suivre les conventions énoncées ci-dessus.
Merci.
♦ Une histoire Soufie.
« L’engagement crée la liberté.
Lorsque vous vous engagez dans un mouvement, vous le faites avec tout votre corps.
Lorsque vous vous engagez dans un sentiment, votre passion donnera de la force à votre message.
Lorsque vous vous engagez dans une danse, votre sentiment vous porte au-delà de vos limitations.
Lorsque vous vous engagez à suivre votre voie, donnez-vous entièrement à votre façon de croître.
Des miracles se produisent… les obstacles s’évanouissent, les montagnes s’abaissent devant vous, le ciel s’ouvre au-dessus de vous et vous vous découvrez transformé.»
Aziza Sa'id
Cette technique de communication moderne, de style Zen, a été développée vers la fin des années soixante par un américain, Charles Berner. Elle porte en elle bien plus qu’il n’y apparait de prime abord. C’est une dance d’activités Yin et Yang avec le partenaire dans l’échange des rôles entre communication et écoute, tout autant qu’en soi-même avec l’alternance de contemplation et de communication.
L’un des aspects de cette technique est masculin, direct, volontaire → donner l’instruction, tourner son attention vers l’intérieur, avoir l’intention de, communiquer, remercier.
L’autre aspect est plus féminin, s’abandonner, accueillir → être réceptif, écouter sans jugements ni commentaire, être ouvert à quoi que ce soit qui se présente dans le champ de conscience.
Tout comme dans la danse de la vie, faire et laisser faire sont à l’œuvre dans cette technique et l’aspect de non-faire est de loin le plus important. C’est dans le 'non-faire' et non dans le 'faire' que peut se révéler la vérité.
La pratique de cette technique d'instant en instant au cours d’un intensif d’éveil, mène au-delà de tout ce que l'on peut imaginer.
La technique de communication point par point
(avec changement de rôle toutes les cinq minutes)
Position
Deux personnes s’asseyent face à face, à une distance confortable l'un de l'autre. L’un commence en tant que partenaire réceptif et l’autre en tant que partenaire actif.
Instruction
Le partenaire réceptif donne l’instruction : « Dis-moi qui tu es »
Réception
Le partenaire actif accepte cette instruction du partenaire réceptif.
Tourner son attention vers l’intérieur
Le partenaire actif entreprend de faire l’expérience directe de qui il est, en contactant dans un premier temps la réalité de lui-même dans l’instant.
Il prend conscience de qui il est, dans l’instant, du mieux qu’il peut.
Il entreprend ensuite d’en faire directement l’expérience.
Contemplation
Tout en poursuivant avec son intention, il reste ouvert à celle-ci, et à tout ce qui peut se montrer dans son mental, ses émotions ou son corps en tant que résultat de cette intention.
Communication
Le partenaire actif transmet au partenaire réceptif tout ce qui s’est présenté dans le champ de sa conscience conséquemment à son intention, sans ajouter ni retrancher ou omettre quoi que ce soit.
Écoute
Le partenaire réceptif regarde, écoute et reçoit complètement la communication sans la commenter, acquiescer ou l’évaluer en aucune façon.
Poursuite
Le partenaire actif renouvelle le processus de tourner son attention vers l’intérieur et de communiquer tout en veillant à garder un équilibre de temps entre les deux, et ce, jusqu’à ce que le gong de changement de rôle retentisse.
Reconnaissance
Lorsque le gong de changement de rôle retentit, le partenaire réceptif dit : « merci » en reconnaissance à son partenaire pour avoir répondu à l’instruction initiale.
Changement
Le partenaire actif donne alors l’instruction au partenaire réceptif et les rôles s’inversent.
Fin
La dyade continue jusqu’à ce que le gong de fin retentisse
Conseil et Notes
Pratiquer cette technique du mieux que vous le pouvez et acceptez cela. N’essayez pas de la maîtriser dès le début, mais travailler graduellement à cela.
Cette technique peut également se pratiquer avec un cycle de changements naturels. Ce qui veut dire que le changement de rôle se fait lorsque le partenaire actif a complété son cycle de communication.
Dans ce mode de pratique, il y a seulement un gong final.
Le cycle de changements naturels est une façon plus spontanée de pratiquer, cela demande toutefois de la part des deux partenaires d’être centré et de bien connaître la technique de façon à ne pas laisser le mental dériver vers quelque chose qui ne soit pas le résultat de l’intention initiale. Pour cette raison, le changement rythmé de cinq minutes en cinq minutes est plus facile pour les débutants, il leur donne un cadre de temps sécurisé au sein duquel ils peuvent contempler et communiquer sans se soucier d’autre chose que de leur intention.
Enfin et surtout...
Une immense gratitude et une profonde reconnaissance envers Charles Berner pour avoir développé cette technique de communication et le cadre qui la sous-tend.
♦ Une histoire Zen….
« La nonne Chiyono étudiait depuis des années mais n'arrivait pas à atteindre l'illumination. Une nuit, elle portait un vieux seau rempli d'eau et tandis qu'elle marchait, elle admirait la pleine lune reflétée dans le seau. Soudain les liens de bambou qui maintenaient le seau se rompirent et le seau se disloqua. L'eau s'écoula, le reflet de la lune disparut et Chiyono fut illuminée.
Elle écrivit ce poème :
« Par tous les moyens j’ai essayé de maintenir le seau en état,
espérant que les frêles bambous ne rompraient pas.
Soudain le fond tomba.
Plus d'eau, plus de lune dans l'eau.
Le vide dans ma main. »
« L'illumination se produit quand elle se produit, vous ne pouvez pas la gérer ou la provoquer. Vous pouvez toutefois faire beaucoup pour qu’elle se produise. Cependant, quoique vous fassiez ne fonctionnera pas comme une cause. Quoi que vous fassiez ne vous apportera pas l’illumination, cela vous préparera seulement à la recevoir. Elle vient quand elle vient. Quoi que vous fassiez vous prépare simplement à la recevoir, à la voir lorsqu’elle se produit, à la reconnaître lorsqu’elle vient.
Elle se produit… mais si vous n’êtes pas prêt, vous la manquez continuellement. Elle se produit à chaque instant. Chaque respiration qui entre et qui sort vous apporte l’illumination parce que l’illumination est la matière même de l’existence, ce qui la compose. La problématique est de la reconnaître, le problème est de voir qu’elle est là. »
Osho, extrait de : The Secret of Secrets
Entretien 17 - A little bit of sky
Les méditations actives sont utilisées dans les intensifs d’éveil pour permettre aux participants de traverser plus rapidement les barrières physiques et émotionnelles et dans le même temps à s’ancrer dans un espace de méditation, d’être témoin. Elles aident également à créer un équilibre entre activités physiques et non physiques.
Toutes les activités d’un intensif d’éveil, travailler, manger, marcher, se reposer et même dormir pointent dans la direction de ‘être témoin’, de lâcher ce faux sens du moi ‘d’être celui qui fait’.
La structure même des méditations actives va dans ce sens.
On les appelle méditations ‘actives’ par opposition aux autres méthodes plus passives de méditation telles que l’assise en silence du Zen (Zazen) ou la méditation Vipassana. Elles furent développées dans les années soixante-dix par un maître indien Osho. (1931-1990)
Les méditations actives utilisées lors d’un intensif d’éveil
La méditation Dynamique est pratiquée chaque matin après la première dyade de communication. Elle aide à mettre en mouvement l’énergie vitale et offre un espace où il est possible de lâcher les sentiments ou émotions réprimés. Elle facilite l’enracinement dans le centre sexuel, là où réside notre force de vie. La phase non active de cette méditation donne la possibilité d’entrer dans cet espace du ‘être témoin’.
Pour mieux connaître cette méditation et de ses différentes phases.
La méditation Mandala prend place en fin de matinée les deux premiers jours de l’intensif. Cette technique donne de l’espace au centre du Hara pour ensuite ouvrir le troisième œil. Cette méditation stimule la concentration et permet de se centrer dans cette immobilité intérieure toujours présente. C’est un très bon outil pour maintenir et renforcer le contact avec notre intention..
Pour mieux connaître cette méditation et de ses différentes phases.
La méditation Kundalini se pratique en fin d’après-midi. Elle permet de déverrouiller les tensions physiques accumulées durant la journée pour les laisser fondre doucement, créant ainsi un espace neuf et vide où le silence peut prendre toute sa place. Être à l’écoute de son partenaire à partir de cet espace vide, c’est entrer dans une écoute plus authentique.
Pour mieux commaître cette méditation et de ses différentes phases.
La méditation Nataraj est souvent utilisée le dernier jour en fin de matinée. Danser pendant quarante minutes laisse naître un contact intime avec soi-même où les sentiments de joie et de célébration émergent naturellement. Elle est aussi une invitation à ‘se perdre dans la danse’ et ainsi entrer dans cet espace où seule la danse est.
Pour mieux connaître cette méditation et de ses différentes phases.
♦ Une histoire Zen…
« Riko, un éminent philosophe officiel demanda un jour à l’étrange maître Zen Nansen de lui expliquer cet ancien koan de l’oie dans la bouteille.
Si l’on met un oison dans une bouteille et si on le nourrit jusqu’à ce qu’il devienne adulte, comment peut-on le retirer de la bouteille sans tuer l’oie ni casser la bouteille, demanda Riko ?
Nansen frappa fortement dans ses mains et cria ‘Riko’ !
Oui maître, dit l’officiel en sursautant.
Vois, dit Nansen, l’oie est dehors ! »
« Le problème est seulement de voir, la question est seulement d’être alerte, lucide, éveillé. Il s’agit seulement de s’éveillé. Si vous êtes dans un rêve, l’oie est dans la bouteille, si vous êtes éveillé, l’oie n’a jamais été dans la bouteille. »
Osho, extrait de : The Goose is Out
Talk 1 – The goose is out!
Le silence est une aide et un soutien extraordinaire pour tout voyage intérieur. Au cours d’un intensif d’éveil, l’on demande aux participants d’être en silence à tout moment, excepté bien sûr durant les exercices de communication (les dyades). Toutes les activités, travailler, manger, marcher, se doucher, se reposer se font en silence et sont considérées comme des temps d’intériorisation qui favorisent l’auto-investigation en cours.
L’une de ces activités silencieuses est ce que l’on nomme : ‘le travail en tant que méditation’. Au cours d’une période de quarante minutes, une tâche simple à accomplir est proposée à chaque participant. L’emphase est sur « qui » fait ce qui est à faire et sur la qualité apportée à l’acte et non sur le résultat de la tâche.
Un maître Zen avait coutume de dire : « Lorsque vous nettoyez une pièce ou faites la vaisselle, c’est vous qui vous nettoyez, l’attention que vous portez à vos gestes, la totalité de votre intention vous nettoie et, indirectement, la pièce ou la vaisselle se trouvent être nettoyées. »
Cette pratique de faire les petites choses du quotidien en silence, tout en maintenant l’intention d’être dans l’expérience directe de la question à laquelle l’on s’attèle, permet d’acquérir une capacité d’être présent dans l’instant ; aptitude qui peut aisément être transposée dans la vie quotidienne.
♦ Une histoire Zen…
« Un disciple qui pratiquait la méditation depuis un certain temps vint voir Ikkyu, son maître. Comme il pleuvait, il laissa ses chaussures et son parapluie à l'extérieur et entra. Lorsqu'il eut présenté ses respects, le maître lui demanda de quel côté de ses chaussures il avait laissé son parapluie.
Eh bien ! En voilà une question...? Vous ne vous attendez pas à ce que les maîtres posent d’aussi banales questions ; vous vous attendez à ce qu'ils vous questionnent sur Dieu, sur la montée de la Kundalini ou l'ouverture des chakras. Ils doivent poser des questions sur des choses importantes, ésotériques !
Mais Ikkyu a posé une question très ordinaire.
Aucun saint chrétien ne l'aurait posée, aucun moine jaïn ne l'aurait posée, aucun swami hindou ne l'aurait posée. Elle ne peut être posée que par celui qui est vraiment avec Bouddha, en Bouddha ; qui est lui-même véritablement un Bouddha.
Le maître lui demanda de quel côté de ses chaussures il avait laissé son parapluie.
Quel rapport ont les chaussures et les parapluies avec la spiritualité ? Si l'on vous avait posé la même question, vous vous seriez senti gêné. Quel genre de question est-ce là ? Mais il y a quelque chose d'une immense valeur dans cette question. Si Ikkyu l’avait interrogé sur Dieu, sur la Kundalini ou sur les chakras, cela n’aurait eu aucun sens.
Le disciple ne se souvenait pas. Qui se donne la peine de se souvenir où il a mis ses chaussures et de quel côté de ses chaussures se trouve son parapluie ; à droite ou à gauche ? Qui s'en donne la peine ? Qui porte tant d'attention aux parapluies ? Qui pense aux chaussures ? Qui est si attentif ? Mais cela a suffi ; le disciple fut refusé. Ikkyu lui dit : Va et médite encore pendant sept ans.
Sept ans ! s'exclama le disciple, rien que pour cette petite faute ?
Ikkyu de répondre : Ce n'est pas une petite faute, les fautes ne sont ni petites ni grandes, simplement tu ne vis pas encore dans un esprit méditatif, c'est tout. Retourne et médite pendant encore sept ans puis reviens. »
« Voici le message essentiel, soyez attentif, vigilant à tout et ne faites pas de distinction entre les choses ; que ceci est futile, que ceci est spirituel. Cela dépend de vous. Soyez alerte, soyez attentif et tout devient spirituel. Ne faites pas attention, ne soyez pas alerte et tout devient quelconque, non spirituel. C'est vous qui transmettez la spiritualité, c'est votre cadeau au monde.
Lorsqu'un maître comme Ikkyu touche son parapluie, le parapluie est tout aussi divin que n'importe quoi peut l'être. L'énergie méditative est alchimique, elle transforme le métal vil en or pur, elle transforme sans cesse le vil en noble. En dernier lieu, tout est divin. Ce monde-ci est le paradis et ce corps-ci est le bouddha.
Faites les petits actes de la vie dans une vigilance détendue. Lorsque vous mangez, mangez totalement, mâchez totalement, goûtez totalement, sentez totalement. Touchez votre pain, sentez-en la texture ; sentez le pain, sentez-en la saveur, mâchez-le, laissez-le se dissoudre en vous et restez conscient. Alors vous méditez, alors la méditation n'est pas séparée de la vie.
Chaque fois que la méditation est séparée de la vie, quelque chose est faux ; cela devient le contraire de la vie. Alors l'on pense à aller dans un monastère ou dans une grotte de l'Himalaya, l'on voudrait s'échapper de la vie, parce que la vie paraît nous distraire de la méditation.
La vie n'est pas une distraction, elle est une occasion pour la méditation.»
Osho, extrait de : Take it Easy
Entretien 26 – A Way of Life